Conversation avec Patrick Chan et Caroline Savoie, porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie 2019

Publié le 14 janvier 2019

La jeunesse, l’énergie, les arts… et la langue française. Voilà ce qui rassemble les deux personnalités que les Rendez-vous de la Francophonie (RVF) ont choisies pour leur édition 2019. Caroline Savoie est une auteure-compositrice-interprète du Nouveau-Brunswick ayant déjà quelques albums à son actif. Patrick Chan est un champion olympique en patinage artistique qui est né en Ontario et vit actuellement en Colombie-Britannique. Nous nous sommes entretenus avec eux dans l’espoir de vous faire découvrir un peu leur parcours et la façon dont ils voient les langues officielles du Canada.

Blogue Nos langues (BNL) : Caroline, vous êtes née à Fredericton et avez grandi à Dieppe. Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, d’être Acadienne?

Caroline : J’ai habité à Fredericton les quatre premières années de ma vie. Comme cette ville est majoritairement anglophone, j’étais déjà bilingue à l’âge de trois ans. Déjà, à quatre ans, je pouvais lire en anglais et en français. Quand ma famille a déménagé à Dieppe, je me suis vraiment épanouie en français, qui était ma langue maternelle. Pour moi, être Acadienne, c’est continuer de parler sa langue même si on est entouré de l’anglais.

BNL : Patrick, vous n’êtes pas « juste » bilingue : vous parlez anglais, français et cantonais. Comment était-ce, de grandir avec trois langues?

Patrick : Pas si facile! À la maison, mon père me parlait en français, et ma mère, en cantonais. J’ai appris ma troisième langue, l’anglais, avec mes amis et à la patinoire. Trois langues différentes, c’est trois façons différentes de s’exprimer et de communiquer. Ma mère m’a dit que, bébé, j’ai mis beaucoup de temps avant de commencer à parler. J’imagine que mon cerveau essayait juste de traiter les mots et de les catégoriser. Une fois passée cette étape, les choses sont devenues bien plus agréables! Parfois, je « disais des secrets » à mon père en français pour que ma mère ne nous comprenne pas… mais peu à peu elle s’est mise à comprendre le français!

BNL : Caroline, vous avez séjourné en France un bon moment pour participer au concours télévisé « The Voice, la plus belle voix ». Est-ce que vous avez vécu des situations particulières ou cocasses là-bas en raison des différences d’accent ou de vocabulaire?

Caroline : Oh que oui! Quand j’ai fait mon audition, on m’a sous-titrée! Quand j’ai vu ça à la télé, je me suis dit « Voyons donc! », parce que j’avais vraiment essayé de bien articuler, tout en conservant mon accent. Par la suite, j’ai su que c’était courant dès qu’on n’a pas l’accent parisien. Par exemple, un Marseillais qui s’exprime à la télé parisienne peut lui aussi être sous-titré.

BNL : Patrick, parler trois langues, ça veut aussi dire avoir trois cultures. Y a-t-il des choses que vous préférez faire en anglais, d’autres en français ou en cantonais?

Patrick : J’adore faire de la lecture et regarder des films en français. Quand j’ai le choix entre l’anglais et le français pour un livre ou un film, j’essaie toujours d’opter pour le français.

BNL : Caroline, vous chantez en français, mais aussi en anglais. De quelle façon diriez-vous que votre bilinguisme a été bénéfique à votre carrière musicale?

Caroline : C’est « cool » de chanter dans les deux langues, parce que ça me permet d’aller chanter partout. J’ai chanté à Toronto, tout comme j’ai chanté à Montréal. J’ai fait partie de festivals bilingues où j’ai fait la moitié de mon spectacle en français et l’autre moitié en anglais. Il m’est aussi arrivé de chanter en français devant un public presque tout anglophone à qui j’expliquais en anglais les messages qu’il y a dans mes chansons. J’essaie de rejoindre les gens, d’aller les chercher. Ça va peut-être même en inciter à apprendre le français!

BNL : Patrick, on dit que la Francophonie est comme une grande famille. Avez-vous senti une certaine fraternité entre les athlètes de langue française à l’occasion des épreuves canadiennes et internationales?

Patrick : Oui, absolument! Ça m’a aidé à créer des liens. Quand j’ai commencé à m’améliorer et à faire plus de compétitions, ç’a été une bonne surprise pour les patineurs du Québec de voir que je comprenais le français. Aux compétitions internationales, au début, j’avais peur d’être seul, sans lien avec les autres patineurs. Mais la langue française m’a vraiment aidé à sentir que je faisais partie de la communauté, pas juste celle des francophones, mais aussi celle des patineurs.

BNL : En terminant, que signifie pour vous d’être porte-parole des RVF et pourquoi est-ce important à vos yeux?

Patrick : Pour moi, c’est important parce que je veux continuer de grandir en tant que francophone au Canada. Le français fait partie de ma vie depuis mon tout jeune âge. Je veux aussi que les jeunes sportifs et le grand public n’oublient pas que le sport, ça comprend autant les francophones que les anglophones. Et qu’être bilingue, ça ouvre des portes pour le futur.

Caroline : J’ai été super honorée qu’on me demande de faire ça, parce qu’en tant que fière francophone, c’est une cause qui me tient beaucoup à cœur. Je pense qu’on a besoin d’organismes comme les Rendez-vous de la Francophonie, le Portail linguistique et d’autres, pour montrer l’exemple. Je suis contente d’être porte-parole, parce que ça signifie aussi être une voix pour montrer qu’apprendre une deuxième langue, c’est enrichissant!

Organisés dans le cadre du Mois de la Francophonie, les Rendez-vous de la Francophonie se dérouleront du 1er au 31 mars 2019. Nous vous invitons à profiter des activités organisées partout au Canada et à participer aux différents concours. Vous pouvez aussi lire le blogue En ACTION! des RVF pour vous tenir au courant de ce qui se passe dans la Francophonie canadienne. Soyez au rendez-vous!

Avertissement

Les opinions exprimées dans les billets et dans les commentaires publiés sur le blogue Nos langues sont celles des personnes qui les ont rédigés. Elles ne reflètent pas nécessairement celles du Portail linguistique du Canada.

En savoir plus sur Marc-André Descôteaux

Marc-André Descôteaux

Marc-André Descôteaux

Traducteur et réviseur depuis une vingtaine d’années, Marc-André Descôteaux s’intéresse au Web depuis l’époque du modem à 2400 bauds. Grand curieux, il est passionné de culture, de voyage et de langue.

 

Écrire un commentaire

Veuillez lire la section « Commentaires et échanges » dans la page Avis du gouvernement du Canada avant d’ajouter un commentaire. Le Portail linguistique du Canada examinera tous les commentaires avant de les publier. Nous nous réservons le droit de modifier, de refuser ou de supprimer toute question ou tout commentaire qui contreviendrait à ces lignes directrices sur les commentaires.

Lorsque vous soumettez un commentaire, vous renoncez définitivement à vos droits moraux, ce qui signifie que vous donnez au gouvernement du Canada la permission d’utiliser, de reproduire, de modifier et de diffuser votre commentaire gratuitement, en totalité ou en partie, de toute façon qu’il juge utile. Vous confirmez également que votre commentaire n’enfreint les droits d’aucune tierce partie (par exemple, que vous ne reproduisez pas sans autorisation du texte appartenant à un tiers).

Participez à la discussion et faites-nous part de vos commentaires!

Commentaires

Les commentaires sont affichés dans leur langue d’origine.

Lire les commentaires

Soumis par Mélanie Guay le 23 janvier 2019 à 15 h 09

Bravo aux RVF pour le choix de ces deux porte-parole! Bravo à l'équipe du Portail pour cette entrevue!
Français