Connaissant mon amour pour les mots, ma passion pour la création poétique, une amie m’a transmis une invitation qu’elle jugeait des plus intéressantes pour moi, et qui visait de surcroît à faire découvrir des artistes littéraires de la région de Lanaudière, au Québec.
On y invitait les personnes intéressées à soumettre leur candidature pour participer à un projet de résidence d’écriture dans le cadre du Circuit littéraire lanaudois. Cette initiative a été créée pour donner au public l’occasion de découvrir la région lanaudoise grâce à des récits inédits d’auteures et auteurs locaux qui se sont inspirés d’un lieu choisi pour son charme et son intérêt touristique.
Après une brève hésitation, l’encouragement de mon amie m’a donné des ailes. Il me fallait saisir cette occasion incroyable, cette chance pure d’enfin faire rayonner mon talent.
Devant les choix de lieux proposés, le Parc des Cultures de Saint-Jacques, un endroit unique, témoin du passé, de l’histoire et du patrimoine acadien, a capté mon intérêt. Je me sentais interpellée pour relever ce défi plus grand que nature, qui allait aussi exiger que je sorte de ma zone de confort. Avec enthousiasme, persévérance et détermination, j’ai pris mon envol vers un horizon transformateur, et j’ai soumis mon texte, qui a été choisi.
J’ai maintenant envie de vous présenter, avec une immense fierté, deux de mes réalisations de 2021, à savoir le poème que j’ai rédigé pour le circuit littéraire (version audio) (s’ouvre dans un nouvel onglet) et l’entrevue que j’ai accordée au balado « Lanaudière inspirante » (s’ouvre dans un nouvel onglet). J’aimerais aussi vous raconter comment j’ai vécu cette expérience.
Un week-end d’écriture et de recueillement
Selon les définitions usuelles, une résidence d’écriture est « un lieu qui accueille des artistes littéraires dans le but de leur offrir un cadre de travail adapté à leurs besoins de recherche et d’écriture ». La durée des résidences varie de quelques jours à quelques mois. Certains endroits s’inscrivent dans un cadre plus formel et didactique tandis que d’autres dégagent simplement une ouverture paisible propice à la rêverie féconde.
Mon aventure d’un week-end se déroule dans un décor enchanteur, un chalet situé sur les terres d’une érablière offrant une vue imprenable sur les villages avoisinants. Dans cet écrin lanaudois, un site idoine à la création, je m’apprête à construire mon allégorie à partir d’un emplacement et d’une thématique choisis. Préalablement, je me suis imprégnée de l’histoire, de la culture et de cette épopée à raconter. Une cueillette de mots, des émotions bien senties, un canevas d’idées sur lequel ma trame narrative veut se broder.
En fait, j’observe que la contrainte me procure un espace illimité de liberté. De tous ces éléments épars, il m’appartient désormais de réunifier le tout pour lui donner le sens où mon cœur veut m’amener.
Seule dans cette maison qui est mon havre pour l’occasion, je me connecte à l’âme des poètes disparus. J’ouvre quelques pièces d’anthologie de nos plus grands poètes québécois. Je m’imprègne des phrases aux énigmatiques symboles. Pour enrichir ma palette linguistique, je cherche des synonymes absolus, des titres plus évocateurs, des vocables aux riches sonorités faisant vibrer mon tambour intérieur.
Chaque défi d’écriture me recadre sur ma profondeur, ma sagesse intime. Lors de la création de mes ébauches, je me dissocie du monde pour mieux plonger dans mes eaux sensibles. Le même rituel revient, la cartographie de mes souvenirs et de mes impressions fixe mes lueurs de conscience et mon désir d’expression.
Dans ce lieu silencieux, sans sollicitations extérieures, je me mets au diapason de mon imaginaire. Je relie mes bribes de fiction avec ma vérité personnelle. La tranquillité, cet univers sans bruit, m’invite à débusquer mes humeurs censurées. Entre le tic-tac de l’horloge et le feu qui crépite, j’ouvre mes autres sens pour entendre le souffle du vent à travers mon dépaysement passager.
La saison de l’automne invitant déjà au recueillement, à l’intériorité, j’accueille le dépouillement de cette forêt comme une proposition à m’affranchir de mes pensées limitées, parfois trop structurées. Je dois lentement glisser sur l’humus de mes terres indomptées.
Devant ce carnet, je respire doucement, profondément. J’attends ce signal invisible pour me propulser au cœur d’une fantaisie annoncée. En communion avec mes sources d’écriture, avec l’encre de ma fébrilité, je soupèse maintenant l’audace de ma fougue insoupçonnée. J’essaie de marcher vers mes frontières inaccessibles, de franchir le mur de mes réelles convictions, de les confronter avec ma réalité. Pas de vertige ni de vide, mais une douce frénésie à l’idée d’être touchée par la grâce de la poésie animée.
Je tempère mes mains qui s’agitent, voulant aller déjà trop loin sur la page de mes délivrances. Je mets la bride au cou de mon empressement, je sonde minutieusement l’effet de la présence concentrée. Dans ma langue, chaque mot devient une image, une énergie. Une rencontre improbable s’inscrit à chaque ligne, à chaque tournant sur le rempart de mes expériences délibérément choisies.
Au moment de l’écriture, dans l’essence même de la poésie à naître, il y a cette disposition de l’auteure que je suis à embrasser toutes les voix me traversant, à les canaliser, puis à formuler en mots mes ressentis pour les remettre humblement au monde, dans une forme renouvelée, issue de mon unicité…