Pour être entendue, d’abord par moi-même, pour mettre en mots mon senti, ma vision, mon monde intérieur. Je veux dégager ces mots, peut-être trop longtemps retenus au fond de ma gorge, les souffler, les expirer.
J’ai envie d’être lue, avec des yeux sensibles aux métaphores, et de me sentir vibrer à chaque intonation joyeuse, envoûtante ou intensément dramatique.
J’ai besoin d’écrire pour expulser ma source vitale, l’exposer afin que rayonne ma parole et inspirer peut-être quelqu’un à libérer sa voix aussi.
J’ai ce désir de me relier à l’invisible, cette force vive qui me guide et qui me permet de livrer le meilleur de moi-même. J’ai surtout ce souhait cher à mon cœur de puiser mes élans d’écriture dans la puissance lumineuse et évocatrice de tout ce qui peut désormais émerger de moi.
Je veux me surprendre, m’étonner, me découvrir, m’enchanter, m’émouvoir, me libérer, m’apaiser, me stimuler, me définir, me créer…
Exulter la joie
Ressentir la paix en soi
C’est peut-être mourir
Ma langue est féconde, foisonnante. Elle me permet, par sa richesse, d’apprécier encore aujourd’hui l’éventail de toutes ses subtilités.
Haïku, vers libres, prose lyrique… ma poésie incarne ma vitalité, ma croyance en ces murmures de paraboles où je chuchote des prières et les récite à l’envers. Mes mots sont des éveilleurs de conscience, mes bribes de sagesse, mes réponses aux énigmes de la vie. Comme une immense mosaïque à la seule pièce manquante, la poésie m’apprend que mon unicité en dépend.
Sève figée
Vie minuscule
Et pourtant tu vis
En fleur, tes couleurs
Éclatent et aussi retombent
En toi tu portes le fruit
Cheveu végétal
Caressé au vent d’été
Dans les champs tu dors
Pour moi, la poésie se veut une captation de mes émotions s’ajustant au rythme de mes fluctuations intérieures, même dans mes forces obscures. Elle enchante ma vie dans ce besoin primordial qui m’habite. Ma quête de lumière et d’espoir s’appelle poésie.
Nommer l’essentiel devient un mode de vie. J’observe en toute tranquillité, je fais des liens, je saisis l’éblouissement. Je reste dans l’instant présent, je cueille le vrai, j’accueille ce qui veut s’exprimer en moi. En étant témoin de l’interconnexion des choses, je tends malgré moi vers la transcendance, la verticalité. Je médite avec le sacré jusqu’à l’émerveillement des paroles citées. Le verbe poétique ouvre des portes infinies.
Sur la table de mes rêves
S’étale le fragment de mon origine
Dans l’espoir de mon réveil
Un espace nu me guide
Vers le symbolisme de mes nuits
Mes associations d’images servent le but ultime de ma créativité, soit celui d’assouvir ma soif d’absolu. J’aime les résonances, l’impact des fulgurances, car les symboles peuvent être si riches de sens. J’affectionne le genre bref, celui qui touche à la quintessence en peu de mots.
Dans le jeu, on se réinvente. Le jeu d’écriture agit donc comme un plaidoyer pour un retour à la spontanéité. Vulnérable, authentique, l’âme de poète va instinctivement vers sa fantasmagorie, vers sa guérison aussi. L’exploration ludique voire cathartique permet à l’inconscient de façonner déjà son mieux-être.
Chez moi, l’impulsion d’écrire cherche d’abord son chemin dans la lucidité, la sensibilité, l’essentiel de ma compréhension à dévoiler. En toute liberté, à l’affût de chaque beauté, je me recueille dans le sein de son immensité. Pour chaque état d’âme à dépasser, à transformer, à sublimer, je sais que la poésie sera toujours là pour me transporter sur la trajectoire dictée par mon cœur. Le parcours initiatique de l’expérience humaine me métamorphose depuis longtemps tout en douceur. En bref, les mots me rappellent que j’ai le droit d’exister.
Ma poésie est une prière incarnée, une manière toute personnelle de remercier. Dans ce langage codé, je m’approche de la finesse du ressenti, je m’expose à mes fragilités. Je rends grâce aussi.
Je vais dans ma direction opposée
Celle qui est fière de ses paradoxes
Et qui trace le chemin de ma fierté
J’entreprends un retour sur moi-même
En spirale unifiée de mon univers
Dans ma complétude et mon intériorité
Je ramasse ainsi mes rêves
Laissés au gré de mes égarements
Pour achever mon œuvre et saluer la nature du temps
Et vous, que faites-vous pour mettre davantage de poésie dans votre vie?
