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3 expressions qui me font sourire… jaune

Billet de blogue sur des anglicismes syntaxiques de la région de l’Outaouais, au Québec.J’adore l’Outaouais! C’est le travail qui m’y a amené, il y a une quinzaine d’années. Je suis rapidement tombé amoureux de la région, où campagne et ville sont voisines et où francophones et anglophones se côtoient. L’Outaouais m’a fait découvrir de nouvelles expressions, dont plusieurs faisaient mal à mes oreilles de langagier. « Hein?! », me suis-je souvent dit. Laissez-moi vous présenter 3 expressions courantes en Outaouais. Courantes, mais pas pour autant correctes… 1. « Fais sûr d’avoir ta bouteille d’eau. » « Fais sûr de ci, fais sûr de ça. » On entend tellement cette expression en Outaouais qu’on en vient à se demander si elle est passée dans l’usage. Je vous rassure : non, elle ne l’est pas. Pas plus que l’expression « faire certain ». L’expression « faire sûr » n’est rien d’autre que la traduction littérale de l’anglais « to make sure ». Pourtant, la solution pour éviter l’affreux « faire sûr » est simple : utiliser le verbe « s’assurer ». Encore mieux : « N’oublie pas ta bouteille d’eau! » 2. « C’est mon oncle qui appartient ce casse-croûte où on fait les meilleurs hot-dogs en ville. » « Hein?! » Ça m’a pris quelques instants pour comprendre ce que voulait me dire mon interlocuteur. Il avait traduit littéralement le verbe « to own » par le verbe « appartenir ». Malheureusement (ou heureusement), « appartenir quelque chose », ça ne se dit pas. J’ai donc pu lui répondre : « Ah! Ce casse-croûte appartient à ton oncle. » 3. « Tous les matins, je vais marcher le chien. » « Tu fais quoi? » En Outaouais, beaucoup de gens « marchent leur chien ». Cette tournure traduit mot pour mot l’expression anglaise « to walk a dog ». On la croirait sortie tout droit d’un outil de traduction automatique! En français, la tournure ne tient pas debout, car le verbe « marcher » ne peut pas être suivi d’un complément direct (sauf s’il est précédé du verbe « faire »). On ne marche pas un chien. On le promène, tout simplement. Qu’ont en commun ces trois expressions? Elles sont fautives, certes. Mais pourquoi? Parce qu’elles reproduisent une structure propre à la langue anglaise qui n’est pas correcte en français. Évidemment, ces expressions vont à l’encontre du génie de la langue française. Vous me direz peut-être que ce n’est pas bien grave. Au contraire. Pour moi, ce genre de fautes est plus dommageable à la langue française que, par exemple, l’emploi d’un « simple » anglicisme dans une phrase. Les anglicismes de structure s’attaquent au discours, aux façons de dire. Ils défigurent la langue française. Je n’hésite pas à reprendre les gens qui font mal à ma langue, sans doute par déformation professionnelle. Et vous, osez-vous le faire? Y a-t-il des expressions venant de l’anglais qui vous agacent vous aussi? Dites-le-moi dans vos commentaires.
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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Le jargon du bureau : trouver le mot juste en français

Billet de blogue en français traitant entre autres d’anglicismes employés couramment au bureau.Y a-t-il des mots ou des expressions qui vous égratignent les oreilles chaque fois que vous les entendez? Récemment, j’ai sondé à ce sujet les membres d’un groupe dont je fais partie sur les réseaux sociaux. Je n’aurais jamais cru recevoir autant de réponses! En fait, la source s’est avérée presque intarissable, à tel point que j’aurais assez de matière pour plusieurs billets sur ce thème. Mais dans la vie, il faut faire des choix : j’ai donc sélectionné parmi les centaines de propositions reçues des mots et expressions très fréquents dans la langue administrative. Employons-nous toujours le mot juste au bureau? C’est ce que nous allons voir! Examinons ensemble quelques phrases fictives, mais fort réalistes. 1. « C’est là un enjeu significatif. » Commençons par le mot « enjeu ». Les dictionnaires s’accordent pour dire que c’est ce qu’on peut gagner ou ce qu’on risque de perdre dans une entreprise. Autrement dit, c’est ce qui est en jeu dans une situation donnée. En voulant éviter de parler de « problème », on pourrait dire qu’on en crée un! En fait, on emploie « enjeu » de façon abusive, car il existe plusieurs mots, plus précis, pour le remplacer. L’article issue ouvre dans une nouvelle fenêtre du Lexique analogique nous propose une bonne trentaine de solutions de rechange, à choisir selon le contexte. Quelques exemples : question, dossier, problème, préoccupation, différend. Mais ce n’est pas tout : « significatif » est la forme adjectivale du nom « signification ». Ce mot veut dire « qui exprime clairement quelque chose » (des chiffres significatifs), « qui est révélateur de quelque chose » (une réaction significative). L’emploi du mot « significatif » est critiqué lorsqu’on veut parler de quelque chose d’important, de considérable, d’envergure. Ce mot est alors employé sous l’influence de l’anglais significant. On trouvera une foule de synonymes pour éviter l’anglicisme dans l’article major ouvre dans une nouvelle fenêtre du Lexique analogique. 2. « Ce programme a rencontré son principal objectif : adresser le problème de logistique. » « Rencontrer un objectif » est un calque de l’expression anglaise to meet one’s objective. Mais alors, que fait-on de ses objectifs? L’article objectif ouvre dans une nouvelle fenêtre du Dictionnaire des cooccurrences propose toute une série de verbes qui peuvent accompagner ce mot : atteindre, concrétiser, réaliser, remplir, tenir et ainsi de suite. Peut-on adresser un problème? Malheureusement, non! Cette expression est calquée sur l’anglais to address a problem. On peut adresser un sourire à un ami, adresser une lettre à un correspondant, adresser un patient à une spécialiste. Mais quand il s’agit de questions à régler, il faut les aborder, les étudier, les résoudre. L’article adresser une question / un problème ouvre dans une nouvelle fenêtre des Clés de la rédaction propose de nombreuses solutions pour éviter cette expression. 3. « Et si on en profitait pour cesser de travailler en silo? » L’idée du silo nous vient aussi de nos collègues anglophones. En effet, nous leur avons emprunté l’expression « travailler en silo », calquée sur working in silo, pour désigner un groupe qui fonctionne isolément des autres. Bien qu’elle soit encore critiquée en français, cette expression est de plus en plus courante dans l’usage. Pourtant, le français ne manque pas de façons d’exprimer cette notion : on peut vouloir éviter de travailler en vase clos, déplorer le cloisonnement administratif, souhaiter la fin des compartiments étanches, vouloir cesser de fonctionner isolément ou séparément, selon le contexte. L’article Silo ouvre dans une nouvelle fenêtre de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française vous renseignera davantage sur cet emprunt à l’anglais. 4. « Puisque vous êtes sur le comité, vous connaissez notre plan d’affaires. » On peut siéger à un comité, être membre d’un comité ou faire partie d’un comité, mais on ne peut pas « être sur un comité », comme nos collègues anglophones qui disent to be ou to sit on a committee. Business, ça veut dire beaucoup de choses, n’est-ce pas? Ce mot est si polyvalent! Il est utilisé pour parler de commerce, d’argent, d’industries, mais aussi d’activités professionnelles diverses qui n’ont rien à voir avec les affaires. Doit-on s’étonner que le français n’ait pas un mot unique capable de remplacer l’adjectif business dans toutes les circonstances? Là où il n’est pas question d’activités financières et commerciales, oublions « d’affaires » et choisissons par exemple heures d’ouverture (plutôt qu’heures d’affaires), siège social (plutôt que place d’affaires), procédures administratives (plutôt que procédures d’affaires). Pour traduire business plan ouvre dans une nouvelle fenêtre dans un contexte non commercial, TERMIUM Plus® recommande plan d’activités et plan opérationnel. 5. « Ces mesures vont accroître l’engagement de notre clientèle. » Le verbe anglais to engage et sa forme nominale engagement ont plusieurs sens que n’ont pas les mots français « engager » et « engagement », déjà fort polysémiques. Expression anglaise populaire ces dernières années, to engage with est un des cas où le mot « engagement » ne peut être employé comme équivalent français. On ne peut pas engager sa clientèle ou son personnel (sauf si on l’embauche!). En revanche, on peut mobiliser un auditoire, s’investir dans un partenariat, faire participer ses lecteurs à des discussions, favoriser l’implicationnote 1 du public dans ses activités. Parfois, to engage with, ça peut aussi vouloir dire échanger, tout simplement! Si vous travaillez dans un bureau, je suis persuadé que vous avez déjà lu ou entendu bon nombre de ces mots et expressions. Y en a-t-il d’autres qui vous viennent à l’esprit? Proposez-les-moi dans un commentaire. Notes Note 1 Oui, on peut l’employer! La plupart des grands ouvrages de langue acceptent désormais « impliquer » et « implication » dans un sens non péjoratif. Retour à la note 1
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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Le jargon du bureau : d’autres pièges de la langue administrative

Billet de blogue en français traitant d’anglicismes employés couramment au bureau.On l’a vu dans mon billet intitulé « Le jargon du bureau : trouver le mot juste en français » : la langue administrative est riche en anglicismes. Après la parution de ce premier texte, des collègues m’ont demandé quand j’écrirais le suivant. Je vous offre donc avec plaisir un autre bouquet de mots lus et entendus dans le contexte professionnel. Bonne lecture! 1. « Désormais, nous mettrons l’emphase sur les nouveautés. » Qui n’a pas déjà entendu l’expression « mettre l’emphase sur »? Elle est pourtant calquée sur l’anglais to put emphasis on. En français, « emphase » est un mot vieilli ou péjoratif qui décrit une exagération dans la façon de s’exprimer (parler avec emphase). On peut toutefois mettre l’accent sur ou insister sur quelque chose, voire en faire son cheval de bataille, si le contexte s’y prête. « Mettre l’emphase » se remplace bien par souligner, mettre en évidence, attirer l’attention sur. D’autres possibilités sont présentées dans l’article « emphase (mettre l’emphase sur) » des Clés de la rédaction. 2. « Il faut supporter nos clients corporatifs. » Le verbe « supporter » est parfaitement français… quand il exprime l’idée de soutenir une charge, d’endurer une chose pénible ou de tolérer quelqu’un. Vous l’aurez remarqué : tous ces sens ont un aspect négatif. C’est quand on utilise ce verbe dans un sens positif que l’on se trompe. On le remplacera alors par appuyer, soutenir ou aider. Parfois, to support veut même dire financer. Le dictionnaire Usito recense d’autres mots utiles dans la section « Anglicisme critiqué » de l’article « supporter ». Plus difficile à remplacer, « corporatif » est aussi très populaire. C’est parce que l’anglais corporate, extrêmement courant, veut dire une foule de choses. Au bureau, il est surtout employé dans les sens suivants : relatif ou propre à une entreprise ou à un organisme; relatif aux activités commerciales ou au monde des affaires; général, global. En comparaison, le français « corporatif » a un sens restreint que l’on rencontre rarement. Il signifie « propre aux corporations ». Et qu’est-ce qu’une corporation? C’est une association chargée de défendre les intérêts des membres d’une profession, autrement dit un ordre professionnel. Vous voyez que « corporatif » ne correspond hélas à aucun des sens du corporate anglais, malgré sa forme semblable. Heureusement, les solutions sont nombreuses. L’article « corporatif » des Clés de la rédaction en présente un grand nombre, des adjectifs comme commercial, organisationnel et général aux expressions comme entreprise citoyenne, droit des sociétés et monde des affaires. Il y en a pour tous les contextes. Dans la phrase ci-dessus, on pourrait parler de sociétés clientes, de clients commerciaux ou de clientèle d’affaires. 3. « Une dizaine de minutes suffiront pour compléter le formulaire. » Il y a des expressions qui ont l’air si françaises qu’on se demande quel mal il y aurait à les adopter. C’est le cas de « compléter un formulaire », qui nous vient de l’anglais to complete a form. Ici, les ouvrages de langue sont unanimes : en français, on remplit un formulaire ou un questionnaire. D’ailleurs, l’anglais connaît aussi l’expression to fill out a form, qui signifie littéralement… « remplir un formulaire ». Le verbe « compléter », lui, s’emploie dans le sens de « rendre complet » ou d’« achever ». Dans l’article « compléter » des Clés de la rédaction, on explique comment remplacer cet anglicisme dans bon nombre de contextes. 4. « Il me faudra une liste des besoins de haut niveau. » L’expression « de haut niveau » est passablement rare dans les textes soignés écrits en français, mais on la voit couramment dans les textes traduits, où elle s’introduit sous l’influence de l’anglais high-level. Dans les dictionnaires, on trouve en gros trois sens courants de cette expression : qui se trouve à un niveau hiérarchique élevé (un cadre de haut niveau); qui est perfectionné, complexe, avancé (une formation de haut niveau); qui a atteint l’excellence (un athlète de haut niveau). Toutefois, dans nos milieux professionnels, on prête régulièrement à « de haut niveau » un sens qui n’existe pas en français. Par exemple, si on vous demande de rédiger un « plan de haut niveau », vous devrez décrire les étapes en surface, sans aller dans les détails. Pour exprimer correctement le concept de high-level plan ou high-level requirements, par exemple, on peut employer l’adjectif général ou global. On peut aussi donner une idée d’ensemble ou les grandes lignes d’un projet, plutôt qu’une « description de haut niveau ». 5. « À la fin de la journée, il n’y a pas que les profits qui comptent. » C’est sous l’influence de l’anglais qu’on utilise l’expression « à la fin de la journée » pour dire tout compte fait, tout bien considéré. C’est là le sens de l’expression anglaise at the end of the day, d’après le dictionnaire anglais gratuit Lexico. En français, l’expression sert à introduire ce qui se produit à la fin de l’après-midi ou en début de soirée. Par exemple : « À la fin de la journée, tout le monde est rentré à la maison ». Pour parler du résultat d’une réflexion, on peut utiliser les expressions citées plus haut ou encore : enfin, finalement; en somme; au bout du compte, à la fin du compte, en fin de compte. Ce billet vous a-t-il fait penser à des mots ou à des expressions que vous avez lus ou entendus au travail? J’aimerais les connaître! Écrivez-les dans la section des commentaires.
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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L’anglais envahi par le français

Billet de blogue en français traitant de l’influence de l’anglais sur le français et de celle du français sur l’anglais.Préjugé : les hordes barbares de mots anglais assiègent notre belle langue et menacent de la défigurer à jamais. On a certes de bonnes raisons de maugréer, puisque les anglicismes pénètrent le français depuis la fin du 19e siècle, à cause de la domination économique de l’Empire britannique, dans un premier temps, et de celle des États-Unis par la suite. Ce sont surtout les emprunts lexicaux qui se sont multipliés, bien que plusieurs commentateurs commencent à dénoncer les calques syntaxiques qui apparaissent dans l’Hexagone. Au 19e siècle sont apparus des termes comme « ferry », « steamer », alors qu’aujourd’hui ce sont plutôt des emprunts dans le domaine de l’électronique qui s’imposent. Que l’on pense à « podcast » ou à « digital ». Un véritable déluge d’anglicismes dans ce domaine, des anglicismes qu’on ne cherche même pas à traduire… sauf au Canada. Par le passé, le français tentait d’assimiler certains anglicismes en les gallicisant, si je puis dire. Par exemple, une redingote n’est rien d’autre que riding coat francisé; autre exemple, un paquebot est tout simplement un packet-boat, navire postal qui, à la longue, en est venu à transporter des passagers. Tous ces aspects, qui ne font qu’effleurer la question, laissent croire que la survie du français est menacée. Pour moi, il n’en est rien. En fait, environ cinq pour cent du vocabulaire français est issu de l’anglais. Comme nous l’avons vu dans mon précédent article « Vous êtes polyglotte sans le savoir », notre langue a abondamment emprunté à l’italien, à l’allemand, au néerlandais, au turc, etc. Alors oui, notre langue est actuellement assiégée par les anglicismes dans certains domaines. Le mot clé étant actuellement. Mais l’avènement d’une nouvelle puissance mondiale pourrait un jour changer la donne. En réalité, ce serait plutôt aux anglophones de se plaindre. Environ soixante pour cent de leur vocabulaire vient du français. Certains croient même que ce serait les deux tiers. Invasion colossale qui a fait dire à un observateur, voilà quelques siècles, que l’anglais n’était rien d’autre que du néerlandais brodé de français. Comment en est-on venu là? La Conquête normande de 1066. Guillaume le Conquérant envahit l’Angleterre et en devient roi. La noblesse parle français, le peuple l’ancien anglais. La cohabitation des deux langues aura des conséquences monumentales. Pendant trois cents ans, le français est la langue de la Couronne; c’est donc dire que l’administration fonctionne en français normand. Mais, par la suite, l’anglais reprend ses droits, mais est lourdement influencé par le français, ce qui donne lieu à toute une série de phénomènes. Les doublets apparaissent. Ce sont des mots d’origine germanique et française qui ont le même sens. Trust et confidence en sont un exemple parfait. Le doublet devient même un outil stylistique servant à étoffer le discours. Mais, cette étrange cohabitation de frères ennemis a une autre conséquence : le terme français est souvent une manière plus élégante de s’exprimer. Les synonymes anglais-français abondent : raise est anglais, mais il est plus relevé de dire elevate. Un autre tandem du genre : begin/commence. En gastronomie, il est préférable de manger du beef ou du mutton, plutôt que du ox ou du sheep. Également plus digeste de commander des escargots que des snails (beurk!). Il y a aussi le phénomène des emprunts déformés. L’anglais emprunte des mots au français pour non seulement les intégrer dans son vocabulaire, mais aussi en développer le sens. Prenons comme exemple portmanteau, dont le sens original est le même qu’en français. Le mot est par la suite devenu un adjectif qui signifie qu’un objet a plusieurs usages ou qualités. Le Collins donne l’exemple suivant : The heroine is a portmanteau figure of all the virtues Évidemment, nul ne songerait à parler d’une figure porte-manteau en français… On pourrait aussi parler de double entendre, qui signifie un mot comportant un double sens. Soit dit en passant, les emprunts déformés se voient aussi dans d’autres langues. En terminant, il serait dommage de ne pas mentionner un dernier phénomène, celui des mots boomerangs. Ce sont des mots anglais d’origine française qui reviennent dans notre langue sous une forme jadis inconnue. Ces mots sont tellement bien intégrés dans notre langue que nous n’en voyons plus l’origine. Par exemple le mot « flirt », qui a engendré « flirter ». Peu de gens savent qu’il s’agit en fait d’un gallicisme en anglais. Flirt vient de l’ancien français « fleureter ». Ce dernier terme est disparu et a été remplacé par « flirter ». Idem pour « budget », qui vient de « bougette », un petit sac que l’on transportait en voyage. Comme on le voit, les anglophones « parlent » le français couramment…
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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Narrative et engage : deux faux amis à contourner

Billet de blogue en français traitant des faux amis employés couramment dans la langue administrative.Il y a des mots anglais qu’on lit si souvent qu’on s’imagine bien les comprendre. Pourtant, à les regarder de près, on voit qu’ils n’ont pas uniquement – ou du tout! – le sens qu’on leur prêtait. Un mot français ne suffit pas à les traduire… et celui qui se rapproche le plus de l’anglais nous mène souvent droit dans un piège! Voici deux exemples inspirés des textes que je vois au quotidien. Le cas de narrative Le mot anglais narrative est courant dans le monde des médias et de la politique, et il a aussi fait son chemin dans la langue administrative, friande de mode. Précisons d’abord que « narratif » existe bien en français, mais uniquement sous la forme d’un adjectif, et qu’il signifie « relatif à un récit » (comme dans « schéma narratif »). Nous sommes bien loin du nom anglais en vogue que le dictionnaire Lexico définit ainsi : A representation of a particular situation or process in such a way as to reflect or conform to an overarching set of aims or valuesNote de bas de page 1. Alors, que devrions-nous en faire dans nos écrits et nos traductions? Je vous propose de fouiller votre vocabulaire et de trouver des mots qui reflètent le sens que vous souhaitez donner à votre narrative. Voici quelques exemples : [Exemples d’emploi du mot anglais narrative et leur traduction en français] Exemple d’emploi du mot narrative Traduction possible en français Do you realize that you’re repeating the same dumb narrative? Te rends-tu compte que tu répètes les mêmes bêtises? They are reinforcing their preferred narrative, regardless of fact. Ils s’accrochent à leur leitmotiv en dépit des faits. This recounting doesn’t fit their narrative. Ce récit ne cadre pas avec leur version des faits. According to your narrative, the company did not comply with their own regulations. Vous prétendez que l’entreprise n’a pas respecté ses propres règlements. The narrative for the next budget is being set right now. Les thèmes principaux du prochain budget se décident en ce moment. They identify four key narratives: activism, working to plan, unity, and scientific guidance. Il en ressort quatre idées centrales : l’activisme, le respect d’un plan, la solidarité et les conseils des scientifiques. Our narrative needs to be clear, direct, and engaging. Notre message doit être clair, direct et accrocheur. Demandez-vous si, dans le contexte, narrative a un sens négatif, neutre ou positif. Ensuite, inspirez-vous des mots qui l’entourent. Vous verrez que les solutions abondent! Parlons d’engagement Il y a quelques années, je vous ai parlé de l’expression to engage with dans Le jargon du bureau : trouver le mot juste en français. Sa cousine engagement est elle aussi sur toutes les lèvres et elle embête bon nombre de traducteurs et traductrices, à l’instar de la forme to engage (sans with). Précisons tout de suite que le nom « engagement » et le verbe « engager » existent en français, mais qu’ils se limitent essentiellement à l’action de lier par une promesse ou un contrat. Le hic, c’est que le mot anglais a beaucoup de sens et qu’il est souvent utilisé de façon passablement vague dans la langue de l’administration. Que faire? Je recommande d’abord de vous demander s’il est employé pour désigner un état ou une action. Cela vous aidera à comprendre si l’on parle, par exemple, du sentiment d’appartenance du personnel (As a result of the massive layoffs, employee engagement was at a low point) ou plutôt du processus qui consiste à solliciter des partenaires (Stakeholder engagement will be key to getting more feedback from them). C’est déjà là une bonne piste. Ensuite, interrogez-vous sur le sens de la démarche dont il est question. S’agit-il de « consulter » des gens, de « mobiliser » des organismes, de « rallier » quelqu’un à un projet ou à une cause, de « participer » à un projet, de « mettre à contribution » des personnes intéressées, voire de « communiquer », de « garder le contact » ou de « collaborer » avec des partenaires? Méfiez-vous des automatismes, car tous ces sens sont bien différents! Assurément, ce bref tour d’horizon ne permet pas de recenser toutes les possibilités. Aidez-moi à ajouter des cordes à mon arc : parlez-moi en commentaire des mots que vous voyez dans vos lectures et vos textes. Nous profiterons ainsi toutes et tous d’un nouveau bouquet de solutions! Note 1 Lexico, définition du mot anglais « narrative », acception 1.3. Retour à la référence de la note de bas de page 1
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Le jargon du bureau : quelques verbes employés sous l’influence de l’anglais

Billet de blogue en français traitant de verbes employés de façon incorrecte dans la langue administrative.Le verbe. Au cœur de la phrase, il permet de situer une action dans le temps ou d’exprimer un état. Cet élément essentiel du discours est par ailleurs l’un des plus complexes de la langue française. Le sens du verbe, ses formes et son emploi dans la phrase présentent de nombreuses variations. La cerise sur le gâteau? L’anglais a aussi une forte influence sur l’emploi de certains verbes en français. Pour y voir clair, examinons quelques verbes bien français, mais qui ne sont pas toujours employés de la bonne façon. 1. « Trois ans après avoir appliqué pour le programme de musique, Mauricio a gradué de l’Université de Moncton. » C’est sous l’influence de l’anglais to apply for que le verbe « appliquer » est parfois employé dans le sens de « présenter une demande (de prestations, de passeport, d’admission, d’inscription, d’emploi, de permis, etc.) ». En français, « appliquer » signifie : mettre une chose sur une autre (appliquer de la peinture sur une feuille); utiliser quelque chose pour obtenir un résultat (appliquer un traitement à une maladie); mettre en pratique (appliquer le règlement). Dans la phrase, on aurait pu écrire que Mauricio a posé sa candidature ou fait une demande d’admission. Pour trouver d’autres idées de formulations correctes en français, consultez l’article « appliquer/faire application » des Clés de la rédaction (s’ouvre dans un nouvel onglet). Est-ce qu’on peut « graduer » de l’université? Eh bien non. Il s’agit d’un calque de l’anglais to graduate. On dira plutôt obtenir un diplôme. L’emploi de « graduation » est aussi déconseillé pour désigner une cérémonie de remise des diplômes ou une collation des grades. La même logique s’applique à « gradué » employé comme nom ou adjectif, car ce mot sert uniquement à désigner une chose qui est divisée en degrés ou qui augmente graduellement. Pour désigner une personne qui a terminé un programme d’études, on emploiera plutôt diplômé. L’article « graduer » des Clés de la rédaction (s’ouvre dans un nouvel onglet) pourra vous en apprendre davantage sur la question. 2. « Le comité a émis un communiqué pour expliquer comment la récession a impacté l’économie. » Ici encore, c’est sous l’influence de l’anglais to issue que le verbe « émettre » est employé à tort avec « permis », « communiqué », « passeport », « mandat », etc. On préférera délivrer un permis ou un passeport, publier un communiqué et lancer un mandat. L’article « émettre » des Clés de la rédaction (s’ouvre dans un nouvel onglet) contient beaucoup d’autres idées permettant de remplacer ce verbe dans divers contextes. « Impacter » est un verbe construit à partir du nom « impact », qui désigne en fait un choc violent. L’emploi de ce verbe est critiqué même s’il est maintenant accepté dans certains ouvrages, dont Le Petit Robert. Toutefois, avec un peu d’imagination, il est facile de le remplacer par des tournures plus idiomatiques, comme avoir un effet, une incidence ou des répercussions sur. On peut aussi recourir aux verbes nuire à, bouleverser, se répercuter sur, toucher, chambarder et chambouler, selon le contexte. De belles solutions françaises, n’est-ce pas? 3. « Tous les ministères sont desservis par la Direction des services informatiques. » Le verbe anglais to serve se rend de diverses façons en français, mais les dictionnaires limitent l’emploi de « desservir » à des endroits : gare, localité, chantier, raffinerie, etc. Le verbe « desservir » englobe l’idée de distribution. Par exemple : Le bureau de poste dessert cette localité. Il a également le sens d’« assurer un service » en parlant d’une voie de communication ou d’un moyen de transport. Comme dans cet exemple : Le train dessert ce village. On se gardera de confondre « desservir » et « servir », des verbes qui ne sont pas interchangeables. On trouve des exemples d’emplois corrects dans l’article « desservir » des Clés de la rédaction (s’ouvre dans un nouvel onglet). On remplacera avantageusement la forme « être desservi » par obtenir des services de (tous les ministères obtiennent des services de la Direction des services informatiques) ou être des clients de (tous les ministères sont des clients de la Direction des services informatiques). On peut aussi changer le sujet : La Direction des services informatiques fournit des services à tous les ministères. Que pensez vous de ces propositions? 4. « Très bien, je te reviens là-dessus demain. » Si vous échangez des courriels avec vos collègues, vous avez sûrement obtenu cette réponse plus d’une fois! Il s’agit toutefois d’un calque de l’anglais get back to you. En effet, le verbe « revenir » n’a pas ce sens en français. Comment éviter cet écueil? On peut employer je te répondrai demain ou je communiquerai avec toi demain à ce sujet. C’est aussi simple que cela! 5. « Ce débat polarise la communauté. » Pour terminer, je vous présente un faux ami qui passe souvent inaperçu. J’ai nommé le verbe « polariser »! En anglais, le verbe to polarize signifie « se diviser en deux groupes ayant des avis opposés ». Or, ce sens du verbe « polariser » n’est pas attesté dans les dictionnaires de langue française. En français, « polariser » signifie « attirer, concentrer en un point », comme dans « polariser l’attention des dirigeants ». En fait, les verbes anglais et français ont pratiquement des sens opposés. Pour rendre le sens du verbe anglais, il faut évoquer la division. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, on pourrait dire : Ce débat divise la communauté ou sème la discorde ou la division au sein de la communauté. J’aurais évidemment pu me pencher sur beaucoup d’autres verbes qui ne sont pas toujours employés de la bonne façon. Et vous, lesquels auriez-vous choisis? Mentionnez-les-moi en commentaire!
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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