J’adore l’Outaouais! C’est le travail qui m’y a amené, il y a une quinzaine d’années. Je suis rapidement tombé amoureux de la région, où campagne et ville sont voisines et où francophones et anglophones se côtoient. L’Outaouais m’a fait découvrir de nouvelles expressions, dont plusieurs faisaient mal à mes oreilles de langagier. « Hein?! », me suis-je souvent dit.
Laissez-moi vous présenter 3 expressions courantes en Outaouais. Courantes, mais pas pour autant correctes…
1. « Fais sûr d’avoir ta bouteille d’eau. »
« Fais sûr de ci, fais sûr de ça. » On entend tellement cette expression en Outaouais qu’on en vient à se demander si elle est passée dans l’usage. Je vous rassure : non, elle ne l’est pas. Pas plus que l’expression « faire certain ». L’expression « faire sûr » n’est rien d’autre que la traduction littérale de l’anglais « to make sure ». Pourtant, la solution pour éviter l’affreux « faire sûr » est simple : utiliser le verbe « s’assurer ». Encore mieux : « N’oublie pas ta bouteille d’eau! »
2. « C’est mon oncle qui appartient ce casse-croûte où on fait les meilleurs hot-dogs en ville. »
« Hein?! » Ça m’a pris quelques instants pour comprendre ce que voulait me dire mon interlocuteur. Il avait traduit littéralement le verbe « to own » par le verbe « appartenir ». Malheureusement (ou heureusement), « appartenir quelque chose », ça ne se dit pas.
J’ai donc pu lui répondre : « Ah! Ce casse-croûte appartient à ton oncle. »
3. « Tous les matins, je vais marcher le chien. »
« Tu fais quoi? »
En Outaouais, beaucoup de gens « marchent leur chien ». Cette tournure traduit mot pour mot l’expression anglaise « to walk a dog ». On la croirait sortie tout droit d’un outil de traduction automatique! En français, la tournure ne tient pas debout, car le verbe « marcher » ne peut pas être suivi d’un complément direct (sauf s’il est précédé du verbe « faire »). On ne marche pas un chien. On le promène, tout simplement.
Qu’ont en commun ces trois expressions? Elles sont fautives, certes. Mais pourquoi? Parce qu’elles reproduisent une structure propre à la langue anglaise qui n’est pas correcte en français.
Évidemment, ces expressions vont à l’encontre du génie de la langue française.
Vous me direz peut-être que ce n’est pas bien grave. Au contraire. Pour moi, ce genre de fautes est plus dommageable à la langue française que, par exemple, l’emploi d’un « simple » anglicisme dans une phrase. Les anglicismes de structure s’attaquent au discours, aux façons de dire. Ils défigurent la langue française.
Je n’hésite pas à reprendre les gens qui font mal à ma langue, sans doute par déformation professionnelle. Et vous, osez-vous le faire? Y a-t-il des expressions venant de l’anglais qui vous agacent vous aussi? Dites-le-moi dans vos commentaires.