Même si, comme moi, vous n’êtes pas un grand amateur du Moyen Âge, vous avez sans doute une certaine connaissance des légendes arthuriennes. Je parle bien sûr des aventures du roi Arthur, de la reine Guenièvre et des chevaliers Lancelot, Perceval et Yvain, entre autres. Que ce soit dans la littérature, au théâtre, au cinéma ou à la télévision, on ne compte plus les œuvres racontant le récit des chevaliers de la Table ronde et du château de Camelot.
Un mystère surgit
Alors, imaginez-moi qui arrive dans un cours d’histoire de la littérature française au cégep (il y a très longtemps) avec mon bagage de références arthuriennes : Richard Gere jouant Lancelot, le groupe Monty Python et son film « Sacré Graal », et Bugs Bunny avec « sir Loin of Beef » (qui me fait toujours rire). Parmi les textes que le professeur nous propose se trouve un extrait du Roman de Brut de Wace. J’aimais bien lire des histoires d’Arthur, roi de Bretagne, mais une question me hantait : pourquoi un auteur français racontait-il la légende d’un roi britannique?
Plus tard dans mes études collégiales, j’ai appris que le Roman de Brut n’était pas une exception. En effet, la majorité des textes sur le roi Arthur et son entourage ont été écrits en ce qui allait devenir le français. J’ai donc traîné ce mystère jusqu’à l’université, où j’ai suivi un cours d’histoire de la langue française. Je vous raconte ce que j’y ai appris.
La bataille d’Hastings
Nous sommes en 1066. Le roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, vient de mourir. De l’autre côté de la Manche, Guillaume II, duc de Normandie, décide de faire valoir son droit de succession (il était le petit-neveu de la reine Emma d’Angleterre). Le 14 octobre, à Hastings, le duc et ses hommes affrontent les forces du nouveau roi Harold, qu’ils défont en une seule journée. Guillaume II, duc de Normandie, devient Guillaume Ier, roi d’Angleterre.
Après cette conquête, de nombreux Normands s’installent en Angleterre. Ces gens parlent ce qu’on appelle aujourd’hui le franco-normand, un des ancêtres du français. La langue de la cour s’est imposée et, jusqu’au 14e siècle, le français a été la langue officielle de l’Angleterre.
Tout s’explique
Enfin, je comprenais! Lorsqu’il a rédigé ses œuvres au 12e siècle, Wace, un sujet anglais, écrivait en français, la langue officielle de son pays. Mystère résolu!
Je ne sais pas pour vous, mais depuis que je connais ce bout d’histoire, je ne vois plus les références aux légendes arthuriennes du même œil. J’ai évoqué plus haut mon faible pour Bugs Bunny et sir Loin of Beef, mais vous, quelles sont vos références préférées à Arthur et sa cour?