Pas toujours facile d’être langagière. Je me casse parfois la tête avec des détails, et ce, même dans ma vie personnelle. Comme la fois où j’ai dû choisir le titre à faire broder sur la manche de mon manteau de hockey.
J’ai jonglé avec trois mots pendant des heures : entraîneur, entraîneuse, entraîneure… Étant à peu près la seule femme à occuper ce poste dans l’association, je ne pouvais pas m’inspirer du titre de mes consœurs. Alors, que choisir?
C’est ainsi que ma matière grise s’est mise en branle.
Entraîneur
Laisser « entraîneur » au masculin? Hum, j’hésite… On prône la féminisation des titres de professions au Canada.
Entraîneuse
Opter pour le féminin officiel d’« entraîneur »? Euh… la seule idée de dire le mot « entraîneuse » me fait rougir, probablement parce que mes parents sont Français. En effet, ce mot a aussi le sens suivant, peu connu au Canada : « femme employée dans les bars ou les discothèques pour pousser les clients à consommer ».
J’ai un blocage psychologique. C’est peut-être trop près de « traîneuse » : une personne qui laisse traîner ses choses partout.
Si on s’attarde à tous les sens d’un mot, on n’est pas sorti de l’auberge, me direz-vous. La solution devrait pourtant être simple puisque « entraîneuse de hockey » est le titre officiel donné dans la Classification nationale des professions.
N’empêche qu’au début des années 2000, l’Ordre des arpenteurs-géomètres du Québec a adopté « arpenteure-géomètre » plutôt que la forme officielle « arpenteuse-géomètre » pour une raison semblable. Le mot « arpenteuse » désigne à la fois le métier et… une sorte de chenille.
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai l’impression que les noms de métiers en –euse ont souvent une connotation négative.
Entraîneure
Quant à « entraîneure », ça sonne bien, n’est-ce pas? Petit hic, cette forme n’est pas admise.
En effet, la majorité des noms de métiers en –eur ont une forme féminine officielle en –euse. Seulement une quinzaine de noms ont une forme en –eure uniquement (comme professeure, ingénieure et docteure). Quelques autres noms en –eure (comme entrepreneure, défenseure et réviseure) ont aussi une forme en –euse, qui serait à privilégier.
Mais dites-moi, employez-vous l’« entrepreneuse », la « défenseuse », la « réviseuse »?
Décision de l’arbitre
Bon, je vous demande maintenant de vous mettre dans ma peau. C’est le temps d’enfiler vos patins, vous êtes l’arbitre!
Coup de sifflet.
Alors, pour quel titre auriez-vous opté à ma place?
Rendez votre décision en répondant au sondage sur le compte Twitter du Portail linguistique (le sondage est maintenant terminé).