Montréal a près de deux millions d’habitants, et sa région métropolitaine en compte plus du double. Le recensement le plus récent de Statistique Canada a révélé que pas moins de 130 langues sont parlées dans la métropole. On peut imaginer qu’il n’est pas toujours facile, quand on parle une seule langue, de vivre dans une telle ville!
Quand ma famille est arrivée à Montréal au début des années 1990, je parlais couramment l’anglais et l’arabe. Par la suite, j’ai surtout fréquenté l’école française, de sorte qu’à l’âge de 13 ans, j’étais déjà trilingue. Plus on parle de langues, plus on est avantagé. Je vais vous parler de quelques-uns des avantages dont j’ai personnellement bénéficié.
1. Se faire des amis
En grandissant à Montréal, je me suis fait des amis parmi les anglophones, les francophones et les arabophones. Dans mon cercle d’amis, rares étaient ceux qui étaient seulement bilingues; la plupart parlaient trois, ou même quatre langues. Quand j’allais chez mes amis, j’aimais les voir interagir avec les membres de leur famille. Je peux dire sans hésiter que côtoyer autant de cultures différentes et pouvoir les comparer à la mienne a été très enrichissant comme expérience. C’est sûrement dans des conditions semblables que naissent la tolérance et l’ouverture d’esprit.
2. Trouver un emploi
La plupart des employeurs, à Montréal, cherchent du personnel au moins bilingue. Il y a tant de gens qui parlent anglais et français dans cette ville aujourd’hui que le bilinguisme n’est plus suffisant pour se démarquer. Par contre, une personne trilingue a plus de chances de se faire embaucher, surtout dans un secteur où les communications multilingues sont fréquentes. Par ailleurs, de grandes entreprises offrent des primes, des promotions et d’autres avantages à leurs employés qui maîtrisent plusieurs langues. Avant d’enseigner, j’ai travaillé dans des bureaux de poste et des banques. Déjà, à cette époque, connaître plus que l’anglais et le français m’était fort utile.
3. Parler politique
Cela va de soi, parler politique est généralement plus facile sans la barrière des langues. On a aussi une conversation plus ouverte quand on parle la même langue. Que je parle à des anglophones, à des francophones ou à des arabophones, je trouve que je me tire bien mieux d’affaire si je parle la langue maternelle de la personne concernée.
4. Pratiquer l’empathie et l’ouverture
Malgré l’ouverture et l’hospitalité des Montréalais, il reste des secteurs de la ville où la vie n’est pas facile. Pauvreté, racisme, sexisme et persécution religieuse sont des difficultés qui touchent beaucoup de gens. Plus vous parlez de langues, mieux vous comprendrez les gens dans le besoin et, qui sait, peut-être pourrez-vous leur porter secours? Que vous parliez leur langue est un avantage non seulement pour eux, mais pour vous aussi, car cela vous permet de mieux comprendre les problèmes qu’ils vivent. D’ailleurs, Montréal compte des centaines d’organismes admirables qui viennent en aide aux personnes vulnérables. Ne l’oubliez pas : l’expérience du bénévolat enrichit aussi votre CV.
5. Découvrir la musique d’autres cultures
Ricky Martin et Enrique Iglesias ont beaucoup fait pour populariser la musique hispanophone vers la fin des années 1990. Comme l’espagnol est proche du français, les deux étant des langues romanes, j’ai réussi assez facilement à apprendre cette langue. Chanter en espagnol sur les chansons de mes vedettes préférées a été une des grandes joies de ma jeunesse.
La scène musicale montréalaise est très vivante; on y présente toute l’année des concerts et des festivals fantastiques. Ce qui rend la ville si extraordinaire, c’est qu’on puisse y entendre de la musique de tant de cultures différentes. Et quand on comprend les paroles des chansons, on en profite tellement plus!
Autrement dit
De toute évidence, il y a beaucoup d’avantages à être trilingue à Montréal. On en bénéficie tant dans sa vie sociale que sur les plans économique, politique et émotionnel. Honnêtement, je n’ai jamais vécu de situation où le fait de parler trois langues ait été un obstacle. Je vous laisse sur une citation de Nelson Mandela : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous parlez à son cœur. » Autrement dit, plus vous parlez de langues, plus votre vie sera enrichissante, que ce soit à Montréal ou n’importe où ailleurs!
Traduit par Marc-André Descôteaux, Portail linguistique du Canada