Les provinces et les territoires du Canada ont chacun leur propre système d’éducation. Au Québec, les deux premières années d’études postsecondaires se font dans un cégep (collège d’enseignement général et professionnel). On entre au cégep la même année que la plupart des Canadiens des autres provinces commencent la 12e année. Dans certains cas, ce système raccourcit les programmes universitaires, qui durent trois ans au lieu de quatre.
Quel que soit le programme d’études pour lequel ils ont opté, les cégépiens doivent choisir leur langue d’instruction et suivre des cours dans cette langue en vue de subir l’« épreuve uniforme de français » ou l’« English Exit Exam ». La réussite de cette épreuve est indispensable à l’obtention du diplôme d’études collégiales, document officiel délivré par le gouvernement du Québec. L’épreuve est administrée en mai, en août et en décembre.
Comme l’explique le ministère de l’Éducation, « [l]e but de l’épreuve uniforme est de vérifier que l’élève possède […] les compétences suffisantes en lecture et en écriture pour comprendre des textes littéraires et pour énoncer un point de vue critique pertinent, cohérent et écrit dans une langue correcte. »
Les élèves sont nombreux à trouver cette exigence étonnante. Ceux qui se destinent aux domaines de la mode ou de la gestion hôtelière, par exemple, se demandent à quoi leur servira de savoir écrire une dissertation. Certains ont du mal à réussir l’épreuve et doivent s’astreindre à de nombreux examens de reprise.
Nature de l’épreuve
Cette épreuve n’est pas une mince affaire : les candidats disposent de quatre heures trente pour lire des textes littéraires et rédiger une dissertation critique d’environ 900 mots. Pour un élève qui a grandi au Canada, la tâche peut paraître relativement simple. Par contre, pour les élèves originaires d’un autre pays, elle peut sembler titanesque. En effet, la façon particulière dont le français est enseigné à l’étranger ne cadre pas forcément avec le système en place ici.
La grille d’évaluation de la dissertation comporte trois critères : compréhension et qualité de l’argumentation, structure du texte et maîtrise de la langue. Pour réussir l’épreuve, il faut obtenir au moins la cote C à chacun des critères. Le critère de la maîtrise de la langue est en général celui qui donne le plus de fil à retordre aux élèves étrangers. Ce critère concerne le respect de la grammaire, la richesse du vocabulaire et la construction des phrases. Par souci d’impartialité, les dissertations (anonymes) sont corrigées par des enseignants et d’anciens enseignants accrédités au terme d’une période de formation et d’évaluation rigoureuses.
Quelques conseils pour bien s’en sortir
Que faire pour s’assurer de remplir le critère de la maîtrise de la langue? Pour les élèves étrangers, il faut d’abord et avant tout s’immerger dans la langue d’instruction choisie. Cela veut dire qu’il faut parler avec ses camarades, regarder la télévision et aller au cinéma en français (choisir idéalement des films avec sous-titres français), écouter de la musique et des chaînes de radio en français (par exemple Radio-Canada), lire des écrits variés (blogues, actualités, magazines, nouvelles, livres, etc.) et, bien sûr, écrire le plus possible.
Le défi peut sembler colossal. Sachez toutefois qu’Internet fourmille de ressources pouvant vous être utiles. Le Portail linguistique du Canada propose une foule de jeux qui vous feront réviser des règles de grammaire et de syntaxe précises. Procédant par questions à choix multiples, ces jeux donnent des réponses et des explications claires. Ils portent sur des sujets variés comme la ponctuation et l’accord des verbes. Le site du Centre collégial de développement de matériel didactique vous sera également d’une aide précieuse. Il contient une section distincte sur l’épreuve de français, dans laquelle vous trouverez une multitude de fiches, d’exercices et de jeux interactifs sur la compréhension, la structure du texte et la maîtrise de la langue.
De plus, comme les enseignants ont toujours à cœur la réussite de leurs élèves, ils vous fourniront avec plaisir du matériel didactique supplémentaire si vous leur en demandez. Par ailleurs, la plupart des collèges ont un laboratoire de langues où vous pourrez recevoir de l’aide adaptée à vos besoins. Bien des ressources sont offertes : il s’agit d’en profiter.
Savoir lire et écrire n’est pas utile seulement aux professeurs et aux rédacteurs professionnels. Bien manier la langue, ça sert aussi à écrire des courriels professionnels, des notes de service et des propositions commerciales, entre autres choses. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à préférer embaucher des personnes qui savent déjà communiquer efficacement par écrit.
Bref, au lieu de la voir comme un obstacle de plus dans votre parcours scolaire, considérez l’épreuve uniforme de français comme un enseignement extrêmement utile pour quiconque veut travailler au Canada, dans quelque domaine que ce soit. Personne n’écrit bien dès le premier essai. Mais maîtriser la langue, ce n’est pas comme apprendre à jouer de la harpe : tout le monde peut atteindre un niveau satisfaisant en y mettant un peu d’ambition, de persévérance et d’effort.
Adapté par Marc-André Descôteaux, Portail linguistique du Canada