Le point sur l’emploi des mots « inuit » et « inuk »

Publié le 6 février 2023

La question de l’accord du mot inuit fait l’objet de discussions depuis plus de quarante ans, et le Bureau de la traduction a formulé différentes recommandations au fil du temps sur l’emploi des mots inuit et inuk au sein de la fonction publique fédérale. En 2023, il en propose une nouvelle version, qui reflète davantage les tendances et l’usage actuels.

Historique

Dans les années 80, le Bureau de la traduction recommandait l’invariabilité du nom (des Inuit) et de l’adjectif (la culture inuit) ainsi que l’emploi du nom singulier Inuk pour désigner une seule personne (un Inuk, une Inuk)Note de bas de page 1.

En 2009, l’usage ayant évolué et la tendance étant à la francisation complète des emprunts, le Bureau a publié une nouvelle recommandation, dans laquelle il mettait de l’avant une graphie simplifiée se conformant aux règles morphologiques du françaisNote de bas de page 2. On pouvait y lire que le nom Inuk n’était plus en usage, et que les formes variables en genre et en nombre tant du nom Inuit que de l’adjectif inuit étaient à privilégier.

Vu l’évolution de la situation, de l’usage et des tendances, le Bureau de la traduction vient de nouveau de revoir sa recommandation.

Recommandation

La recommandation révisée présente différentes options. Il convient donc de toujours faire preuve de jugement dans l’application de ces options et de tenir compte du contexte de rédaction.

Le Bureau de la traduction recommande d’accorder le nom Inuit et l’adjectif inuit en genre et en nombre conformément aux règles de la grammaire française. Sont aussi acceptées les formes invariables inuk (au singulier) et inuit (au pluriel) selon leur sens en inuktitut, langue d’origine de ces emprunts.

Pour plus de précisions, consultez la Recommandation linguistique du Bureau de la traduction sur les mots « inuit » et « inuk » (s’ouvre dans un nouvel onglet).

Deux perspectives

Depuis longtemps, il existe essentiellement deux façons de voir les choses concernant l’emploi des noms Inuit et Inuk, ce qui fait que deux graphies cohabitent dans l’usage, tant dans les écrits de source autochtone que non autochtone.

Première perspective : Privilégier l’intégration des emprunts au français et donc opter pour l’accord en genre et en nombre du nom Inuit, conformément à la grammaire française (un Inuit, une Inuite, des Inuits, des Inuites).

Les emprunts à d’autres langues sont généralement soumis à des règles d’accord différentes de celles du français. En règle générale, c’est le temps qui permet à l’usage d’évoluer et aux mots de s’adapter aux règles du système linguistique français.

Au fil des années, le nom Inuit a pris sa place dans la langue française comme l’ont fait d’autres emprunts et néologismes. Par ailleurs, les dictionnaires et ouvrages de langue que nous avons consultés recommandent tous la variabilité en genre et en nombreNote de bas de page 3. Le Bureau de la traduction continue donc de recommander l’accord en tenant compte de ce que l’on trouve dans les ouvrages actuels, de la morphologie du français et de la façon dont les emprunts se francisent. L’accord est de loin l’emploi le plus fréquent dans l’usage français actuel.

Deuxième perspective : Adopter les règles propres à la langue d’emprunt et employer les formes invariables des noms Inuit (des Inuit) et Inuk (une Inuk).

En inuktitut, le mot inuit signifie « les hommes, le peuple, les gens » et le nom Inuit s’emploie donc pour désigner plusieurs personnes. Le nom Inuk, quant à lui, s’emploie pour désigner une seule personne.

Il convient de noter que ces graphies font un retour dans l’usage ces dernières années. En effet, depuis 2019, Radio-Canada privilégie dans ses articles et reportages l’emploi des mots inuk et inuit invariables en genre et en nombre. Les ministères fédéraux Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada emploient les noms propres invariables Inuk et Inuit. Il en est de même du Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit, qui relève du gouvernement du Québec. Quant à l’Office québécois de la langue française, il accepte également le nom singulier Inuk et sa forme plurielle Inuit, invariables en genreNote de bas de page 4.

Des termes en lien avec les réalités autochtones, dont les termes inuit et inuk, sont abordés dans le Guide de la terminologie liée à l’équité, la diversité et l’inclusion (s’ouvre dans un nouvel onglet), auquel a contribué un grand nombre de ministères et organismes fédéraux depuis 2021-2022. Il importe en effet que les réalités autochtones fassent partie de la réflexion sur l’équité, la diversité et l’inclusion, qui, tout comme la réconciliation, sont des priorités du gouvernement du Canada. La recommandation du Bureau de la traduction présente les mêmes options que celles figurant dans ce guide, qui a fait l’objet de nombreuses discussions et consultations.

Mots privilégiés par la communauté et appellations officielles

Dans sa recommandation, le Bureau de la traduction recommande d’employer les termes que la communauté concernée utilise, et donc de s’informer auprès d’elle pour connaître ses préférences lorsque c’est possible. Par contre, le respect des appellations officielles demeurant primordial, différents emplois des mots inuit et inuk pourraient figurer dans un même document.

Par exemple, on pourrait voir le nom Inuit avec et sans accord dans une même phrase : « Les Inuit sont visés par la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis. »

Évolution de l’usage

L’évolution de l’usage et des tendances ainsi que le contexte canadien actuel ont mené à cette recommandation linguistique révisée, qui présente différentes possibilités d’emploi des mots inuk et inuit. La langue continuera d’évoluer et il n’est pas exclu que l’avenir donne raison à certaines graphies précises ou à certaines combinaisons de graphies. Seul le temps nous le dira.

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Commentaires

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Soumis par Stéphane Parent le 10 février 2023 à 13 h 51

Serait-ce une bonne pratique de laisser Inuit au singulier pour indiquer une seul peuple Inuit mais le mettre au pluriel, pour plusieurs ou différents peuples inuits?

Soumis par joanneleclair le 14 février 2023 à 13 h 16

Merci pour votre commentaire. Lorsqu’il est question du groupe autochtone, on parle des « Inuits » (ou des « Inuit »). Si on veut faire référence à un groupe en particulier, le terme « communauté inuite » (ou « communauté inuit ») pourrait être une option. 
 
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