La francisation à Laval : un état de la question

Publié le 20 août 2018

À l’automne 2017, la vérificatrice générale du Québec a publié un rapport portant entre autres sur la francisation des personnes immigrantes où elle présente des recommandations. Certaines mettent en lumière l’utilité d’évaluer les besoins régionaux. Je tenterai ici de brosser un bref portrait de la population immigrante dans la région de Laval, au Québec, des services offerts aux immigrants lavallois et des défis liés à leur francisation.

Laval possède un nombre considérable de personnes immigrantes sur son territoire. Selon les données pour Laval dans le Recensement de 2016, sur une population de 422 993 individus, 116 935 personnes (27,64 % de la population) sont nées à l’extérieur du Canada, et plus nombreux encore sont ceux qui n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle. Environ 43,8 % de cette population immigrante est âgée entre 25 et 44 ans, soit le groupe d’âge le plus actif sur le marché du travail.

En tout, quatre organismes offrent des cours de francisation à Laval, soit deux dans l’est de l’île et deux dans l’ouest. Du premier côté, nous retrouvons le Centre communautaire Petit-Espoir, à Saint-François, et l’Entraide Pont-Viau dans le quartier éponyme; l’ouest est occupé par le centre Loisirs Bon-Pasteur et le Carrefour d’Intercultures de Laval, ce dernier servant également de centre d’accueil pour les réfugiés dans la région lavalloise. En plus de ces centres, une panoplie d’organismes satellites offrent aide et soutien aux nouveaux arrivants; nommons, entre autres, Perspective Carrière (aide à l’emploi et à l’intégration) et le CLICS Laval.

Tous les centres n’ont pas la même capacité d’accueil. La capacité de certains peut même rivaliser avec celle des écoles. Par exemple, le Carrefour d’Intercultures a reçu, pour l’année 2013-2014, 1198 élèves, tandis que l’Entraide Pont-Viau en a reçu 282 du 1er avril 2017 au 31 mars 2018. Fait intéressant à noter, rares sont les centres pour qui la francisation est la principale activité pratiquée; la francisation s’ajoute généralement aux principaux services des organismes. Par exemple, l’Entraide Pont-Viau, seul centre à posséder dans ses locaux une halte-garderie, permet aux élèves d’y laisser leurs enfants pendant la durée de leurs cours.

Règle générale, au Québec, l’âge moyen des gens fréquentant les cours de francisation à temps partiel est de 35,6 ans. Les statistiques montrent également une participation plus active des femmes à la francisation à temps partiel, phénomène s’expliquant peut-être par la structure familiale souvent plus traditionnelle chez les nouveaux arrivants. L’époux travaillant, son épouse, lorsque les enfants sont à l’école, est tout à son aise pour apprendre le français, une pratique salutaire pour éviter l’isolement linguistique. En outre, le taux de participation moins élevé aux cours d’été tend à corroborer cette hypothèse : les enfants demeurant à la maison, il est plus difficile d’assister aux cours de francisation.

Nous remarquons également une plus faible participation aux niveaux de francisation les plus élevés, soit les niveaux 5 à 8, où la participation peut chuter de plus de 50 %. À mon avis, deux facteurs pourraient expliquer cette basse fréquentation :

  • La disparition des cours à temps plein pour ces niveaux pourrait entraîner une baisse de participation, car cette obligation de passer au temps partiel entraîne également une réduction de l’aide financière pour l’intégration linguistique des immigrants. Il est possible que, les besoins financiers augmentant, les élèves préfèrent commencer à travailler même s’ils n’ont pas atteint le seuil d’autonomie langagière.
  • La compétence langagière nécessaire pour obtenir la citoyenneté canadienne correspond au niveau de compétence 4.

Un centre comme l’Entraide Pont-Viau rassemble sous un même toit plusieurs services pouvant séduire les nouveaux arrivants, mais il n’en va pas de même pour certains autres, qui ont des ressources plus limitées. Si la passion du français habite toujours les intervenants en francisation, et même les élèves qui y participent et qui découvrent l’expression française, il demeure qu’une offre de service bonifiée et plus accessible serait profitable, tant pour les élèves que pour les employeurs.

Selon vous, quels moyens pourrait-on mettre en œuvre pour rendre les services de francisation plus accessibles?

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Samuel d’Haese

Samuel d’Haese est historien et responsable de l’immigration à l’Entraide Pont-Viau, à Laval. Ses champs d’intérêts comprennent la littérature, les relations internationales et l’histoire.

 

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Soumis par Michèle Cossette le 18 septembre 2018 à 16 h 44

Bonjour,
Ce commentaire, pas méchant, s'adresse à Samuel d'Haese et, surtout, à la personne du gouvernement du Canada qui a révisé son article sur l'offre de francisation à Laval.
L'isolation, c'est pour les murs et les toits. C'est l'isolement qui est social.
Cordialement,
Michèle Cossette

Soumis par Blogue Nos langues le 20 septembre 2018 à 9 h 46

Vous avez raison : isolement et isolation sont deux choses bien différentes. L’erreur est humaine, et personne n’est à l’abri!
Merci de nous avoir signalé cette erreur. Elle est maintenant corrigée, grâce à votre vigilance. Bonne journée!

Soumis par Paola Ballesteros le 6 janvier 2019 à 13 h 52

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