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Résultats 21 à 30 de 44 (page 3 de 5)

clé / clef

Article portant sur les mots clé et clef utilisés dans la langue courante et le domaine juridique.
S’il est vrai, comme le dit le Dictionnaire de l’Académie française, que l’orthographe étymologique et ancienne clef et la graphie moderne clé s’emploient indifféremment, il faut s’empresser de préciser que l’orthographe moderne tend nettement à supplanter l’autre, laquelle, aujourd’hui, conserve un caractère historique ou littéraire. Il suffit pour s’en convaincre de consulter la plupart des exemples d’emploi du mot clé dans les dictionnaires généraux. Il est vrai que l’on trouve clé ou clef quand ce substantif n’est pas en apposition (fermer à clef ou à clés) ou qu’il est employé dans son sens concret (clés ou clefs de voiture). Dans des expressions figées, le même phénomène linguistique se produit : on écrivait jadis clefs du royaume, clef de voûte; de nos jours, l’orthographe moderne semble l’emporter, et on prend maintenant la clé plutôt que la clef des champs et on possède une clé d’accès, beaucoup plus rarement une clef d’accès. Fausses clés ou fausses clefs, placer sous clé ou sous clef, contrat clés ou clefs en main (et sa variante belge clé sur porte). Que le mot soit pris dans son sens concret d’objet matériel ou dans son sens abstrait ou figuré, la bivalence orthographique, même si elle est présente dans les textes, le cède devant la prévalence de la graphie moderne. « Sont qualifiées fausses clefs, tous crochets, passe-partout, clefs imitées, contrefaites, altérées, ou qui n’ont pas été destinées par le propriétaire, le locataire, aubergiste ou logeur, aux serrures, cadenas, ou aux fermetures auxquelles le coupable les aura employées. » « Le juge ou le greffier peut, dans l’intérêt des parties et à la demande du créancier saisissant ou du gardien autre que le débiteur, autoriser ce gardien à enlever les effets saisis ou à saisir pour les tenir sous sa garde, mettre garnison ou les placer sous clé. » « C’est la nature unilatérale de l’obligation plutôt que la nature du contrat qui est la clé de l’interprétation stricte des options. » Les noms composés avec le vocable clé étant placés en apposition, la question se pose de savoir s’ils prennent le trait d’union ou non. La documentation consultée atteste nettement que l’usage est loin d’être fixé et que l’absence et la présence du trait d’union ne se justifient guère selon le sens puisque les occurrences relevées font apparaître le flottement et, parfois dans un même texte, l’hésitation manifeste. Le meilleur exemple est sans doute le montant clé, à la règle 59 des Règles de procédure du Nouveau-Brunswick, qui a les deux orthographes : sans trait d’union (règle 59.09), avec le trait d’union (aux tarifs « A » et « C »). Une règle commode peut permettre de dissiper tout doute et d’établir l’usage. Les noms composés à l’aide du vocable clé ne prennent pas de trait d’union, si on accepte de considérer que chacun des deux substantifs conserve sa signification propre, clé ayant en l’occurrence le sens de déterminant, essentiel, central, de première importance. Ainsi, un arrêt clé est d’abord un arrêt, ensuite il est de principe, il fait jurisprudence : deux notions, deux unités de sens, donc, pas de trait d’union. La sûreté de la règle se confirme quand on insère un adjectif entre les deux substantifs; on constate alors qu’ils ne forment pas une unité de sens : événement temporel clé, d’où l’orthographe événement clé, facteur juridique clé, d’où facteur clé, disposition législative clé, d’où disposition clé, préjudice moral clé, d’où préjudice clé, et ainsi de suite. En ce cas, les deux substantifs étant en apposition, le second a une valeur adjectivale et, puisqu’ils forment ensemble deux unités de sens, les deux mots étant des substantifs, ils prennent la marque du pluriel. Questions clés, critères clés, points clés, principes clés, conditions clés d’admissibilité. Le féminin [clées] est un barbarisme à proscrire. Le procès joue un rôle clé dans l’administration de la justice. Dans un procès, le juge est la personne clé. En matière d’interprétation des contrats, les termes employés par les parties revêtent une importance clé. Une infraction comporte toujours des éléments clés. Une convention collective prévoit des articles clés concernant les rapports entre l’employeur et les employés. Le droit d’être à l’abri de toute intrusion ou ingérence, même nominale, constitue un principe clé en matière de vie privée. Des motifs clés peuvent influer sur la jurisprudence. Le droit des fiducies en common law est clairement exposé dans des ouvrages clés. La notion de flagrance – manquement flagrant aux règles de justice naturelle, le flagrant délit, l’inconduite flagrante, la dérogation flagrante au Règlement – constitue un concept clé en droit. Dans des emplois particuliers, certains vocables sont de véritables mots composés présentant une unité de sens telle que, si on sépare les deux éléments du mot, ils perdent tout leur sens, aussi les rencontre-t-on à juste titre avec le trait d’union. Tel est le cas, unique en français juridique suivant la documentation consultée, du terme mot-clé que l’on trouve dans les sommaires des décisions judiciaires. Des mots-clés. Nouveaux mots-clés. « Pour répondre à la question de savoir si le prix du marché est le guide le plus sûr qui permet d’établir la juste valeur marchande, le mot-clé est manifestement celui de ’valeur’. » La linguistique juridique puise dans le vocabulaire de la linguistique pour étudier les mots-clés du droit, qu’elle oppose aux mots-thèmes  : contrepartie et stipulation sont des mots-clés dans le droit des contrats. Au Canada, les sigles CLEF et CICLEF désignent respectivement la common law en français et le Centre international de la common law en français de la Faculté de droit de l’Université de Moncton.
Source : Juridictionnaire (difficultés de la langue française dans le domaine du droit)
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Le point sur la nouvelle orthographe

Un article sur la nouvelle orthographe et la position du Bureau de la traduction à l’égard de celle–ci
Fanny Vittecoq (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 1, 2010, page 39) En 1990, alors rédactrice au journal étudiant de l’Université de Sherbrooke, j’ai interviewé le professeur Pierre MartelNote de bas de page 1 sur la réforme de l’orthographe. J’étais loin de m’imaginer que le sujet serait encore d’actualité vingt ans plus tard… Au Bureau de la traduction, la question refait surface fréquemment : peut-on écrire en nouvelle orthographe? Avant de vous présenter la position du Bureau à ce sujet, voici un survol de la situation.Qu’est-ce que la nouvelle orthographe? La nouvelle orthographe découle du rapport Les rectifications de l’orthographe du Conseil supérieur de la langue française de France, approuvé par l’Académie française et publié dans le Journal officiel de la République française en 1990. Un ensemble de règles grammaticales ont été modifiées, ce qui a permis de simplifier la langue française et de corriger certaines anomalies de l’orthographe. Le Réseau pour la nouvelle orthographe du français (RENOUVO) a publié en 2005 une liste de 2000 mots dans Le millepatte sur un nénufar – Vadémécum de l’orthographe recommandée. Depuis la publication en 2009 du Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée : cinq millepattes sur un nénufar, la liste complète compte maintenant quelque 5000 mots, dont des termes techniques et rares. C’est cette liste que le RENOUVO recommande pour les langagiers, tout en précisant que celle de 2005 est encore valable. Les nouvelles règles orthographiques touchent le trait d’union et la soudure, le pluriel des noms composés et des noms étrangers, les accents et le tréma, les consonnes doubles, le participe passé de laisser suivi d’un infinitif et certaines anomalies.Un vent de « RENOUVO » La nouvelle orthographe n’a pas connu que des temps forts. Le tollé qu’elle a déclenché à ses débuts en 1990 a été suivi d’un silence d’une dizaine d’années. Mais alors qu’on la croyait éteinte, elle a trouvé un second souffle en 2002. Le RENOUVO, représenté au Canada par le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français (GQMNF), a soufflé très fort sur la braise pour la raviver. Ses efforts ont porté des fruits : la nouvelle orthographe – nom moins rébarbatif que réforme – a fait des progrès spectaculaires, particulièrement depuis 2007. De nombreux ouvrages de langue et correcteurs orthographiques reconnus, ainsi que des organisations et des instances importantes, acceptent maintenant les nouvelles graphies. La nouvelle orthographe a certes le vent dans les voiles, mais la course n’est pas complètement gagnée. Dans l’édition 2009 du Petit Robert, 61,3 % des nouvelles graphies étaient répertoriées, tandis que le Petit Larousse illustré en répertoriait seulement 38,8 %. De plus, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec ne souhaite pas l’imposer dans l’enseignement pour l’instant. Il l’admet cependant dans la correction des épreuves et en fait mention partiellement dans son programme. C’est un retard par rapport à la France, à la Belgique et à la Suisse, qui l’enseignent officiellement depuis plusieurs années. Même si la nouvelle orthographe fait couler beaucoup d’encre, elle est encore peu employée, notamment dans la presse écrite.Position du Bureau de la traduction Le Bureau de la traduction vient d’adopter une position officielle sur la nouvelle orthographe, qui s’adresse aux fonctionnaires fédéraux :Le Bureau de la traduction considère que la nouvelle orthographe et l’orthographe traditionnelle sont toutes deux correctes. Les fonctionnaires peuvent donc utiliser les nouvelles graphies, en entier ou en partie. Autrement dit, ils peuvent adopter une règle grammaticale en particulier ou encore plusieurs mots de la nouvelle orthographe. Les graphies des deux orthographes sont considérées comme des variantes orthographiques. Il est donc admis d’écrire par exemple connaitre (sans accent circonflexe) et goût dans un même texte. Toutefois, il est conseillé de faire preuve d’uniformité dans un texte. Si les mots connaitre et goût sont placés à proximité l’un de l’autre, il conviendrait d’écrire soit connaitre et gout, soit connaître et goût. Dans le même ordre d’idées, si l’on choisit d’adopter la règle des traits d’union entre tous les éléments d’un nombre, il va de soi qu’on appliquera cette règle pour tous les nombres dans le texte. Il en est de même pour un mot qui se répéterait dans le texte : on ne l’écrira pas de deux façons différentes. Enfin, en cette période de transition, si l’on choisit de rédiger un texte en nouvelle orthographe, on peut ajouter une note au début ou à la fin du texte indiquant que c’est le cas. Les correcteurs orthographiques, par exemple celui d’Antidote ou de Word, peuvent aider à rédiger un texte en nouvelle orthographe. Dans les paramètres du correcteur orthographique de Word (version 2005 ou ultérieure), il faut choisir l’option Orthographe rectifiée.Dans les outils et les publications du Bureau de la traduction Les terminologues ajouteront les nouvelles graphies comme des variantes orthographiques dans TERMIUM Plus®, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, quand ils créeront de nouvelles fiches ou de nouveaux lexiques ou quand ils modifieront des fiches existantes. Les langagiers-analystes responsables des outils d’aide à la rédaction de TERMIUM Plus® en tiendront aussi compte dans leurs travaux.Mythes et réalités Mythe : Il faut dorénavant rédiger en nouvelle orthographe. Réalité : La position du Bureau de la traduction donne le choix aux fonctionnaires fédéraux de rédiger en nouvelle orthographe ou en orthographe traditionnelle. C’est une position différente de celle du RENOUVO et du GQMNF, qui la préconisent et qui militent en sa faveur. C’est pourquoi ils utilisent le terme orthographe recommandée. Ce n’est pas parce que le Bureau admet la nouvelle orthographe qu’il rejette l’orthographe traditionnelle. En effet, ce n’est pas demain que tout le monde écrira en nouvelle orthographe. La plupart des gens continueront probablement à écrire comme ils l’ont toujours fait. Ce sont les prochaines générations, les jeunes qui l’auront apprise au primaire, qui l’utiliseront. L’implantation des nouvelles graphies dans l’usage se fera graduellement, car c’est ainsi qu’une langue évolue. Il y aura une longue période de transition, de digraphisme, où les nouvelles graphies cohabiteront avec les graphies traditionnelles avant de les supplanter – peut-être –, en partie ou en entier. Mythe : La nouvelle orthographe vient détruire toute la beauté du français. Réalité : Les changements apportés par la nouvelle orthographe ne sont pas nombreux et les textes n’en seront pas défigurés. Certains qualifient même ironiquement la nouvelle orthographe de réformette. Dans une page d’un texte général rédigé en nouvelle orthographe, un seul mot en moyenne diffère de l’orthographe traditionnelle, en raison généralement d’un accent. On lit parfois des textes rédigés en nouvelle orthographe sans s’en rendre compte. Mythe : La nouvelle orthographe simplifie toutes les règles de la langue française. Réalité : La nouvelle orthographe simplifie la langue française sur beaucoup de points. Toutefois, certaines règles difficiles en français ne sont pas abordées, notamment l’accord des participes passés (à l’exception du verbe laisser suivi de l’infinitif). De plus, la nouvelle orthographe a créé quelques exceptions et incohérences. Par exemple, la liste des nouvelles graphies comprend bonhommie avec deux m comme bonhomme, mais le mot pomiculteur n’en fait pas partie (suivant cette logique, on devrait pouvoir écrire pommiculteur). Ou encore : dans la liste des nouvelles graphies, on trouve portemonnaie, portecrayon et porteclé aux côtés de porte-document, porte-serviette et porte-bagage.Ce texte a été rédigé en nouvelle orthographe… … et en orthographe traditionnelle, puisqu’aucun mot n’était touché par la nouvelle orthographe. C’est donc dire que, dans certains cas, la nouvelle orthographe ne touche même pas un mot par page. Vous pensez que la nouvelle orthographe est un sujet d’actualité? Eh bien, on n’a pas fini d’en entendre parler. La Belgique et la France se penchent actuellement sur différents problèmes du système orthographique et essaient de proposer des solutions qui pourraient servir de base à des rectifications futures. Parmi les sujets à l’étude, on compte l’accord du participe passé… Pour plus de renseignements au sujet de la nouvelle orthographe, consultez :la Recommandation linguistique du Bureau de la traduction; le site du RENOUVO (Réseau pour la nouvelle orthographe du français). Il comprend les règles de la nouvelle orthographe et les quelque 2000 mots touchés. l’article « Aimez-vous la nouvelle orthographe? » de Jacques Desrosiers paru en 2001 dans L’Actualité terminologique, vol. 34. Disponible en ligne dans les Chroniques de langue.RéférencesNote de bas de page 1 Le professeur de linguistique Pierre Martel a été président du Conseil supérieur de la langue française du Québec, a collaboré aux travaux internationaux sur la Réforme de l’orthographe et a été nommé Officier de l’Ordre des Palmes académiques par le gouvernement français en 1991. Il a également dirigé, avec Hélène Cajolet-Laganière, l’élaboration du dictionnaire Usito par le groupe de recherche FRANQUS.Retour à la référence de la note de bas de page 1
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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harcèlement / harceler / harceleur, harceleuse

Article portant sur le verbe harceler et ses dérivés utilisés dans le domaine juridique.
Ce serait commettre un anglicisme de dire d’une personne qui nous importune de façon répétée, envahissante et menaçante qu’elle nous [harasse] : il faut dire qu’elle nous harcèle. On ne peut pas parler de [harassement] en pensant au harcèlement, le premier terme désignant un état de grande fatigue et de profonde lassitude. Être harassé signifie être accablé, être épuisé de fatigue. On est, par exemple, harassé de travail. Dans harceler et ses dérivés, le h est aspiré : on ne dit pas le fait d’[harceler] quelqu’un, mais de le harceler. Pour la conjugaison, je harcèle, nous harcelons. L’orthographe ne double pas le l devant une syllabe muette (le e ne prend pas d’accent en ce cas) par suite des rectifications apportées à l’orthographe moderne. Nous les harcelons de demandes, Je la harcèle de questions. Le verbe harceler et ses dérivés intéressent le droit dans leur emploi figuré. Harceler signifie importuner une personne au point de la tourmenter cruellement, conduite que prohibent les lois pertinentes. Le harcèlement au travail, encore appelé harcèlement moral au travail, harcèlement psychologique en milieu de travail et harcèlement professionnel, est devenu une question de grande actualité. Il préoccupe le législateur, les dirigeants d’entreprise, les autorités administratives, les ordres professionnels et les syndicats. Des lois de plus en plus nombreuses répriment le harcèlement sur les lieux de travail (les lois sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, les lois sur les droits de la personne, les chartes des droits et libertés et les lois sur les normes de travail) et prévoient des dispositions qui précisent celles, plus générales, que l’on trouve dans les codes civils et le code du travail. « Constituent un harcèlement moral au travail tous les agissements répétés visant à dégrader les conditions humaines, relationnelles, matérielles de travail d’une ou plusieurs victimes, de nature à porter atteinte à leurs droits et dignité, pouvant altérer leur état de santé et compromettre leur avenir professionnel. » La victime de harcèlement au travail est toute personne ou tout groupe de personnes qui subit l’effet continu d’un comportement abusif affecté d’une certaine connotation. Le harcèlement peut se manifester, à son égard, par des paroles, des actes ou des gestes répétés, à caractère vexatoire ou méprisant. Un seul acte grave engendrant un effet nocif continu peut aussi constituer du harcèlement. Ces conduites sont de nature à porter atteinte à l’intégrité physique ou psychologique de la victime. Harcèlement en milieu de travail (en raison d’un handicap, de l’âge, de l’état civil, de l’orientation sexuelle, de l’origine ethnique ou nationale, de la condition sociale, de la couleur, de la grossesse, de la langue, de la race, de la religion, des convictions politiques, du sexe). Harcèlement exercé en matière sexuelle, politique, raciale, sur une base ethnique, religieuse. Harcèlement discriminatoire, linguistique, social, racial, psychologique. Acte à connotation raciale, politique, ethnique, sexuelle constitutif de harcèlement. Des chercheurs ont proposé une grille d’analyse du processus de harcèlement moral conçu comme un phénomène de persécution psychologique au travail. Cette grille s’inspire d’une typologie du harcèlement. Le harcèlement vertical de type 1 serait celui du supérieur agressé par ses subordonnés, le harcèlement vertical de type 2 serait celui des subordonnés agressés par leur supérieur et le harcèlement horizontal serait celui qui se pratique entre collègues. Au Canada, le Conseil du Trésor a défini l’abus d’autorité (ou l’abus de pouvoir) comme une forme de harcèlement vertical de type 2 : « une personne exerce de façon indue l’autorité ou le pouvoir inhérent à son poste dans le dessein de compromettre l’emploi d’un employé, de nuire à son rendement au travail, de mettre ses moyens de subsistance en danger ou de s’ingérer de toute autre façon dans sa carrière. Il confond l’intimidation, la menace, le chantage et la coercition. » Le harcèlement a ses définitions selon la qualification qu’on lui prête. Ainsi, le harcèlement sexuel en milieu de travail ou sur le lieu de travail est une conduite de nature sexuelle non sollicitée à l’endroit de la personne harcelée. Il prend diverses formes : gestes sexuels importuns, avances, demandes sexuelles explicites et répétées. Il constitue, selon que le harceleur ou la harceleuse occupe un poste d’autorité ou de direction, un abus de pouvoir économique qui produit des répercussions néfastes sur le milieu de travail ou, pour la victime, des conséquences désastreuses ou préjudiciables en matière d’emploi. Cette pratique dégradante porte atteinte à la dignité de la personne forcée de la subir, à son respect de soi à la fois comme employé et comme être humain. Le harcèlement sexiste vise le sexe de la victime, laquelle est harcelée non pas en vue d’obtenir des faveurs sexuelles, mais de la diminuer du fait qu’elle est un homme ou une femme. Cette forme hideuse de harcèlement psychologique et moral se manifeste le plus souvent lorsqu’elle vise une femme par une agression systématique antiféministe. « Il s’agit d’un continuum de comportements qui favorisent un rapport d’abus de pouvoir et une vision sexiste des femmes. » Sur le lieu de travail, le harcèlement racial revêt diverses formes lui aussi : remarques désobligeantes, rebuffades, brimades, injures, insultes, voies de fait même, dommages causés à la propriété de la victime ou aux lieux et objets mis à la disposition de cette dernière. Il se caractérisera par sa nature violente, subtile, vexatoire, répétitive, hostile, non désirée et préjudiciable. En général, les lois sur les normes d’emploi disposent que, pour qu’il y ait harcèlement psychologique au sens où elles l’entendent, quatre facteurs non exclusifs doivent être pris en compte : une conduite vexatoire (c’est-à-dire humiliante, offensante ou abusive) doit comporter un élément de répétition ou de gravité, l’acte doit revêtir un caractère hostile ou non désiré, il doit y avoir atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique (se sentir diminué, dévalorisé ou dénigré) et le milieu de travail doit s’avérer néfaste (sentiment d’isolement, de rejet, d’abandon). Caractéristiques du harcèlement. Manifestation de harcèlement. Situations de harcèlement. Types de harcèlement. Faire cesser le harcèlement. Prévenir le harcèlement. Se plaindre de harcèlement. Des dispositions réprimant le harcèlement criminel ont été édictées par le législateur canadien en 1993. Le fait de suivre constamment une personne et de lui faire craindre pour sa sécurité ou pour sa vie au point qu’elle se sente harcelée constitue un acte criminel. L’interdiction de harcèlement criminel est énoncée au paragraphe 264(1) du Code criminel. Il est interdit, sauf autorisation légitime, d’agir à l’égard d’une personne sachant qu’elle se sent harcelée ou sans se soucier de ce qu’elle se sente harcelée, si l’acte en question a pour effet de lui faire raisonnablement craindre – compte tenu du contexte – pour sa sécurité ou celle d’une de ses connaissances. » L’acte interdit comprend, outre celui de suivre de façon répétée une personne ou une de ses connaissances, le fait de communiquer avec elle de façon répétée, même indirectement, de cerner ou de surveiller sa maison d’habitation ou son lieu de résidence, de travail ou d’activité professionnelle et de se comporter de façon menaçante à son endroit ou à l’égard d’un membre de sa famille. L’infracteur est passible d’un emprisonnement maximal de dix ans ou d’une condamnation relative à une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Harceleur criminel, harceleuse criminelle. Plusieurs modifications ont été apportées à ce jour aux dispositions sur le harcèlement criminel, augmentant la durée de la peine d’emprisonnement infligée à une personne déclarée coupable de meurtre en se livrant au harcèlement criminel (meurtre au premier degré, indépendamment de toute préméditation) et visant à faciliter le témoignage des enfants et autres personnes vulnérables, entre autres les victimes de harcèlement criminel. Les lois provinciales et territoriales canadiennes prévoient que le fait de traquer une personne constitue un crime de harcèlement criminel. « La criminalisation du harcèlement est une réponse à la violence croissante à l’égard des femmes, notamment les femmes divorcées ou celles qui mettent fin à une relation intime. » Harcèlement (criminel) avec menaces. Il faut se garder de confondre en les assimilant les notions de harcèlement et d’intimidation. Tandis que la première constitue une catégorie autonome d’atteinte au droit à l’égalité, la seconde a pour effet, de par sa nature, de priver sa victime de l’exercice, en pleine égalité, de droits et de libertés. Un comportement peut entraîner de la discrimination sans pour autant constituer du harcèlement. Toutefois, à l’école par exemple, l’intimidation répétée et continuelle devient une des formes les plus courantes du harcèlement scolaire (persécution, brimades entre élèves lors de bousculades, actes de force et autres gestes visant l’exclusion, le rejet, la soumission et l’isolement), à laquelle il convient d’ajouter le harcèlement sexuel et la discrimination raciale. Elle pourra être physique (harcèlement physique), verbale (harcèlement verbal), sociale (harcèlement social), téléphonique (harcèlement téléphonique) et, forme récente d’intimidation, électronique (harcèlement électronique, sur réseau, cyberharcèlement). Harcèlement acharné, constant, cumulé, délibéré, excessif, grave, habituel, implacable, illégal, indu, justifié, nécessaire, occasionnel, réitéré, sociétal, systématique, systémique. Harcèlement injustifié (d’un témoin au procès, d’un juré, d’un juge, d’un procureur). Harcèlement judiciaire. Harcèlement personnel, à l’endroit de la personne. Harcèlement policier, de la police. Harcèlement exercé contre qqn, auprès de qqn. Absence de harcèlement. Actes, faits, gestes, incidents (cumulatifs) de harcèlement. Affaires, causes de harcèlement. Climat, milieu dénué, exempt, libre de harcèlement. Conduites, épisodes, pratiques, tentatives de harcèlement. Cycle infernal du harcèlement. Effets cumulatifs du harcèlement. Éléments objectifs et subjectifs du harcèlement. Grief de harcèlement. Plainte de, pour harcèlement. Politique contre, sur le harcèlement, en matière de harcèlement, relative au harcèlement. Prévention, sanction du harcèlement. Sensibilisation au harcèlement. Combattre le harcèlement. Contrer le harcèlement. Échapper au harcèlement. Enrayer le harcèlement. Être exposé, soumis au harcèlement, à un genre, à une forme, à un type de harcèlement. Être la cible de harcèlement. Faire du harcèlement. Faire l’objet de harcèlement. Lutter contre le harcèlement. Mettre fin, renoncer au harcèlement. Prohiber, proscrire le harcèlement. Subir le harcèlement.
Source : Juridictionnaire (difficultés de la langue française dans le domaine du droit)
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nouvelle orthographe (Recommandation linguistique du Bureau de la traduction)

Recommandation linguistique du Bureau de la traduction portant sur la nouvelle orthographe, aussi appelée orthographe recommandée, qui présente quelques exemples de nouvelles graphies permises.
Cette recommandation du Bureau de la traduction a pour but d’informer la fonction publique fédérale de sa position sur la nouvelle orthographe française. Position Le Bureau de la traduction considère que la nouvelle orthographe et l’orthographe traditionnelle sont toutes deux correctes. Qu’est-ce que c’est? La nouvelle orthographe constitue une initiative du Conseil supérieur de la langue française de France visant à simplifier la langue française et à corriger certaines anomalies. Elle se traduit par un ensemble de règles et une liste d’environ 2 000 mots (5 000 mots si on inclut les mots rares et techniques). Exemples de nouvelles graphies Exemples de nouvelles graphies Nouvelles graphies Changements apportés aigüe, ambigüe déplacement du tréma sur le u gout, boite, connaitre, apparaitre, trainer, bruler suppression de l’accent circonflexe exéma, nénufar, ognon, relai remplacement de lettres ou suppression d’une lettre bonhommie, charriot, combattivité, boursoufflé ajout ou suppression d’une consonne pour assurer l’uniformité avec bonhomme, charrue, battre et soufflé deux-mille-trois-cent-cinquante-deux ajout des traits d’union entre tous les éléments d’un nombre contrappel, entretemps suppression du trait d’union dans les composés de contre- et de entre- un cure-ongle, des cure-ongles; un après-midi, des après-midis deuxième élément d’un nom composé : suppression du s au singulier ou ajout d’un s au pluriel (actuellement : un cure-ongles, des après-midi) Constats De nombreux ouvrages et correcteurs orthographiques reconnus acceptent la nouvelle orthographe, en entier ou en partie. De nombreuses organisations ou instances considèrent la nouvelle orthographe comme correcte : Conseils supérieurs de la langue française (France et Québec); Académie française (France); Office québécois de la langue française; Les ministères de l’Éducation de la France, de la Belgique et de la Suisse; Les ministères de l’Éducation du Québec, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Nouveau-Brunswick. Références Le GQMNF, le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français Le RENOUVO, le Réseau pour la nouvelle orthographe du français (composé d’une association de la France, de la Belgique, de la Suisse, d’Haïti et du GQMNF du Québec) Liste des nouvelles graphies : version complète d’environ 5 000 mots, incluant les mots rares et techniques : Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée : cinq millepattes sur un nénufar (RENOUVO, 2009) version allégée d’environ 2 800 mots du Grand vadémécum (sur le site de l’Office québécois de la langue française, Liste alphabétique des mots rectifiés) Renseignements complémentaires Article Le point sur la nouvelle orthographe de Fanny Vittecoq dans L’Actualité langagière (repris dans les Chroniques de langue), vol. 7, nº 1 (2010). Article Nouvelle orthographe : Un sujet bien d’actualité  de Georges Farid dans L’Actualité langagière (repris dans les Chroniques de langue), vol. 7, nº 1 (2010). Article Aimez-vous la nouvelle orthographe? de Jacques Desrosiers dans L’Actualité langagière (repris dans les Chroniques de langue), vol. 34, nº 4 (2001).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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antipersonnel

Article sur l’adjectif antipersonnel.
L’adjectif antipersonnel se dit des armes et engins employés contre les hommes, et non contre le matériel. La plupart des ouvrages le considèrent comme un adjectif invariable : une mine antipersonnel, des mines antipersonnel La composante personnel est un substantif et non un adjectif, car à l’origine, il s’agissait de mines dirigées contre « le personnel » militaire. Certains ouvrages suggèrent l’emploi de antipersonne pour régler le problème d’invariabilité : une mine antipersonne, des mines antipersonnes Nouvelle orthographe Selon la nouvelle orthographe, on écrit : une mine antipersonnel, des mines antipersonnelles
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 1 842

aide-soignant

Article sur le terme aide-soignant.
Au Canada, aide-soignant s’écrit avec le trait d’union parce que soignant est considéré comme un nom plutôt qu’un adjectif : un aide-soignant, une aide-soignante des aides-soignants, des aides-soignantes La graphie sans trait d’union (aide soignant) est aussi attestée. Le terme aide-soignant désigne une catégorie de travailleurs en milieu hospitalier qui n’ont pas eu de formation spécialisée et qui reçoivent leur formation sur le tas. Il a pour synonyme aide en soins de santé (health care aide en anglais). En France, on emploie le mot aide-soignant pour désigner une personne chargée d’aider le personnel infirmier ou auxiliaire, par exemple en faisant les lits ou en servant les repas. On utilise le terme aide-infirmier/aide-infirmière au Canada dans ce sens (nurse’s aide en anglais). Renseignements complémentaires Pour plus de renseignements sur les noms composés avec aide, voir aide.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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lunch

Article portant sur l’utilisation du mot « lunch » et les mots par lesquels on peut le remplacer
Sur cette page Généralités sur le mot « lunch » Sens du mot « lunch » au Canada Au sens de « repas que l’on apporte » Au sens de « repas du midi » Au sens de « collation servie après un événement » Au sens de « repas léger » Renseignements complémentaires Généralités sur le mot « lunch » Le mot lunch est un emprunt direct à l’anglais qui, bien qu’il soit parfois critiqué, est maintenant passé dans l’usage. Si l’on veut le remplacer, diverses solutions sont possibles, selon le contexte. Au pluriel, on écrit le plus souvent des lunchs; c’est d’ailleurs ce que recommandent les règles de la nouvelle orthographe. On voit aussi parfois des lunches. Sens du mot « lunch » au Canada Au Canada, le mot lunch est principalement employé pour désigner le repas que l’on apporte à l’école ou au travail ou encore le repas du midi. Il arrive aussi qu’on l’utilise pour parler d’une collation servie après un événement ou d’un repas léger. Au sens de « repas que l’on apporte » On emploie le mot lunch pour désigner un repas que l’on apporte à l’école, au travail, à une activité en plein air, etc., et que l’on transporte généralement dans une boîte à lunch. Dans la langue soutenue, il est préférable de remplacer lunch par dîner. Ma fille mange parfois à la cafétéria, mais elle apporte habituellement son lunch (ou : son dîner). Je fais d’importantes économies en apportant mon lunch au bureau (ou : mon dîner). Pour le pique-nique de dimanche, pourrais-tu t’occuper du lunch (ou : du dîner)? Remarque : Selon les règles de la nouvelle orthographe, on peut aussi écrire diner (sans accent circonflexe). Au sens de « repas du midi » Pour désigner le repas que l’on prend le midi, on peut remplacer lunch par dîner ou repas du midi : J’aime aller dehors pendant l’heure du lunch (ou : l’heure du dîner). Qu’est-ce que vous mangez pour le lunch (ou : pour le dîner)? J’ai pris mon lunch avec une collègue (ou : mon repas du midi). Remarque : Dans la francophonie internationale, on emploie plutôt déjeuner; le mot dîner (ou diner, selon les règles de la nouvelle orthographe) renvoie au repas du soir. Au sens de « collation servie après un événement » Le mot lunch peut avoir le sens de « collation servie en buffet à l’issue d’une cérémonie, au cours d’une réception ». Dans ce sens, on peut aussi employer le mot buffet. Il se rappelle que le lunch offert après la remise des diplômes était délicieux (ou : le buffet offert après la remise des diplômes). Feras-tu affaire avec un service de traiteur pour le lunch (ou : le buffet)? Au sens de « repas léger » Le mot lunch est parfois employé dans le sens de « repas léger pris à l’extérieur des heures des repas » : J’ai mal dormi; j’avais pris un petit lunch avant de me coucher (ou : une petite collation avant de me coucher). Dans ce sens, on lui préfère toutefois les mots collation, goûter, en-cas, morceau ou bouchée. Tu peux prendre une collation devant la télé avant le souper (plutôt que : un lunch). Avez-vous le temps de prendre une bouchée avant de partir (plutôt que : un lunch)? Les en-cas permettent de calmer la faim et de donner un peu d’énergie (plutôt que : les lunchs). Quand j’étais enfant, ma mère me préparait un goûter tous les jours après l’école (plutôt que : un lunch). Remarque : Selon les règles de la nouvelle orthographe, on peut aussi écrire gouter (sans accent circonflexe) et encas (sans trait d’union). Renseignements complémentaires boîte à lunch
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mille (trait d’union)

Article sur l’emploi du trait d’union avec mille, parfois adjectif numéral, parfois nom commun.
En orthographe traditionnelle, le nombre mille n’est jamais précédé ni suivi du trait d’union, ni normalement suivi de la conjonction et : mille vingt deux mille cent quatre-vingt-dix-sept hectares l’an mille (ou mil) sept cent vingt et un La conjonction et dans l’emploi du nombre 1001 subsiste dans certaines expressions consacrées et certains titres d’ouvrages : les mille et une façons de… (faire quelque chose) Les mille et une nuits En nouvelle orthographe, tous les éléments qui composent les nombres doivent être liés par des traits d’union, y compris les noms de quantité millier, million, milliard, etc. Les nombres composés avec mille peuvent donc s’écrire de deux façons : Exemples d’écriture des nombres Mille : Exemples d’écriture des nombres Orthographe traditionnelle Nouvelle orthographe mille deux cents mille-deux-cents deux mille cent quatre-vingt-dix-sept hectares deux-mille-cent-quatre-vingt-dix-sept hectares l’an mille (ou mil) sept cent vingt et un l’an mille-sept-cent-vingt-et-un mille onze mille-onze Pour plus de renseignements, voir mil, vingt, cent, mille (accord), mille, million, milliard, etc. (grands nombres).
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accent circonflexe

Article sur l’accent circonflexe, qui sert à préciser la prononciation et le sens des mots.
Sur cette page Orthographe traditionnelle Réforme de l’orthographe de 1790 Mots rectifiés en 1790 Nouvelle orthographe Exceptions Liste de mots rectifiés L’accent circonflexe (^) est un signe graphique qui sert à préciser la prononciation et le sens des mots. Orthographe traditionnelle Selon l’orthographe traditionnelle, l’accent circonflexe se place sur le â, le ê, le î, le ô et le û. Réforme de l’orthographe de 1790 L’accent circonflexe est apparu dans l’orthographe française pour remplacer certaines lettres, principalement le s. Lors de sa réforme de l’orthographe de 1790, l’Académie française élimina plus de dix mille s internes. Mots rectifiés en 1790 Mots rectifiés en 1790 : Changements graphiques Mots rectifiés Anciennes graphies des mots rectifiés Date d’apparition de l’ancienne graphie Type de changement âne asne 10e siècle remplacement des lettres asn par ân âme anme 1080 remplacement des lettres anm par âm hôpital hospital 1190 remplacement des lettres osp par ôp guêpe guespe fin du 12e siècle remplacement des lettres esp par êp hâtif hastif 1080 remplacement des lettres ast par ât forêt forest 12e siècle remplacement des lettres est par êt Nouvelle orthographe Selon la nouvelle orthographe, il n’y a plus d’accent circonflexe sur les lettres i et u. Exceptions On conserve toutefois l’accent circonflexe dans certains mots, notamment pour les différencier d’un autre mot : dû, mûr et sûr : pour les différencier de du, mur et sur jeûne(s) (nom ou verbe) : un jeûne, des jeûnes, je jeûne, tu jeûnes, il jeûne et jeûne (impératif) dans les formes du verbe croitre qui se confondraient avec celles du verbe croire : crû, croîs, croît, crûs, crût, crûrent, crûssent, etc., mais croitre, croitra, croitrai, croitrait, croitrions, etc. dans les terminaisons verbales du passé simple ou antérieur avec nous et vous : nous finîmes, vous fûtes arrivé dans les terminaisons verbales du subjonctif imparfait ou plus-que-parfait avec il ou elle : qu’il ouvrît, qu’il eût dormi Liste de mots rectifiés Voici une liste de mots rectifiés. Les noms, adjectifs et verbes dérivés des noms de la liste sont soumises à la même règle. abime (n.m.) abimer (v.) accroitre (v.) affut (n.m.) affutage (n.m.) affuter (v.) affutiaux (n.m.plur.) ainé, ée (adj., n.) ainesse (n.f.) allo (interj.) aout (n.m.) aoutat (n.m.) aoutement (n.m.) apparaitre (v.) assidument (adv.) bélitre (n.m.) benoit, oite (adj.) benoite (n.f.) boite (n.f.) boitier (n.m.) brulage (n.m.) brulant, ante (adj.) brulé (n.m.) brulement (n.m.) brule-pourpoint (à) (loc. adv.) bruler (v.) brulerie (n.f.) bruleur, euse (n. et n.m.) brulis (n.m.) bruloir (n.m.) brulot (n.m.) brulure (n.f.) buché (n.m.) buche (n.f.) bucher (n.m., v.) bucheron, onne (n.) buchette (n.f.) bucheur, euse (adj., n.) bucrane (n.m.) (au lieu de bucrâne) cagne (n.f.) (au lieu de khâgne) cagneux, euse (n.) (au lieu de khâgneux) casse-croute (n.m.) chainage (n.m.) chaine (n.f.) chainer (v.) chainette (n.f.) chaineur, euse (n.) chainier, ère (n.) chainiste (n.) chainon (n.m.) ci-git (loc. verbale) cloitre (n.m.) cloitrer (v.) comparaitre (v.) complaire (v.) congrument (adv.) connaitre (v.) continument (adv.) contremaitre (n.) (le fém. contremaitresse est aussi admis) cout (n.m.) couter (v.) croit (n.m.) croitre (v.), je croitrai, je croitrais, nous croissons, je croissais, que je croisse, mais je croîs, tu croîs, elle croît, je crûs, tu crûs, il crût, nous crûmes, vous crûtes, ils crûrent, que je crûsse…, crû croute (n.f.) crouter (v.) crouton (n.m.) crument (adv.) déboitement (n.m.) déboiter (v.) déchainement (n.m.) déchainer (v.) déclore (v.) décroit (n.m.) décroitre (v.) décrouter (v.) défraichir (v.) dégout (n.m.) dégoutation (n.f.) dégouter (v.) (au lieu de dégoûter) déplaire (v.), il déplait dévanagari (adj., n.f.) dime (n.f.) dinatoire (adj.) diner (n.m., v.) dinette (n.f.) dineur, euse (n.) disparaitre (v.) dument (adv.) éclore (v.) écrouter (v.) écrouteuse (n.f.) emboitable (adj.) emboitage (n.m.) emboiter (v.) emboiture (n.f.) embuche (n.f.) enfaiteau (n.m.) enfaitement (n.m.) enfaiter (v.) enfuter (v.) encablure (n.f.) (au lieu de encâblure) enchainement (n.m.) enchainer (v.) encloitrer (v.) enclore (v.) encrouter (v.) entrainement (n.m.) entrainer (v.) entraineur, euse (n.) entrevouter (v.) envoutement (n.m.) envouter (v.) envouteur, euse (n.) épitre (n.f.) faine (n.f.) faitage (n.m.) faite (n.m.) faiteau (n.m.) faitier, ère (adj., n.f.) fichument (adv.) (au lieu de fichûment) flute (n.f.) fluter (v.) flutiau (n.m.) flutiste (n.) fraiche (n.f.) fraichement (adv.) fraicheur (n.f.) fraichin (n.m.) fraichir (v.) fraiche (adj.) fut (n.m.) gable (n.m.) gaiment (adv.) (au lieu de gaîment ou gaiement) gaité (n.f.) (au lieu de gaîté ou gaieté) gésir (v.), il git gite (n.f. et n.m.) giter (v.) gitologie (n.f.) gitologue (n.) goulument (adv.) gout (n.m.) gouter (n.m., v.) gouteur, euse (n.) gouteux, euse (adj., n.) huitre (n.f.) hypocagne (n.f.) (au lieu de hypokhâgne) iambe (n.m.) (au lieu de ïambe) ile (n.f.) ilet (n.m.) ilot (n.m.) imbrulé, ée (adj., n.m.) incongrument (adv.) indument (adv.) jeunais, jeunait, jeunaient, jeunai, jeunant, jeunasse, jeunât, voir jeuner jeûne, jeûnes, mais jeunez, jeunent, jeuné, jeunerez, jeunerions (voir jeuner) jeuner (v.), je jeûne, tu jeûnes, il jeûne, mais jeuné, nous jeunons, vous jeunez, ils jeunent, je jeunais, jeunerai, jeunerais, jeunai jeuneur, euse (n.) jeuniez, jeunions, voir jeuner jeunons, voir jeuner laiche (n.f.) maitre, maitresse (adj., n.) maitresse (n.f.) maitrise (n.f.) maitriser (v.) maraichage (n.m.) maraiche (n.f.) maraicher, ère (adj., n.) maraichin, ine (adj., n.) méconnaitre (v.) mihrab (n.m.) (au lieu de mihrâb) mout (n.m.) mouvoir (v.) mu, participe passé, voir mouvoir muesli (au lieu de müesli) ou musli (voir musli) mûr (adj.),  masc. plur. murs; fém. mure, mures; mais masc. sing. mûr mure (n.f.) murement adv. murier n.m. murir v. murissage n.m. murissement n.m. murisserie n.f. musli ou muesli (au lieu de müesli) (n.m.), selon la prononciation naitre (v.) noroit (n.m.) nument (adv.) nuocmam (n.m.) (au lieu de nuoc-mam ou nuoc-mâm) paitre (v.) paraitre n.m. paraitre (v.) paturon (n.m.) (au lieu de pâturon) piqure (n.f.) plaire (v.) pracrit (n.m.) (au lieu de prâkrit, prakrit ou prâcrit) presqu’ile (n.f.) ptose (n.f.) ptosis (n.m.) (au lieu de ptôsis) rafraichir (v.) rafraichissement (n.m.) ragout (n.m.) ragouter (v.) reconnaitre (v.) recroitre (v.) recru (n.m.) redu (participe passé) reitre (n.m.) renaitre (v.) repaitre (v.) reparaitre (v.) rho (n.m.) sati (adj., n.) (au lieu de satî ou sâti) shinto (n.m.) (au lieu de shintô) souimanga (n.m.) soul (n.m.) (au lieu de soûl ou saoul) soul, soule (adj.) (au lieu de soûl ou saoul) soulard, arde (adj., n.) (au lieu de soûlard) soulaud, aude (n.) (au lieu de soûlaud) souler (v.) (au lieu de soûler ou saouler) soulerie (n.f.) (au lieu de soûlerie ou saoulerie) soulographe (adj., n.) (au lieu de soûlographe) soulographie (n.f.) (au lieu de soûlographie) soulon, onne (n.) (au lieu de soûlon) soulot, ote (n.) (au lieu de soûlot) soutra (n.m.) (anc. sûtra, sutra ou soûtra) stoupa (n.m.) (anc. stûpa, stupa ou stoûpa) sûr (adj.) : masc. plur. surs; fém. sure, sures; mais masc. sing. sûr, « certain » surcout (n.m.) surcroit (n.m.) surement (adv.) surentrainement (n.m.) surentrainer (v.) sureté (n.f.) suroit (n.m.) taoïsme (n.m.) (au lieu de taôisme) tar (n.m.) tara (n.m.) (au lieu de târa) trainage (n.m.) trainailler (v.) trainard, arde (n.) trainasse (n.f.) trainassement (n.m.) trainasser (v.) traine (n.f.) traineau (n.m.) trainée (n.f.) trainement (n.m.) trainer (v.) trainerie (n.f.) traineur, euse (n.) traitre, traitresse (adj., n.) traitreusement (adv.) traitrise (n.f.) transparaitre (v.) voute (n.f.) vouter (v.)
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Aimez-vous la nouvelle orthographe?

Un article sur la nouvelle orthographe de 2001.
Jacques Desrosiers (L’Actualité terminologique, volume 34, numéro 4, 2001, page 13) Les éditions Flammarion publiaient en l’an 2000, parallèlement à l’exposition « Tu parles!? Le français dans tous ses états, présentée à Bruxelles, Lyon, Dakar et Québec, un recueil de textes d’éminents linguistes de la francophonie – André Goosse, Marina Yagello, Henriette Walter et de nombreux autresNote de bas de page 1. En parcourant l’ouvrage, j’ai été stupéfié de voir qu’en dépit de ses prestigieux collaborateurs, il était parsemé de coquilles. Marc Wilmet y parlait de ressources capables de pallier à faible cout…, Julia Kristeva évoquait des fraicheurs de géraniums, et ici et là les contributions étaient ternies par des reconnait, des parait-il, et d’autres erreurs criantes comme les maitres du monde… entraine le raffinement du gout… les ambigüités… de surcroit… les Canadiens français se sont laissé envahir par un sentiment d’insécurité…, etc. C’est parce que les coquilles touchaient surtout les accents que j’ai fini par aller voir s’il n’y avait pas quelque part une note à propos de l’orthographe. Et comme de fait : Le présent ouvrage applique les rectifications de l’orthographe, étudiées par le Conseil supérieur de la langue française (1990) et approuvées par l’Académie française… Ainsi il s’agissait des fameuses « rectifications » qui, après avoir été approuvées il y a onze ans, ne furent jamais adoptées officiellement. De toute évidence, elles n’avaient pas été mises au rancart comme l’avaient soutenu certains : la braise n’était pas éteinte. Leur publication avait provoqué à l’époque toute une polémique. Rappelons la chronologie de cette saga. Cela commence en France en 1989, anniversaire de la proclamation des droits de l’homme :  7 février 1989 : Dix linguistes publient à la une du journal Le Monde un appel en faveur d’une « modernisation de l’écriture du français »Note de bas de page 2. Les arguments sont solides : expansion phénoménale de l’écrit imprimé et électronique, fossé grandissant entre l’écrit et le parlé, norme impraticable. Ils font valoir que plus du quart des fautes relevées dans les copies des élèves touchent les accents circonflexes. La même année, Nina Catach, la grande spécialiste de l’orthographe, expose les « délires de l’orthographe »Note de bas de page 3. Dans un autre ouvrage, des instituteurs décrivent l’orthographe française comme un monument d’absurditésNote de bas de page 4. Tous font valoir que de nombreux pays ont réaménagé leur orthographe au cours du siècle : Allemagne, Russie, Pays-Bas, Portugal, Italie, Brésil, Grèce, et d’autres. Octobre : Le premier ministre de la France installe le Conseil supérieur de la langue française, assemblée de linguistes, historiens, écrivains, cinéastes, journalistes, recteurs d’universités, éditeurs, qu’il charge de veiller sur la langue, et en particulier de préparer des rectifications sur cinq points : trait d’union, pluriel des noms composés, accent circonflexe, participe passé des verbes pronominaux, et diverses anomalies. Un comité d’experts s’attelle à la tâche. 3 mai 1990 : Les travaux du comité sont approuvés à l’unanimité par l’Académie française, puis par le Conseil international de la langue française, le Conseil de la langue française du Québec et celui de la Communauté française de Belgique, présidé par feu Joseph Hanse. Juin : Le Conseil supérieur remet son rapport au premier ministre, qui l’approuve à son tour. De juin à décembre : C’est le tollé. Les recommandations font si peur que de toutes parts des opposants les accueillent avec une violence verbale sans précédent : profanation de la langue! mort de la culture française! On a dit que certains semblaient prêts à mourir pour un accent circonflexe. La confusion était si grande que plusieurs criaient au scandale à cause de l’abandon des lettres grecques, à la manière italienne (fisonomia, farmacia) et espagnole (crisantemo), alors qu’il n’en était même pas question dans le rapport. Décembre : Les rectifications sont publiées au Journal officiel de la République française. 17 janvier 1991 : L’Académie, pour calmer les esprits, déclare, mais pas à l’unanimité cette fois parce que certains académiciens prétendent maintenant qu’ils étaient absents à la séance de mai, que la réforme n’est pas obligatoire : les anciennes graphies restent admises, mais on ne doit pas pénaliser les nouvelles. S’instaure donc le digraphisme : on pourra écrire au choix oignon ou ognon. Mais au milieu du tintamarre déclenché dans la presse, le message n’est pas passé à ce moment-là (et encore aujourd’hui cela n’est pas clair pour tout le monde). Notons qu’il n’y avait rien là de bien révolutionnaire puisque les doubles graphies existent déjà, sans que personne y trouve à redire, pour environ 3 000 mots, comme clé et clef, soûl et saoul, phantasme etfantasmeNote de bas de page 5. Malgré l’ardeur des opposants à anéantir le projet, l’Académie française n’a pas fait un demi-tour complet parce que les partisans étaient fort nombreux aussi. Les enseignants en particulier réclamaient une réforme depuis longtemps. On jugeait que le temps était venu de régler des problèmes d’hésitation dans l’usage dus aux anomalies de notre orthographe : règlement mais réglementation; imbécile avec un l mais imbécillité; bonhomme mais bonhomie; charrette mais chariot; patronner mais patronage; porte-monnaie mais portefeuille; soixante et un mais soixante-deux; faon prononcé fan; des accents aigus qui se prononcent graves, des graves qui ne se prononcent pas, des traits d’union qui n’obéissent à aucune règle, des exceptions en tout genre et en grand nombre que peu parviennent jamais à maîtriser. Les plaintes remontent loin. Littré lui-même souhaitait en finir avec l’incohérence des accents dans règlement et réglementation. Nina Catach a bien résumé cette impatience :Cette surcharge vieillotte de lettres comme le c de distinct, aspect, respect, succinct, instinct, etc., le p de dompteur, le m d’automne et de damner, l’opposition très lourde à gérer des finales en -ant et -ent, entre -cable et -quable, qu et cqu, -tiel et -ciel, l’usage des consonnes doubles (typique de l’orthographe manuscrite), des y, etc., tout cela parait bien poussiéreux, et mériterait de nouveau un Ronsard ou un Voltaire pour s’y opposerNote de bas de page 6. Beaucoup se sont opposés en réalité à toute espèce de réforme. L’orthographe en a subi pourtant plusieurs : huit de 1694 à 1932. En fait, depuis 500 ans, la moitié des mots français ont changé d’orthographe. Voyons en quoi consistaient les recommandations de 1990. Elles sont clairement résumées dans une petite brochure que diffuse l’APARO, l’Association pour l’application des recommandations orthographiques, qui se charge en Belgique de promouvoir les rectifications dans l’administration gouvernementale, l’enseignement, la presse, l’édition, et que dirige aujourd’hui Michèle Lenoble-PinsonNote de bas de page 7. L’Association a son pendant en France, l’AIERO (Association pour l’information et la recherche sur les orthographes et les systèmes d’écriture), et en Suisse, l’ANO (Association pour la nouvelle orthographe). On verra qu’en général les rectifications tranchent dans le sens de la simplification. D’une part, huit règles générales :Accent grave. Devant une syllabe contenant un e muet, on écrit è plutôt que é : évènement et allègement s’écrivent donc comme avènement. Il en va de même pour tous les verbes formés sur le modèle de céder : cèdera comme sèmera, lèvera. De même : règlementer, règlementaire, dérèglementation, crèmerie, sècheresse, etc. Si l’accent aigu persiste dans l’usage, c’est tout simplement parce que ces mots – une trentaine – ont échappé à des règles d’accentuation fixées par l’Académie au cours des derniers siècles. Accent grave. Règle semblable pour les verbes en -eler et -eter comme dételer, épousseter, pour lesquels l’accent grave est généralisé : il détèle pendant qu’elle époussète; ils étiquètent les produits. Même chose pour les noms correspondants : nivèlement, amoncèlement, ensorcèlement, etc. Accent circonflexe. Plus d’accent circonflexe sur i et u : ile, ilot (vous rappelez-vous où était l’accent?), traitre, bruler, brulure (comme morsure), traine (comme haine), assidument (comme résolument), plait (comme fait), voute (comme doute). Pluriel des noms composés. Règle d’une grande simplicité, les noms composés formés d’un verbe et d’un complément (porte-parole) ou d’une préposition et d’un nom (sans-abri) s’accordent comme des noms ordinaires : le deuxième mot prend le pluriel seulement quand le nom est au pluriel. Inutile de compter les cheveux ou les avions : un sèche-cheveu, des sèche-cheveux; un porte-avion, des porte-avions; un porte-jarretelle, des porte-jarretelles; un casse-pied et des casse-cous; un sans-abri, des sans-abris; un après-midi, des après-midis. Et au pluriel ils prennent toujours la marque du pluriel : des porte-bonheurs, des coupe-papiers. Mais on pourra continuer d’admirer les trompe-l’œil et, monothéisme oblige, de s’agenouiller sur des prie-Dieu – ce qui montre à quel point les rectifications n’ont rien d’hérétique. On continue d’écrire des aides-comptables et des gardes-malades parce qu’aide et garde y sont des noms (des gardes de malades). Nombres. Tous les numéraux composés, sauf les noms, s’écrivent avec un trait d’union : vingt-et-un (ce que bien du monde faisait depuis longtemps…), mais aussi cent-un, deux-cents dollars, un million deux-cent-mille. Laissé. Laissé est invariable devant un infinitif, comme faire. Avant : elle s’est laissée aller mais elle s’est laissé séduire. Après : elle s’est laissé aller et elle s’est laissé séduire. C’est le seul participe passé touché par les rectifications. On a jugé qu’une intervention plus massive impliquerait d’autres modifications touchant la grammaire. Mots étrangers. Ils font leur pluriel comme les mots français : caméramans, graffitis, jazzmans, matchs, scénarios, solos, spaghettis. Finale en -ole : corole, girole, barcarole (comme bestiole, camisole), etc., sauf colle, folle, molle.À ces règles s’ajoutent, d’autre part, des listes restreintes de noms composés désormais soudés, comme passepartout, millefeuille, millepatte, potpourri, quotepart, chauvesouris, sagefemme, hautparleur, terreplein, tirebouchon, bassecour, pêlemêle, apriori, exlibris, exvoto, statuquo, chichekebab, lockout, weekend, pingpong, baseball, cowboy (le Petit Larousse et le Petit Robert mettent encore base-ball et cow-boy), etc. On rétablit des accents conformes à la prononciation : asséner, réfréner, mémorandum, véto, diésel, vadémécum, artéfact, facsimilé, désidérata, linoléum, sénior, allégro, péso, sombréro, etc. On corrige des anomalies : combattif (comme combattant), dissout-dissoute (et non dissous-dissoute), exéma (comme exagérer), persiffler, relai, quincailler (plutôt que quincaillier), marguiller, assoir (comme voir). Le tréma se place sur la voyelle qui doit être prononcée : aigüe, exigüité, gageüre. Au total, on ne ratisse pas large : 1 400 mots, dont seulement 800 mots fréquents, soit un mot sur deux pages de texte, si bien que face à ceux qui appréhendaient l’apocalypse, d’autres ont parlé de « réformette ». On lit parfois des textes écrits en nouvelle orthographe sans s’en rendre compte. Certaines des règles sont d’ailleurs déjà passablement entrées dans l’usage au cours des années 90, le pluriel des noms étrangers par exemple. Les critiques n’ont pas toujours été cohérentes. Nénufar a fait couler beaucoup d’encre : moins poétique, disait-on, que nénuphar, graphie qui repose pourtant sur une erreur d’étymologie puisque le mot vient du persan et non du grecNote de bas de page 8. Le mot avait déjà perdu son ph dans les années 1600 pour le retrouver trois cents ans plus tard par suite d’une confusion. Proust l’écrivait avec un f. Une bonne partie de l’opposition reposait sur l’illusion d’une permanence de l’orthographe, comme si nous écrivions le même français depuis des siècles, alors que non seulement les classiques sont réécrits, mais des ouvrages aussi récents que Madame Bovary voient leur orthographe modernisée : « La littérature que nous aimons, a-t-on écrit, est, formellement, une belle forgerie de la fin du XIXe siècle, lorsque la maison Hachette décida de diffuser les grands textes en retravaillant l’ensemble de l’orthographe, des accents, de la ponctuation »Note de bas de page 9. Même l’orthographe d’auteurs proches de nous comme Camus est « modernisée » par les éditeursNote de bas de page 10. Sans doute l’une des faiblesses de l’entreprise a-t-elle été de multiplier les exceptions au fil des allers-retours que faisait le rapport entre le comité d’experts et l’Académie. On était prêt à écrire atèle, mais non apèle ou jète, car on considérait appelle et jette comme trop bien stabilisés dans l’usage. L’accent circonflexe était conservé sur dû, mûr, sûr, mais seulement au masculin singulier, ainsi que dans d’autres cas d’homographie comme jeûne et croît, alors que les signataires du 7 février étaient prêts à se défaire non seulement de ces accents, car après tout nous n’écrivons pas d’une façon spéciale je suis selon qu’il s’agit du verbe être ou de suivre, le contexte suffisant à nous éclairer, mais aussi du â, du ê et du ô. Certains noms composés restaient invariables, comme réveille-matin parce que matin y est adverbe. Au bout du compte, on se retrouvait avec une nouvelle norme et de nouvelles exceptions. Peut-être aussi a-t-on été trop prudent pour les participes passés. Les règles sont si compliquées. Combien se rappellent d’instinct s’il faut écrire ils se sont approprié ou ils se sont appropriésNote de bas de page 11? Les rectifications ont-elles été pour autant un échec? Il serait plus juste de parler, comme l’a fait Marie-Éva de Villers, d’un « insuccès relatif »Note de bas de page 12. Bien sûr, la presse les a ignorées. Et aucun dictionnaire n’ose à ma connaissance écrire voute. Mais la nouvelle orthographe a été adoptée par des personnes et des groupesNote de bas de page 13. Jusqu’à sa mort, en 1997, Nina Catach n’a écrit qu’en nouvelle orthographe (voir la citation d’elle que j’ai détachée plus haut). Les rectifications figurent en annexe du Hanse, du Bon usage, du Précis de grammaire française de Grevisse. Un bon nombre de nouvelles graphies, tels évènement ou cèleri, sont admises dans les dictionnaires courants. Partout où le Petit Robert dit : « on écrirait mieux… » (allez voir par exemple à interpeller), il se trouve à faire entrer discrètement dans l’usage certaines rectifications de 1990. Les rectifications sont enseignées en Belgique, où des publications, comme la Revue générale, vieille de 135 ans, ont adopté la nouvelle orthographe dès 1991. Plus du tiers des recommandations sont enregistrées dans la 9e édition du Dictionnaire de l’AcadémieNote de bas de page 14, avec priorité accordée aux nouvelles graphies sur les anciennes, comme dans le cas de dérèglementation ou de cèdera (mais a priori est encore en deux mots, coupe-papier invariable). Comme celle-ci est en principe l’entité qui fixe la norme, ces nouvelles graphies finiront bien par s’imposer. L’initiative la plus originale a été celle du quotidien suisse Le Matin, de Lausanne, qui le mardi 18 mars 1997 a publié une édition entièrement en orthographe nouvelle, ce qui a touché 10 mots par page du journal. Bien sûr, une certaine anarchie règne maintenant dans les dictionnaires. Le cas des noms composés est frappant. Prenons le singulier d’essuie-main(s). Le Dictionnaire de l’Académie française admet seulement un essuie-main. Le Hanse de même. Mais le Petit Larousse et le Multidictionnaire donnent seulement un essuie-mains. Quant au Petit Robert, il enregistre les deux. Prenons maintenant le pluriel de coupe-vent : invariable dans le Petit Larousse, mais cette fois le Multi comme le Petit Robert acceptent des coupe-vent et des coupe-vents. Dans le cas de coupe-papier, c’est le Petit Larousse qui admet autant des coupe-papier que des coupe-papiers, tandis que le Petit Robert le déclare invariable. De façon générale, le Petit Robert est quand même plus ouvert aux rectifications que le Petit Larousse. On voit bien que les préférences des lexicographes entrent en ligne de compte, et que la simplification souhaitée par le Conseil supérieur de la langue française et l’Académie était fondée (c’est le moins qu’on puisse dire). Jean-Paul Colin dans son Dictionnaire des difficultés du français a beau écrire à propos du pluriel des noms composés que « le bon sens et l’usage jouent ici un grand rôle », en réalité on se retrouve le plus souvent, selon le mot de Nina Catach, avec des distinctions byzantines. On en trouvera une illustration éclatante à l’entrée garde- du Trésor de la langue française, où l’on étale les incohérences et les listes capricieuses des dictionnaires au sujet de l’accord de mots comme garde-malade et garde-fou. L’Académie avait demandé dans sa déclaration du 17 janvier 1991 que les rectifications soient soumises à « l’épreuve du temps ». André Goosse a souligné que l’orthographe n’est pas une affaire d’usage, qu’elle n’évolue pas : c’est la langue, la syntaxe, la prononciation que l’usage change, tandis que l’orthographe, qui n’est que l’habit de la langue, procède par décrets, à la suite de « l’intervention explicite de décideurs »Note de bas de page 15. Tant qu’évènement n’est pas enregistré dans le dictionnaire avec son accent grave, c’est une faute. On voit bien cependant que des changements s’introduisent à la pièce. Mais c’est bien ce que fait toujours l’usage, mot par mot, lentement; il n’est pas impossible que les rectifications de 1990 s’implantent ainsi, petit à petit, et peut-être incomplètement. La présidente de l’Association québécoise des professeurs de français, Huguette Lachapelle, tout en reconnaissant que « la réforme avance très lentement », croit que « l’usage finira par forcer les changements »Note de bas de page 16. Il va sans dire que ceux-ci sont plus populaires auprès des jeunes et des étudiants qu’auprès de la génération vieillissante, qui n’a pas tellement envie d’abandonner l’orthographe qu’elle a toujours employée; mais c’est justement pourquoi l’Académie proposait le digraphisme. En France, des enseignants ont indiqué que leurs élèves appréciaient les changements proposés pour les numéraux, la disparition de l’accent circonflexe sur i et u, le pluriel des noms composés formés d’un complément directNote de bas de page 17. Mais ces batailles peuvent durer longtemps. Voltaire voulait qu’on écrive raide comme on le prononce, et non roide, graphie que la comtesse de Ségur conservait encore cent ans plus tard. Il y a eu une rude bataille autour de ce mot au XIXe siècle. Voltaire a gagné, outre-tombe. Le recueil « Tu parles!? est censé appliquer toutes les recommandations de 1990. Mais j’y relève deux cent quarante mains, les quatre mille termes, îlots francophones, l’île Maurice. Même les rectifications admises par l’usage et par certains dictionnaires sont trop diffuses actuellement pour être faciles à appliquer. Dans l’état actuel des choses, le mieux à faire, à mon avis, serait d’admettre officiellement les nouvelles graphies enregistrées dans le Dictionnaire de l’Académie française, soit le tiers des recommandations de 1990, sans condamner les anciennes, et de suivre de près les tolérances des dictionnaires. Cela contribuerait à éclaircir la situation. Ne resterait ensuite qu’un travail d’intendance, par exemple adapter les correcteurs orthographiques pour qu’ils offrent l’option de choisir par défaut les nouvelles graphies admises.RéférencesNote de bas de page 1 « Tu parles!? Le français dans tous ses états, sous la direction de Bernard Cerquiglini, Jean-Claude Corbeil, Jean-Marie Klinkenberg et Benoît Peeters, Paris, Flammarion, 2000.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 « Un appel de linguistes sur l’orthographe : "Moderniser l’écriture du français" », Le Monde, 7-2-1989, p. 1.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Les délires de l’orthographe en forme de dictioNaire, préface de Philippe de Saint-Robert, Paris, Plon, 1989.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Jacques Leconte et Philippe CIBOIS, Que vive l’orthografe!, Paris, Seuil, 1989.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Calcul fait par le Conseil international de la langue française dans les dictionnaires courants. Voir André Goosse, La « nouvelle » orthographe : exposé et commentaires, Duculot, Paris-Louvain-la-Neuve, 1991, p. 33-34.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 « L’écriture du français, son histoire », Circuit, nº 40 (1993), p. 3. Extraits d’« Histoire, société, recherche et réforme », paru dans Liaisons-HESO 19, Recherche et réforme (1992). L’HESO est un laboratoire du CNRS qui étudie l’histoire et la structure des orthographes et systèmes d’écriture.Retour à la référence de la note de bas de page 6 On peut obtenir des copies papier de la brochure en s’adressant à l’APARO (http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/ROM/ess.html).Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Henriette Walter, « Les mots pour le dire », Libération, 24-2-2001, p. 6. Voir aussi Le bon usage, 13eéd., § 89.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Michel-Antoine Burnier, « Le français à la lettre », L’Express, 9-3-1995, p. 118. Revue duDictionnaire historique de l’orthographe française, sous la direction de Nina Catach.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 André Goosse, La « nouvelle » orthographe, p. 33.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 On se bat sur tous les fronts. Il existe même en France une association Napalm : « Non A l’accord du Participe passé Avec Le complément d’objet direct Même quand il est placé avant l’auxiliaire ».Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Dans Correspondance (pour l’amélioration du français en milieu collégial), vol. 4, nº 1 (sept. 1998), p. 5-7. Repris dans les chroniques linguistiques de l’École des hautes études commerciales, à www.hec.ca.~x067/chroniques linguistiques/index/html.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Jocelyne Lepage, « Rectifications orthographiques : pas de panique! », La Presse, 30-4-2000.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Deux tomes sont parus, de A jusqu’à mappemonde. Consultable en ligne à http://zeus.inalf.fr/academie9.htm.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15La « nouvelle » orthographe, p. 16.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Citée par Hugo Dumas, « La réforme de l’orthographe, c’est pas pour demain », La Presse, 26-7-2000, p. B6.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 Robert Massart, « Enseigner la nouvelle orthographe? », paru dans La Lettre de l’APARO. Repris à http://users.skynet.be/Landroit/massart.html.Retour à la référence de la note de bas de page 17
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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