Même par vent de face, n’abandonne jamais ton rêve

Publié le 2 mars 2020

Né à Rimouski au Québec en 1953, Bernard Voyer est renommé pour avoir fait l’ascension des plus hauts sommets de chacun des sept continents et pour avoir réalisé de nombreuses expéditions en Arctique et en Antarctique. Explorateur et conférencier internationalement reconnu, il met tout en œuvre pour sensibiliser les gens à la protection de l’environnement.

Nous vous invitons à découvrir ce poète amoureux de la langue et de l’hiver, porte-parole de la 22e édition des Rendez-vous de la Francophonie, qui se déroule du 1er au 31 mars 2020.

S’ouvrir sur le monde en restant soi-même

« Notre langue, c’est comme un tableau, une toile qui nous représente, une composition musicale, une photo. Tout passe par la langue : le côté rationnel, scientifique, bohème, nostalgique. On se livre totalement avec nos mots, on s’ouvre aux autres, et ça permet d’exprimer qui l’on est. » D’entrée de jeu, Bernard Voyer nous offre cette image fort inspirante de ce que représente pour lui la langue. Il parle français et anglais, et a appris quelques expressions d’une langue berbère en sillonnant le Nord du Maroc et de l’Algérie. Il souligne l’importance d’apprendre d’autres langues tout en restant soi-même : « Apprendre une autre langue, ce n’est pas délaisser la sienne; c’est s’ouvrir sur le monde, tout en préservant ses racines et sa langue. »

L’explorateur est fier d’être l’un des porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie, dont le thème de cette année est l’environnement, l’une de ses passions. « Dans toutes mes expéditions, j’ai toujours eu quelque chose de fondamental dans mon sac à dos. Quelque chose qui ne pesait rien mais qui était lourd : mes origines. Je pouvais marcher dans le désert du Sahara tout en restant Québécois, Canadien né à Rimouski. Je me suis toujours efforcé de ne pas devenir quelqu’un d’autre. » À son avis, il est essentiel de rester soi-même, de préserver son authenticité, sa langue, son accent, ses couleurs partout où l’on voyage sur la planète. « Pour moi, les Rendez-vous de la Francophonie, c’est se promener avec son sac à dos et être fier. Recevoir cette invitation de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, c’est un très grand cadeau! »

L’environnement et ses enseignements

Très jeune, M. Voyer a été sensibilisé à l’environnement par son père, alors ingénieur agronome. « Mon père me disait qu’on ne salit pas la terre qui nous nourrit. Et je vous avouerai que cette simple phrase a guidé ma vie. Je voue à la Terre un respect sans limites. »

La curiosité de M. Voyer et sa passion pour l’environnement l’ont porté aux quatre coins du monde. Au fil des voyages, les expériences vécues lui ont donné une grande sagesse. « Lors de mes premières expéditions, lorsque j’avais un ruisseau à traverser, j’étais embêté de devoir mouiller mes chaussures. Je me souciais de mon matériel d’expédition dispendieux. » Mais sa vie a pris un tournant alors qu’il était au Maroc, en ascension à environ 4000 mètres. Au loin, une voix chantait, attendait la réponse de son écho avant de poursuivre la mélodie. Il s’est approché jusqu’à ce que le son devienne plus précis. « Finalement, j’ai aperçu une jeune Berbère transportant sur son dos une amphore pleine d’eau. Elle portait des sandales faites en pneus recyclés. Nous nous sommes salués et avons poursuivi chacun notre chemin. » M. Voyer en a été abasourdi. « Elle rayonnait! J’ai reçu cela comme une gifle. Je me suis dit : “Bernard, tu fais dur dans ton confort et ta modernité”. Cet épisode a changé ma vie. J’ai cessé de voir l’eau comme un obstacle; aujourd’hui, je la respecte. » Il conclut en avouant que l’important n’est pas tant de se rendre du point A au point B, mais bien d’observer le chemin entre les deux comme un enseignement de la vie.

Avec les années, inspiré par son ami Gilles Vigneault, auteur-compositeur-interprète québécois, Bernard Voyer s’est davantage intéressé à l’hiver et au froid : « Gilles a été le premier à me parler si bien de l’hiver et ce n’est pas un hasard s’il a signé la préface de mon livre Aniu : Du flocon de neige à l’iceberg. » Cet hymne à la nature, à la fois scientifique et poétique, permet aux lecteurs de mieux comprendre le mouvement des glaciers. Ses textes traduisent une conscience écologique devant la fonte accélérée des glaciers et la destruction d’écosystèmes fragiles. Pour l’auteur, « mieux nous décrivons l’environnement avec une langue riche, mieux nous arriverons à convaincre qu’il y a urgence d’agir, et ce, avec de bons et cohérents arguments. Tout cela est lié, encore une fois, à la langue ».

Des projets plein la tête

Sollicité pour participer à des projets, M. Voyer continue d’appuyer des expéditions comme celles organisées par Les Offices jeunesse internationaux du Québec. Il est également porte-parole du programme « Objectif zéro carbone » de cet organisme, qui vise à réduire l’impact environnemental des projets de mobilité jeunesse. L’idée est de conscientiser les jeunes à l’empreinte carbone de leurs voyages et de les inciter à participer à des projets verts, comme planter des arbres.

Ce vulgarisateur scientifique spécialisé dans le climat polaire continue de donner des conférences vibrantes où l’auditoire est transporté par des récits fabuleux. « J’aimerais que les gens qui assistent à ma conférence comprennent l’importance de prendre le temps dans la vie. C’est ce que j’appelle le “pas à pas”. Aiguiser sa patience pour donner aux rêves le temps de prendre forme. » Pour illustrer sa pensée, il conclut par une anecdote. « Un jour, j’ai croisé un homme à Québec qui m’a reconnu. Il m’a raconté que, bien des années auparavant, alors qu’il était élève au secondaire, il avait assisté à l’une de mes conférences sur mon expédition en Antarctique. Après la conférence, il m’a fait signer son casque de vélo en m’expliquant son rêve. Il souhaitait traverser le Canada en vélo. J’ai dédicacé le casque : “Même par vent de face, n’abandonne jamais ton rêve”. Toutes ces années, ce message l’a inspiré, et il a réalisé son rêve. Cet homme est maintenant architecte et le casque est fièrement exposé dans son bureau. Je ne pensais pas qu’en affrontant la tempête en Antarctique, j’allais inspirer quelqu’un avec cette phrase. Ce que l’on fait et ce que l’on dit a du sens pour les autres. »

Visitez le site Web de Bernard Voyer pour vous tenir au fait des expéditions de ce poète explorateur.

Avertissement

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En savoir plus sur Mélanie Guay et Julie Morin

Mélanie Guay et Julie Morin

Mélanie Guay est conseillère en communications au Portail linguistique du Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en éducation et d’un baccalauréat bidisciplinaire en enseignement du français et en enseignement moral. Elle aime collaborer à divers projets, tant dans son travail que dans sa vie personnelle. D’ailleurs, elle ne compte pas les heures de bénévolat dans le domaine sportif, entre autres.

Julie Morin est conseillère en communications pour le Portail linguistique du Canada. Diplômée de l’Université de Sherbrooke en communication, rédaction et multimédia en 2008 et réviseure agréée depuis 2016, Julie compte plus de onze ans d’expérience dans le domaine. Cette femme enthousiaste a à cœur d’outiller les gens afin qu’ils puissent améliorer leurs communications orales et écrites dans le cadre de leur travail et de leurs études.

 

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Commentaires

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Soumis par Alberto Vargas le 3 mars 2020 à 19 h 12

Merci pour cet article. C'est une histoire avec beaucoup d'inspiration!

Soumis par Julie Morin le 5 mars 2020 à 15 h 03

Merci Alberto, je suis très contente que le billet que nous avons écrit à propos de l'histoire de Bernard t'ait inspiré!

Soumis par Rénald Therrien le 6 mars 2020 à 7 h 55

J'ai entendu M. Voyer dans quelques reportages et vu les exploits qu'il a accomplis. J'aime la phrase de son père qu'il a répétée : « Ne salis pas la terre qui te nourrit ». Cette terre, on lui appartient et non le contraire. Je dis souvent : « si je ne me préoccupe pas de la terre, elle s'occupera de moi le temps venu et je n'aimerai probablement pas le résultat ». Alors ensemble respectons notre mère nourricière. Bonne journée à chacun.
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