jimchab et sa passion pour la culture francophone

Publié le 25 mars 2019

Né à Drummondville au Québec, Jimmy Chabot, ou plutôt « jimchab » comme il préfère se faire appeler, est un jeune vlogueur et animateur radio de plus en plus connu. Il s’est fait principalement remarquer dans les dernières années par des projets personnels, comme la coordination de la mise en candidature d’une petite ville du Nord de l’Ontario pour le concours Kraft Hockeyville 2015, la réalisation de reportages pour Radio-Canada et – son projet le plus publicisé – traverser le Canada sur le pouce à 23 ans, avec peu de moyens et en français seulement.

L’histoire de jimchab est inspirante. Enfant, il a vécu de l’intimidation durant plusieurs années parce qu’il bégayait. Son trouble du langage l’a quelque peu isolé. Les séances chez l’orthophoniste donnaient de bien minces résultats… jusqu’au jour où, lors d’un tournoi de hockey, on lui a confié un micro pour qu’il agisse comme annonceur-maison. Un véritable déclic s’est alors opéré. Il affirme avoir travaillé fort par la suite pour calibrer sa voix et il est très fier de pouvoir s’exprimer librement aujourd’hui.

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec ce jeune homme déterminé et passionné de la langue française.

Blogue Nos langues (BNL) : Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter des emplois loin de Drummondville, comme à Kapuskasing dans le Nord de l’Ontario et à Winnipeg au Manitoba?

jimchab : Dans le domaine de la radio, c’est un peu comme au hockey; il faut commencer dans les ligues mineures. Je venais de terminer une formation en radio et les stations du Québec ne voulaient pas me donner ma chance. J’ai donc accepté un contrat à Kapuskasing pour y faire mes premières armes. Et là, j’ai réalisé à quel point les cours d’histoire dans les écoles secondaires du Québec ne mentionnaient rien de ce qui se passe dans la francophonie hors Québec. Jamais on ne nous a parlé de personnages marquants tels que Marie-Anne Gaboury, Louis Riel ou Georges Forest! Qui sont ces symboles importants qui ont forgé notre histoire? Je voulais en apprendre davantage, car je sentais qu’il me manquait un pan complet de ma culture.

BNL : On vous décrit comme étant un amoureux du Manitoba. Qu’est-ce que vous aimez particulièrement de cette province?

jimchab : Après mon premier contrat en Ontario, j’ai trouvé un emploi à Winnipeg. J’ai exploré le Manitoba. J’ai eu un coup de cœur pour la culture franco-manitobaine et je m’y suis immédiatement senti chez moi! J’ai réalisé qu’il y avait là une communauté forte et fière, que les possibilités étaient infinies, avec les diverses activités qui s’y déroulaient, les spectacles de musique, la radio, surtout à Saint-Boniface.

J’ai beaucoup voyagé au Canada et les gens ont l’impression que je suis bilingue, mais non. Je vis toujours en français.

Même si je suis resté seulement deux ans au Manitoba, je me considère maintenant comme Franco-Manitobain. Je me suis découvert une nouvelle identité! Solidaires dans la défense du français, les Franco-Manitobains sont fiers et mènent cette bataille avec conviction. Ils tiennent beaucoup d’activités pour que la langue reste bien vivante. À titre d’exemple, cette année, nous célébrons le 50e anniversaire du Festival du Voyageur. On parle d’une célébration d’envergure similaire au Carnaval de Québec. C’est comme si c’était Noël en février! Cet événement rassemble non seulement les francophones, mais aussi les anglophones qui traversent le pont pour venir festoyer avec leurs voisins francophones et en profitent pour pratiquer la langue française.

BNL : Comme vous avez vécu de l’intimidation durant plusieurs années, on aurait pu croire que vous en auriez fait votre cheval de bataille. Vous avez plutôt choisi de vous consacrer à faire rayonner la culture francophone au Canada. Pourquoi?

jimchab : L’intimidation dont j’ai été victime au primaire et au secondaire, je la compare avec ce qui se passe avec la langue française. J’ai l’impression que les francophones hors Québec se font ridiculiser à cause de leur accent et de leurs différences.

Il faut faire briller le français, donner une vitrine et du crédit aux francophones. Par exemple, quand une chanteuse comme Mélissa Ouimet est candidate dans une populaire compétition de chant télévisée, pourquoi ne pas la présenter en tant que franco-ontarienne? Pourquoi ne pas parler de sa chanson « Personne ne pourra m’arrêter (La résistance) », qui l’a rendue célèbre sur les médias sociaux et qui compte des milliers de clics? Il faut saisir toutes les occasions de faire rayonner la culture francophone au Canada.

BNL : Votre traversée du pays en communiquant essentiellement en français a-t-elle changé votre perception de la francophonie canadienne?

jimchab : La francophonie existe partout. J’ai visité plusieurs endroits pour trouver des francophones. Ils sont là, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et même à Inuvik. Partout où je suis allé, les francophones étaient là pour me tendre la main. Quand tu rencontres des francophones hors Québec, c’est comme si tu étais de la famille. Ils t’accueillent avec fierté et c’est toujours une relation d’entraide.

Il y a une province en particulier où j’ai constaté des besoins alarmants, et c’est la Colombie-Britannique. Il faut appuyer sur le bouton d’urgence! De nombreux francophones, des Québécois pour la plupart, se sont installés en Colombie-Britannique. Eh bien, déjà, les enfants de ces adultes venus vivre dans l’Ouest ne parlent presque plus français. Les enfants répondent en anglais à leurs parents et à des textos en français; le phénomène se voit autant à l’oral qu’à l’écrit. Et il s’agit seulement de la deuxième génération. À mon avis, il faudrait réagir vite et investir dans des programmes de sensibilisation pour préserver la langue française dans cette province.

BNL : En terminant, à quoi peut-on s’attendre de la part de jimchab dans les mois à venir?

jimchab : Je travaille sur plusieurs projets pour continuer d’appuyer la cause de la francophonie au pays. Je fais des conférences dans les écoles secondaires francophones, entre autres en Ontario, et je mets l’accent sur les avantages qu’il y a à être différent. La vie dans les cours d’école se passe en anglais. Aux yeux de ces jeunes, ce n’est pas « cool » d’apprendre et de parler le français. Alors je leur parle des avantages qu’ils auront à pouvoir parler français une fois sur le marché du travail, dans une province dont la langue officielle est l’anglais. Je leur dis aussi que ce qui peut être une cause de moqueries aujourd’hui deviendra pour eux un atout formidable plus tard.

Comme vous voyez, je continue de propager ma fierté d’être francophone. D’ailleurs, je vous invite à me suivre sur Facebook et sur Twitter pour voir ce qui s’en vient dans les prochains mois.

Avertissement

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En savoir plus sur Mélanie Guay et Julie Morin

Mélanie Guay et Julie Morin

Mélanie Guay est conseillère en communications au Portail linguistique du Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en éducation et d’un baccalauréat bidisciplinaire en enseignement du français et en enseignement moral. Elle aime collaborer à divers projets, tant dans son travail que dans sa vie personnelle. D’ailleurs, elle ne compte pas les heures de bénévolat dans le domaine sportif, entre autres.

Julie Morin est conseillère en communications pour le Portail linguistique du Canada. Diplômée de l’Université de Sherbrooke en communication, rédaction et multimédia en 2008 et réviseure agréée depuis 2016, Julie compte plus de onze ans d’expérience dans le domaine. Cette femme enthousiaste a à cœur d’outiller les gens afin qu’ils puissent améliorer leurs communications orales et écrites dans le cadre de leur travail et de leurs études.

 

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