« Une machine peut faire le travail de 50 hommes ordinaires. Aucune machine ne peut faire le travail d’un homme extraordinaire. » (Elbert Hubbard, écrivain américain, 1856–1915)
Les robots arrivent! Les robots arrivent!
Du moins, c’est ce que nous disent les médias. Dans de nombreux emplois, comme celui d’avocat ou de travailleur à la chaîne, les robots commencent à dépasser les humains et prendront bientôt leur place. Et les traducteurs sont eux aussi dans la ligne de mire des robots. Cela signifie-t-il que nous perdrons notre gagne-pain dans quelques années?
Je n’en suis pas si sûr.
La lente évolution de la traduction automatique
Dans les années 1950, les premiers informaticiens ont cru pouvoir appliquer à la traduction les techniques de décryptage utilisées avec succès durant la Seconde Guerre mondiale. Ils se disaient qu’après tout, les langues n’étaient qu’un autre type de code. Ces scientifiques croyaient qu’il suffirait de quelques années pour trouver le graal (le poisson Babel ou la machine à traduire universelle) et que plus personne n’aurait jamais besoin des services d’un interprète ou d’un traducteur.
Ils y travaillent encore 70 ans plus tard.
Mais cela ne veut pas dire que leurs travaux n’ont rien changé dans le monde de la traduction. En fait, à peu près tout a changé. Les ordinateurs, puis Internet, ont révolutionné le domaine, augmentant ainsi le volume de production des traducteurs et la qualité des traductions.
Un portrait « avant-après »
Faisons une rapide comparaison de la traduction dans un contexte gouvernemental avant et après la révolution informatique. La colonne de gauche décrit l’étape du processus de traduction. La colonne du centre montre comment les choses se passaient avant, selon ce que m’ont dit mes… comment dirais-je… collègues qui ont plus d’expérience de vie. La colonne de droite montre la pratique actuelle.
Étape du processus | Âge de pierre | Ère de l’information |
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Envoi du document à la division de la traduction | Le client envoie un document dactylographié par courrier interne à la division de la traduction. | Le client télécharge un document numérique vers le serveur de la division de la traduction ou l’envoie par courriel. |
Conservation et consultation de versions antérieures du même document | Le traducteur ouvre son classeur pour trouver des textes similaires ou des versions précédentes du même texte et les met sur un support à documents pour les consulter. | Un logiciel compare le texte du document au contenu d’une base de données de traductions antérieures. Les correspondances exactes peuvent être insérées automatiquement dans le texte à traduire. Le traducteur peut consulter la base de données et voir les textes alignés côte à côte. |
Utilisation de dictionnaires | Le traducteur cherche des mots dans des dictionnaires papier. | Le traducteur saisit des mots dans des dictionnaires électroniques. |
Utilisation de banques de termes | Le traducteur consulte une banque de termes en feuilletant un catalogue sur fiches. | Le traducteur cherche des termes dans une base de données terminologiques en ligne. |
Consultation de documents de référence | Le traducteur se rend à la bibliothèque pour consulter une sélection limitée de sources fiables et de textes comparables. | Le traducteur navigue sur Internet pour consulter une quantité quasi infinie de renseignements et de textes comparables. |
Révision | Le traducteur tape à la machine l’ébauche de sa traduction avant de la relire sur papier. | Le traducteur tape sa traduction dans un logiciel de traitement de texte et la révise à l’écran. |
Préparation de la version finale | La copie papier annotée est donnée à un dactylo, qui tape la version finale. | La version finale est sauvegardée numériquement. |
Envoi de la traduction au client | La traduction finale est envoyée au client par courrier interne. | Le client est avisé que la traduction est prête. Il peut télécharger le fichier à partir du serveur de la division de la traduction ou le recevoir par courriel. |
Les avantages pour les traducteurs d’aujourd’hui
Cette liste fait état d’une partie seulement des nombreux outils informatiques qu’utilisent les traducteurs dans leur travail. J’aime penser que l’interaction entre la traduction et la technologie peut être mesurée sur une échelle allant de 0 (papier et stylo) à 10 (traduction entièrement automatisée). Le plus grand avantage des avancées technologiques des dernières décennies est peut-être simplement la variété de possibilités qu’offre cette échelle. Cette abondance d’options nous permet d’utiliser la technologie qui fonctionne le mieux pour nous ou pour la tâche à accomplir.
Même si la recherche du graal de la traduction automatique fait les manchettes, le plus souvent, la technologie d’aujourd’hui est mise au service du traducteur humain, qui peut livrer un meilleur produit en moins de temps.
En bref, les robots arrivent, c’est bien vrai, mais assez lentement. Et notre expérience nous démontre qu’ils sont nos amis.
Et vous, quel est le principal avantage (ou inconvénient) de la technologie langagière dans votre vie? Exprimez votre opinion dans un commentaire.
Traduit par Safia Lasfar, Portail linguistique du Canada