Pour le retour de la plume et de la lettre manuscrite

Publié le 14 septembre 2020

Il y a quelques mois, j’ai eu la surprise de recevoir dans le courrier une carte d’une bonne amie de la famille qui vit en Ontario. Quand notre rencontre prévue à la fin mars est tombée à l’eau, elle m’a vite posté une carte pour me dire qu’elle avait hâte qu’on puisse se revoir. Pas de texto, d’appel ni de courriel (elle n’en utilise qu’un des trois, de toute façon). Non : elle a pris le temps de trouver une carte qui convenait, d’écrire un beau petit mot et de passer déposer l’enveloppe dans une boîte aux lettres. Sa douce attention m’a touchée autant que ses belles paroles. Je me suis alors demandé à quand remontait la dernière fois que j’avais moi-même envoyé une carte. Je n’ai pas pu m’en souvenir. Cela m’a amenée à me demander si des compétences aussi élémentaires qu’écrire à la main n’étaient pas en train de se perdre et si la correspondance manuscrite n’était pas déjà une chose du passé.

L’ère du numérique nous a apporté une foule d’avantages, dont la facilité des contacts sociaux. En effet, les technologies numériques nous aident à maintenir des liens étroits 24 heures sur 24, même lorsque des océans nous séparent. Toutefois, les communications virtuelles n’ont pas la même valeur sentimentale que les lettres manuscrites. Dans une lettre écrite à la main, le ton et les mots choisis sont généralement plus personnels, plus chaleureux et, à mon avis, plus soignés. Il faut ajouter à cela que notre façon toute personnelle de former les lettres donne du caractère et de la personnalité au message. Écrire à la main s’accompagne parfois de grandes responsabilités (pensons aux médecins qui rédigent encore des ordonnances à la main), mais pour la plupart d’entre nous, les erreurs n’ont pas de conséquence grave. Tout au plus, la lecture peut exiger un peu plus de temps, si l’écriture n’est pas claire… ou si elle est cursive (en lettres attachées). Une chose est sûre : si vous prenez le temps d’écrire à la main, votre correspondance sera remarquée, croyez-moi.

Le temps d’attente est un autre facteur qui rend les lettres manuscrites si précieuses, car ce temps est rempli de promesses et d’espoir. Autrefois, les lettres mettaient des semaines, sinon des mois, à atteindre leur destination, quand elles se rendaient jusque-là. Mais avec les outils modernes comme la messagerie instantanée et le courriel, le message voyage de l’expéditeur au destinataire en quelques secondes. Ces moyens de communication sont on ne peut plus commodes, mais ils ne produisent pas la même sensation de proximité, car ils ne nous laissent rien que l’on puisse toucher. De plus, on n’a pas encore trouvé le moyen de transmettre son parfum par courriel; avouons que cette touche personnelle ajoute beaucoup de chaleur et d’intimité à une lettre envoyée par la poste. Et que dire du baiser au rouge à lèvres que l’on peut poser à la fin d’une lettre d’amour?

Pour moi, les lettres manuscrites ont beaucoup à nous apporter, en raison du soin et de l’attention qui sont accordés à leur écriture. Elles nous aident à nous sentir proches de leur expéditeur qui, par toute la sollicitude de son geste et le temps qu’il a consacré à nous écrire, nous fait sentir sa présence. On ressent même sa présence dans le simple fait qu’il ait tracé lui-même les lettres qui composent son message. Alors pourquoi n’adopterions-nous pas un mode de vie plus lent? Ravivons l’art de la correspondance et retrouvons la valeur de l’attente.

En terminant, je suis fière d’ajouter que, le temps de rédiger ce billet, j’ai aussi fait trois envois : une carte à ma chère amie de Campbellford, en Ontario, et deux lettres à destination de l’Italie et de l’Angleterre.

Et vous? Où enverrez-vous votre prochaine lettre manuscrite?

Traduit par Marc-André Descôteaux, Portail linguistique du Canada

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Lina Peralta

Lina Peralta

Lina est née à Bogotá, en Colombie, et vit à Montréal depuis 20 ans. Formée en langues modernes et riche d’une dizaine d’années d’expérience dans le transport aérien, elle est passionnée par le voyage, les langues et la cuisine. Outre l’anglais et le français, Lina parle couramment l’espagnol et l’italien. En plus d’aimer les langues, elle est douée pour l’écriture. Elle est enchantée de pouvoir contribuer au Portail linguistique du Canada.
 

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Commentaires

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Soumis par Nancy Bento le 16 septembre 2020 à 10 h 03

Bonjour,
J'ai bien apprécié cette réflexion sur la technologie qui prend plus d'ampleur et change ainsi la façon dont nous communiquons entre nous. Ça m'a fait penser à un poème que j'ai composé qui s'intitule « Save the mailman ». Voici un petit extrait :
Holding our dear one's thoughts on paper
We'd unwrap an envelope
Sent from friends and family afar
A beloved proposing to elope
Many stories could be told
From this ancient world of correspondence
One day will be recalled upon
As it sadly drifts away, victim of dominance
Sweet were the days
We'd patiently wait for a letter to arrive
Letting time take its course
Or unexpectedly, what a surprise
Bonne continuation!

Soumis par Zénaïde le 16 septembre 2020 à 17 h 22

Merci pour ce texte délicieux qui a presque le même charme qu'une lettre manuscrite. J'en profite pour dire à son auteure que mon amoureux et moi, nous nous écrivons régulièrement des lettres, depuis une dizaine d'années et que, tant qu'il y aura du papier, nous entretiendrons cette précieuse correspondance. Merci encore pour ce beau texte (et son excellente traduction).

Soumis par Charlotte le 17 septembre 2020 à 11 h 07

J'ai sans doute écrit des centaines de lettres personnelles, souvent sur un beau papier, et je viens de recommencer grâce à une ancienne collègue qui avait mentionné sur Facebook que ça lui manquait, les lettres manuscrites. Depuis deux ans, nous échangeons des lettres 5 ou 6 fois par année et nous apprenons à nous connaître d'une manière plus intime. Le temps entre les lettres et la réponse permet de réfléchir et de partager ainsi beaucoup mieux que dans des échanges par internet. De plus, je collectionne les timbres depuis l'enfance et le virtuel me prive de ce plaisir.
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