Il y a quelques mois, j’ai eu la surprise de recevoir dans le courrier une carte d’une bonne amie de la famille qui vit en Ontario. Quand notre rencontre prévue à la fin mars est tombée à l’eau, elle m’a vite posté une carte pour me dire qu’elle avait hâte qu’on puisse se revoir. Pas de texto, d’appel ni de courriel (elle n’en utilise qu’un des trois, de toute façon). Non : elle a pris le temps de trouver une carte qui convenait, d’écrire un beau petit mot et de passer déposer l’enveloppe dans une boîte aux lettres. Sa douce attention m’a touchée autant que ses belles paroles. Je me suis alors demandé à quand remontait la dernière fois que j’avais moi-même envoyé une carte. Je n’ai pas pu m’en souvenir. Cela m’a amenée à me demander si des compétences aussi élémentaires qu’écrire à la main n’étaient pas en train de se perdre et si la correspondance manuscrite n’était pas déjà une chose du passé.
L’ère du numérique nous a apporté une foule d’avantages, dont la facilité des contacts sociaux. En effet, les technologies numériques nous aident à maintenir des liens étroits 24 heures sur 24, même lorsque des océans nous séparent. Toutefois, les communications virtuelles n’ont pas la même valeur sentimentale que les lettres manuscrites. Dans une lettre écrite à la main, le ton et les mots choisis sont généralement plus personnels, plus chaleureux et, à mon avis, plus soignés. Il faut ajouter à cela que notre façon toute personnelle de former les lettres donne du caractère et de la personnalité au message. Écrire à la main s’accompagne parfois de grandes responsabilités (pensons aux médecins qui rédigent encore des ordonnances à la main), mais pour la plupart d’entre nous, les erreurs n’ont pas de conséquence grave. Tout au plus, la lecture peut exiger un peu plus de temps, si l’écriture n’est pas claire… ou si elle est cursive (en lettres attachées). Une chose est sûre : si vous prenez le temps d’écrire à la main, votre correspondance sera remarquée, croyez-moi.
Le temps d’attente est un autre facteur qui rend les lettres manuscrites si précieuses, car ce temps est rempli de promesses et d’espoir. Autrefois, les lettres mettaient des semaines, sinon des mois, à atteindre leur destination, quand elles se rendaient jusque-là. Mais avec les outils modernes comme la messagerie instantanée et le courriel, le message voyage de l’expéditeur au destinataire en quelques secondes. Ces moyens de communication sont on ne peut plus commodes, mais ils ne produisent pas la même sensation de proximité, car ils ne nous laissent rien que l’on puisse toucher. De plus, on n’a pas encore trouvé le moyen de transmettre son parfum par courriel; avouons que cette touche personnelle ajoute beaucoup de chaleur et d’intimité à une lettre envoyée par la poste. Et que dire du baiser au rouge à lèvres que l’on peut poser à la fin d’une lettre d’amour?
Pour moi, les lettres manuscrites ont beaucoup à nous apporter, en raison du soin et de l’attention qui sont accordés à leur écriture. Elles nous aident à nous sentir proches de leur expéditeur qui, par toute la sollicitude de son geste et le temps qu’il a consacré à nous écrire, nous fait sentir sa présence. On ressent même sa présence dans le simple fait qu’il ait tracé lui-même les lettres qui composent son message. Alors pourquoi n’adopterions-nous pas un mode de vie plus lent? Ravivons l’art de la correspondance et retrouvons la valeur de l’attente.
En terminant, je suis fière d’ajouter que, le temps de rédiger ce billet, j’ai aussi fait trois envois : une carte à ma chère amie de Campbellford, en Ontario, et deux lettres à destination de l’Italie et de l’Angleterre.
Et vous? Où enverrez-vous votre prochaine lettre manuscrite?
Traduit par Marc-André Descôteaux, Portail linguistique du Canada