L’indéniable force de la population franco-ontarienne

Publié le 8 août 2022

En 2015, l’Ontario a célébré le 400e anniversaire de l’exploration de son territoire par Samuel de Champlain et le 40e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Le séjour de Champlain dans la province a servi de tremplin aux réalisations culturelles, sociales, économiques et politiques des francophones. On ne saurait trop insister sur l’importance de la présence de la communauté francophone en Ontario. Les Français ont été les premiers Européens à explorer la région et à s’y établir, ainsi que les premiers Européens à former des alliances avec les Autochtones. Les Français ont également jeté les bases de la traite des fourrures en Ontario en repérant les richesses naturelles et commerciales de la région. Il ne fait aucun doute qu’ils ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Ontario. De nos jours, la plupart des Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes habitent dans l’Est, le Nord-Est et le Centre de l’Ontario, quoique de petites communautés francophones soient présentes dans toute la province.

Règlement 17 : une menace à la langue française en Ontario

Malgré leur présence de longue date en Ontario et la vitalité culturelle de leur communauté, les francophones de l’Ontario font face depuis longtemps à des menaces à leur survie. En 1912, le gouvernement provincial a adopté le Règlement 17 (s’ouvre dans un nouvel onglet), qui visait l’assimilation de la communauté minoritaire francophone par la majorité anglophone de la province. Le Règlement 17 constituait une grave menace pour la population francophone de l’Ontario, car il prévoyait que l’anglais devienne la langue d’enseignement et de communication dans les écoles de l’ensemble de la province. Essentiellement, il était désormais interdit d’utiliser le français comme langue d’enseignement. Le Règlement 17 a fait l’objet d’une vive opposition de la part de tout l’Ontario francophone, plus particulièrement des francophones d’Ottawa. En guise de protestation, les Franco-Ontariens et Franco-ontariennes ont établi leur propre système d’éducation. Le tollé qui a éclaté a finalement déclenché une controverse nationale, la situation étant perçue comme une crise pancanadienne, en particulier pour les autres minorités linguistiques au Canada. Même les anglophones qui faisaient partie de la Unity League of Ontario ont manifesté leur opposition au Règlement 17. En 1927, 15 ans plus tard, le gouvernement a cessé d’appliquer ledit règlement, et celui-ci n’a pas été renouvelé. Certaines personnes dans la population franco-ontarienne affirment que les effets du Règlement 17 se font toujours sentirNote de bas de page 1, malgré les nombreuses années qui se sont écoulées depuis sa révocation, en 1944.

La population franco-ontarienne : forte et solidaire

Les francophones de l’Ontario ont fait preuve de résilience et de ténacité, démontrant ainsi que leur communauté n’accepterait pas d’être laissée pour compte. Des organismes francophones ont été fondés – le journal francophone Le Droit (s’ouvre dans un nouvel onglet) et l’Association canadienne-française de l’Ontario (s’ouvre dans un nouvel onglet), par exemple –, leur mandat étant de promouvoir la culture et de défendre les droits de la population francophone. Après avoir affirmé leur identité canadienne-française, les francophones de l’Ontario ont fini par développer leur propre identité culturelle et ont créé le drapeau franco-ontarien, emblème de leur communauté. Plus tard, en 1986, l’Ontario a adopté la Loi sur les services en français (s’ouvre dans un nouvel onglet) et a formé le ministère des Affaires francophones (s’ouvre dans un nouvel onglet), ce qui a contribué à protéger les droits de la population franco-ontarienne. En 2010, le 25 septembre a été déclaré le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, une journée qui vise à célébrer la culture et l’histoire de la communauté. Cette journée est importante pour les francophones de l’Ontario, car elle démontre l’engagement du gouvernement provincial envers leur communauté.

L’Ontario francophone aujourd’hui

L’Ontario compte aujourd’hui la plus grande communauté francophone hors Québec. En effet, la population franco-ontarienne s’établit à environ 622 000Note de bas de page 2, et le nombre d’Ontariens et Ontariennes qui parlent couramment le français à approximativement 1,5 million. De plus, près du quart de la population d’Ottawa est composée d’Ontariens et Ontariennes francophones. Par conséquent, le drapeau franco-ontarien flotte en permanence à l’hôtel de ville d’Ottawa. Les Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes tirent une grande fierté de leur culture, de leur langue et de leur histoireNote de bas de page 3. Il est même désormais possible, en Ontario, d’obtenir une plaque d’immatriculation (s’ouvre dans un nouvel onglet) affichant le drapeau franco-ontarien. La culture francophone est en plein essor dans la province, notamment grâce aux artistes, aux journaux, à la programmation télévisuelle et radiophonique et aux festivals francophones, comme le Festival franco-ontarien (s’ouvre dans un nouvel onglet), la Franco-Fête (s’ouvre dans un nouvel onglet) et La Nuit sur l’étang (s’ouvre dans un nouvel onglet). Certains mets canadiens-français traditionnels, comme la tourtière et la poutine, sont même appréciés dans tout le pays.

La lutte pour la défense des droits de la population franco-ontarienne est loin d’être terminée, mais cette communauté s’est révélée être une force puissante à ne pas sous-estimer.

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Arwa Ahmed

Arwa Ahmed est conseillère principale en programmes à Patrimoine canadien et coprésidente du Réseau interministériel ontarien des langues officielles. Elle est déterminée à préserver et à honorer les deux langues officielles du Canada ainsi que les langues et les traditions autochtones. Arwa est également une ardente défenseure de l’intersectionnalité et de la diversité. Elle siège à de nombreux comités sur l’équité et la diversité, y compris le Comité consultatif sur l’équité, la diversité et l’inclusion et le Comité LGBTQ2+ de Patrimoine canadien.

 

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