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Résultats 1 à 10 de 13 (page 1 de 2)

moins pire/aussi pire/plus pire

Article portant sur les expressions fautives moins pire, aussi pire et plus pire, et offrant des solutions de rechange.
Il faut éviter d’utiliser les locutions moins pire, aussi pire et plus pire, qui sont des barbarismes. Pire contient déjà le comparatif plus, puisqu’il signifie « plus mauvais ». Moins pire voudrait donc dire « moins plus mauvais », aussi pire « aussi plus mauvais » et plus pire « plus plus mauvais »… ce qui n’est ni logique, ni français. Solutions de rechange Moins pire, aussi pire, plus pire : Fautes et solutions Évitez Employez Exemples moins pire mieux moins grave moins pénible moins sérieux plus endurable plus supportable plus tolérable Vivre ici, c’est plus tolérable parce que les hivers sont doux. Les pertes causées par l’incendie sont moins graves qu’on le croyait. Les symptômes sont plus endurables depuis que je fais de l’exercice. aussi pire aussi mauvais aussi grave aussi pénible aussi insupportable aussi intolérable La situation n’est pas aussi mauvaise qu’on le craignait. Le médicament n’a aucun effet : ma douleur est aussi insupportable qu’avant. plus pire pire plus grave plus pénible plus insupportable plus intolérable moins endurable Je pensais régler le problème, mais c’est pire qu’avant. Au retour, le trajet m’a paru plus pénible qu’à l’aller. Renseignements complémentaires Pour plus de renseignements, voir pire/pis.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 11 822

onomatopées et interjections

Article présentant les onomatopées et les interjections, leur origine et des exemples de mots formés à partir de ceux-ci.
Sur cette page Onomatopée ou interjection Interjection et point d’exclamation Après une interjection répétée Après ô Accord en nombre Onomatopées dans différentes langues Figure de style Verbes et noms créés à partir d’onomatopées Exemples d’onomatopées Les onomatopées sont souvent associées aux bruits que font les enfants qui apprennent à parler. Ces mots peuvent donc nous sembler un peu simplets de prime abord. Cependant, on ne peut ignorer l’importance des onomatopées en langue écrite, puisqu’elles servent à reproduire ou à imiter les bruits de la nature, des choses, des animaux, etc. Présentes dans toutes les cultures, les onomatopées seraient même à l’origine du langage humain. Onomatopée ou interjection L’onomatopée est un « mot inventé qui imite le cri d’un animal ou le bruit d’une personne ou d’une chose ». L’onomatopée et l’interjection sont souvent confondues. En fait, l’onomatopée entre dans la catégorie grammaticale de l’interjection. Elle peut être utilisée comme interjection (le coq fait cocorico!) ou comme nom (le cocorico du coq). L’interjection est un « mot invariable isolé qui traduit un sentiment, une émotion, un ordre » (hélas, chut, oh). L’interjection n’est pas toujours une onomatopée. À titre d’exemple, les mots suivants sont des interjections, mais pas des onomatopées, car ils n’imitent pas un bruit en particulier : Hélas! (interjection de plainte exprimant la douleur, le regret) Coucou! (cri des enfants qui jouent à cache-cache, de quelqu’un qui annonce son arrivée inattendue) Tchin-tchin! (mot que prononcent les gens qui trinquent; viendrait de « tsing tsing », qui signifie « salut » en pidjin, un dialecte chinois) Zut! (exclamation exprimant le dépit, la colère; interjection provenant probablement d’une onomatopée) À l’inverse, une onomatopée n’est pas toujours utilisée comme interjection. Par exemple, le mot glouglou n’est employé que comme nom commun masculin. Interjection et point d’exclamation En général, les interjections sont immédiatement suivies d’un point d’exclamation, même à l’intérieur d’une phrase : Ah! Aïe! Chut! Ha, ha, ha! Hé hé! Oh! Ouf! j’ai eu chaud! Toutefois, lorsque deux interjections (ou plus) se groupent pour former une locution interjective, on place un point d’exclamation seulement après la dernière interjection, à la fin de l’énoncé. Oh oui! Non mais! Eh là! Eh bien! Oh là là! Ah non! Vous ne recommencerez pas ça! Pas possible! Si le deuxième élément exprime une idée distincte, les deux éléments sont séparés par un point d’exclamation : Non! Vraiment! Ah! Ouf! Après une interjection répétée Si l’interjection est répétée, on place généralement le point d’exclamation après le dernier élément répété et on sépare les autres d’une virgule : Ah, ah! C’est maintenant que tu avoues! Ha, ha, ha! que tu es drôle! Brrr, brrr! Il fait froid dehors! Lorsque l’interjection est répétée, les possibilités sont infinies en ce qui concerne tant la répétition du signe d’exclamation que l’emploi de la majuscule : tout dépend de l’effet que l’on veut obtenir. Si l’on veut appuyer sur les interjections, on peut soit les écrire chacune avec une majuscule, soit répéter le point d’exclamation, ou utiliser les deux procédés à la fois. Si l’on veut accélérer le rythme, notamment pour imiter le rire, on peut même supprimer la virgule. Bref, toutes ces possibilités sont admises : Ha, ha, ha! Ha! Ha! Ha! Ha! ha! ha! Ha ha ha! Après ô L’interjection ô, aussi appelée ô vocatif, peut servir à interpeller ou à invoquer. On ne met jamais de point d’exclamation après ô. Cependant, cette interjection commande la présence d’un point d’exclamation en fin de phrase : Ô désespoir! Ô combien j’espère vous revoir! Pour en savoir davantage à ce sujet, voir point d’exclamation. Accord en nombre Employée comme interjection, l’onomatopée reste invariable. L’oiseau fait cui-cui dans son nid. Employée comme nom, elle prend généralement la marque du pluriel. Les sons répétés sont soudés selon la nouvelle orthographe : les cuicuis des oiseaux dans le parc les tictacs de l’horloge Toutefois, certains mots aux sons répétés s’écrivent encore avec un trait d’union. Ils sont généralement invariables : les coin-coin des canards les cui-cui Mais il y a des cas flottants où le pluriel au dernier mot est attesté : des miam-miam des miam-miams Le pluriel en s, qui est la tendance moderne, est toutefois préférable. Onomatopées dans différentes langues Curieusement, les onomatopées varient à l’écrit selon les langues, même si nous entendons tous les mêmes sons. Par exemple, voici comment le chant du coq est perçu à travers le monde : en français : cocorico en anglais : cock-a-doodle-doo en allemand : kikeriki en italien : chicchirichi Pour connaître l’équivalent en anglais de certaines onomatopées françaises, consultez la rubrique Exemples d’onomatopées ci-dessous. Figure de style En littérature, l’onomatopée devient une figure de style lorsqu’elle s’intègre à une unité lexicale. On retrouve des onomatopées dans les récits, les poèmes, etc. Toc, toc! J’entends quelqu’un frapper à la porte. Nous entendons le ding-dong de la sonnette. Comme on peut le constater, il est possible de s’amuser avec les mots. L’onomatopée permet de mettre de la vie dans nos textes. Verbes et noms créés à partir d’onomatopées Beaucoup de mots ont été créés à partir d’onomatopées. Les onomatopées servent à former des noms (gazouillis, roucoulement) et des verbes (chuchoter, ronronner, vrombir) dérivés. Liste de verbes ou de dérivés d’onomatopées Verbe ou nom Origine caqueter dérivé de la racine kak– (cri de certains oiseaux) chuchoter dérivé de la racine chu–, qui forme chut (bruit d’un murmure) claquer dérivé de la racine klakk–, d’où clac (bruit court, sec et fort) coasser dérivé de l’onomatopée grecque koax (cri de la grenouille) froufrou construit à partir de l’onomatopée frou (bruit léger produit lorsqu’on frôle un tissu) glouglouter dérivé de l’onomatopée glouglou (bruit d’un liquide qui s’écoule et, par analogie, cri du dindon) miauler dérivé de la racine miau–. Le cri du chat a d’abord été désigné par l’onomatopée miault, qui est devenue miaou. tam-tam construit à partir d’une onomatopée empruntée au créole français de l’océan Indien (bruit rythmé et assourdissant) blablater dérivé de l’onomatopée blabla. Signifie « tenir des propos sans intérêt, se lancer dans un verbiage creux ». Exemples d’onomatopées Liste d’onomatopées et le bruit, cri ou sentiment exprimé. Onomatopée Bruit, cri ou sentiment exprimé ah sentiment vif, insistance ou renforcement; marque la surprise, la perplexité, retranscrit le rire aïe (répété plusieurs fois) douleur et, par extension, surprise désagréable, ennui areu areu premiers sons du langage que le bébé émet en signe de bien-être atchoum En anglais : achoo éternuement badaboum chute suivie de roulement bang explosion violente bang En anglais : pop éclatement d’un ballon bang (pistolet); pan (pistolet); boum (canon); ra-ta-ta-ta (mitraillette) En anglais : bang, blam, boom, kaboom ou pow tir de canon, de mitraillette ou de pistolet bè; bê En anglais : bah bêlement (de la chèvre, du mouton) blablabla; blabla verbiage bof mépris, lassitude, indifférence boum quelque chose qui cogne, tombe, explose (boum : tir de canon) broum ronflement et trépidation d’un moteur bzzz vol des insectes (abeilles, moustiques)  chut murmure (se dit pour demander le silence) clac bruit sec, claquement coac coac; coa, coa En anglais : ribbit ribbit cri de la grenouille cocorico En anglais : cock-a-doodle-doo cri du coq coin-coin (invariable) En anglais : quack quack cri du canard cot cot gloussement, caquètement de la poule crac bruit sec (choc, rupture), évènement brusque croâ (souvent répété) En anglais : caw caw cri du corbeau cuicui; cui-cui; piou piou (poussin), cot cot (poule) (familiers) Au pluriel : des cuicuis, des cui-cui En anglais : chirp chirp, tweet tweet pépiement d’oiseau ding tintement, coup de sonnette drelin (vieilli) bruit d’une clochette, d’une sonnette (on emploie maintenant dring ou ding) dring En anglais (sonnerie de téléphone) : ring ring, ring a ling, ring ding, ding dong, ding ding bruit d’une sonnette (électrique), d’une sonnette de téléphone euh marque le doute, l’hésitation, l’embarras, la recherche d’un mot glouglou (employé seulement comme nom, pas comme interjection) bruit que fait un liquide qui coule dans un conduit, hors d’un récipient cri du dindon, de la dinde groin groin En anglais : oink oink cri du cochon ou du sanglier grrr grondement du chien; exprime l’agressivité, la hargne ha douleur, surprise (agréable ou non), rire (souvent répété) ha ha; hi hi; ho ho; hé hé (ricanement) En anglais : hahaha, heh heh, hohoho, (tee-) heehee éclats de rire hé; eh sert à interpeler, à appeler, à attirer l’attention hi (souvent répété) rires ou parfois pleurs meuh meuglement de la vache miam; miam-miam (familier) En anglais : om nom nom, yum, yum-yum ou mmmm plaisir de manger miaou Se met au pluriel : des miaous. En anglais : meow, miaow ou mew cri du chat oh marque la surprise ou l’admiration, renforce l’expression d’un sentiment ouah; ouaf-ouaf; wouf (généralement répétés); grr (grognement) En anglais : woof, arf, bow wow, bark, werf, ruff (généralement répétés) aboiement de chien ouah; waouh admiration, joie, jubilation ouch; aïe; ouille (canadianisme) douleur ouf soulagement ouille (souvent répété; régionalisme : ouch) exprime la douleur, la surprise et le mécontentement ouin bruit de pleur, de sanglot oups exprime la surprise face à une bêtise, une gaffe, un raté paf bruit de chute, de coup pff; pfft; pfut… exprime l’indifférence, le mépris pin-pon En anglais : wee woo, nee nar, nee naw bruit des avertisseurs à deux tons des voitures de pompiers plic; plic ploc En anglais : drup drup, drip drop, plink plonk bruit d’une goutte d’eau qui tombe plouf; ploc; floc En anglais : splash bruit de chute dans l’eau (floc : bruit d’un plongeon) prout (enfantin) bruit de pet pschitt; pschit; pscht bruit d’un liquide qui fuse, qui jaillit, comme du champagne psitt; psst (familier) bref sifflement qui sert à appeler, à attirer l’attention ronron (familier) En anglais : purr (ronronnement) ronflement sourd et continu, ronronnement du chat smack En anglais : mwah, smooch, smack baiser sonore snif bruit de reniflement, symbolisant la tristesse tchou tchouu; tagadam; tougoudoum (bruit des roues sur les rails) En anglais : choo choo, whoo whoo, whoot whoot bruit du train tic-tac; tictac (nouvelle orthographe) Au pluriel : des tic-tac ou des tictacs En anglais : tick tock bruit d’une horloge ou d’un autre mécanisme semblable toc; toc-toc (souvent répété) En anglais : knock knock (bruit lorsqu’on frappe à la porte) bruit, heurt bruit lorsqu’on frappe à la porte toc-toc; boum-boum En anglais : thump thump, lub-dub, bum-bump battement de cœur tsoin-tsoin; tsointsoin (nouvelle orthographe) Au pluriel : des tsoin-tsoin, des tsointsoins imite de façon comique un bruit d’instrument à la fin d’un couplet vlan bruit fort et sec vouh; wouuuh En anglais : swish (brise légère), whoosh (vent fort) bruit du vent vroum bruit d’un moteur qui accélère zzzz… bruit continu qui vibre légèrement, comme un bourdonnement d’insecte, un ronflement, le bruit d’un coup de fouet, etc.  
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 7 577

animisme

Article portant sur les emplois corrects et abusifs de l’animisme.
En sociologie, l’animisme désigne une attitude (croyance, religion) selon laquelle les animaux, les choses et les phénomènes naturels ont une âme. Dans la langue française, l’animisme est une figure de style qui consiste à prêter à un être inanimé le comportement d’un humain. Le sujet du verbe est alors une chose plutôt qu’une personne : le rapport précise que le projet répond aux besoins Emplois abusifs L’animisme est considéré comme abusif dans les cas suivants : il va à l’encontre de la logique : Cet employé est atteint par la limite d’âge. il est contraire à la démarche naturelle du français : Les documents ont omis d’être signés par le directeur. il crée un effet cocasse non recherché : Le camion est revenu sur ses pas. Exemples fautifs et solutions Le tableau suivant comporte des exemples d’emplois abusifs de l’animisme suivis de solutions de rechange. Animisme : Exemples abusifs et solutions Évitez Employez Les programmes scolaires ont déjà une grande difficulté à être assimilés par les élèves. Les élèves ont déjà une grande difficulté à assimiler le programme scolaire. Les véhicules n’auront qu’à fournir une preuve d’inspection pour satisfaire aux exigences des États-Unis. Les conducteurs n’auront qu’à fournir une preuve d’inspection de leur véhicule pour satisfaire aux exigences des États-Unis. Un formulaire de recensement portant sur l’agriculture posait des questions sur le bétail et les terres cultivées. Un formulaire de recensement portant sur l’agriculture comportait des questions sur le bétail et les terres cultivées. Le projet semble vouloir répondre aux critères de financement établis par le comité. Le projet semble répondre aux critères de financement établis par le comité. Le programme remboursera aux employeurs la totalité des sommes versées. Le programme prévoit/permet le remboursement aux employeurs de la totalité des sommes versées. La Commission n’en croyait pas ses oreilles. Les membres de la Commission n’en croyaient pas leurs oreilles. Emplois corrects L’animisme n’est cependant pas toujours une faute. En français, on se sert correctement de l’animisme pour donner du relief à un texte littéraire, administratif ou technique, ou pour contrer l’abus du passif. Examinez la phrase suivante : La route fait des milliers de victimes chaque année. Elle permet d’éviter la tournure passive : Des milliers de personnes sont tuées chaque année dans des accidents de la route. Parfois, le nom utilisé est si généralement associé aux êtres humains que l’animisme est quasi inexistant et le message passe très bien : L’État prend en charge les réfugiés. Le gouvernement opte pour le libre-échange. Le Ministère s’indigne devant de tels abus. Le Conseil des résidences garde toujours à l’esprit le fait que… Autres exemples d’emploi correct La ville s’éveille. Le budget révisé ne tient pas compte de plusieurs milliards de crédit. Le rapport signale diverses anomalies. Le téflon est indifférent aux solvants. La route a fait des milliers de victimes. Ces projets montrent bien que…/répondent à… Le programme accorde beaucoup d’importance à… L’examen administratif détermine si la demande est bien remplie. Quant à l’examen technique, il se concentre sur le plan de travail; son but est de voir si le projet proposé risque de nuire à l’environnement. Le Petit Robert enregistre des mots nouveaux chaque année. Une erreur s’est glissée dans le journal. L’animisme est un procédé qui donne de la vie et du relief à un texte, s’il est employé de façon modérée.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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ellipse

Article sur l’ellipse, figure de style qui consiste à supprimer les mots superflus pour alléger la phrase.
L’ellipse est une figure de style qui consiste à supprimer les mots superflus; ce procédé permet d’alléger la phrase et de lui donner plus de vigueur, sans pour autant en changer le sens. Dans les cas d’ellipse, le rôle de la virgule est de signaler au lecteur – tout comme la pause le ferait à l’oral – que des mots sont sous-entendus : Louise porte une robe verte, Annie une robe noire. (ellipse du verbe porter) Je suis la reine du cassoulet et des ris de veau, et toi du tiramisu et de la crème brûlée! (ellipse de être la reine) Sa voix était calme et posée; ses gestes, d’une grande précision. (ellipse du verbe être) Quand les éléments sont courts, on peut se dispenser d’indiquer par une virgule les mots qui ne sont pas répétés : Dans nos immeubles modernes, l’air est insalubre et l’espace restreint. Fonctions Économie de mots L’ellipse permet de faire une économie de mots en gardant seulement ceux qui portent le sens le plus fort. L’effet est alors plus senti et la phrase plus dynamique. L’ellipse est particulièrement utile dans les textes journalistiques et publicitaires : Les philosophes parlent à l’âme, les scientifiques à la tête. (En faisant l’ellipse du verbe parler, on attire l’attention sur le sens, soit la comparaison entre les philosophes et les scientifiques.) Du yogourt? Tous les jours! (ellipse publicitaire) Pour donner du rythme Bien des auteurs utilisent l’ellipse pour accélérer le récit. Elle permet de rapprocher les éléments importants et de rythmer la phrase. Elle sert aussi à créer des images grâce à l’apposition de mots descriptifs : Il m’a révélé que le plus important est d’aimer, le moins, de posséder. Tous les lundis, Victor mange de la truite, Charlie du saumon et Jules de la pieuvre. Il fallait humer le parfum des roses dans le jardin, du muguet dans la chambre, du basilic dans la cuisine. Néologismes L’ellipse sert également à créer de nouveaux mots. Avec l’usage, des expressions formées de deux mots perdent un de ces mots, celui qui reste gardant à lui seul le sens de l’expression initiale : téléphone portable et téléphone cellulaire, devenus portable et cellulaire On remarque ici que des adjectifs sont devenus, par ellipse, des noms. Ce procédé est fréquent; on le voit aussi dans l’expression : poule pondeuse devenue pondeuse Langue des nouveaux médias On utilise souvent l’ellipse sans même s’en rendre compte. Par exemple, quand on rédige des textos à l’aide d’un cellulaire, on fait des ellipses pour avoir à taper le moins de mots possible : Au café à 10 h 30. (au lieu d’écrire : On se rencontre au café à 10 h 30.) Entente signée. Client satisfait. Serai au bureau dans 15. L’ellipse est une figure de style très utile. On doit cependant se rappeler qu’à trop vouloir enlever de mots, on risque de sacrifier la clarté. On doit toujours s’assurer que le lecteur aura suffisamment d’éléments dans le contexte pour bien comprendre le message.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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car en effet

Article portant sur l’expression car en effet.
L’expression car en effet est un pléonasme qu’il vaut mieux éviter. L’enquête a été bâclée, car les policiers n’ont pas relevé toutes les empreintes. (et non : car en effet les policiers n’ont pas…) Exceptionnellement, l’expression est permise quand en effet signifie « réellement »; cela se rencontre surtout dans la langue littéraire : Car en effet il n’y a que deux états dans la vie : le célibat et le mariage. (Chateaubriand) En effet peut cependant s’employer seul dans le sens de car : Je n’aime pas beaucoup ses chansons; on dirait en effet qu’elles manquent d’originalité. (ou : Je n’aime pas beaucoup ses chansons car on dirait qu’elles manquent d’originalité.) Renseignements complémentaires Pour plus de renseignements, voir car et car (virgule).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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lorsque/puisque/quoique

Article portant sur l’élision et l’ellipse avec les mots lorsque, puisque et quoique.
Sur cette page Élision Divergence d’opinion de certains grammairiens Ellipse de l’auxiliaire être Renseignements complémentaires Les règles qui concernent l’élision des conjonctions lorsque, puisque et quoique et l’ellipse du verbe être qui les suit ne font pas l’unanimité. Élision L’élision est le retranchement d’une voyelle à la fin d’un mot devant la voyelle qui commence le mot suivant. Or, tous les ouvrages ne sont pas du même avis en ce qui concerne l’élision du e final de lorsque, puisque et quoique. Par souci de simplicité, on peut choisir de toujours faire l’élision, c’est-à-dire de mettre l’apostrophe devant un mot commençant par une voyelle ou un h muet : Lorsqu’en 1914… Puisqu’eux-mêmes… Quoiqu’issus de… Puisqu’hier j’ai déjà… Cette façon de faire est attestée. Divergence d’opinion de certains grammairiens Plusieurs grammairiens recommandent de faire l’élision seulement devant : il, ils / elle, elles on en un/une D’autres la permettent aussi avec les mots suivants : ainsi aucun, aucune avec enfin De plus, pour certains, l’élision de puisque est facultative devant tout autre mot commençant par une voyelle ou un h muet : Nous ne pouvons vous inviter à souper puisqu’actuellement (ou puisque actuellement), on fait des rénovations dans la cuisine. Selon eux, en théorie, on ne ferait l’élision dans aucun autre cas que ceux énumérés ci-dessus. Ellipse de l’auxiliaire être Il est préférable de ne pas faire l’ellipse de (c’est-à-dire de ne pas omettre) l’auxiliaire être après lorsque : Le pied de l’animal est très gros et semble noir lorsqu’il est contracté. (plutôt que : lorsque contracté) Cette ellipse se rencontre toutefois en littérature : Une cabane assez gentille, surtout l’été, lorsque environnée de fleurs et de poules. (G. Roy) Par contre, l’ellipse est admise après puisque : La minijupe, puisque trop courte, n’est pas permise dans notre école. Renseignements complémentaires Voir aussi élision.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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sandwich

Article sur le mot sandwich, son sens, son genre et des expressions spécialisées.
Sur cette page Genre et nombre Expressions spécialisées Expressions figées Exemples Renseignements complémentaires Un sandwich est un mets constitué de deux tranches de pain, grillées ou non, entre lesquelles on place ce que l’on veut : viande, fromage, légumes, condiments, beurre, etc. Pendant le cégep, j’ai mangé beaucoup de sandwichs au beurre d’arachides! Ce qu’on appelle BLT en anglais désigne un sandwich au bacon, à la laitue et aux tomates. En Belgique, un sandwich est un petit pain de forme allongée. Genre et nombre Le nom sandwich est masculin. Au pluriel, il prend un s final, mais la forme anglaise est aussi acceptée. un sandwich des sandwichs des sandwiches Expressions spécialisées Le nom sandwich est employé dans plusieurs domaines techniques : cours sandwich (éducation) génération sandwich (sociologie) irradiation en sandwich (médecine) panneau sandwich (matières plastiques) procédé sandwich (métallurgie) structure sandwich modèle (en) sandwich verre sandwich Expressions figées Enfin, on retrouve le mot sandwich dans quelques expressions figées. Elles sont de niveau familier : prendre quelqu’un en sandwich (attaquer une personne des deux côtés à la fois) prendre en sandwich être en sandwich être pris en sandwich (être coincé entre deux personnes ou deux choses) Exemples Tu es prise en sandwich entre ta famille et ton conjoint. Pour bien isoler une fenêtre, prendre en sandwich une couche d’air entre deux vitres. Renseignements complémentaires Voir : sandwich (homme-sandwich) sandwich (petits sandwichs) sandwicherie sandwicher
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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Pléonasme littéraire et pléonasme vicieux

Un article sur le pléonasme stylistique
Huguette Guay (L’Actualité terminologique, volume 15, numéro 1, 1982, page 5) L’Académie donne du pléonasme la définition suivante : « Figure par laquelle on redouble une expression pour la renforcer. » L’écrivain utilise parfois le pléonasme pour donner à l’idée une énergie qu’elle n’aurait pas au même degré. À la différence du pléonasme sémantique et du pléonasme syntaxique dont nous donnerons des exemples plus loin, le pléonasme stylistique est un tour tout à fait régulier, destiné à mettre en relief un élément de la phrase. Exemples :Il est bien fini, le bel été. Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu!La langue parlée use abondamment du pléonasme dit « d’insistance », lequel peut produire dans la langue littéraire un heureux effet de style. Il permet de projeter en tête de phrase ou de rejeter à la fin un mot important qu’on veut mettre en valeur en le reprenant ou en l’annonçant par un pronom. Exemples :Cette fleur, je l’ai cueillie pour toi. Je l’ai cueillie pour toi, cette fleur.Le pléonasme est utille lorsqu’il permet d’exciter plus fortement l’imagination du lecteur. Exemple :C’est à faire dresser les cheveux sur la tête.Cette formulation est certes pléonastique, mais l’image est plus violente que si l’on avait dit : C’est à faire dresser les cheveux. Le pléonasme est également utile lorsqu’il précise une idée, amplifie un terme ou compense l’affaibilissement de tel ou tel élément du langage. Exemple :La guerre est venue, fatale, inévitable.Ce qui est fatal n’est-il pas inévitable? Quand le pléonasme n’ajoute rien à la force ou à la grâce du discours, il est dit « vicieux ». On distingue, ainsi qu’il est mentionné plus haut, le pléonasme sémantique et le pléonnasme syntaxique. Pour éviter toute superfluité de mots, on doit :se garder d’employer dans la même phrase des adverbes de sens identique.Exemple :Il ne possède qu’un immeuble seulement.Se rappeler la valeur itérative de certains préfixes. Exemple :Une autre catastrophe s’est reproduite au même endroit.Éliminer les possessifs dans les propositions où le rapport de possession est déjà marqué par un autre terme. Exemple :Cette forêt, j’en connaissais tous ses recoins.Se rappeler que la préposition « de » est incluse dans le relatif « dont » et que la répétition superfétatoire d’une préposition constitue un pléonasme selon l’usage actuel. Exemples :C’est de lui dont je vous parle. Cela fut dit à d’autres qu’à lui.Sont également considérés comme des fautes de français les pléonasmes syntaxiques suivants :Car en effet, dans les cas où en effet perd son sens adverbial premier pour jouer le rôle d’un simple outil conjonctif introduisant une explication. Puis ensuite, répétant un même rapport de succession temporelle. Ne, associé à la conjonction sans que. L’emploi d’un pronom personnel exerçant la même fonction que le terme qu’il est chargé de représenter.Exemple :Des diverses formes de comique, le contraste en est la plus expressive.Il faut compter au nombre des pléonasmes fâcheux les expressions suivantes : allumer la lumière, achever complètement, ajouter en plus, collaborer ensemble, comparer entre eux, être contraint malgré soi, s’entraider mutuellement, marcher à pied, descendre en bas, monter en haut, prévoir d’avance, commencer d’abord, suffire simplement, passer en première priorité, répéter de nouveau, mitonner lentement, reculer en arrière, percuter violemment, traumatiser fortement, conférer ensemble, démissionner de ses fonctions, ne se borner qu’à; un gai luron, une brève allocution, un monopole exclusif, des dépenses somptuaires, une secousse sismique, un coup de théâtre imprévu, le but final d’une action, un missile téléguidé, un revolver à barillet, un mirage décevant, et bien d’autres encore. Certains adjectifs, qui sont par eux-mêmes des superlatifs, ne peuvent être précédés de le plus, car ils formeraient pléonasme avec cette locution. Ce sont : éternel, extrême, excellent, infime, minime, parfait, suprême, ultime, unique, etc. De même, les adjectifs qui sont par eux-mêmes des comparatifs ne peuvent être précédés de plus, que leur sens implique déjà. Tels sont : antérieur, extérieur, inférieur, intérieur, majeur, meilleur, mineur, postérieur et ultérieur. Certains mots qu’un long usage a associés constituent des pléonasmes qui ne sont plus sentis. Exemple :Il était son seul et unique enfant.Rappelons, en terminant, que la langue possède des procédés tout à fait corrects pour mettre en relief certains éléments de la phrase. Comme il est parfois malaisé d’établir une distinction précise entre le pléonasme grammatical et le pléonasme stylistique, on évitera de recourir au premier et utilisera avec discernement le second.Sources DUPRÉ, P., Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, 3 vol., Éditions de Trévise, Paris, 1972, 2716 p. THOMAS, A.V., Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse, Paris, 1971, 435 p. LÉONARD, L., Les voies de l’expression française, Savoir rédiger, Bordas, Paris, 1978, 461 p., (Livre d’étude). COURAULT, M., Manuel pratique de l’art d’écrire, Tome 1 : Les mots et les tours, Hachette, Paris, 1956, 169 p., (Classiques Hachette). PESEZ, Y. et F. RICHAUDEAU, Le savoir écrire moderne, Éditions Retz, Paris, 1980, 640 p. Les exemples sont cités textuellement des ouvrages mentionnés ci-dessus.
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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représentants diplomatiques (ambassadeur, haut-commissaire, etc.)

Article sur les noms de représentants diplomatiques, notamment ambassadeur, haut-commissaire, ministre, conseiller, premier secrétaire, attaché et consul.
Sur cette page Majuscule/minuscule Ambassadeur/haut-commissaire Formules à utiliser pour s’adresser aux ambassadeurs et aux hauts-commissaires Autres représentants diplomatiques Renseignements complémentaires Les titres de postes des représentants diplomatiques sont : l’ambassadeur et le haut-commissaire le ministre, ministre-conseiller et conseiller le premier, second et troisième secrétaire le consul général, consul et vice-consul Majuscule/minuscule La minuscule est de rigueur aux titres de postes, sauf si l’on s’adresse à la personne elle-même (dans les lettres par exemple) : M. Claude Laverdure, ambassadeur du Canada en France, vous souhaite la bienvenue sur le site de l’ambassade du Canada en France. Je vous prie d’agréer, Madame l’Ambassadrice, l’expression de mes respectueux hommages. Ambassadeur/haut-commissaire Les termes ambassadeur et haut-commissaire désignent le titre de l’agent le plus haut placé d’une ambassade, d’un haut-commissariat ou d’une mission permanente. À l’occasion, le terme ambassadeur est utilisé à des fins précises : ambassadeur au désarmement ambassadeur à l’environnement Le nom ambassadrice ne sert plus à désigner uniquement l’épouse d’un ambassadeur, mais aussi une femme qui a la charge d’une ambassade, qui représente un État auprès d’un autre État. On dit bien, dans ce cas : Madame l’Ambassadrice De plus, on écrit : l’ambassadeur du Canada en Autriche (et non : l’ambassadeur canadien en Autriche) Haut-commissaire, tout comme haut-commissariat, prend le trait d’union puisqu’il désigne une fonction bien définie. Il ne s’agit pas d’un terme général comme haut fonctionnaire. De plus, dans les noms composés avec l’adjectif haut, on met la marque du pluriel aux deux éléments : des hauts-commissaires des hauts-commissariats Au féminin, on peut employer : la haute-commissaire la haut-commissaire Formules à utiliser pour s’adresser aux ambassadeurs et aux hauts-commissaires Le tableau suivant présente les formules à utiliser quand on s’adresse aux ambassadeurs et aux hauts-commissaires de pays étrangers au Canada, que ce soit par écrit ou en personne. Formules à utiliser pour s’adresser aux ambassadeurs et aux hauts-commissaires Dignitaire Appel Salutation Conversation Son Excellence monsieur [prénom et nom] Ambassadeur de/Haut-Commissaire de -->[adresse] Monsieur l’Ambassadeur/le Haut Commissaire,   Je vous prie d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur/le Haut-Commissaire, l’expression de ma haute considération. Excellence Son Excellence madame [prénom et nom] Ambassadrice de/Haute-Commissaire de[adresse] Madame l’Ambassadeur/le Haut Commissaire, Je vous prie d’agréer, Madame l’Ambassadrice/la Haute-Commissaire, l’expression de mes respectueux hommages. Excellence Autres représentants diplomatiques Le ministre constitue le deuxième agent en importance d’une ambassade, d’un haut-commissariat ou d’une mission permanente, et ce poste n’est pourvu que dans les missions de très grande taille. Le ministre-conseiller et le conseiller sont respectivement les troisième et quatrième agents en importance. Les premier secrétaire, second secrétaire et troisième secrétaire sont au bas de l’échelle des postes diplomatiques. L’attaché exerce des fonctions spécialisées au sein d’une ambassade, d’un haut-commissariat ou d’une mission permanente telles que les liaisons militaires ou policières, les travaux administratifs et techniques ainsi que certaines fonctions liées à la sécurité. On trouve trois catégories de personnel dans les consulats, soit le consul général, le consul et le vice-consul. Renseignements complémentaires Voir ambassade, consulat, haut-commissariat, etc.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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Mots de tête : Vous avez dit animisme?

Un article sur l’animisme
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 1, 2003, page 21) Ah! Voici le poignard qui du sang de son maîtreS’est souillé lâchement. Il en rougit le traître!(Théophile de Viau, Pyrame et Thisbé, 1621) Un animisme, qu’est-ce que ça mange en hiver? m’aurait sans doute demandé mon père. Et ce ne sont pas les dictionnaires qui lui auraient été d’une grande utilité. Certes, ils nous apprennent que c’est « une attitude consistant à attribuer aux choses une âme analogue à l’âme humaine », ou une croyance religieuse en Afrique, etc. Mais on n’y trouve rien qui ait un rapport quelconque avec la langue. Il peut s’agir pourtant, comme vous le savez peut-être, d’une faute de langue. Le Vade-mecum linguistiqueNote de bas de page 1 du Bureau de la traduction, après avoir défini l’animisme comme « le fait de prêter à des choses le comportement de personnes », en donne quelques exemples, jugés acceptables (du genre « la rivière baigne plusieurs villes »). Mais il ajoute qu’on abuse souvent de ce procédé dans la langue de l’administration, et en fournit cinq exemples, dont ces deux-ci : « Cette réforme se propose… » et « Cette situation réclame une prompte attention ». À première vue, ces deux tournures sont irréprochables. Mais le Vade-mecum vous dira qu’il s’agit, dans le premier cas, d’une pensée consciente qu’on ne saurait appliquer à une chose, et que dans le second, la situation n’étant pas douée de la parole, il faudrait plutôt écrire « nécessite ». J’imagine que vous avez dû rencontrer des dizaines d’exemples de ce genre. On en trouve même dans les dictionnaires : « le socialisme se propose d’apporter une transformation radicale » (Trésor de la langue française), « la situation réclame des mesures d’exception » (Larousse bilingue), etc. Alors, pourquoi parler d’abus? Je me demande si cela n’aurait pas plutôt à voir avec notre phobie de l’anglais. C’est un fait que l’anglais « animise » (si je puis dire) plus volontiers que le français. Il suffit de comparer un texte anglais et sa traduction pour s’en rendre compte. Là où un rapport addresses an issue, il y a fort à parier que dans la traduction ce soient les auteurs du rapport qui se penchent surNote de bas de page 2 le problème. Mais l’animisme semble rencontrer un bien meilleur accueil en Hexagonie (je sais, je sais, l’anglomanie y fait des ravages). Pour vous donner une bonne idée de l’étendue de son emploi, je suis obligé de vous imposer une longue et fastidieuse liste d’exemples. Je m’en excuse d’avance. Aussi, pour ne pas vous effrayer, je vais commencer par des choses que vous auriez pu écrire vous-mêmes (si vous n’aviez pas senti l’œil d’un réviseur dans votre dos). Pas plus qu’Alphonse Karr, vous n’hésiteriez à écrire qu’un rapport, ou une décision, constate : « les rapports municipaux avaient constaté queNote de bas de page 3… »; « cette décision constate queNote de bas de page 4… ». On encore qu’un rapport parle ou déclare : « le rapport au Président parle des règlesNote de bas de page 5… » et « le second rapport déclareNote de bas de page 6… » Ou bien que des statistiques mentionnent : « les statistiques de l’INSEE ne mentionnent pas les vols avec agression – ». Ou encore qu’une fiche souligne : « cette fiche médico-technique souligne que des précautions similairesNote de bas de page 7… ». Définir ou énumérer ne devrait pas poser de problème non plus : « un accord global définit des mesures à court termeNote de bas de page 8 »; « un décret énumérera les matériels ou éléments de chaque catégorieNote de bas de page 9 »; « la troisième partie énumère les mesuresNote de bas de page 10 ». Passons à un niveau plus abstrait. Dans les textes de nature juridique, on voit souvent l’action de décider (dans le sens de « juger », « trancher ») associée à une chose. À un point de vue, par exemple : « ce premier point de vue ne décide pas la questionNote de bas de page 11 ». Les textes ont aussi cette faculté : « une loi qui décidait que les députés resteraient sept ans en fonctionNote de bas de page 12 »; « la Convention de Lausanne décida l’échange de 400 000 musulmans de Grèce contre 1 300 000 chrétiens de TurquieNote de bas de page 13 ». Après ça, on ne s’étonne pas qu’une conférence en fasse autant : « la conférence de la paix décide de constituer chacune des provincesNote de bas de page 14 ». Ou qu’une charte prononce : « sur l’organisation desquelles la charte n’a pas prononcéNote de bas de page 15; ». Toujours dans le même domaine, le verbe organiser est couramment employé à propos de textes de loi : « la convention organise un système originalNote de bas de page 16 »; « une loi de 1957 et des textes postérieurs ont organisé la protection des travailleurs handicapésNote de bas de page 17 »; « les physiocrates auraient désiré que la Constitution organisât rationnellement l’exploitation des terresNote de bas de page 18 ». L’exemple suivant du Code administratif va dans le même sens : « les schémas directeurs orientent et coordonnent les programmes de l’ÉtatNote de bas de page 19 ». Vous conviendrez que ces exemples n’ont rien de bien choquant. Mais avec ceux qui suivent, on pourrait dire qu’on monte d’un cran dans l’échelle de l’animisme. Voici que des exemples suggèrent : « Plusieurs exemples ont déjà suggéré queNote de bas de page 20… ». Que les placards expliquent : « il est, expliquent les placards, l’auteur des guerres napoléoniennesNote de bas de page 21 ». Que les affiches recommandent : « les affiches recommandent le calme à la populationNote de bas de page 22 ». Et qu’une déclaration estime : « la déclaration estime en conséquenceNote de bas de page 23… ». Ou que des études apprécient : « les études d’impact devraient apprécier les incidences sur l’environnementNote de bas de page 24 ». Et si nous montions encore d’un cran? Ici, aucune action humaine n’est étrangère à ces êtres dits inanimés. Comme croire et espérer : « ces textes qui croient installer une paix éternelleNote de bas de page 25… »; « cet ouvrage espère avoir suscitéNote de bas de page 26… » (bien sûr, c’est l’auteur qui espère, mais c’est une sorte de métonymie, non?, l’ouvrage étant pris pour l’auteur). Après ces deux verbes, envisager fait figure de parent pauvre : « le programme d’épuration envisage la déparachutisation de l’arméeNote de bas de page 27 »; « le troisième [paragraphe] envisagera les idées les plus généralesNote de bas de page 28 ». Mais il ne suffit pas d’envisager, il faut savoir tenter : « le paragraphe deuxième tentera de décrire les principes de ces contraintesNote de bas de page 29  ». À défaut de tenter soi-même, on peut encourager : « ces deux théories encouragent la doctrine et la jurisprudence à rechercher des solutions convenablesNote de bas de page 30  ». Pour ensuite exiger : « les conditions d’admissibilité à l’agrément exigentNote de bas de page 31… ». Et pour finir par insister : « le document insiste sur le fait queNote de bas de page 32… »; « [ces normes] insistent sur la définitionNote de bas de page 33… ». On aura rarement vu des normes aussi polyvalentes : « ces normes prennent en compteNote de bas de page 34 l’aménagementNote de bas de page 35 »; « des normes juridiques chargées de répondre aux besoins collectifsNote de bas de page 36 » (de l’auteur du Style administratif). On dit que les Québécois ont un faible pour les pronominaux, mais les Français ne donnent pas leur place. Quand ce ne sont pas les pancartes qui s’obstinent : « au-dessus de l’ancienne cahute, une pancarte s’obstine à parler du bonheurNote de bas de page 37  », ce sont des lois qui s’évertuent : « les lois sur la bioéthique se sont évertuées à n’accepter le recours aux technologies de l’insémination artificielleNote de bas de page 38… ». Ou la Constitution qui s’efforce : « la Constitution du 24 juin 1793 s’est efforcée de traduire les aspirations profondes du peuple françaisNote de bas de page 39  ». On comprend mieux qu’une tendance puisse le faire : « une tendance proprement réformiste s’efforçant de montrerNote de bas de page 40… ». Un économiste va même jusqu’à attribuer cette faculté aux parties d’un ouvrage : « tels sont les problèmes que notre troisième partie s’efforcera de poserNote de bas de page 41 ». Encore quelques pronominaux, si vous le voulez bien. Une traduction : « la résolution du Conseil se contente de menacer l’IrakNote de bas de page 42 ». Un spécialiste de la traduction n’hésite pas à écrire : « les Instructions officielles se montrent conscientes du dangerNote de bas de page 43 ». Et voici que revient le « cliché » déconseillé par Hanse et Godiveau : « cet ouvrage se penche sur les autres langues parlées en FranceNote de bas de page 44 ». J’ai réservé pour la fin quelques exemples que je qualifierais de cas limites. Un bon journaliste : « la plate-forme de l’opposition tire la sonnette d’alarmeNote de bas de page 45  »! Un académicien du 19e siècle, Alexis de Tocqueville : « de nouvelles alarmes y virent mettre sur pied la garde nationaleNote de bas de page 46 ». Un exemple presque farfelu : « le champion olympique français Pierre Durand accuse le milieu du cheval d’avoir toujours fermé les yeuxNote de bas de page 47 » (il suffit pourtant de remplacer « milieu » par « monde », et l’animisme passe). Et je termine comme j’ai commencé, avec Alphonse Karr : « le second projet [de construction] se mit en campagne de son côté et revint avec un nombre égal d’acquiescementsNote de bas de page 48 ». On n’oserait plus écrire ainsi. Par crainte du ridicule. Mais au temps de Théophile de Viau, son fameux vers – il faut savoir que Pyrame et Thisbé est une tragédie – ne faisait probablement pas rire les spectateurs. Autres temps… Après tous ces exemples, hésiteriez-vous encore à écrire « qu’une demande a obtenu satisfaction » (autre animisme jugé inacceptable par le Vade-mecum)? Dans un article du Monde diplomatique (octobre 2000), j’ai rencontré deux fois la même tournure : « près de 100 % des 100 000 demandes koweïtiennes ont obtenu satisfaction ». Si j’osais formuler une règle, je dirais que tant qu’un animisme n’a rien de ridicule ni de choquant, il n’y a pas lieu de s’en priver. C’est d’ailleurs un procédé que je trouve utile, notamment pour donner de la couleur ou de la vie au texte. Ou encore – considération plus terre à terre –, pour faire des économies d’espace. Dans un rapport, par exemple, s’il faut éviter des tournures comme « le rapport examine », « le chapitre passe en revue », etc., et écrire chaque fois « l’auteur du rapport examine », « dans ce chapitre, l’on passe en revue », ça commence à faire un peu long, et même un peu lourd. Alors, vivement l’animisme! Mais moderato.RéférencesNote de bas de page 1 Vade-mecum linguistique, Bureau des traductions, Ottawa, Secrétariat d’État, 1985, p. 61-62.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Pour Joseph Hanse (Nouveau dictionnaire des difficultés de la langue française) et Roland Godiveau (1000 difficultés courantes du français parlé), se pencher sur est un « tic de langage » dont il ne faut pas abuser.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Alphonse Karr, Les guêpes, vol. 1, Paris, Lévy Frères, 1858, p. 138.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Eugène Pouillet, Traité des brevets d’invention, Paris, Marchal et Billard, 1899, p. 184.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Roger Errera, Les libertés à l’abandon, Seuil, coll. Politique, 1968, p. 154.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Ibid., p. 27.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Catherine Vincent, Le Monde, 27.11.91.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Denis Hautin-Guiraut, Le Monde, 19.05.92.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Code administratif, Paris, Dalloz, 1969, p. 8. (Décret-loi de 1939.)Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Cinquième plan de développement économique et social 1966-1970, tome II (Annexes), Paris, Journaux officiels, p. 69.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Mirabeau, Discours, Folio, 1973, p. 243. (Discours prononcé le 25 août 1790.)Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Jacques Godechot, Constitutions de la France depuis 1789, Garnier-Flammarion, 1979, p. 73.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 François Nourissier, L’homme humilié, Paris, Éditions Spes, 1950, p. 37.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Grand Larousse universel, tome 11, 1991, p. 7756.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Étienne de Jouy, L’hermite en province, Paris, Pillet aîné, 1819, p. 185.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Roger Errera, op. cit., p. 177.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 Grand Larousse encyclopédique, 2esuppl., 1975, article « handicapé ».Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 Jacques Godechot, op. cit., p. 21.Retour à la référence de la note de bas de page 18Note de bas de page 19 Code administratif, p. 902. (Loi de 1957.)Retour à la référence de la note de bas de page 19Note de bas de page 20 Jean Dufournet, préface à Aucassin et Nicolette, Garnier-Flammarion, 1973, p. 19.Retour à la référence de la note de bas de page 20Note de bas de page 21 Bertrand de Jouvenel, La dernière année, Paris, La Diffusion du Livre, 1946, p. 16.Retour à la référence de la note de bas de page 21Note de bas de page 22 Ibid., p. 34.Retour à la référence de la note de bas de page 22Note de bas de page 23 Jacques Decornoy, sélection hebdomadaire du Monde, 08-14.9.83.Retour à la référence de la note de bas de page 23Note de bas de page 24 Gérard Bramoullé, La peste verte, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 189.Retour à la référence de la note de bas de page 24Note de bas de page 25 Philippe Boucher, Le Monde, 16.02.91.Retour à la référence de la note de bas de page 25Note de bas de page 26 Youssef Sedik, traducteur du Coran, cité par Catherine Bédarida, Le Monde, 02.10.02.Retour à la référence de la note de bas de page 26Note de bas de page 27 Jacques Perret, Le vilain temps, Paris, Éditions du Fuseau, 1964, p. 69.Retour à la référence de la note de bas de page 27Note de bas de page 28 Jean Fourastié, Essais de morale prospective, Paris, Denoël/Gonthier, 1966, p. 12.Retour à la référence de la note de bas de page 28Note de bas de page 29 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 29Note de bas de page 30 Jean Veil, introduction au Code civil, Garnier-Flammarion, 1986, p. 9.Retour à la référence de la note de bas de page 30Note de bas de page 31 Livres de France, 25.09.79, p. 120.Retour à la référence de la note de bas de page 31Note de bas de page 32 Jacques Decornoy, ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 32Note de bas de page 33 Catherine Vincent, ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 33Note de bas de page 34 Le Colpron considère que prendre en compte est un anglicisme…Retour à la référence de la note de bas de page 34Note de bas de page 35 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 35Note de bas de page 36 Robert Catherine et Guy Thuillier, Conscience et pouvoir, Éditions Montchrestien, 1974, p. 11.Retour à la référence de la note de bas de page 36Note de bas de page 37 Daniel Rondeau, L’enthousiasme, Paris, Quai Voltaire, 1988, p. 138.Retour à la référence de la note de bas de page 37Note de bas de page 38 Didier Eribon, Le Nouvel Observateur, 28.10-03.11.99.Retour à la référence de la note de bas de page 38Note de bas de page 39 Jacques Godechot, op. cit., p. 73.Retour à la référence de la note de bas de page 39Note de bas de page 40 Colette Audry, Léon Blum, Paris, Denoël/Gonthier, 1970, p. 73.Retour à la référence de la note de bas de page 40Note de bas de page 41 Jean Fourastié, op. cit., p. 80. (Voir aussi p. 83.)Retour à la référence de la note de bas de page 41Note de bas de page 42 Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille, Agone, 2001, p. 74. (Traduit par Frédéric Cotton.)Retour à la référence de la note de bas de page 42Note de bas de page 43 J.-R. Ladmiral, Traduire : théorèmes pour la traduction, Petite Bibliothèque Payot, 1979, p. 49.Retour à la référence de la note de bas de page 43Note de bas de page 44 Philippe Cusin, Le Figaro littéraire, 16.01.97.Retour à la référence de la note de bas de page 44Note de bas de page 45 Pierre Drouin, Le Monde, 28.02.86.Retour à la référence de la note de bas de page 45Note de bas de page 46 Alexis de Tocqueville, Souvenirs, Folio, 1978, p. 206. (Texte de 1850.)Retour à la référence de la note de bas de page 46Note de bas de page 47 Nathaniel Herzberg, Le Monde, 01.08.90.Retour à la référence de la note de bas de page 47Note de bas de page 48 Alphonse Karr, op. cit., p. 137.Retour à la référence de la note de bas de page 48
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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