Je suis Montréalaise d’origine. J’ai également habité plusieurs villes de l’Estrie. Bref, je suis une citadine qui a adopté la vie en Moyenne-Côte-Nord. S’expatrier ainsi, même dans sa propre province, implique parfois la découverte d’une nouvelle faune et l’apprentissage de régionalismes.
Voici comment j’ai ajouté des mots à mon vocabulaire tout en me familiarisant avec un oiseau que je ne connaissais pas. Cela s’est passé lors de ma toute première croisière dans l’archipel de Mingan :
- Bonjour Madame, j’aimerais faire la croisière qui va à l’île aux Perroquets.
- D’accord, nous avons un départ à 13 h.
- C’est fantastique! Je le prends. J’ai très hâte. Je ne pensais pas qu’il y avait des perroquets au Québec!La dame sourit, amusée.
- Désolée. Il n’y a pas de perroquets. Ce sont des petits calculots. Ils nichent sur l’île. C’est parce qu’ils ressemblent à des perroquets qu’on appelle l’île comme ça.
Plus tard, sur le bateau…
- Mesdames et Messieurs, nous arrivons à l’île aux Perroquets! En prenant le sentier vers la droite, vous verrez le site de nidification des macareux.
- Hein! Des macareux? Je pensais voir des calculots.Le capitaine sourit gentiment.
- C’est le même oiseau. Nous, on les appelle « calculots ». Mais le vrai nom est « macareux moine ».
Quelle est la réponse à la question dans le titre? Eh bien, c’est le même oiseau! Il porte trois noms : macareux moine, calculot et perroquet de mer.
Le terme officiel est « macareux moine ». En anglais, il se nomme Atlantic puffin. Voici ses renseignements de classification scientifiqueNote de bas de page 1 :
Nom scientifique : Fratercula arctica
Phylum : chordés
Classe : oiseaux
Ordre : charadriiformes
Famille : alcidés (vrais pingouins)
Une biologiste de Parcs Canada m’a expliqué que le qualificatif « moine » fait allusion à la manière de marcher du macareux. En effet, le macareux moine est un peu maladroit sur terre. Quand il marche, il fait un mouvement de va-et-vient avec tout son corps et penche un peu sa tête vers le sol. C’est comme si l’oiseau récitait un chapelet en marchant à la manière des moines d’autrefois.
Les deux autres termes sont des régionalismes de la Minganie, sur la Côte-Nord, au Québec.
L’expression « perroquet de mer » semble avoir disparu de la langue locale. Les seules fois où je l’ai entendue, c’était pour désigner l’île près de Longue-Pointe-de-Mingan. C’est la dame du kiosque touristique qui m’a dit que le bec du macareux moine rappelle celui du perroquet. C’est donc à cause de son bec qu’on l’appelle « perroquet de mer ». Personnellement, le bec coloré de cet oiseau me fait plutôt penser à celui d’un toucan.
Qu’en est-il de « calculot »? D’où provient ce surnom? Une guide de Parcs Canada originaire de la région m’a affirmé que le mot fait allusion à la manière de marcher du macareux moine. C’est comme si l’oiseau comptait ses pas ou des objets au sol : il calcule… calculot.
Je suis toujours impressionnée quand je constate que le nom qui désigne un animal, une plante ou un lieu est tiré d’une analogie ou d’une métaphore. Cela donne toujours des noms descriptifs, originaux, parfois amusants.
Vous est-il arrivé d’acquérir du vocabulaire régional en visitant une région du Canada? Racontez-le-nous dans la section des commentaires!