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Résultats 41 à 44 de 44 (page 5 de 5)

un (comme pas un)

Article sur l’expression comme pas un.
L’expression comme pas un appartient à la langue familière. On emploie plutôt : mieux que personne mieux que quiconque plus que quiconque Exemples Nous vivons quotidiennement avec nos chiens; nous les connaissons mieux que quiconque. Les Chinois savent aujourd’hui mieux que personne construire des chemins de fer rapides.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 987

Réformer sans défigurer

Un article sur le livre de François de Closets, Zéro faute – L’orthographe, une passion française, paru en 2009 aux Éditions Mille et une nuits
André Senécal (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 1, 2010, page 21)L’auteur nous présente une recension du livre de François de Closets, Zéro faute – L’orthographe, une passion française, paru en 2009 aux Éditions Mille et une nuits.On ne compte plus les livres sur l’orthographe ou sa réforme. Écrivains et grammairiens se sont succédé, qui pour célébrer, qui pour condamner cette orthographe considérée comme la plus difficile à apprendre. Aussi sommes-nous un peu méfiants de voir un journaliste scientifique n’appartenant pas au sérail naturel des « brillants causeurs » venir nous donner son opinion sur la question. D’entrée de jeu, François de Closets nous avoue que l’orthographe a toujours été sa bête noire. Force est de constater qu’après plus de vingt livres à son actif, les choses semblent s’être tassées. Du même souffle, il nous prévient qu’il préconise une réforme générale de l’orthographe et nous convie ni plus ni moins à la tumultueuse mais néanmoins passionnante histoire de l’orthographe française pour prouver son point de vue. Et de fait, appliquant un raisonnement cartésien implacable qui n’est pas étranger à sa fonction de journaliste scientifique, Closets nous présente les aberrations de notre orthographe dans une démarche historique fort instructive, stimulée par un style des plus alerte. S’il flirte dangereusement avec la notion de « logique » appliquée à la langue, ses démonstrations sont malgré tout fort convaincantes, surtout lorsqu’une bizarrerie lexicale demeure sans justification. La réforme cherche à mettre fin aux aberrations de l’orthographe pour en faciliter l’apprentissage. Certaines réformes ne semblent pas poser problème. Par exemple, en français, la règle prescrit qu’une voyelle surmontée d’un tréma se prononce séparément plutôt que de changer de son en se combinant à une autre voyelle, ce qu’on peut vérifier dans la paire de mots froide/humanoïde. Cependant, dans le féminin des adjectifs terminés par -gu, le tréma surmonte le -e marquant le féminin, mais c’est la voyelle précédente qui se prononce (aiguë, contiguë, exiguë, ambiguë). Une réforme de l’orthographe ramenant le tréma sur la voyelle réellement prononcée ne cassera pas trois pattes à un canard. Mais notre érudit journaliste ne s’en tient pas là : sans prôner ouvertement la phonétisation de l’écriture, il préconise, entre autres, la disparition des vestiges étymologiques des mots (par exemple ph et th venant du grec), sous prétexte que les consonnes qui ne se prononcent pas devraient être éliminées. Il part du principe que si cette déformation de l’orthographe n’oblitère pas le sens, elle n’aura aucun effet sur l’usage. Pourtant, il peut arriver qu’on puisse comprendre le sens d’un mot aperçu pour la première fois si, le cas échéant, il est possible de remonter à ses racines grecques ou latines. Réformer cette particularité pourrait en amener plus d’un à déchirer sa chemise en public. Qu’on soit pour ou contre une réforme généralisée de l’orthographe, les arguments de Closets sont sérieux et difficilement contestables d’un point de vue purement « logique ». Ne serait-ce que le mot même d’« orthographe », qui devrait s’écrire « orthographie », sur le modèle de géographie, photographie ou calligraphie. Est-ce que vous « orthographez » ou orthographiez? Incontestable, vous dis-je. Mais voilà! L’orthographe est une passion française qui a été sacralisée par une élite pour être transmise selon les canons de la rectitude langagière. Pourtant, après l’ordonnance (Closets parle de l’édit…) de Villers-Cotterêts, en 1539, qui établit le français comme langue officielle en France, une effervescence de réformes de l’orthographe se succèdent entre 1650 et 1835 selon les humeurs de l’usage. Ce n’est que vers le milieu du XIXe siècle que s’est figée l’orthographe telle qu’on la connaît aujourd’hui. Les écrivains tiennent le haut du pavé, et l’on s’en remet à leur jugement « éclairé » sur la question. Closets de constater : « Ce n’est pas le savoir, mais la notoriété qui confirme l’autorité. » La dictée devient la voie royale de l’apprentissage de l’orthographe. On excuse quelqu’un de ne pas avoir la « bosse des maths », mais on couvre d’opprobre celui qui ne parvient pas à maîtriser l’orthographe. La honte le guette, si ce n’est la culpabilité caractéristique de la morale judéo-chrétienne. D’ailleurs, ne commet-on pas une « faute » d’orthographe plutôt qu’une erreur? L’orthographe française est une des plus difficiles à maîtriser tant les exceptions (pas toujours justifiées…) sont nombreuses. Il y a d’un côté ceux qui ne veulent absolument pas que l’orthographe subisse l’outrage de quelque réforme que ce soit, de l’autre, ceux qui veulent phonétiser au point d’aligner l’orthographe française sur l’espagnole. Au milieu se trouvent ceux qui proposent une réforme raisonnable et limitée des aberrations les plus criantes. Parmi eux, les linguistes, dont on n’avait jamais sollicité l’avis jusqu’à présent, les écrivains occupant tout le terrain. Par ailleurs, si Maurice Druon vouait aux gémonies toute réforme de l’orthographe, le général de Gaulle, une lame plus que fine dans la maîtrise de la langue française, favorisait discrètement une « rectification ». La dernière réforme de l’orthographe a été publiée au Journal officiel de la République française en 1990. Elle touche plus de 2000 mots et se présente sous la forme de recommandations non obligatoires. À ce jour, plus de 60 % d’entre elles sont passées dans l’usage. François de Closets aborde aussi la « menace » que représenteraient les SMS, ces minimessages d’écrans d’appareils mobiles (téléphones cellulaires, par exemple), pour la dégradation de l’orthographe. Selon lui, il n’y a pas péril en la demeure, car ces minimessages servent à transmettre une parole à la volée et non un texte à proprement parler, des contraintes d’espace et de tarif expliquant cette façon d’écrire. D’ailleurs, les auteurs de ces messages reprennent une orthographe plus conforme aux règles lorsqu’ils rédigent normalement un texte. Au vu des nombreuses références et des personnages historiques et politiques cités, un index aurait été très utile. Closets nous présente de façon captivante les péripéties de l’orthographe française tout en prêchant pour sa paroisse. Mais il reconnaît, comme François Mitterrand, qu’il faut « donner du temps au temps ». Enfin, l’auteur conclut en nous invitant à « aimer notre langue comme il convient : avec passion pour le français, avec raison pour l’orthographe ».
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
Nombre de consultations : 942

suicide (en apposition)

Article sur l’emploi du trait d’union et l’accord en nombre dans les noms composés avec suicide.
En règle générale, on a le choix de mettre un trait d’union ou pas dans les noms composés avec suicide : un attentat-suicide un attentat suicide Au pluriel, le s final est facultatif au mot suicide, mais la tendance moderne est d’en mettre un : des attentats suicides (privilégié)/des attentats suicide des missions suicides (privilégié)/des missions suicide Exemple La multiplication des attentats suicides en Irak même, mais aussi en Arabie Saoudite et en Turquie le montre. (Nouvel Observateur, 2003) Avion-suicide Dans le cas du nom avion-suicide, les ouvrages s’entendent pour y mettre un trait d’union. Au pluriel, on écrit : des avions-suicides Renseignements complémentaires Voir l’article De la graphie d’« attentat suicide » de Fanny Vittecoq dans L’Actualité langagière (repris dans les Chroniques de langue), vol. 2, nº 1 (2005).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 887

De la graphie du mot professionnèle

Un article sur le terme professionnèle proposé pour englober le masculin et le féminin.
(L’Actualité terminologique, volume 32, numéro 2, 1999, page 16) La présence de plus en plus marquée des femmes dans toutes les sphères de l’activité humaine est un fait de société avec lequel il faut désormais compter et qui soulève la question de la féminisation des textes et des titres de fonctions. Au sein même de la fonction publique fédérale, l’avènement de la Norme générale de classification a donné lieu à la féminisation de tous les titres de postes (voir à ce sujet l’entrevue avec M. Pierrot Lambert publiée dans le numéro 31,3 de L’Actualité terminologique). La féminisation, on le sait, est la source de nombreux débats. Songeons seulement à la polémique, largement médiatisée de part et d’autre de l’Atlantique, qu’a suscitée il n’y a pas si longtemps le vocable madame la ministre. Plus près de nous, la décision d’une composante de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) d’opter pour l’appellation Fédération des professionnèles (professionnèles englobant le masculin et le féminin) a également fait couler beaucoup d’encre au Québec ces derniers mois. Cette « audace linguistique », il va sans dire, ne reçoit pas l’assentiment général. L’Actualité terminologique vous présente le point de vue divergent de deux spécialistes : celui de Marie-Éva de Villers, directrice de la qualité de la communication à l’École des HEC, auteure du Multidictionnaire de la langue française et de La Grammaire en tableaux, et celui de Céline Labrosse, linguiste-chercheure au Centre de recherche et d’enseignement sur les femmes de l’Université McGill. Les articles que nous vous proposons sont reproduits avec l’aimable autorisation de La Presse.Un manque de respect Marie-Éva de VillersFaisant fi de l’opposition des membres du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ) qui lui est affilié, une fédération de la CSN vient d’adopter une désignation saugrenue, la Fédération des professionnèles. Dans son éditorial du 8 décembre, Pierre Gravel a dénoncé à juste titre ce néologisme douteux qui dénote un manque de respect et beaucoup de désinvolture aussi bien à l’égard des membres de la Fédération et particulièrement des professeurs de l’UQAM qui se sont clairement prononcés contre ce choix que de l’ensemble de la population. Dans un avis que m’a demandé le SPUQ afin d’étayer son opposition à l’adoption du nom professionnèle, voici ce que j’écrivais le 14 septembre 1998 : « On peut se demander s’il est opportun qu’une fédération de syndicats prenne l’initiative de créer un tel néologisme, à la forme très audacieuse de surcroît, pour ses besoins propres. Il est permis d’en douter et de craindre que cette décision soit très controversée, aussi bien auprès des membres du syndicat que de la population. Ce choix risqué pourrait nuire à la cause de la désexisation des textes. […] L’innovation préconisée à titre de dénomination, soit le mot professionnèle, est de nature à heurter la conscience linguistique des Québécois, même si ceux-ci se sont révélés particulièrement réceptifs en matière de féminisation des titres et d’adoption de néologismes. » Afin d’alléger son nom, la Fédération était à la recherche d’une appellation épicène. Fort bien, on ne peut que l’en féliciter. Le titre épicène est en effet économique, car il peut servir aussi bien de titre féminin que de titre masculin (ex. : un ou une architecte) et permet d’éviter le dédoublement – toujours très lourd – et la troncation, fastidieuse autant que déconseillée (ex. : salarié-e-s). J’avais alors proposé les désignations de spécialiste ou le néologisme membre de professions intellectuelles dont les formes sont épicènes. La désignation de la Fédération aurait pu se lire ainsi : « Fédération des membres de profession intellectuelle du Québec » ou encore « Fédération des spécialistes du Québec ». La Fédération aurait pu profiter de l’occasion pour corriger son nom en se débarrassant d’un anglicisme, le terme professionnel, pour désigner un membre d’une profession libérale et, par extension, d’une profession intellectuelle. Dans un avis de recommandation publié à la Gazette officielle du Québec, le 28 avril 1990, l’Office de la langue française souligne que « le terme professionnel utilisé pour désigner une personne dont les études supérieures lui permettent d’exercer, pour son propre compte ou pour le compte d’autrui, une activité à caractère intellectuel ou technique est un anglicisme. […] On doit lui préférer le terme spécialiste. » Dans sa réplique à l’éditorial de M. Gravel, publiée le 14 décembre dans La Presse, Michel Tremblay, président de la nouvelle Fédération des professionnèles – CSN, semble indiquer que le choix du nom professionnèle permet d’éviter un anglicisme. La modification fantaisiste de l’orthographe d’un mot n’en fait pas une forme lexicale française. […] Selon son président, la Fédération de la CSN se dit fière d’avoir innové en adoptant cette désignation avant-gardiste. Si l’on suit cette logique, nous pourrions assister bientôt à la création généralisée de formes épicènes pour tous les titres qui ont le tort de comporter des formes différentes au masculin et au féminin. Comme les noms de métiers ou de fonctions ont très majoritairement des formes distinctes selon le genre, la quasi-totalité des désignations serait à revoir! La Presse, 19 décembre 1998 Le mot « professionnèle » va à contre-courant de la « grammatocratie »Céline Labrosse Le précédent créé par l’innovation « professionnèles » appelle quelques éclaircissements qui répondront, je l’espère, aux interrogations soulevées récemment en ces pages (Pierre Gravel, 8 décembre; Marie-Éva de Villers, 19 décembre), autant en ce qui a trait à l’aspect linguistique de la question qu’à la légitimité de membres d’une fédération de syndicats d’innover dans leur dénomination. Le président de la Fédération des professionnèles – CSN, Michel Tremblay, a rappelé le cheminement qu’a suivi la dénomination de cette fédération depuis sa création en 1964 (La Presse, 14 décembre 1998) et les multiples alternatives qui ont été envisagées au fil des ans pour substituer à la Fédération des professionnelles et professionnels salarié-e-s et des cadres du Québec (FPPSCQ) une appellation plus représentative de la composition variée de ses membres. Avant d’adopter leur nouvelle dénomination, les membres de la FPPSCQ ont pris connaissance de l’avis de l’Office de la langue française (OLF) mentionnant que le terme professionnel, professionnelle, dans l’une des acceptions en usage à la FPPSCQ, est un anglicisme. Or, daté du 28 avril 1990, cet avis apparaît aujourd’hui désuet; l’expansion qu’a suivie ce mot au cours des dernières années en fait la preuve. En effet, le nom professionnel, professionnelle, maintenant généralisé dans la fonction publique québécoise, a aussi fait son entrée dans la littérature francophone européenne. En outre, le Multidictionnaire des difficultés de la langue française, qui attribuait la marque « anglicisme », en 1988, au sens de « personne qui exerce une profession libérale », a fait disparaître cette réserve dans ses éditions subséquentes (1992, 1997). « Une professionnelle de la comptabilité » est devenu un énoncé tout à fait « français ». On s’étonnera donc de ce que l’auteure de ce multidictionnaire, Marie-Éva de Villers, dans l’avis qu’elle a remis à la FPPSCQ, condamne professionnel, professionnelle comme étant un anglicisme… alors que ce n’en est plus un dans son propre ouvrage! Ses suggestions d’appellations « plus françaises » (Fédération des spécialistes, Fédération des travailleuses et des travailleurs intellectuels et Fédération des membres de profession intellectuelle) n’ont par ailleurs retenu l’attention d’aucun des syndicats. C’est alors que la FPPSCQ a opté pour la voie de l’innovation langagière, en tenant compte des tendances en français moderne. La convergence vers des formes communes en genre pour certains types de finales est sans doute la plus marquante d’entre elles. Ainsi, les noms féminins en -esse (jugesse, capitainesse, poétesse, etc.), pourtant réguliers aux siècles antérieurs, sont-ils devenus peu à peu juge, capitaine, poète. C’est aujourd’hui le déterminant qui indique s’il s’agit d’une ou un juge, d’une ou un poète, etc. De la même façon, une multitude d’adjectifs homophones qui se dédoublaient en genre auparavant (unic, unique; perplex, perplexe; sal, salle; fix, fixe; sublim, sublime; etc.) ont-ils emprunté une forme commune au fil du temps : unique, perplexe, sale, fixe, sublime. Quelle simplification! Dans cette perspective, un procédé similaire pouvait être mis en œuvre afin que les homophones professionnelle, professionnel puissent à leur tour emprunter une forme commune, à l’instar d’ailleurs de plus de 35 % des noms français. Voilà qu’était créé un, une professionnèle sur le modèle de un, une fidèle. Cette graphie – nettement simplifiée – aurait vraisemblablement eu des chances de s’imposer aux siècles derniers, n’eût été de la philosophie élitiste prédominante à l’ère de l’invention du « bon » usage. Au 17e siècle, l’Académie française a en effet « choisi non pas l’usage nouveau et simple, que permettaient en particulier les accents », mais elle a préféré s’inspirer de la tradition orthographique savante afin de « distinguer les gens de lettres d’avec les ignorants et les simples femmes » (Commission Beslais, 1965). Ainsi, plutôt qu’une uniformisation des formes en -èle, avons-nous hérité de quatre graphies pour les noms de personnes et les adjectifs : rebelle; frêle; parallèle; naturel, naturelle. Les innovations langagières, dont fait partie professionnèle, sous-tendent qu’il appartient à la langue, et conséquemment à son orthographe conventionnée, de suivre l’évolution de la société. En ce sens, professionnèle s’inscrit à contre-courant de la « grammatocratie », cette ligne de pensée qui soutient au contraire que les communautés, pourtant continuellement en évolution, doivent se conformer à une grammaire immobiliste, rigide, voire sclérosée, où toute variation est perçue comme une menace à l’intégrité de la langue. On pourra assurément se surprendre qu’une fédération de syndicats intervienne de cette façon dans le domaine du langage. L’histoire sinueuse de l’orthographe française indique cependant qu’il pouvait difficilement en être autrement. D’une part, le gouvernement du Québec ne se reconnaît pas d’autorité en matière d’orthographe : avant toute mise en œuvre de modifications, il désire s’assurer qu’elles « seront aussi appliquées formellement en France » (Avis du Conseil de la langue française sur Les modifications de l’orthographe du français, 1991). D’autre part, en France, les spécialistes de la question concèdent unanimement que l’orthographe française a cessé d’évoluer – outre quelques points de détail – en 1835. Depuis cette date, plusieurs projets de réforme modérés et étapistes ont vu le jour, mais toutes les tentatives pour les implanter ont échoué. Depuis 1900, l’État français et l’Académie se renvoient la balle pour prendre des initiatives. En vain. Ce qui a amené une experte de l’orthographe à conclure que, désormais, le renouvellement de la langue française ne pourra se faire que par l’usage, par la base. « Prenons des initiatives », a alors écrit Nina Catach. Les mouvements de la base – le succès des titres féminins en offre le témoignage – implantent efficacement les nouvelles formes dans leur milieu, puis les propagent peu à peu dans leur communauté. Ainsi la langue française peut-elle espérer continuer à évoluer. Aujourd’hui, les professionnèles de la CSN ont donc toutes les raisons de se réjouir : leur audace, leur esprit d’innovation et leur regard visionnaire font de leur Fédération le premier groupe à apporter une modification orthographique significative depuis 1835, et la toute première centrale syndicale, dans l’histoire de la langue française, à innover dans cette voie. Le dynamisme et le leadership du Québec dans le domaine de la désexisation du langage se trouvent ici, et à nouveau, confirmés. La Presse, 9 janvier 1999
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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