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Résultats 1 à 10 de 28 (page 1 de 3)

Concevoir un lexique bilingue : l’approche collaborative

Billet de blogue en français expliquant comment Parcs Canada a produit un lexique bilingue pour faciliter le travail de tout son personnel.Réserve de ciel étoilé, corps du ciel profond, cub-of-the-year, benchmark ecosystem… autant de termes et d’expressions qui sont utilisés dans le cadre des activités de Parcs Canada, mais dont l’équivalent n’est pas nécessairement connu dans l’autre langue officielle par ceux qui les utilisent. Vous imaginez les problèmes de communication que ça peut créer? Heureusement, un traducteur-réviseur particulièrement débrouillard avait la solution! Bien au fait des difficultés qu’avaient ses collègues dans leur travail, il savait qu’un lexique bilingue serait d’une grande utilité. Justement, il constituait depuis des années sa propre base de données linguistique bilingue qu’il espérait partager avec eux un jour. Le moment était venu d’en profiter!   Consulter pour concevoir un outil efficace et pertinent L’équipe du Laboratoire d’innovation de Parcs Canada a offert au traducteur-réviseur de l’aider à mettre sur pied un projet pilote. Nous avons vite compris que pour réussir, il faudrait consulter de nombreux collaborateurs internes. Nous avons donc adopté une approche collaborative en 3 étapes : Nous avons d’abord créé un comité consultatif composé de langagiers et d’experts de divers domaines. Nous les avons interrogés sur leurs besoins et leurs attentes comme futurs utilisateurs du lexique. En parallèle, nous avons fait des recherches et consulté des informaticiens pour explorer les plateformes technologiques disponibles. Nous avons transféré la banque de données dans un fichier Microsoft Excel. Nous pensions que cet outil avait beaucoup de potentiel, mais la lourdeur du fichier nous a vite fait comprendre que nous devions chercher une autre solution. Malgré les limites de Microsoft Excel, nous avons invité les membres du comité consultatif à tester le lexique pendant 6 semaines. Leur rétroaction a été extrêmement utile. Elle nous a aidés à valider la pertinence du contenu et à cerner ce qui comptait le plus pour les utilisateurs. En effet, nous en avons conclu que c’est la simplicité d’utilisation qui primait. Nous avons donc transformé le lexique en un tableau que nous avons publié dans l’intranet. Un rêve devenu réalité Après des mois de consultations et d’entrée de données, le lexique bilingue de Parcs Canada a été mis en ligne. Il compte plus de 2400 termes et expressions couramment utilisés par l’équipe et les collaborateurs de Parcs Canada. On y trouve aussi des expressions à éviter, des contextes et des liens vers des sources fiables, ainsi que des notes explicatives. Quelques conseils pour établir votre propre lexique Si vous songez à créer un lexique bilingue pour votre organisme, pensez aux personnes ou aux groupes qui pourraient vous aider. Dans notre cas, le Laboratoire d’innovation a joué un rôle central. Il a trouvé les personnes les mieux placées pour participer et a vu à ce que le projet se déroule rondement. Nous avons aussi fait appel à des professionnels de la langue et à des experts de différents domaines à Parcs Canada. Ces collaborateurs choisis ont participé au projet dès le début et nous ont aidés à produire un outil qui répond vraiment à leurs besoins. Ainsi mobilisés, ils sont devenus naturellement des ambassadeurs du lexique. Cela contribuera à assurer sa pérennité. Votre entreprise ou votre organisme a-t-il déjà produit un document comme le nôtre? Sinon, pensez-vous qu’il gagnerait à le faire? Parlez-nous-en dans la section des commentaires.
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
Nombre de consultations : 8 956

détail (pour plus de détails)

Article sur l’expression pour plus de détails.
Il est correct de rendre l’expression anglaise for more details par pour plus de détails. Certains auteurs la préfèrent même à pour de plus amples détails, les mots amples et détails évoquant des idées contradictoires. Pour plus de détails sur l’étude, contactez la personne responsable. Vous pouvez lire, pour plus de détails, les articles que contient votre pochette. Si l’expression semble cavalière dans certains contextes, par exemple dans une lettre adressée à un ministre, on peut toujours la remplacer par une formule plus relevée comme si vous souhaitez davantage de précisions.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 2 505

vingt-quatre heures sur vingt-quatre

Article sur l’expression vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ses différents équivalents et les calques à éviter.
Selon le contexte, on traduit l’expression anglaise twenty-four hours a day par : vingt-quatre heures sur vingt-quatre 24 heures sur 24 jour et nuit nuit et jour le jour et la nuit en tout temps La locution vingt-quatre heures sur vingt-quatre est attestée au sens de « tout le temps », « sans discontinuer », quoique certaines sources la considèrent comme familière. Certains dictionnaires bilingues la proposent comme équivalent de twenty-four hours a day. On recommande toutefois d’éviter la locution 24 heures par jour (ou vingt-quatre heures par jour). 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 L’expression anglaise twenty-four hours a day, seven days a week se traduit par : 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 24 heures sur 24, sept jours sur sept tous les jours, 24 heures sur 24 tous les jours, vingt-quatre heures sur vingt-quatre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept  Ce sont des synonymes de vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On évite toutefois les locutions suivantes qui, même si elles sont fréquentes, constituent des calques de l’anglais : 24 heures par jour, sept jours par semaine 24 heures par jour, 7 jours par semaine tous les jours, 24 heures par jour 24/7 Quand on veut parler d’un établissement ouvert sans interruption, on peut donc dire : ouvert jour et nuit ouvert en tout temps ouvert jour et nuit, sept jours sur sept ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept ouvert 365 jours par année
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 1 665

Mots de tête : L’art de se tirer (une balle) dans le pied

Un article sur l’expression se tirer dans le pied
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 3, 2003, page 20) Les conservateurs se sont tiré dans le pied.Et comme ils avaient déjà ce pied dans la bouche,cela risque bien d’être fatal.(Michel Vastel, Le Droit, 03.06.03.) Votre dictionnaire de locutionsNote de bas de page 1 préféré consacre presque huit pages aux expressions formées avec pied. On pourrait croire que pied a déjà donné, et qu’il a mérité de se reposer un peu – après tout, quelque quatre-vingts rejetons, c’est une progéniture respectable. Mais les usagers semblent plutôt d’avis qu’il y a encore moyen d’en tirer quelque chose… De fait, depuis la parution du Rey-Chantreau, la famille « pied » s’est enrichie d’au moins trois expressions qui, sauf erreur, ont toutes du sang anglais. Il y a une quinzaine d’années, traîner les pieds faisait son entrée dans les dictionnairesAller à la remarque a, du moins dans le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse (1985). En 1992, le supplément de l’encyclopédie présentait un néologisme du domaine de la psychologie, pied-dans-la-porte (je vous laisse le plaisir d’en découvrir le sens), que je n’ai jamais revu ailleurs. Et, plus récemment, on a vu apparaître le troisième membre du trio, se tirer dans le pied. Cette tournure n’est pas encore très répandue, mais on la rencontre quand même assez souvent, et de plus en plus semble-t-il. Lionel MeneyNote de bas de page 2, qui en recense plusieurs exemples, signale qu’il s’agit d’un calque. Pour l’éviter, il donne pas moins de huit équivalents : « agir contre son propre intérêt », « se faire (du) tort à soi-même », « mal juger son coup », « scier la branche sur laquelle on est assis », « creuser sa propre tombe », « marquer contre son camp », « ça lui est retombé sur le nez ». Il n’a oublié que les traductions proposées par le MeertensNote de bas de page 3, « se nuire à soi-même stupidement », et par le Larousse bilingue, « ramasser une pelle ». Il serait intéressant de pouvoir dater cette expression, de savoir quand elle a commencé à se répandre, mais Meney ne donne malheureusement pas ses sources. Mon exemple le plus ancien ne remonte qu’à 1990. Un journalisteNote de bas de page 4 du Devoir l’emploie, mais – cas plutôt exceptionnel – au pluriel : se tirer dans les pieds. C’est le singulier qu’on voit normalement. Jean DunoyerNote de bas de page 5 de La Presse titre un de ses articles « L’art de se tirer dans le pied ». Pierre Bourgault semble l’avoir prise en affection : il l’emploie une première fois alors qu’il était au DevoirNote de bas de page 6 : « Ils se tirent dans le pied parce qu’ils sont stupides et incompétents », et à quelques reprises quand il étaitAller à la remarque b au Journal de MontréalNote de bas de page 7 : « Nous nous tirons constamment dans le pied ». Outre la citation en exergue, j’en ai relevé un autre exemple chez Michel Vastel (24.02.02). Dans une lettre au Devoir, l’éditeur Jacques LanctôtNote de bas de page 8 trouve le moyen, dans la même phrase, d’employer deux calques : « On se tire dans le pied en laissant ce puissant outil culturel que sont les bibliothèques publiques bouder nos livres, lever le nez [sic] sur les auteurs que nous publions ». Avec un animisme en prime… Enfin, deux chroniqueurs, Denis Gratton du DroitNote de bas de page 9 et Chantal Hébert du DevoirNote de bas de page 10, semblent avoir piqué son titre à Jean Dunoyer : « L’art de se tirer dans le pied ». Je n’ai jamais rencontré cette tournure dans la presse ou les ouvrages français. Ce qui ne veut pas dire grand-chose, puisqu’on la trouve sur Internet. Le tour n’est pas fréquent, j’en conviens, mais les Européens ne l’ignorent pas tout à fait. Un certain Nicolas Beau écrit dans le Canard enchaîné (02.05.01) : « L’Algérie est assez grande pour se tirer elle-même dans le pied ». Et Catherine Bouy, sur un site belge, rapporte les propos d’un directeur général de la Région wallonne qui sent le besoin de guillemeter l’expression : « La complémentarité entre les régions belges est primordiale si l’on veut éviter de "se tirer dans le pied" ». Si se tirer dans le pied est rare en dehors du Québec, il en va autrement d’une variante, qui n’est qu’une sorte d’étoffement : se tirer une balle (ou : des balles) dans le pied. On en trouve à la pelle sur la Toile. Dans L’Indépendant (26.06.01), un député, Jean-Claude Pérez, dit que tenir une certaine manifestation « c’est comme se tirer une balle dans le pied ». Un journaliste, Jean-Paul Pouron (sept. 2001), donne à son article un titre qui rappelle celui de Denis Gratton et Chantal Hébert : « L’art de se tirer une balle dans le pied ». Sur un autre site, on apprend que la section de l’Essone du Syndicat des enseignants « se tire une balle dans le pied ». Pour faire bonne mesure, je vous signale deux derniers exemples : Gregory Schneider dans Libération (06.05.02) et Jean-Louis Boulanger dans le Figaro (11.02.03). Et je ne résiste pas à un tout dernier, pour le bel animisme qu’il nous offre. Le secrétaire d’État aux PME n’hésite pas à déclarer que les « fonds de pension américains […] ne vont pas se tirer une balle dans le pied »Note de bas de page 11. Comme en témoigne l’exemple de Catherine Bouy, se tirer dans le pied est employé en Belgique, mais la tournure avec « balle » n’y est pas inconnue. Dans Le Soir Magazine (15.02.03), on peut lire : « Quand la Belgique risque de se tirer une balle dans le pied ». Et la Suisse n’est pas en reste. Dans la Tribune de Genève (05.07.02), un ex-directeur général de la Banque cantonale de Genève déplore que la banque soit « en train de se tirer une balle dans le pied ». À l’occasion du salon de l’automobile de Genève de 2003, le président de la Confédération l’emploie, en s’excusant, et en l’amplifiant un peu : « Y renoncer sans alternative crédible c’est, permettez-moi l’expression un peu simple, "nous tirer une balle dans le pied à l’ouverture de la chasse" ». Mais avant d’aller me balader sur la Toile, j’avais déjà trouvé trois exemples avec « balle », dont le premier a à peu près le même âge que son pendant québécois :Même s’il ne lâche pas Édith Cresson – ce serait se tirer une balle dans le pied – le chef de l’État mesure aujourd’hui ses lacunesNote de bas de page 12. Les deux autres exemples sont de sources beaucoup plus sûres que tout ce que j’ai trouvé sur Internet. Jean-Marie Rouart, un immortel, semble préférer le pluriel :Cela fait partie de l’idiosyncrasie de ce peuple si génial de brûler ses vaisseaux, de se tirer des balles dans le piedNote de bas de page 13… (Une courte parenthèse, si vous permettez. Mutatis mutandis, « brûler ses vaisseaux », pourrait traduire « to shoot oneself in the foot » (si le calque vous déplaît). Chose certaine, en tout cas, c’est une belle façon, quoique un peu relevée sans doute, de rendre « to paint oneself in the corner » – que vous traduiriez probablement par « se mettre dans une impasse ». Nos politiciens, quant à eux, n’hésitent pas à « se peinturer dans le coin ».) Fermons la parenthèse, et reprenons notre « pied » où nous l’avons laissé – entre les bonnes mains d’un académicien. C’est l’exemple de Rouart qui m’a décidé à écrire cet article, et qui m’a incité aussi à consulter les dernières éditions des dictionnaires, au cas où. Après avoir fait chou blanc à trois reprises – avec le Larousse-Chambers de 1999, le Hachette-Oxford de 2001 et le Harrap’s de 2000 – je commençais à me dire que ça ne valait pas la peine de continuer. Mais la force de l’habitude aidant, j’ai quand même jeté un coup d’œil sur le Robert-Collins 2002. Ça commençait plutôt mal : rien dans la partie français-anglais et, dans l’autre, rien à « foot ». Mais enfin, à « shoot », j’ai trouvé la pie au nid : « to shoot oneself in the foot » est traduit par « se tirer une balle dans le pied ». Je sais, ce n’est pas tout à fait notre tournure, mais faut-il pour si peu bouder notre plaisir? Sur Internet, j’ai relevé des exemples de notre usage sur des sites sérieux : l’Université Laval (dont un exemple au pluriel) et l’Université de Montréal, notamment. Après tout, si les Français peuvent tirer dans les pattes ou les jambes de leurs compatriotes, au propre comme au figuré, et qu’ils peuvent même se tirer une balle dans le pied (ou plusieurs, pour plus de sûreté), je ne vois pas pourquoi les Québécois ne pourraient pas en faire autant, tout en faisant l’économie d’une balle. P.-S. : J’y pense, celui qui se tire dans le pied ne serait-il pas un peu le petit cousin de cet excentrique anglais que les dictionnaires s’entêtent à snobber, ou à traduire par « franc-tireur » (Robert-Collins)? S’ils sont incapables de nous fournir de bons équivalents, nous allons le faire nous-mêmes. Je propose donc de traduire « he’s a bit of a loose cannon » par « il a l’habitude de se tirer dans le pied ». Qu’en pensez-vous?RemarquesRemarque a Curieusement, le Grand Robert de 2002 l’ignore toujours, alors que le petit l’enregistre depuis 1993. (Mais vous chercheriez en vain la forme pronominale chère aux Québécois.)Retour à la remarque aRemarque b Pierre Bourgault, on le sait, est décédé le 16 juin dernier.Retour à la remarque bRéférencesNote de bas de page 1 Alain Rey et Sophie Chantreau, Dictionnaire des expressions et locutions figurées, les usuels du Robert, 1984.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Lionel Meney, Dictionnaire québécois-français, Montréal, Guérin, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 René Meertens, Guide anglais-français de la traduction, Paris, Chiron Éditeur, 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Gilles Lesage, Le Devoir, 01.11.90.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Jean Dunoyer, La Presse, 05.04.93.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 P. Bourgault, Le Devoir, 30.11.93.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 P. Bourgault, Le Journal de Montréal, 03.03.01. Voir aussi les 20 et 22 avril 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Jacques Lanctôt, lettre au Devoir, 19.09.02.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Denis Gratton, Le Droit, 10.10.02.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Chantal Hébert, Le Devoir, 03.02.03.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Pascal Ceaux, entretien avec Renaud Dutreil, Le Monde, 16.04.03.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Sylvie Pierre-Brossolette, L’Express, 20.09.91.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Jean-Marie Rouart, Le Figaro littéraire, 17.10.02.Retour à la référence de la note de bas de page 13
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
Nombre de consultations : 1 518

Mots de têtes : « mon nom est »

Un article sur l’expression mon nom est
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 4, 2010, page 22)Mon nom est Johnny Cash.(Marie-Christine Blais, La Presse, 7.10.09) Il est curieux que je puisse vous demander « Quel est votre nom? », mais que vous ne puissiez pas me répondre « Mon nom est Untel »… sans commettre d’anglicisme, en tout cas. Vous le saviez? On ne peut rien vous apprendre. Pour ma part, c’est un ouvrageNote de bas de page 1 de Victor Barbeau qui m’apprit – à mon grand étonnement – que cette tournure était un calque. Bien sûr, je me suis précipité sur mes dictionnaires. Mais les bilingues n’ont fait que confirmer le verdict : il fallait dire « je m’appelle ». Quant aux unilingues, ils étaient muets. Il s’écoulera ensuite presque vingt ans avant que l’auteur du fameux ColpronNote de bas de page 2 ne vienne me rafraîchir la mémoire (cet anglicisme avait échappé à l’édition de 1970). Et presque autant d’années avant qu’un autre défenseur de la langue, Camil ChouinardNote de bas de page 3, revienne à la charge. Par la suite, les condamnations seront plus rapprochées : Lionel MeneyNote de bas de page 4 en 2003, Jacques LaurinNote de bas de page 5 en 2006 et Jean ForestNote de bas de page 6 en 2008. Si l’on ajoute la mise en garde des Clefs du français pratique du Bureau de la traduction, cela fait à peine sept « condamnations » : « Quel est votre nom? À cette question, le bon usage veut que l’on réponde Je m’appelle… ou Je me nomme…, plutôt que Mon nom est…, calque de l’anglais My name is… ». Sur plus de quarante ans, c’est peu. On est étonné du silence de fidèles vigiles comme Guy Bertrand, Robert Dubuc, Paul Roux ou Marie-Éva de Villers. Mais, condamnations ou pas, nous continuons à l’employer de plus belle. Et nous sommes loin d’être les seuls. La traduction, entre autres, nous en fournit plein d’exemples, et curieusement, de l’italien surtout. Je me contenterai de quatre : Carlo LeviNote de bas de page 7 : « Mon nom est Barone »; Elio VittoriniNote de bas de page 8 : « Sylvestro est mon nom »; Leonardo SciasciaNote de bas de page 9 : « Moi, mon nom est Gerlanda »; et Oriana FallaciNote de bas de page 10 : « Mon nom est Kundun ». Et il n’y a pas que les traducteurs qui affectionnent ce tour. Les Français aussi. Je l’ai entendu dans des films, dont Légitime violence (1982) de Serge Leroy et L’œuvre au noir (1987) d’André Delvaux. Je l’ai même lu dans quelques bédés, notamment un Thorgal : « Mon nom est Thorgal » (Le maître des montagnes). Quant aux auteurs plus sérieux, vous avez l’embarras du choix. Que diriez-vous de Lamartine pour ouvrir le bal? Certes, il inverse la formule : « Le nom de ma famille est d’***. Julie est le mien » (Raphaël, 1849), mais il me semble que c’est à peu près comme dire « Julie est mon nom ». Quant au tour usuel, des auteurs quasi oubliés comme Albert Londres : « Mon nom est M. Pou » (La Chine en folie), ou des moins connus comme Georges Borgeaud (Le préau) ou Hugo Claus (La chasse au canard) l’emploient, ainsi que des plus connus comme Jean Dutourd (Le crépuscule des loups), Louis Guilloux (O.K., Joe!) ou Jean Genet (Un captif amoureux). Même un grand cinéaste ajoute son grain de sel : « Mon nom est Jean Renoir » (Écrits). À l’époque où Barbeau m’apprit la mauvaise nouvelle, le Trésor de la langue française en ligne n’existait évidemment pas. Si on y jetait un coup d’œil? On y trouve plusieurs exemples : de Vigny (Journal d’un poète) : « Mon nom est Jeanne-Victoire »; de Hugo (La légende des siècles), de Claudel (Poésies diverses), et enfin, de Mauriac (Le nœud de vipères), qui emploie les deux : « Je ne m’appelle pas celui qui damne, mon nom est Jésus. » Aujourd’hui, on trouve ce « calque » dans quelques dictionnaires, dont le Grand Larousse de la langue française, que j’avais négligé de consulter à l’époque : « mon nom est Durand ». Sauf erreur, un seul dictionnaire bilingue l’enregistre, le Robert & Collins : « mon nom est Robert ». Dans sa dernière édition, le Littré donne « mon petit nom est Paul », ce qui logiquement devrait nous autoriser à dire « mon nom est Paul », vous ne croyez pas? Après ce chapelet d’exemples (et tous ceux que je vous ai épargnés), je ne vois pas comment on pourrait continuer à condamner cette façon de dire. On peut certes lui préférer « je m’appelle » (c’est mon cas), mais la condamner? Si on ne peut la souffrir, mais qu’on veut éviter de répéter « je m’appelle », ou qu’on trouve « je me nomme » un peu vieillot, il existe une autre formule. Que certains considèrent d’ailleurs comme fautive. Louis-Paul BéguinNote de bas de page 11 est catégorique : « Un lecteur voudrait savoir comment on doit se présenter au téléphone. Doit-on dire : Allo, mon nom est… ou Je suis… Cette dernière formule (Je suis Untel) est absolument à proscrire. C’est un anglicisme de la pire espèce. On peut dire à la rigueur Mon nom est… pour s’identifier au téléphone. » Ce n’est pas l’avis de Colpron ou Chouinard, qui eux – nous l’avons vu – condamnent « mon nom ». Outre « je m’appelle », ils proposent justement « je suis ». J’en ai trouvé moins d’exemples, mais c’est néanmoins courant. Et ça ne date pas d’hier, comme en témoigne cet exemple de Léon DaudetNote de bas de page 12 : « Vous ne me connaissez pas. Je suis Riffard. » Et les Italiens répondent encore à l’appel : Curzio MalaparteNote de bas de page 13 : « Comment t’appelles-tu? – Je suis Calusia, m’cap’taine »; et Tomasi di LampedusaNote de bas de page 14 : « Je suis Bettina, la gouvernante ». Enfin, un auteur françaisNote de bas de page 15 : « [l’auteur] comprenait mal que la plupart des adultes osent ainsi se présenter : Je suis Monsieur Verges ». Au moins deux dictionnaires bilingues, le Harrap’s et le Larousse, l’enregistrent : « je suis Éliane », « je suis Bill ». J’ai écrit au début que je pouvais, en toute impunité, vous demander Quel est votre nom? Mais si je me fie aux dictionnaires, je devrais me méfier de cette question tout autant que de sa réponse « québécoise ». C’est en vain que vous la chercheriez dans le Robert, le Larousse, le Littré, etc. J’ai d’ailleurs déjà entendu ce tour condamné. Et sur Internet, j’ai trouvé récemment un article d’une importante personnalité de la francophonie (commandeur de la Légion d’honneur, entre autres), Jean-Marc Léger, qui déplore l’anglicisation du Québec : « De même, on ne dit plus : Comment vous appelez-vous? mais : Quel est votre nom? (what’s your name?). » Et pourtant, on trouve cette expression dans quelques dictionnaires : le Trésor de la langue française cite Casimir Delavigne (1824) et Mauriac (1938); le Hachette-Oxford, le Larousse bilingue et le Harrap’s la donnent aussi. Et c’est la question qui se pose normalement d’après Béguin et les Clefs du français pratique du Bureau de la traduction. Alors, comment en est-on arrivé à soupçonner ce tour d’être un calque? Il suffit, comme on le voit, que le français ressemble de trop près à l’anglais. À l’époque, Victor Barbeau pouvait toujours invoquer le silence des dictionnaires, mais aujourd’hui, Jean-Marc Léger n’a plus cette excuse. Et nous non plus… Je termine avec un mot sur deux traductions de La nuit des rois de Shakespeare. Dans celle de la romancière acadienne Antonine Maillet (Leméac, 1993), « My name is Mary, sir » est traduit comme vous le feriez : « Je m’appelle Maria, monsieur ». Mais que trouve-t-on dans celle de celui qu’on qualifie de « traducteur le plus respecté de sa génération », Pierre Leyris? Ceci : « Mon nom est Marie, monsieur » (GF-Flammarion, 1994)… Leyris n’a manifestement pas lu Barbeau, Colpron, Chouinard ou les autres.RéférencesNote de bas de page 1 Le français du Canada, 1970.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Gilles Colpron, Les anglicismes au Québec, Beauchemin, 1982.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 1300 pièges du français parlé et écrit, Libre Expression, 2001.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Dictionnaire québécois-français, Guérin.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Nos anglicismes, Éditions de l’Homme.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Le grand glossaire des anglicismes du Québec, Triptyque.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Le Christ s’est arrêté à Eboli, Gallimard, 1948 (traduit par Jeanne Modigliani).Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Conversation en Sicile, Gallimard, 1948 (traduit par Michel Arnaud).Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 La mer couleur de vin, Gallimard, 1977 (traduit par Jacques de Pressac).Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 La rage et l’orgueil, Plon, 2002 (traduit par Victor France).Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Problèmes de langage au Québec et ailleurs, L’Aurore, 1978.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 La vie orageuse de Clemenceau, Albin Michel, 1938.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Le soleil est aveugle, Denoël, 1958 (traduit par Georges Piroué).Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Le professeur et la sirène, Seuil, 1961 (traduit par Louis Bonalumi).Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Pierre Sansot, Bains d’enfance, Payot, 2003.Retour à la référence de la note de bas de page 15
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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Mots de tête : Endosser, un verbe qui se porte bien

Un article sur le verbe endosser
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité langagière, volume 4, numéro 4, 2007, page 21) Dans toutes ces citations, je ne prétends pas endosser les passages que j’emprunte(auteur anonyme). Dans son Guide du traducteur, Irène de Buisseret consacre près de dix pages à ce qu’elle appelle le « néo-français ». Formé d’emprunts ou d’anglicismes, ce lexique se compose aussi, écrit-elle, de « termes qui ont acquis un sens tout nouveau en passant du concret à l’abstrait »Note de bas de page 1. Et elle donne comme exemple « le président endosse cette politique ». Elle n’en dit rien de plus, et ne le retient même pas dans le « mini-glossaire d’anglicismes solidement ancrés dans le néo-français » qu’elle présente ensuite. Mais le plus étonnant, c’est qu’elle ne mentionne pas que ce représentant du « néo-français » nous était déjà connu. Évidemment, nous l’appelions autrement. Une fiche (nº 173) du Comité de linguistique de Radio-Canada – qui doit dater du milieu des années 60 – indique que c’est sous l’influence de l’anglais que nous donnons à « endosser » le sens d’approuver ou d’appuyer. Si André Clas et Paul HorguelinNote de bas de page 2 prennent la peine de l’inclure dans leur courte liste de moins de 250 anglicismes, c’est que le calque devait être courant. Ce que viendra confirmer l’année suivante le répertoire d’anglicismes de Gilles ColpronNote de bas de page 3. La même année, Victor BarbeauNote de bas de page 4 le relève aussi. Par la suite, plusieurs défenseurs reprendront cette mise en garde : Jean DarbelnetNote de bas de page 5, Madeleine SauvéNote de bas de page 6, Marie-Éva de VillersNote de bas de page 7. Et plus récemment, Lionel MeneyNote de bas de page 8, Jacques LaurinNote de bas de page 9 et Paul RouxNote de bas de page 10. Depuis la parution de cette fiche, on aurait pu croire que la position de Radio-Canada avait changé, puisque des deux linguistes de la maison, l’un (Guy Bertrand) n’en parle pas et l’autre (Camil Chouinard) ne le condamne pas : « endosser un geste, un projet – l’approuver, l’appuyer; la directrice a endossé sans hésiter la proposition de Julie »Note de bas de page 11. Aussi est-il étonnant de constater, dans une nouvelle version de son recueil, que Camil Chouinard a changé son fusil d’épaule : « Il faut éviter d’employer ENDOSSER au sens d’approuver un projet, une décision, une candidature. On dira donc : APPROUVER ou APPUYER un programme, des projets, une candidature »Note de bas de page 12. Une brève explication de cette palinodie aurait été la bienvenue. Mes deux premiers exemples réunissent, sans les réconcilier, deux vieux adversaires politiques. Le premier est de Pierre Trudeau, avant son entrée en politique : « Un rédacteur politique endossera une opinion à l’effet que la grève est désuète »Note de bas de page 13. Le second est de René Lévesque, avant son entrée à l’Assemblée nationale : « En laissant paraître [le Manuel du 1er mai], le CEQ paraît ainsi l’endosser » (Le Jour, 24.04.75). Sans le savoir, un bon historien fait lui aussi dans le néo-français : « les tenants de l’américanité endossent cette critique » (Yvan Lamonde, Le Devoir, 11.09.98). De même qu’un journaliste néo-québécois de longue date : « les commentateurs du National Post l’ont déjà endossé » [le discours de Stephen Harper] (Michel Vastel, Le Droit, 22.01.02). Enfin, un journaliste de La Presse l’emploie dans sa Lettre ouverte aux antiaméricains (Richard Hétu, 8.11.03), ainsi que deux éditorialistes du même journal, Mario Roy (28.01.04) et André Pratte (18.09.04, 5.08.06). De l’autre côté de l’Atlantique, les mises en garde sont plutôt rares. Sauf erreur, Maxim KoesslerNote de bas de page 14 est le seul à indiquer, dans la deuxième édition de son ouvrage, qu’il s’agit d’un faux ami. Et tout comme chez nous, c’est surtout dans la presse qu’on le rencontre. Dans le Monde diplomatique : « il continue de s’interroger sur les raisons qui ont conduit le président américain à endosser une proposition israélienne » (Paul-Marie de La Gorce, septembre 2001), et dans le Monde : « Pareille audace sera-t-elle soutenue politiquement? Jacques Chirac l’endosse-t-il? » (Philippe Bernard, 12.12.03). Cette extension de sens en fait pourtant tiquer certains : « émettre des instructions pour que le Conseil de sécurité « endosse » le pouvoir exercé à Bagdad » (Le Monde, 12.05.03); « le Conseil était prié d’« endosser » le projet » (Corine Lesnes, Le Monde, 23.05.05). Mais c’est le fait d’une minorité. Enfin, je l’ai rencontré dans l’ouvrage d’un journaliste sur Patrice Lumumba : « Kasavubu a présidé le Conseil des ministres et donc endossé les décisions »Note de bas de page 15. Sur Internet, bien sûr, les exemples abondent. Un communiqué de la République française : « la possibilité pour les pays en développement de souscrire à des objectifs volontaires, avant d’endosser une proposition concrète » (26.04.07). Le Temps de Genève : « [on] aura vu pour la première fois un parti gouvernemental endosser une proposition [qui] aurait valu à la Suisse une mise au ban des nations » (Éric Hoesli, 25.09.00). Un site belge : « en Belgique, l’exécutif actuel ne peut plus endosser de décision à haute portée politique » (Prisma international, 28.08.07). Le site de Jeune Afrique : « c’est le réformateur Khatami qui a personnellement endossé la décision de la reprise des activités d’enrichissement de l’uranium » (07.05.06). On rencontre aussi, fréquemment, endosser un rôle, une mission, des fonctions, ce qui correspond à l’un des sens d’« endosser » que le Trésor de la langue française présente ainsi : « [Le sujet joue un rôle actif] Prendre sur soi. Synonyme assumer, se charger de ». Et il donne comme exemple la citation « anonyme » en épigraphe. Vous étiez-vous demandé si c’était un calque ou du néo-français? Eh bien non, la citation vient des Causeries du lundi de Sainte-Beuve, qui datent des années 1850. Personnellement, j’y verrais plutôt le sens de « faire sien ». Même si « faire sien » est un des équivalents proposés par Koessler et MeertensNote de bas de page 16 (qui en donne une trentaine) pour éviter « endosser »… Il y a au moins trois dictionnaires, oubliés ou méconnus, qui donnent à « endosser » le sens de son pendant anglais. Si on dépoussière ce bon vieux Clifton-GrimauxNote de bas de page 17, on y lit ceci : « endosser les idées d’un autre – to endorse another’s ideas ». Est-ce les faire siennes ou les approuver? Charles PetitNote de bas de page 18 est plus explicite : « endosser (fig.) — to back, to support, to confirm ». Ici, le doute n’est plus permis. Et un dictionnaire québécois tout récent enregistre « endosser » comme si ce sens allait de soi : « des sénateurs ont endossé ses paroles – the senators have condoned his words »Note de bas de page 19 (« condone » fait sourciller, mais là n’est pas la question). Et avec les 1300 pièges de Camil Chouinard, avant sa conversion, cela ferait quatre sources. Je ne crois pas que je pourrais jamais aller jusqu’à « endosser un candidat », par exemple. Mais Charles Péguy m’a presque fait changer d’idée. Il emploie aussi bien le verbe que le substantif : « Les politiciens veulent que nous endossions leurs politiques »Note de bas de page 20; « Par Jaurès, c’était le gouvernement même qui endossait Hervé » ; « ceux qui ont fait et endossé Hervé, fait et endossé le hervétisme » ; « Par son endossement du combisme… » ; « Par endossement de Hervé, nous avons vu Jaurès. Par endossement de Jaurès… » Ouf ! Je m’arrête là. On peut reprocher à Péguy de se répéter (c’est dans sa manière), mais peut-on l’accuser d’avoir été influencé à ce point par l’anglais? Et finalement, si on acceptait qu’« endosser » ait pris un nouveau sens? qu’il soit passé du concret à l’abstrait, comme le dit Irène de Buisseret. N’est-ce pas normal qu’il évolue? Si ça n’avait pas été le cas, vous n’oseriez peut-être même pas endosser votre veste aujourd’hui. Au 17e siècle, nous apprend Ferdinand BrunotNote de bas de page 21, « endosser un vêtement » était considéré comme burlesque… En outre, admettre cet usage serait une façon de nous venger des Anglais… pour nous avoir emprunté « endosser » au Moyen Âge. Ce qui vous vaut des maux de tête aujourd’hui.RéférencesNote de bas de page 1  Guide du traducteur, Ottawa, ATIO, 1972, p. 418 (Deux langues, six idiomes, p. 402).Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Le français, langue des affaires, McGraw-Hill, 1969, p. 210.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Les anglicismes au Québec, Beauchemin, 1970.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Le français du Canada, Garneau, 1970.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Les maux des mots, Université Laval, 1982 (ou le Dictionnaire des particularités de l’usage, Presses de l’Université du Québec, 1986).Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Observations grammaticales, Université Laval, octobre 1983.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Multidictionnaire des difficultés de la langue française, Québec/Amérique, 1988.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Dictionnaire québécois-français, Guérin, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Le bon mot, Éditions de l’Homme, 2001 (ou Nos anglicismes, 2006).Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10  Lexique des difficultés du français dans les médias, Éditions La Presse, 2004.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Camil Chouinard, 1300 pièges du français écrit et parlé au Québec et au Canada, Éd. La Presse, 2001.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Ibid., 1500 pièges du français écrit et parlé…, Éd. La Presse, 2007.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 La Grève de l’amiante, Éditions du jour, 1956, p. 396.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Les faux amis, 2e édition, Vuibert, 1975.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Yves Benot, La mort de Lumumba, Éditions Chaka, 1989, p. 153.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 René Meertens, Guide anglais français de la traduction, Chiron éditeur, 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 E. Clifton et A. Grimaux, A New Dictionary of the French and English Languages (français-anglais), Garnier, 1881.Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 Charles Petit, Dictionnaire français-anglais, Hachette, 1946.Retour à la référence de la note de bas de page 18Note de bas de page 19 Marcel Séguin et Alice Amyot, Dictionnaire français-anglais, Guérin, 2005.Retour à la référence de la note de bas de page 19Note de bas de page 20 Charles Péguy, Notre jeunesse, Gallimard, Folio, 1993, p. 129, 237, 250 et 262. Texte paru en 1910.Retour à la référence de la note de bas de page 20Note de bas de page 21 Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, tome IV, 1re partie, Librairie Armand Colin, 1966, p. 335.Retour à la référence de la note de bas de page 21
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Mots de tête : Un profil à deux faces

Un article sur l’expression profil bas
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 21, numéro 2, 1988, page 13) Profil bas sur les incidents de police.Note de bas de page 1 En route vers son bureau, confortablement installé dans sa limousine, le ministre ouvre son journal, curieux de savoir ce qu’on dit de son attitude lors de la dernière manifestation des panthères grises. Qu’est-ce qu’il y voit? qu’il a « gardé le profil bas ». Il ne sait trop si c’est du lard ou du cochon. S’agit-il d’une louange ou d’une critique? Seul le journaliste le sait. Cette expression est à l’image même de beaucoup de nos hommes politiques, elle ménage la chèvre et le chou. Mais d’où vient-elle? De l’anglais, semble-t-il. Aussi, pour bien nous situer, examinons quelques définitions de low profile :A deliberately low-keyed or understated attitude or position; a restrained, inconspicuous stance (a.c. low silhouette).(Barnhart Dictionary of New English Since 1963)Inconspicuous, esp. for the purpose of avoiding publicity.(Morrow Book of New Words)An unobtrusive, hardly noticeable presence, or concealed, inconspicuous activity.(Webster’s New World Dictionary, 2nd College Edition) Le mot clé étant inconspicuous, le traducteur y trouvera un début de solution. À moins qu’il ne se contente de ce que donnent les dictionnaires. Laconique, le Harrap nous propose « to keep a low profile – se tenir coi ». C’est un peu court, aurait dit Cyrano. À low, le Robert-Collins écrit :Low-profile = low-key – it was a low-key operation – l’opération a été conduite de façon très discrète; to keep sthg low-key – faire qqch. avec modération, d’une façon modérée. Dans l’édition de 1987, on trouve un ajout, à profile :To keep a low profile, essayer de ne pas (trop) se faire remarquer, adopter une attitude discrète. Certes, low-key et low profile ne sont pas forcément interchangeables, mais c’est assez souvent le cas, comme ici :The private banks have been running a low key but hard-hitting campaign – en sourdine, discrète.Note de bas de page 2 Toujours à l’affût des nouveautés, Irène de BuisseretNote de bas de page 3 nous proposait, dès 1971, quelques équivalents de son cru :On se conduit avec beaucoup de discrétion quand on présente un « bas profil ». On s’efface, on veut se faire oublier, on se tient à carreau, on reste dans l’ombre. Elle signale également qu’elle a relevé profil bas dans un numéro du Monde qui date de janvier 1970. À cet égard, il est intéressant de noter que l’exemple le plus ancien cité par Barnhart date à peine de mars 70. On peut donc se demander si l’expression n’aurait pas fait son apparition dans les deux langues en même temps. Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire c’est que les journalistes en sont friands :(Ronald Reagan) a adopté un profil plutôt bas…Note de bas de page 4La position traditionnelle de Tokyo (…) est le profil bas…Note de bas de page 5(…) les dirigeants soudanais ont adopté un profil bas…Note de bas de page 6Les éditeurs (…) ont adopté un profil basNote de bas de page 7…Un ministre au profil bas.Note de bas de page 8(…) de nombreux États (…) adoptent un profil bas.Note de bas de page 9 Il fallait s’attendre à voir cette formule faire son entrée au dictionnaire. Le Grand Larousse encyclopédique donne « conserver, maintenir un profil bas – présenter un programme, un projet politique sous un aspect atténué écartant toute affirmation agressive ou toute hypothèse aventurée ». Le grand Robert (par manque d’espace?) se fend d’une définition un peu étriquée : « programme d’action minimal, le plus faible ». Le Robert-Collins l’enregistre aussi, mais dans la partie français-anglais seulement : « garder le profil bas, to keep a low profile ». Enfin, le Petit Larousse de 1987, oublieux de ses devoirs filiaux, opte pour la formule du Robert : « adopter un profil bas, choisir un programme d’action minimal ». Si, après tous ces exemples, vous ne pouvez toujours pas vous résigner à employer cette locution, vous n’avez qu’à vous rabattre sur la dizaine d’équivalents donnés auparavant. En voici d’autres, pour ce qu’ils valent :Pourquoi ce pragmatisme prudent et feutré?Note de bas de page 10Feutré : discret, qui ne se remarque pas, nous dit le grand Robert.Comparez aux définitions de low profile.Le voyage de M. Mitterand au Brésil et en Colombie. Un voyage en creux.Note de bas de page 11J’hésiterais peut-être à user de ce néologisme, mais j’écrirais sans hésitation :(…) autant de manifestations politiques en demi-teinte…Note de bas de page 12 J’ai même rencontré « silhouette aplatie »Note de bas de page 13 (low silhouette), que je ne vous conseille pas. Je vous propose par contre se faire tout petit, essayer de passer inaperçu, ou encore, éviter de faire des vagues (qui viendrait aussi de l’anglais?). Adopter, conserver, garder, maintenir un profil bas est une image parlante, qui dit bien ce qu’elle veut dire. Aussi, je ne vois pas pourquoi nous nous ferions scrupule de l’employer, même s’il s’agit d’un calque de l’anglais (ce qui reste à prouver). Une mise en garde s’impose toutefois : contrairement à la forme anglaise, qu’on voit à toutes les sauces, la tournure française ne semble pouvoir s’employer que dans le cas d’une personne, d’un gouvernement, etc. Tout comme le chaud appelle le froid, low profile renvoie à son contraire :High profile – Conspicuous by reason of prominence. (Morrow Book of New Words.)An attitude or position that is direct, open, and emphatic; a conspicuously clear-cut stance. (Barnhart Dictionary of New English Since 1963.) Moins répandu que son jumeau, profil haut se rencontre néanmoins assez souvent dans la presse. Malheureusement, j’ai été trop négligent – ou paresseux – pour le noter. Les rédacteurs du GDEL ont dû faire comme moi, puisqu’on ne l’y trouve pas. Heureusement, le grand Robert veillait :Profil haut, programme d’action maximal. Vous conviendrez avec moi qu’on reste sur sa faim. Quant au Robert-Collins, est-ce pour se démarquer de son grand frère? Même dans sa dernière édition, il ignore profil haut; high profile est traduit par garder la vedette, être très en vue, en évidence. La regrettée Revue du traducteur nous a laissé quelques traductions intelligentes :(…) the marines could not hide behind earthern walls or antitank trenches, because their "presence" required a high profile – leur imposait de se montrer.Note de bas de page 14The crises has shown the administration something about the risks of high-profile diplomacy – sans nuances, très directe, toute en noir et blanc.Note de bas de page 15(…) his high profile was diverting attention from their top priority – son personnage haut en couleurs, ses manières fracassantes.Note de bas de page 16 Je ne vous donne ces exemples que pour vous rappeler – s’il en était besoin – que la traduction est toujours fonction du contexte. « Diplomatie de haut profil » eût été une traduction bébête. En terminant, je vous signale l’existence d’un aide-mémoire établi par un collègue et ami, Jacques Dubé de l’ACDI. Si vous avez l’occasion de l’emprunter (volez-le, s’il le faut), vous y trouverez une quarantaine de propositions pour traduire high profile, et presque autant pour low profile. Si cela ne vous satisfait pas, il ne vous restera qu’une alternative : opter pour profil ou trouver votre propre traduction. Ce sera sûrement la meilleure! P.S. : Pour vous donner une idée de la vogue de nos profils jumeaux, en janvier 1986, le Nouvel Observateur ajoutait deux sous-rubriques à son « Téléphone rouge » : la première est consacrée aux personnalités en perte de vitesse (« profil bas ») et l’autre, aux étoiles montantes (« profil haut »). On retrouve les mêmes rubriques dans le Point, mais baptisées autrement : en forme, en panne.RéférencesNote de bas de page 1 Edwy Plenel, Le Monde, 28.2.87.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Claude Cornillaud, « Mise à jour du Harrap », Revue du traducteur nº 3, juillet 1981, p. 18.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Irène de Buisseret, Guide du traducteur, A.T.I.O., Ottawa, 1972, p. 23-24.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Robert Solé, Le Monde hebdomadaire, 8.12.82.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 R.-P. Paringaux, Le Monde, 28.5.83.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Jean Gueyras, ibid., 6.10.83.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Bruno Frappat, ibid., 27.1.86.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 A.J. (?), ibid., 2.6.87.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Olivier Chevrillon, Le Point, 21.4.80.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Bernard Ullmann, L’Express, 5.5.79.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Anonyme, Le Monde, 22.10.85.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Marcel Niedergang, ibid., 24.11.85.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Anonyme, Le Monde hebdomadaire, 14.8.74.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Claude Cornillaud, op. cit., nº 28, janvier 1984, p. 24.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 ibid., nº 18, février 1983, p. 18.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 ibid., nº 11, mars 1982, p. 14.Retour à la référence de la note de bas de page 16
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Mots de tête : Un visa pour « émettre »

Un article sur le verbe emmètre
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 33, numéro 4, 2001, page 16) Je demande au Collège des médecins d’émettre des directives claires.(Lettre au Devoir, 20.07.00) Si vous êtes traducteur, ou rédacteur, je ne serais pas étonné d’apprendre que vous avez déjà souhaité être muté au ministère des Finances, ou même aux Postes. Vous rêviez d’avoir enfin l’occasion d’« émettre » – des chèques, des obligations, des timbres. Car à peu près partout ailleurs, et notamment au Bureau de la traduction, « émettre » a toujours été plus ou moins condamné au chômage chronique. Aujourd’hui encore, aussi bien dans les dictionnaires français que bilingues, il est réduit à la portion congrue. Et même les dictionnaires canadiens, ou québécois (selon l’époque de leur parution) – que ce soit le Glossaire du parler français au Canada (1932), le Dictionnaire général de la langue française au Canada (1957), le Dictionnaire du français Plus (1988), ou le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1993) –, s’en tiennent à peu près au quatuor classique : chèques, billets, timbres et emprunts. Pourtant, « émettre » s’emploie à toutes les sauces chez nous, et ce, depuis fort longtemps – un des pères de la Confédération, Thomas Chapais, l’emploie à propos de licences en 1896. Cent ans plus tard, c’est devenu un tel réflexe que même en l’absence d’équivalent anglais le traducteur le met :A press release from the Office of the Prime Minister… / Le cabinet du premier ministre a émis un communiqué de presse… (Débats du Sénat, 5.11.97) Malgré cette tradition séculaire d’égarement linguistique, cela fait à peine trente ans que les défenseurs de la langue nous mettent en garde contre la contamination d’« émettre » par l’anglais to issue. Le premier à monter au front est probablement Gérard Dagenais. Dans son Dictionnaire des difficultésNote de bas de page 1, paru en 1967, il relève toute une série d’impropriétés, avec ordre, passeport, mandat, arrêt, brevet, certificat, permis, et j’en passe. Deux ans plus tard, les auteurs du Français, langue des affairesNote de bas de page 2 dressent une longue liste d’anglicismes, où figurent deux exemples d’« émettre ». Le Comité linguistique de Radio-Canada publiera deux fiches (nos 45 et 109) pour nous rappeler d’éviter l’emploi d’« émettre » avec permis, communiqué, mandat d’arrêt. Marie-Éva de VillersNote de bas de page 3 (1988) relève à peu près les mêmes fautes. L’Actualité terminologiqueNote de bas de page 4 a aussi traité de ce problème. Après l’habituelle litanie de fautes, emporté par son élan sans doute, l’auteur va jusqu’à affirmer qu’on ne saurait « émettre » un avis. Et pourtant, la tournure est tout ce qu’il y a de plus courant, comme on peut le constater en consultant le premier dictionnaire venu. Même avec un avis écrit, « émettre » se dit; à preuve, cet exemple du Code administratif :Le conseil de discipline émet un avis motivé sur la sanction applicable et le transmet à l’autorité compétenteNote de bas de page 5. Dans la première édition de la bible de nos anglicismes, Les anglicismes au Québec (1970), on ne parle que des emplois avec « permis » et « décret », mais dans le ColpronNote de bas de page 6 de 1994, les interdits se sont multipliés. Et à la liste bien connue, les auteurs ont ajouté « directive ». C’est cette goutte qui a fait déborder mon vase. J’ai l’impression que les auteurs du Colpron n’ont pas lu Dagenais attentivement. Car si celui-ci condamne allègrement, il dit bien pourtant que dans le vocabulaire de l’administration – c’est le nôtre –, « émettre » s’emploie en parlant de publications officielles. La première fiche de Radio-Canada (nº 45) abondait dans ce sens : « ÉMETTRE s’applique particulièrement aux publications faites par l’autorité compétente », et donnait deux exemples : le gouvernement émet une circulaire; le directeur a émis une nouvelle directive. Mais la seconde fiche (nº 109) est venue mettre un bémol à cette affirmation. Après avoir rappelé que traduire to issue invariablement par « émettre » est la cause de bien des impropriétés, l’auteur précise qu’il faut écrire « publier une circulaire ». S’il s’agit d’une circulaire commerciale, peut-être, autrement, je dois dire que l’auteur s’est gouré. Malgré le silence littéralement sépulcral des dictionnaires, tant français que bilingues, l’usage autorise l’emploi d’« émettre » avec circulaire, directive, etc. J’en ai trouvé la preuve chez deux linguistes. André ThériveNote de bas de page 7 écrit, en 1956 : On nous a envoyé une circulaire émise par un ministère… Et Marina YaguelloNote de bas de page 8, en 1998 : La directive du Premier ministre, émise en 1986… Si on le dit pour une circulaire et une directive, pourquoi pas pour une note? Le Monde semble bien de cet avis : Dans une note émise par le ministère des Affaires étrangères…Note de bas de page 9 Ou pour une déclaration? Dans le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse (1982), on apprend que la déclaration Balfour a été « émise par le gouvernement britannique ». Dans le texte anglais qui m’a incité à consulter le GDEL, vous devinez qu’il y avait to issue. On rencontre aussi « émettre » avec règlement : Certaines unités avaient […] émis des règlements interdisant à leurs employées le port de cheveux longsNote de bas de page 10. Ce qui rejoint l’exemple donné par Gérard Dagenais : le ministère a émis le texte des nouveaux règlements. Et que vient corroborer un curé, rapportant les propos de son évêque : […] l’administration qui justement vient d’émettre un nouveau règlement précisant notre fonctionNote de bas de page 11. Et s’il fallait une véritable consécration, on pourrait difficilement demander mieux qu’un Dictionnaire de droitNote de bas de page 12 :Le règlement administratif […] produit les mêmes effets […] dès lors qu’il est émis par une autorité administrative. L’auteur parle aussi d’« émission » de règles générales; je n’aurais pas osé. Enfin, j’ai trouvé un exemple avec ordre : le haut commandement américain a émis en mai 1999 un ordre exécutif secret interdisant…Note de bas de page 13 Peut-être s’agit-il d’un cas limite, mais on sent que le verbe rue dans les brancards, qu’il est impatient de faire éclater ce corset que les dictionnaires lui imposent depuis trop longtemps. Je n’irais sans doute pas jusqu’à parler, comme le fait une journaliste – pourtant soucieuse de correction –, de documents « émis » par une organisation politiqueNote de bas de page 14, mais dans le cas de documents officiels, je ne vois pas pourquoi on hésiterait. Il y a au moins un dictionnaire qui nous donne le feu vert, le Hachette-Oxford : « émettre – Admin. to issue (document, etc.) ». Vous conviendrez que « document », c’est plutôt large. Si vous êtes comme moi, vous devez vous réjouir de voir « émettre » élargir son champ d’action. Car vous avez dû vous aussi hésiter devant le verbe à employer avec directive, circulaire, etc. Certes, on peut l’adopter, la donner, l’établir, la formuler, mais après? On hésite à écrire qu’on la rend publique, puisqu’elle s’adresse le plus souvent à des fonctionnaires. Et comme on a devant les yeux « to issue », on aimerait bien un terme qui rende quand même un peu l’idée de… publier. Après tout, cela fait partie de la définition même qu’en donne le Littré : « émettre – exprimer, produire, publier ». Mais je peux comprendre que vous hésitiez encore. Si c’est le cas – outre les solutions proposées par les ouvrages correctifs –, il y a une façon simple de tourner la difficulté : mettez « émaner ». Ça vous tirera d’affaire à tout coup. Une directive, une circulaire, un règlement, etc., émanant du ministère… C’est passe-partout, et c’est un tour qu’on voit souvent. Même si les dictionnaires ont encore un métro de retard à cet égard. Avec cette polyvalence grandissante d’« émettre », je me demande si on ne finira pas par « émettre » des communiqués? Une rapide recherche sur Internet m’a permis de relever onze cas de « communiqué émis ». Tous tirés du Journal des débats de la Chambre des communes. Et dire qu’à l’époque nous faisions des gorges chaudes de voir les rédacteurs de nos clients « émettre » des communiqués à qui mieux mieux. Comme quoi il ne faut jurer de rien.RéférencesNote de bas de page 1 Gérard Dagenais, Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, Montréal, Éditions Pedadogia, 1967.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 André Clas et Paul Horguelin, Le français, langue des affaires, Montréal, McGraw-Hill, 1969, p. 210.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire des difficultés du français, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1988.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Jacques Picotte, « Aux verbes-signaux, arrêtez-vous! », L’Actualité terminologique, vol. 22, nº 6, 1989, p. 5.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Code administratif, Paris, Dalloz, 1969, p. 548.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Constance Forest et Louis Forest, Le Colpron, Montréal, Beauchemin, 1994.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 André Thérive, Clinique du langage, Paris, Grasset, 1956, p. 140.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Marina Yaguello, Petits faits de langue, Paris, Seuil, 1998, p. 119.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Le Monde, billet anonyme, 26.10.84.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Manuel Lucbert, Le Monde, 27.9.84.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Bernard Alexandre, Le horsain, Paris, Plon, 1988, p. 241.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 S. Corniot, Dictionnaire de Droit, tome II, Paris, Dalloz, 1966, p. 497.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Serge Halimi et Dominique Vidal, L’opinion, ça se travaille, Marseille, Agone Éditeur, 2000, p. 84.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Lysiane Gagnon, La Presse, 11.11.00.Retour à la référence de la note de bas de page 14
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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calendrier des événements

Article sur l’expression calendrier des événements.
Pour traduire Calendar of Events, il est préférable d’employer les termes suivants plutôt que le calque calendrier des événements : programme programmation calendrier des activités Exemple Pour connaître le programme du festival de jazz, lisez nos reportages quotidiens. De plus, Calendar of Upcoming Events se rend par Dates à retenir plutôt que calendrier des événements à venir. Renseignements complémentaires Voir événement/évènement.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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Mots de tête : Un adverbe qui se fait rare

Un article sur l’adverbe possiblement
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 35, numéro 4, 2002, page 17) [Il] le sait possiblement mieux que personne(Nathalie Petrowski, L’Actualité, oct. 1982). Les vieux auteurs semblent avoir eu un faible pour les adverbes en « –ment ». Montaigne, par exemple, prend presque plaisir à en créer : ignoramment, inadvertamment, sortablementAller à la remarque a. On peut se demander si les Québécois n’ont pas hérité de ce trait. Avec nos presquement, présumément et autres supposément, nous n’avons rien à envier à Montaigne. Mais l’adverbe dont je veux vous parler aujourd’hui n’est pas une création québécoise. Il est d’ailleurs plusieurs fois centenaire. Les dictionnaires le font remonter au 14e siècle – en 1337, plus précisément. Et pourtant, il se trouve des gens, et de plus en plus nombreux, pour recommander d’éviter possiblement. Des gens dont on ne saurait prendre l’avis à la légère. D’abord, deux professeurs de traduction. Les auteurs du Français, langue des affairesNote de bas de page 1 reconnaissent que le mot est français, mais en raison de sa grande fréquence chez nous et de l’existence d’un mot-sosie en anglais, ils croient « préférable de le remplacer par c’est possible ou peut-être ». Ensuite, une linguiste de l’Université Laval se demande s’il ne faudrait pas voir dans cet « adverbe inconnu du français moderneNote de bas de page 2 », qui est très répandu au Québec, « une influence sémantique de l’anglais possibly ». Elle devra attendre presque vingt ans pour trouver réponse à sa question. En 1994, à la faveur de l’arrivée de deux nouveaux réviseurs, possiblement fait son entrée dans la bible de nos anglicismesNote de bas de page 3. (Les curieux y trouveront sept équivalents pour l’éviter.) Et Marie-Éva de Villers, qui s’était contentée dans les deux premières éditions de son ouvrage de l’enregistrer, ajoute une précision dans celle de 1997 : « peu usité ou littéraire dans le reste de la francophonieNote de bas de page 4 ». En prime, le terme a droit à une petite fleur de lys. Quelques années plus tard, nous sommes encore mieux servis : quatre ouvrages ont possiblement dans leur collimateur. Dans son dictionnaire des canadianismes, Gaston DulongNote de bas de page 5 indique qu’il est « rare en France » (cette mention ne figure pas dans la première édition, parue chez Larousse en 1989). Guy BertrandNote de bas de page 6 affirme qu’il avait complètement disparu (sic) de la langue et qu’il a resurgi au XXe siècle sous l’influence de l’anglais possibly. Si tant de dictionnaires l’ignorent complètement, ajoute-t-il, c’est qu’il est « tout à fait inutile ». Pour Lionel MeneyNote de bas de page 7, le terme est rare en « français standard », et il évoque un emploi parallèle à possibly. Enfin, après avoir rappelé que possiblement est d’un usage rare en France, Camil ChouinardNote de bas de page 8 estime qu’il se remplace « avantageusement » par peut-être. On sent souffler comme un vent de frilosité (si je puis m’exprimer ainsi), et pas seulement sur le Québec. Sur l’Europe aussi. Dans les premières éditions du Hanse, il n’était pas question de possiblement, or dans la dernière, mise à jour avec la collaboration de Daniel BlampainNote de bas de page 9, on nous recommande de l’éviter et d’employer peut-être… sans explication. Ce qui soulève une question. Pourquoi faire une telle recommandation si le terme est aussi rare qu’on le dit? Avant le Grand Robert (1964), les dictionnaires n’avaient pas grand-chose à dire de possiblement. Le Littré, le Bescherelle, le Quillet l’enregistrent, sans plus. Mais dans les diverses éditions du Robert (dont celle de 2001), on retrouve la même mention, « rare ». Pour le Grand Larousse de la langue française (1971), il est vieux ou littéraire (avec un exemple de Marguerite Yourcenar). Le Lexis (1975) se range du côté du Robert. Le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse (1984) est le premier à l’étiqueter « Can. », tout en ajoutant qu’il relève de la langue littéraire. Le terme demeure « rare » pour le Trésor de la langue française (1988), mais il en donne quand même quatre exemples, dont trois d’auteurs bien connus à l’époque, Charles Du Bos (1923), Maurice Genevoix (1925), Maurice Maeterlinck (1928). En 1992, le Robert historique constate qu’il a « vieilli en français de France ». Dans le Petit Robert de 1993, c’est un régionalisme (« Québec, peu usité en France »). Le Petit Larousse de 1996 le range dans la sphère « litt. », mais l’édition de 2000 revient à la catégorie « rare ». Avec la parution du Dictionnaire universel francophoneNote de bas de page 10 en 1997, on apprend que le terme n’est pas propre au Québec, qu’il s’emploie aussi à Madagascar, à l’île Maurice et au Proche-Orient. Les silences et incohérences des dictionnaires bilingues sont encore plus étonnants. Ce n’est qu’en 1972 que le Harrap’s l’enregistre (partie français-anglais). Le Robert-Collins attendra sa 5e édition. Quant au Grand Dictionnaire Larousse bilingue et au Hachette-Oxford, même dans les dernières éditions (1999 et 2001), ils l’ignorent toujours. Et pourtant, le terme a déjà eu ses entrées dans au moins deux dictionnaires bilingues – le vieux Clifton et GrimauxNote de bas de page 11 (1883) et le PetitNote de bas de page 12 (1946) le traduisent tous deux par possibly… Mais le plus curieux, c’est que même lorsque possiblement figure dans la partie français-anglais, jamais – je dis bien jamais – on ne traduit possibly par possiblement. C’est plutôt agaçant, vous ne trouvez pas? Qu’il soit rare, littéraire, ou simplement inexistant, possiblement n’est pas au bout de ses peines – le sens que nous lui donnons ne serait pas le même que nos cousins. Geneviève Offroy, par exemple, écrit que le terme est employé chez nous « avec des sens atténués de quasi-certitude ». C’est là qu’elle voit l’influence possible de l’anglais. Ça me paraît un peu tiré par les cheveux. Dans les cinq exemples qu’elle donne (provenant de journaux québécois), on pourrait sans problème le remplacer par peut-être. Or, au moins trois dictionnaires (dont le Grand Larousse de la langue française) lui donnent ce sens. Et pour ce qui est de l’influence de l’anglais, doit-on rappeler que perhaps est un des sens de possibly? Il est par ailleurs intéressant de noter que les définitions qu’en donnent les autres dictionnaires – d’une façon/manière possible, éventuellement, vraisemblablement, il est fort possible – correspondent presque parfaitement aux équivalents proposés par le Colpron pour remplacer possiblement… Bref, nous lui donnons le même sens que les autres francophones. Aussi, je crois que si on s’en méfie, c’est qu’il ressemble trop à l’anglais et que nous l’employons trop souvent. Ce sont là ses deux défauts. Certes, on ne saurait nier qu’il est chez nous d’une fréquence incomparable par rapport aux autres pays francophones. Je n’en veux pour début de preuve que les résultats d’une recherche sur Internet. Sur 460 sites visités, neuf occurrences seulement ne sont pas québécoises ou canadiennes. Et sur ces neuf, il n’y en a que quatre de France, les autres sont de divers coins de la francophonie (Le Mauricien, Haïti Progrès, Institut polytechnique privé de Casablanca, Genève). Mais qu’il soit plus rare en France que chez nous n’empêche pas certains auteurs français de bien l’aimer. Ce délicieux écrivain qu’est Henri Calet l’emploie cinq fois dans trois de ses ouvrages (les exemples datent de 1945, 1948 et 1953). En voici un exemple, qui correspond parfaitement à l’usage que nous en faisons :Ce fut une agréable saison pour nous deux; la meilleure de toutes, possiblementNote de bas de page 13. Pourrait-on le remplacer « avantageusement » par peut-être? Si l’on récapitule, cela fait un nombre non négligeable de bons auteurs qui l’emploient : Maeterlinck, Du Bos, Genevoix, Calet, Yourcenar. Auriez-vous honte de vous retrouver en leur compagnie? Outre le fait que possiblement n’est pas un anglicisme et que le sens que nous lui donnons ne saurait constituer un crime de lèse-majesté linguistique, je vois une autre raison pour ne pas nous en priver. Vous la trouverez peut-être un peu tirée par les cheveux (Mme Offroy m’a donné le mauvais exemple), mais possiblement me semble particulièrement utile dans le contexte nord-américain. Il vous est sans doute arrivé d’éviter d’employer éventuellement par crainte que le lecteur n’y voit le sens anglais de « certitude » (« eventually, we must die »), plutôt que celui de possibilité ou d’éventualité (« éventuellement, je le ferai » – c.-à-d. si j’en ai la possibilité)Note de bas de page 14. Possiblement permet justement d’éviter ce piège. Et du même coup, de réaliser une économie, en vous évitant d’avoir à mettre entre parenthèses, après éventuellement, « au sens français du terme ». Ce n’est pas rien. Dire qu’il aurait suffi qu’on consulte un petit ouvrage, relativement vieux et poussiéreux il faut dire, pour m’épargner les (nombreuses) heures que j’ai consacrées à écrire ce billet. Je veux parler du Dictionnaire canadienNote de bas de page 15, paru en 1962, et dont nous attendons toujours impatiemment, pour ne pas dire anxieusement, cette nouvelle édition qu’on nous promet depuis une trentaine d’années. Les auteurs, qu’on ne saurait soupçonner de laxisme – Pierre Daviault, Jean-Paul Vinay, avec la collaboration de Jean Darbelnet –, traduisent possiblement par possibly, comme d’autres l’ont fait avant et depuis, mais, ô nouveauté!, possibly y est rendu par possiblement. S’agirait-il d’un moment d’égarement? Possiblement. Ou « peut-être », si vous préférez. P.-S. : Vous voulez une autre raison pour ne plus vous méfier de possiblement? Les réviseurs de la toute dernière édition du ColpronNote de bas de page 16 (1999) l’ont laissé tomber… C’est bon signe.RemarquesRemarque a C’est-à-dire « à propos », « approprié ».Retour à la remarque aRéférencesNote de bas de page 1 André Clas et Paul Horguelin, Le français, langue des affaires, Montréal, McGraw-Hill, 1969, p. 201.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Geneviève Offroy, « Contribution à l’état de la syntaxe québécoise », Travaux de linguistique québécoise, vol. 1, Presses de l’Université Laval, 1975.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Constance Forest et Louis Forest, Le Colpron, Montréal, Beauchemin, 1994.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire de la langue française, Montréal, Québec/Amérique, 1997.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Gaston Dulong, Dictionnaire des canadianismes, Sillery (Québec), Septentrion, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Guy Bertrand, 400 capsules linguistiques, Montréal, Lanctôt éditeur, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Lionel Meney, Dictionnaire québécois français, Montréal, Guérin, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Camil Chouinard, 1300 pièges du français parlé et écrit au Québec et au Canada, Montréal, Libre Expression, 2001.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Joseph Hanse, Nouveau Dictionnaire des difficultés du français moderne, De Boeck-Duculot, 1994.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Dictionnaire universel francophone, Hachette, 1997.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 E.-C. Clifton et A. Grimaux, A New Dictionary of the French and English Languages, Paris, Garnier, 1883.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Ch. Petit et W. Savage, Dictionnaire français-anglais, Hachette, 1946.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Henri Calet, Le tout sur le tout, Gallimard, coll. Imaginaire, 1948, p. 19.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Voir L’Actualité terminologique, vol. 17, nº 3, mars 1984.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 P. Daviault, J.-P. Vinay et Henry Alexander, Dictionnaire canadien, McClelland and Stewart, 1962.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Constance Forest et Denise Boudreau, Le Colpron, Montréal, Beauchemin, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 16
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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