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L’anglais envahi par le français

Billet de blogue en français traitant de l’influence de l’anglais sur le français et de celle du français sur l’anglais.Préjugé : les hordes barbares de mots anglais assiègent notre belle langue et menacent de la défigurer à jamais. On a certes de bonnes raisons de maugréer, puisque les anglicismes pénètrent le français depuis la fin du 19e siècle, à cause de la domination économique de l’Empire britannique, dans un premier temps, et de celle des États-Unis par la suite. Ce sont surtout les emprunts lexicaux qui se sont multipliés, bien que plusieurs commentateurs commencent à dénoncer les calques syntaxiques qui apparaissent dans l’Hexagone. Au 19e siècle sont apparus des termes comme « ferry », « steamer », alors qu’aujourd’hui ce sont plutôt des emprunts dans le domaine de l’électronique qui s’imposent. Que l’on pense à « podcast » ou à « digital ». Un véritable déluge d’anglicismes dans ce domaine, des anglicismes qu’on ne cherche même pas à traduire… sauf au Canada. Par le passé, le français tentait d’assimiler certains anglicismes en les gallicisant, si je puis dire. Par exemple, une redingote n’est rien d’autre que riding coat francisé; autre exemple, un paquebot est tout simplement un packet-boat, navire postal qui, à la longue, en est venu à transporter des passagers. Tous ces aspects, qui ne font qu’effleurer la question, laissent croire que la survie du français est menacée. Pour moi, il n’en est rien. En fait, environ cinq pour cent du vocabulaire français est issu de l’anglais. Comme nous l’avons vu dans mon précédent article « Vous êtes polyglotte sans le savoir », notre langue a abondamment emprunté à l’italien, à l’allemand, au néerlandais, au turc, etc. Alors oui, notre langue est actuellement assiégée par les anglicismes dans certains domaines. Le mot clé étant actuellement. Mais l’avènement d’une nouvelle puissance mondiale pourrait un jour changer la donne. En réalité, ce serait plutôt aux anglophones de se plaindre. Environ soixante pour cent de leur vocabulaire vient du français. Certains croient même que ce serait les deux tiers. Invasion colossale qui a fait dire à un observateur, voilà quelques siècles, que l’anglais n’était rien d’autre que du néerlandais brodé de français. Comment en est-on venu là? La Conquête normande de 1066. Guillaume le Conquérant envahit l’Angleterre et en devient roi. La noblesse parle français, le peuple l’ancien anglais. La cohabitation des deux langues aura des conséquences monumentales. Pendant trois cents ans, le français est la langue de la Couronne; c’est donc dire que l’administration fonctionne en français normand. Mais, par la suite, l’anglais reprend ses droits, mais est lourdement influencé par le français, ce qui donne lieu à toute une série de phénomènes. Les doublets apparaissent. Ce sont des mots d’origine germanique et française qui ont le même sens. Trust et confidence en sont un exemple parfait. Le doublet devient même un outil stylistique servant à étoffer le discours. Mais, cette étrange cohabitation de frères ennemis a une autre conséquence : le terme français est souvent une manière plus élégante de s’exprimer. Les synonymes anglais-français abondent : raise est anglais, mais il est plus relevé de dire elevate. Un autre tandem du genre : begin/commence. En gastronomie, il est préférable de manger du beef ou du mutton, plutôt que du ox ou du sheep. Également plus digeste de commander des escargots que des snails (beurk!). Il y a aussi le phénomène des emprunts déformés. L’anglais emprunte des mots au français pour non seulement les intégrer dans son vocabulaire, mais aussi en développer le sens. Prenons comme exemple portmanteau, dont le sens original est le même qu’en français. Le mot est par la suite devenu un adjectif qui signifie qu’un objet a plusieurs usages ou qualités. Le Collins donne l’exemple suivant : The heroine is a portmanteau figure of all the virtues Évidemment, nul ne songerait à parler d’une figure porte-manteau en français… On pourrait aussi parler de double entendre, qui signifie un mot comportant un double sens. Soit dit en passant, les emprunts déformés se voient aussi dans d’autres langues. En terminant, il serait dommage de ne pas mentionner un dernier phénomène, celui des mots boomerangs. Ce sont des mots anglais d’origine française qui reviennent dans notre langue sous une forme jadis inconnue. Ces mots sont tellement bien intégrés dans notre langue que nous n’en voyons plus l’origine. Par exemple le mot « flirt », qui a engendré « flirter ». Peu de gens savent qu’il s’agit en fait d’un gallicisme en anglais. Flirt vient de l’ancien français « fleureter ». Ce dernier terme est disparu et a été remplacé par « flirter ». Idem pour « budget », qui vient de « bougette », un petit sac que l’on transportait en voyage. Comme on le voit, les anglophones « parlent » le français couramment…
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs)
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couple de

Article sur les expressions un couple de et une couple de.
Féminin (une couple de) Aux 18e et 19e siècles, on employait le mot couple au féminin pour désigner deux choses de même espèce. Cet usage est maintenant désuet. Aujourd’hui, on emploie plutôt deux : deux serviettes (et non : une couple de serviettes) deux chaises (et non : une couple de chaises) De plus, le mot couple ne désigne jamais deux choses qui vont naturellement ensemble. Dans ce cas, on dit plutôt une paire : une paire de bas une paire de lunettes Enfin, une couple de n’a pas le sens de « quelques », comme c’est le cas en anglais dans le langage familier. Même si certains ouvrages mentionnent que cet emploi est un canadianisme, il est préférable de l’éviter en employant d’autres formulations : J’ai deux ou trois appels à faire. (et non : une couple d’appels à faire) J’ai travaillé une heure ou deux dans le jardin. (et non : une couple d’heures) Donne-moi quelques carottes. (et non : une couple de carottes) Dans la langue moderne, le mot couple employé au féminin se rencontre seulement dans le domaine de la chasse à courre au sens de « lien qui sert à attacher deux ou plusieurs animaux de la même espèce ensemble ». Masculin (un couple de) De nos jours, le mot couple ne s’emploie plus qu’au masculin en parlant de personnes. Il désigne « deux personnes unies par l’amitié, l’amour ou un intérêt quelconque » : un couple d’amoureux un couple de danseurs On peut également employer le mot paire comme synonyme de couple dans ce sens : une paire de vieux amis une paire d’escrocs L’expression un couple d’heures au sens de « deux heures » est un régionalisme européen.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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Être à l’emploi de

Un article sur l’expression être à l’emploi de
Jean-Claude Gémar (L’Actualité langagière, volume 5, numéro 4, 2008, page 13) Il est fréquent, en raison de l’origine commune ou partagée des langues, de leur cohabitation sur un même territoire, d’une histoire mouvementée des peuples, qu’une langue emprunte des mots, des expressions et des tournures appartenant à une autre langue. Les langues romanes (dont l’espagnol, le français, l’italien, le portugais et le roumain) et leurs nombreux dialectes (langue d’oc, langue d’oïl, catalan, rhéto-roman, toscan…) se sont ainsi formés, pour l’essentiel, à partir du latinNote de bas de page 1. Pour des raisons historiques bien connues (bataille de Hastings en 1066), c’est l’anglais qui, le premier, a emprunté nombre de mots à la langue française, notamment entre les XIe et XIIIe sièclesNote de bas de page 2. C’est ainsi que les vocables anglais actuels employ et employmentNote de bas de page 3 viennent du moyen anglais emploien découlant du moyen français emploier, lui-même issu du vieux français empleierNote de bas de page 4, qui date de l’époque située entre les XIe et XIIIe siècles. Rappelons qu’au XVIe siècle encore, emploi s’écrivait employ. Il est pour le moins ironique que, par un de ces effets circulaires dont nous gratifie souvent l’histoire des langues, ces mots d’origine « française » (si tant est que l’on puisse employer cet adjectif, trop précis pour évoquer la langue de l’époque) nous soient revenus dans le français parlé et écrit au Canada, mais sous la forme de ce qu’il est convenu d’appeler un anglicismeNote de bas de page 5. Plus précisément, un « calque linguistiqueNote de bas de page 6 ». Tel est le cas de l’expression être à l’emploi de. Aussi peut-on se demander si une telle expression est recommandable ou à déconseiller. Est-elle un bon ou un mauvais usage? S’agit-il ou non d’un québécisme – autrement dit, d’un régionalisme – et, si oui, est-il de bon ou de mauvais aloi? Autant de questions auxquelles je me propose de répondre.L’anglicismeÀ elle seule, la qualification d’anglicisme suffit généralement à déconsidérer une expression dont l’emploi est déconseillé aux usagers d’une langue saisis d’un doute sur son origine. En font foi, dans leur immense majorité, les langagiers qui, au CanadaNote de bas de page 7, dénoncent et condamnent cet emploi dans leurs travaux portant sur la langue française. La question est abordée sous différents aspects dans les ouvrages lexicographiques et terminographiques, dont ceux de langue générale ou spécialisée, analysée comme langue de traduction ou d’expression, comme langue en contact avec une ou plusieurs langues, etc. Ces travaux, on les doit à l’effort assidu de lexicologues et de terminologues, de lexicographes et de terminographes, de traductologues et de traducteurs et à d’autres spécialistes ou artisans des langues. Et, contrairement à une idée reçue, ils ne se reprennent pas les uns les autres de manière circulaire, mais en sont arrivés à cette conclusion après mûre réflexion, au terme d’une analyse rigoureuse autant que personnelle.Que pensent, parmi de nombreux autres, Gérard Dagenais, Marie-Éva de Villers et Robert Dubuc d’une expression répandue dans le parler (jargon?) du monde du travail et attribuée pour cette raison au droit le régissantNote de bas de page 8?Pour l’auteur du Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, Gérard Dagenais,« Les locutions [À MON EMPLOI] et [À L’EMPLOI DE], calques des expressions anglaises in my employ et in the employ of, ne sont pas françaises. » Pour sa part, Marie-Éva de Villers, à qui l’on doit le Multidictionnaire de la langue française, y voit une forme fautive. être à l’emploi de. Calque de « to be in the employ of » pour travailler chez, être au service de. Quant à Robert Dubuc, l’auteur de En français dans le texte, il pense que « cette locution n’est pas reçue en français ».Voilà pour l’anglicisme, dénoncé avec constance par plusieurs générations de langagiers. La question serait trop simple toutefois s’il ne s’agissait que de cela. Après tout, l’emploi critiquable d’un mot dans le discours (oral ou écrit) tire peut-être moins à conséquence qu’une formulation maladroite ou vicieuse, qu’un dévoiement syntaxique ou, au pire, une mauvaise interprétation sémantique. Et le fait que le mot ou terme soit en usage dans une région, un pays ou dans le monde entier ne justifie en aucune manière son bien-fondé, et encore moins son « bon usage ». Le législateur québécois n’a pas reculé devant le défi, d’une autre ampleur celui-là, que représentait l’élimination du terme « corporation », présent dans le Code civil du Bas-Canada et remplacé par « personne morale », alors que des générations de juristes adossés à une jurisprudence pléthorique avaient ancré ce terme dans le langage du droit québécois depuis 1866.D’ailleurs, ce n’est pas tant le mot emploi que son habillage, le cooccurrent être suivi de la préposition à qui, réunis avec emploi de, constituent pour l’œil exercé et le lecteur attentif un assemblage bizarre, voire choquant, sur le plan syntaxique autant que maladroit dans l’expression, le style. Et, en poussant l’investigation plus loin, ce lecteur peut aller jusqu’à s’interroger sur le sens véritable que porte le mot emploi dans ce contexte. La syntaxeDans la langue parlée au Québec, l’expression être à (faire quelque chose : « Il est à déneiger son entrée », « Elle est à préparer la réunion », etc.) revient fréquemment. Lourde, maladroite et critiquable ainsi employéeNote de bas de page 9, la tournure n’est pourtant pas à rejeter dans tous les cas, ainsi que le souligne HanseNote de bas de page 10, qui en donne quelques exemples puisés dans le fonds immémorial du français :Le temps est à la pluie (évoluer vers) Les prix sont à la baisse (tendre vers) Il est à son bureau (se trouver) Ce livre est à mon frère (appartenir) Je suis à vous dans un instant (à votre disposition).De façon générale, accompagné de la préposition à (et des prépositions dans, en, sur), le verbe être « signifie se trouver dans telle ou telle situationNote de bas de page 11 ». Ce verbe – faut-il le rappeler? – est intransitif. C’est-à-dire que, contrairement aux verbes occuper et exercer, il n’admet pas de complément d’objet direct (COD) : « Marie exerce / occupe un emploi [COD] chez Bombardier. » Aussi le verbe être régit-il la fonction attributive, avec quelques autres verbes d’état (sembler, paraître, devenir). Or, la construction de l’attribut est généralement directe : « Pierre est malade [attribut] ce matin ». L’attribut, en outre, peut être un nom précédé ou non de l’article (« Cette décision est une erreur / Jacques est (un) médecin »). Mais dans une construction indirecte, où il faut recourir à une préposition (à, de, en, comme, pour), il devient une locution adjective, comme dans l’exemple « Il est à couteaux tirés avec elleNote de bas de page 12 ». La préposition, quelle qu’elle soit (à, de, pour…) est alors d’emploi fixe et irremplaçable, d’où être à – et non dansNote de bas de page 13, en ou comme. Locution adjective, l’attribut à l’emploi ne saurait être suivi d’une préposition régissant un nom (propre ou commun) puisqu’il remplit la fonction d’un adjectif, comme dans cet exemple : « Cette sculpture de Rodin est belle [à voir] ». Ce qui constitue une structure agrammaticale, parce que c’est un verbe à l’infinitif (cf. Littré) qui devrait suivre dans une construction comme être à l’emploi de pour qu’elle soit conforme à la grammaire.Il faut alors repenser cette expression et la reformuler autrement : être employé / travailler (chez / à / dans… ).Outre l’appartenance, l’aspect duratif est justement ce qui caractérise la personne qui exerce un emploi. Aussi une formulation grammaticalement correcte – mais néanmoins très maladroite et lourde – de cet état (être employé par / chez / à / dans…) pourrait-elle être ainsi rédigée : Il / Elle est à travailler à la SAQ / chez Bombardier / dans l’usine de Lévis, etc. Car être à, dans ce sens et dans cet emploi, devrait être suivi d’un verbe à l’infinitif, et non d’un substantif – sauf s’il est employé absolument : être à (la peine, la tâche), ou dans une expression figée : être à l’abri / au lit / à son travail; alors que l’on dira être à la merci de (quelqu’un / quelque chose), sans état d’appartenance.Une fois n’est pas coutume : les solutions et les exemples à suivre nous viennent du législateur et des juges fédéraux, comme le montrent les dispositions du Code canadien du travail (L.R., 1985, ch. L-2) et l’interprétation que les tribunaux en ont faite. Par exemple, à l’article 10 de la Loi sur les normes du travail :10. « salarié » : une personne qui travaille pour un employeur et qui a droit à un salaireou encore, voir l’interprétation du paragraphe 12 par les tribunaux [C.S.M. c. McKeage, [1969] B.R. 711 (C.A.)], à propos du « service continu » :Le service continu est la période au cours de laquelle le salarié est considéré comme étant au service de son employeur (art. 1, par. 12). La stylistiqueSous l’apparence d’une tournure usuelle et à saveur régionale, la locution être à l’emploi de présente à l’usager (francophone ou non) une tournure maladroite, voire impropre (passif apparent, car il manque un participe passé) et même équivoque (on hésite entre un « passif d’action » et un « passif de résultat ») qui ne lui est pas naturelle.Or, on l’a constaté plus haut, la langue française dispose de façons de dire la même chose sous une forme moins lourde, plus élégante et naturelle, sans avoir besoin de calquer celle d’une autre langue. Par exemple :travailler chez (BMO), à (la Caisse Desjardins), à l’Ordre des comptables agréés, pour le compte de [dans une langue soignée – en rappelant que pour, employé seul, est un vieil anglicisme (inspiré de he / she works for…) passé, désormais, dans l’usage commun!], etc. être employé chez (Bell), à (la GRC) être au service de (la Croix-Rouge).En dehors du Canada, on ne trouve cette locution dans aucun texte des États membres de la francophonie (Afrique francophone, Belgique, France, Suisse…), ni dans ceux des forums internationaux (BIT, OIT, ONU, UE, UNESCO). À l’ère de la communication et de ses impératifs d’efficacité, il est paradoxal que l’on persiste, au Québec particulièrement, à employer une expression qui concourt à la profusion et à l’enflure du langage, ces maux de notre temps. Un exemple simple mais probant en démontre le peu de naturel :Véronique est à l’emploi de [Bell ] = 5 mots Véronique travaille chez [Bell] = 2 mots!L’addition des mots en trop, répétés à longueur de pages, allonge inutilement un texte – juridique ou autre. Sans aller jusqu’aux 99 façons différentes d’exprimer un message ou de décrire un événement comme l’écrivain Raymond Queneau l’a brillamment illustré dans ses Exercices de style, la langue française dispose d’assez de ressources expressives pour rendre l’idée, fort simple et banale au demeurant, qu’une personne travaille, est employée quelque part. Sens et significationUn dernier aspect à traiter à propos de la locution être à l’emploi de, sans doute le plus délicat et le plus complexe, reste celui du sens à attribuer aux mots. La signification d’un mot est donnée par le dictionnaire, de façon objective : tout le monde comprend ce qu’est une table, une chaise. Mais quid de la table sur laquelle se déroule le Banquet de Platon et des sièges des convives? Le sens d’un mot est ce qui se dégage de son emploi dans le discours, en contexte, appliqué à une situation particulière. Ce sens-là est « subjectif », de la même façon que le droit se présente sous deux aspects, un objectif (le Droit, celui d’un pays) et un subjectif (un droit, une prérogative reconnue à une personne).Plusieurs situations possibles se présentent dans le cas de l’expression être à l’emploi de. Il s’agit soit d’un calque linguistique, soit d’une signification fondée sur une interprétation erronée d’une des acceptions de ce mot recensées dans les dictionnaires. Soit encore d’un archaïsme qui s’est perpétué jusqu’à nos jours par la force de l’habitude. Ce dernier cas serait alors clair et simple : il n’a plus sa raison d’être dans la langue d’aujourd’hui. Mais il peut arriver aussi que les trois situations se recoupent, s’additionnent ou se complètent, ce qui semble être le cas ici.Au sujet du calque linguistique, la comparaison s’impose entre les deux langues en cause, l’anglais et le français. L’expression française, comme il a été dit (voir note 3), est sans doute une traduction calquée sur le modèle de la langue de départ, où employ a inspiré emploi au traducteur ou au rédacteurNote de bas de page 14. Or ces termes sont difficilement comparables si l’on prend en considération le fait que selon les dictionnaires Webster, les mots employ et employment comprennent trois sens principaux, alors que le mot emploi, dans le Grand Larousse de la langue française, en compte huit et que, dans le dictionnaire le plus complet de la langue française contemporaine, le Trésor de la langue française, on en relève quinze! Est-on certain, à ce compte, d’avoir retenu le bon sens, en particulier quand on sait ce que connote le substantif employ en anglais : wages (gages)?Quant à la valeur sémantique du mot emploi dans l’expression en cause, en dehors de toute influence de l’anglais, est-on sûr, là encore, d’avoir bien interprété le sens de ce mot, derrière l’écran des huit ou quinze acceptions possibles? Au vu de la finesse et de la subtilité des nuances séparant chaque signification, il est permis d’en douter.Une tournure à bannir L’expression être à l’emploi de, probablement formée au contact de l’anglais en milieu de travail, s’est étendue à la langue courante, d’abord parlée, puis écrite. On la trouve au Québec – dans des textes de droit, tel le Code du travail (L.R.Q. chapitre C-27, à l’article 105, par exemple), des contrats de travail et des conventions collectives -, ainsi qu’au Nouveau-BrunswickNote de bas de page 15. Mais elle ne paraît nulle part ailleurs dans le monde francophone, ce qui soulève de sérieux doutes sur son authenticité française. Or, présence, constance et répétition d’un fait d’usage n’en garantissent ni l’authenticité ni le bien-fondé et encore moins le « bon usage », garant de la qualité de l’expression d’une langue donnée. Jean Darbelnet, linguiste canadien, distinguait les anglicismes (bienvenus!) qui enrichissent le fonds du français (cf. music hall) et ceux (à rejeter) qui, en se substituant à des mots, tours et formulations existants, l’appauvrissent en en réduisant les moyens d’expressionNote de bas de page 16. Tel est bien le cas de l’expression en cause, qui se substitue à des manières de dire plus simples, en usage depuis des générations et suivies par les pays francophones et leurs institutions ainsi que par les organisations internationales. Au terme de l’analyse des quatre aspects linguistiques principaux de cette expression, nous pouvons en conclure qu’elle est critiquable sous au moins trois, voire quatre chefs d’accusation. Comme anglicisme d’abord, la probabilité qu’il s’agisse d’un calque linguistique étant grande, elle ne peut être absoute au bénéfice du doute. Ensuite, sa construction syntaxique – où la fonction attributive tient, en regard de la grammaire, un rôle essentiel lorsque le verbe être est mis en cause – est au moins suspecte. Sur le plan stylistique, cette formulation est maladroite et de surcroît peu économe; elle ne saurait remplacer des formulations bien établies telles que :A (le salarié, l’employé, la personne) est employé par B / chez B / dans la fonction publique; A travaille chez B / à (la Régie / la SAQ / au palais de justice); B est un salarié / un employé / un membre du personnel de C.Sur le plan sémantique enfin, un doute subsiste sur la valeur réelle (la « signification ») du mot emploi qui, dans une telle structure syntaxique, n’est pas utilisé de façon absolue. Au final, ces doutes et aspects critiquables font de être à l’emploi de une expression condamnable aux motifs de barbarisme et de solécisme doublés d’anglicisme. Et à supposer qu’il s’agisse d’un régionalisme (canadianisme alors, car il n’est pas circonscrit au Québec), n’étant pas dans le bon usage, il devrait être qualifié de « mauvais aloi ».RéférencesNote de bas de page 1 Lequel est, soit dit en passant, à la source des quelque soixante pour cent du riche vocabulaire que comprend la langue anglaise, pourtant non romane.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Le terme Law French, à lui seul, résume bien la situation. Mais que dire de la devise de la famille royale d’Angleterre Honi [sic] soit qui mal y pense? Pendant les trois siècles qui suivirent la bataille de Hastings, la cour, le droit (et la justice) et l’administration anglaises ont parlé le français de l’époque, l’anglo-normand.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Termes en usage courant dans le monde anglophone, comme en témoignent ces deux exemples relevés le jeudi 28 février 2008 sur le site Internet du New York Times : « Judge John A. Chandler of St. Paul has been forty-eight years in continuous railroad service in the employ of one road (…) » (Article Preview); « Counterfeiters in the employ of the Government » (Article Preview). Toutefois, malgré les apparences, employ et employment ne sont pas synonymes (c’est-à-dire interchangeables), le premier terme étant limité au « state of being employed » (Oxford Modern English Dictionary) et le second s’appliquant à deux fonctions : « the act of employing or the state of being employed » (ibidem). Le premier est un mot de la langue courante, alors que le second (employment) est un terme du langage du droit. En outre, le premier connote une nuance désuète, la définition se terminant ainsi : « esp. for wages » (ibidem). La comparaison avec la présence du mot français « emploi » dans l’expression « être à l’emploi de » vient alors naturellement à l’esprit : anglicisme ou archaïsme?Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Apparu pour la première fois dans le manuscrit de la Chanson de Roland, sans doute rédigé, d’après Marcel Cohen (Histoire d’une langue : le français, 4e éd., Paris, Éditions sociales, 1973), « à la fin du 11e siècle; manuscrit du 12e siècle de provenance anglo-normande, dit d’Oxford » (p. 132).Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Voir Marie-Éva de Villers : « Les anglicismes sont des mots, des expressions, des constructions, des orthographes propres à la langue anglaise », Multidictionnaire de la langue française, 3e éd., Montréal, Québec Amérique, 1997, p. 81.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Selon le Dictionnaire de linguistique (Larousse, 1973), cette situation se produit lorsque « pour dénommer une notion ou un objet nouveaux, une langue A (le français, par exemple) traduit un mot, simple ou composé, appartenant à une langue B (allemand ou anglais, par exemple) en un mot simple existant déjà dans la langue ou en un terme composé formé de mots existant aussi dans la langue […] Quand il s’agit d’un mot simple, le calque se manifeste par l’addition […] d’un « sens » emprunté à la langue B » (p. 72-73).Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Pas seulement au Québec, mais aussi en Ontario (au fédéral et au provincial), au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, notamment. De Dagenais et Daviault à Colpron, en passant par Darbelnet, Marie-Éva de Villers, Robert Dubuc, Antoni Dandonneau, Gérard Snow et l’auteur de ces lignes, les langagiers canadiens ne cessent de dénoncer ce barbarisme.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Quoique « être à l’emploi de » ne soit pas un terme fondé sur une institution ou une notion juridique établie comme la propriété ou le contrat.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Qui exprime l’aspect duratif d’une action (Grevisse), alors que l’on pourrait dire bien plus simplement et naturellement, par exemple en réponse à la question « Que fait ton père en ce moment? » : « Il déneige son entrée », « Il s’habille »; et à la question « Que fait Marie-Claude ce matin? » : « Elle prépare la réunion ». Mais cela relève davantage de la stylistique (voir 3) que de la syntaxe.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, 3e éd., Louvain-la-Neuve, De Boeck-Duculot, 1994, p. 372.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Dictionnaire de l’Académie, 8e éd., 1932-1935.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Extrait du Dictionnaire de linguistique Larousse, op. cit., p. 57.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Jean-François Féraud, dans son Dictionnaire critique de la langue française (18e siècle), à l’entrée emploi, relève la formulation « être dans l’emploi, dans le grand emploi ». Mais ce mot, encore une fois, est employé absolument, sans complément (voir Littré : « Il se dit, absolument, pour service, temps passé dans les emplois. » P. ex. : « …ils ont plus d’emploi, plus de rang, plus de nom », Corn., Pulch. III, 1). En outre, il n’est jamais question de la préposition » à « dans un tel contexte, ni chez Furetière, ni dans le Dictionnaire de l’Académie non plus, ni dans aucun des grands dictionnaires qui ont suivi (Littré, Larousse, Robert, TLF).Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 À moins que ce ne soit le mot job, comme le pensait Jean Darbelnet (cf. Dictionnaire des particularités de l’usage, Québec, PUQ, 1986). Cette hypothèse est cependant peu vraisemblable en regard de l’ancienneté de l’usage du mot employ dans le monde anglophone.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Loi sur les normes d’emploi, L.N.-B. 1982, ch. E-7.2, par. 18(1), 44.021(1), 44.031(3); Loi sur les agents immobiliers, L.R.N.-B. 1973, ch. R-1, par. 10(3), (4); Loi sur la saisie-arrêt, L.R.N.-B. 1973, ch. G-2, al. 32c); Loi sur les compagnies, L.R.N.-B. 1973, ch. C-13, al. 38(2)b), d) et par. 113(1); Loi sur les municipalités, L.R.N. B. 1973, ch. M 22, art. 90.1; Loi électorale, L.R.N.-B. 1973, ch. E-3, par. 86(5).Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Le verbe « canceller » en est un bon exemple, lui qui se substitue à tant d’autres verbes qu’appelle une situation particulière : abolir (un usage), abroger (un décret), annuler/décommander (un rendez-vous), infirmer [aussi : casser] (un jugement), dissoudre (une union), supprimer (un permis), et plus encore : invalider (une loi, un testament), résilier/résoudre/rescinder (un contrat).Retour à la référence de la note de bas de page 16
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Traduire le monde : Amender la constitution?

Un article sur l’expression amendement à la constitution
André Racicot (L’Actualité terminologique, volume 34, numéro 2, 2001, page 29) Vous n’y pensez pas? Du moins sur le plan linguistique, bien sûr. Car depuis que je suis au Bureau de la traduction (ce qui commence à faire longtemps…), on me répète qu’une loi ne peut jamais être amendée, seulement modifiée. On amende un projet de loi, on modifie une loi existante. Or, la constitution est justement une loi. En fait, au Canada, il s’agit plutôt d’un ensemble de lois à portée constitutionnelle, ce qui revient au même. Certains s’étonneront de ces scrupules, car les médias emploient continuellement les expressions amender la constitution et amendement constitutionnel. Alors qui a raison? Les États-Unis ont modifié leur constitution 27 fois. Le premier changement qu’ils y ont apporté garantit notamment la liberté de presse. C’est ce qu’on appelle couramment le premier amendement. Si si, vous avez bien lu. Et ce ne sont pas uniquement les journalistes qui l’évoquent sous ce nom, mais aussi les ouvrages spécialisés, dont les encyclopédies. Il faut dire que la terminologie politique américaine en français comporte un certain nombre d’anglicismes que plus personne ne songerait à condamner. Pensons au mot administration, qui désigne le gouvernement américain. Voilà donc une première brèche; mais y en a-t-il d’autres? Que disent les Français? Eh bien ils parlent plutôt de révision de la Constitution (ils écrivent ce mot avec la majuscule). À première vue, les dictionnaires semblent aller dans la même direction. Le Robert et le Larousse s’entendent pour définir amendement comme étant la modification d’un texte soumis à une assemblée législative. À l’entrée constitution, le Petit Robert donne l’exemple suivant : « Réviser, réformer la Constitution ». Les autres ouvrages consultés limitent également les amendements à des projets de loi. Jamais le mot n’est employé avec constitution. La cause semble donc entendue, sauf que… Les dictionnaires bilingues donnent un autre son de cloche. Par exemple, le Robert-Collins traduit le mot amendment dans le contexte d’un règlement, d’une loi et de la constitution par… amendement tout court. Le Larousse anglais-français va exactement dans le même sens. Est-ce à dire que les dictionnaires bilingues sont moins rigoureux? Le doute s’insinue… Une recherche plus approfondie dans les ouvrages unilingues français s’imposait. Le Trésor de la langue française définit amendement de la même manière que les autres dictionnaires. Mais il consacre une section séparée au droit canadien avec la définition suivante : « Modification d’une loi existante ». Le même ouvrage est le seul en français à donner le sens du mot amendement aux États-Unis : « Texte constitutionnel modifiant la constitution en vigueur ou s’y ajoutant ». Curieusement, cette précision est absente du Petit Larousse et du Petit Robert. Une autre recherche dans le Robert électronique m’a permis enfin de trouver l’expression amender la constitution (avec la minuscule cette fois-ci). D’ailleurs cet exemple figure aussi dans le Grand Robert de… 1975. L’auteur s’est finalement téléporté dans Internet pour constater que le Conseil constitutionnel français, le journal Le Monde et bien d’autres sources de l’Hexagone emploient l’expression amender la constitution. Il semble donc que nous sommes mûrs pour une révision… de l’usage.
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Traduire le monde : Le vocabulaire politique britannique

Un article sur les origines britanniques du vocabulaire politique canadien
André Racicot (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 3, 2010, page 23)Un parlement… suspendu? Les élections britanniques de mai 2010 ont donné un résultat qui, depuis 2004, fait partie du menu quotidien des Canadiens, c’est-à-dire un parlement sans majorité. Parlement qualifié de hung parliament par les Britanniques, expression qui fait sourire et qu’on évitera de traduire par parlement suspendu. Au Canada anglais, on dirait plutôt minority government, alors qu’en français il serait question de gouvernement minoritaire ou, plus rarement, de parlement minoritaire ou sans majorité. Pays de régime britannique, le Canada a emprunté une bonne part de sa terminologie politique au Royaume-Uni. Ainsi, son parlement est composé d’une chambre haute, le Sénat, et d’une chambre basse, la Chambre des communes. Celle-ci porte d’ailleurs le même nom au Royaume-Uni : House of Commons. On notera toutefois un premier hiatus : le Sénat britannique s’appelle House of Lords. Et le hiatus ne se limite pas au nom; il s’étend à la composition de la Chambre des lords, qui accueille des membres à vie et des représentants du clergé, ce qui n’est pas le cas au Canada.Le Cabinet Tout comme son homologue britannique, le premier ministre canadien forme un cabinet, qui comprend l’ensemble des ministres. Le mot est le même dans les deux langues officielles, mais son origine peut surprendre. Autrefois, le premier ministre britannique réunissait ses ministres dans une petite pièce, appelée cabinet, mot qui en vint à désigner le conseil des ministres. Ce conseil des ministres n’a pas toujours existé. À l’origine, le roi exerçait le pouvoir exécutif, mais s’entourait de conseillers pour connaître les états d’âme du royaume. Ce groupe était désigné sous le nom de Conseil privé, d’où l’expression royale : « J’ai décidé en mon conseil… », c’est-à-dire après consultation du Conseil privé. Les membres les plus influents du Conseil privé britannique ont formé l’embryon du cabinet actuel qui, avec le temps, en vint à diriger le gouvernement à la place du souverain. Au Canada, le Conseil privé ne joue plus du tout ce rôle de nos jours, car il se compose notamment de ministres présents et passés. On les imagine mal tenter de donner des conseils au premier ministre, compte tenu de leurs allégeances diverses.Un lord Chancelier? Certains membres du cabinet britannique portent des titres pour le moins originaux. Pensons au chancelier de l’Échiquier (en anglais, Chancellor of the Exchequer), qui n’est rien d’autre que le ministre des Finances de Sa Majesté. L’origine du nom ne fait pas l’unanimité. Selon certains, le ministre des Finances utilisait au Moyen-Âge un abaque en damier pour tenir ses comptes, alors que d’autres prétendent que c’est plutôt le plancher du ministère qui était en damier. Quoi qu’il en soit, ces expressions dament le pion à toutes les autres que l’on pourrait imaginer, du moins sur le plan de l’originalité… Si l’on devait s’inspirer du plancher de nos immeubles fédéraux pour baptiser le ministre des Finances du Canada, nous aurions peut-être un chancelier du Granit… Qu’en dites-vous? Un des collègues du chancelier de l’Échiquier est le Lord Chancellor, en quelque sorte le garde des Sceaux de Sa Majesté, dont le titre se traduit tout simplement lord Chancelier. Au Canada, ses pouvoirs seraient dévolus au ministre de la Justice. Les Britanniques peuvent également compter sur un Home Secretary, chargé du ministère de l’Intérieur qui, au Canada, correspond au ministre de la Sécurité publique. Home Secretary pourrait être traduit par secrétaire à l’Intérieur. Le titre de secrétaire appelle en effet la préposition à, contrairement à ministre, qui demande le de. Le titre le plus connu de la politique britannique, à part celui de premier ministre, est celui de ministre des Affaires étrangères. Son titulaire, appelé Foreign Secretary, dirige le Foreign Office. En français, on parle du secrétaire au Foreign Office. De fait, ce ministère porte le nom officiel de Foreign and Commonwealth Office, mais il est continuellement désigné sous sa forme abrégée. Ici, pas de traduction consacrée. De nos jours, l’appellation Foreign Office est couramment utilisée dans notre langue, bien qu’on puisse la traduire approximativement par ministère des Affaires étrangères. Une traduction qui n’est pas fausse en soi, mais qui est nettement moins savoureuse que l’original anglais. Traditionnellement, le chef de l’Opposition officielle forme un Shadow Cabinet, soit un cabinet fantôme, constitué de porte-parole officiels pour chaque ministère. Cette institution existe également au Canada.Devolution Il y a une dizaine d’années, le Royaume-Uni a délégué certains pouvoirs à des gouvernements régionaux, ce qu’on appelle en anglais devolution. Bien que le terme dévolution soit employé pour désigner cette réalité en français, il s’agit d’un faux ami; le mot juste est plutôt déconcentration. De fait, le gouvernement britannique a déconcentré certains pouvoirs pour les attribuer aux régions de l’Écosse, de l’Irlande du Nord et du pays de Galles. Celles-ci exercent donc certains pouvoirs qui peuvent leur être retirés par le gouvernement de Londres, et c’est pourquoi on parle de devolution et non de fédéralisme. Les régions sont dirigées par un gouvernement régional à la tête duquel on retrouve un First Minister, autrement dit un premier ministre. Au Canada anglais, on dirait un Premier. La devolution a permis la résurrection du parlement de l’Écosse et de celui de l’Irlande. Quant au pays de Galles, il s’est doté, lui aussi, de sa propre assemblée qui, en 2003, est devenue la première où hommes et femmes étaient représentés à égalité. On remarquera en passant l’absence d’assemblée législative en Angleterre, la dernière région du Royaume‑Uni. Les parlements ont souvent un nom précis. Ainsi, celui du pays de Galles porte le nom de National Assembly for Wales, rendu par Assemblée nationale du Pays de Galles, selon la traduction du site Web de cette institution. En gallois : Cynulliad Cenedlaethol Cymru. Le parlement de l’Écosse (Scottish Parliament) a été rétabli en 1999, soit 292 ans après sa fusion avec celui de l’Angleterre, en 1707. Son nom en langue écossaise est Pàrlamaid na h-Alba. Enfin, l’Assemblée de l’Irlande du Nord (Northern Ireland Assembly) se réunit au parlement de Stormont. Son nom en gaélique est Tionól Thuaisceart Éireann. Comme on le voit, les langues celtiques encore parlées en Irlande, en Écosse et au pays de Galles ouvrent tout un champ terminologique. Ces langues ont bien sûr une diffusion très limitée, parce qu’elles ont été supplantées par l’anglais.
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