Si aujourd’hui, à 50 ans, la Loi sur les langues officielles semble un peu vieillie, elle n’en était pas moins avant-gardiste à l’époque de sa création. En effet, les valeurs qu’elle prônait déjà en 1969, c’est-à-dire le respect, l’inclusion et l’égalité devant les tribunaux, sont ardemment défendues dans le Canada moderne.
Promulguée à l’origine pour protéger entre autres les droits des communautés linguistiques de langue officielle en situation minoritaire, la Loi soutient l’expression et la vitalité de toute la population canadienne. En plus de favoriser les échanges et la diplomatie, elle permet au Canada de façonner son identité collective. Il suffit d’assister aux célébrations de la fête du Canada, le 1er juillet, sur la Colline du Parlement à Ottawa, pour en prendre conscience. La Loi a été conçue pour permettre aux communautés francophone et anglophone de s’épanouir, mais elle permet finalement à tous les Canadiens d’origines culturelles les plus diverses de se retrouver. Les deux langues officielles sont devenues ce qui unit le Canada dans sa diversité culturelle. Elles sont devenues un pont entre les cultures : c’est ce qui les relie, ce qui les unifie.
Françoise
Cette loi, je l’aime. C’est grâce à elle que je suis venue au Canada juste avant l’an 2000, car je cherchais un pays où mes enfants pourraient aller à l’école en français. C’est aussi grâce à elle que j’ai trouvé mon premier emploi. C’est grâce à elle qu’aujourd’hui, dans la fonction publique fédérale, je peux travailler dans ma langue maternelle et utiliser ma seconde langue officielle tous les jours. Le bilinguisme institutionnel a eu des conséquences bénéfiques sur ma vie personnelle, m’a fait connaître des collègues et amis que je n’aurais pas eu la chance de rencontrer si j’étais restée dans mon univers unilingue. On dirait que mes enfants, eux, sont devenus bilingues sans effort, comme si ça allait de soi. C’est cette loi qui leur a permis de construire leur avenir et de se sentir chez eux dans ce pays où il fait bon vivre dans les deux langues.
Carole
Moi, j’ai grandi au Nouveau-Brunswick, au sein d’une communauté francophone acadienne. À l’école et en famille, on parlait le français (ou devrais-je plutôt dire le « chiac »!). Mais partout ailleurs, tout se passait en anglais. Chez le médecin, en anglais. Au resto, en anglais. Les sports, en anglais. Avec l’arrivée de la Loi sur les langues officielles et l’offre de services bilingues, le français a commencé à se faire entendre, petit à petit, dans le monde au-delà du « che-nous » (comme on dit en Acadie). Encouragés par la valorisation de leur langue via la Loi, les gens de ma communauté ont commencé à s’exprimer en français non seulement à la maison, mais également à l’épicerie, au théâtre, à l’aéroport, au hockey. Et, ce qu’il y avait de plus surprenant, c’est que la majorité des gens à qui on avait parlé en anglais pendant toutes ces années parlaient le français aussi! Voilà le pouvoir d’une loi : elle a permis à une communauté entière de retrouver sa voix au-delà du seuil de son foyer!
Robert
La Loi sur les langues officielles constitue un pas important dans la reconnaissance du français et de l’anglais partout au Canada.
Je me souviens de mes premiers voyages dans l’Ouest canadien au milieu des années 70. Il était à peu près impossible d’obtenir des services en français ou même de trouver un interlocuteur francophone dès qu’on dépassait Sudbury en Ontario, exception faite de Saint-Boniface en banlieue de Winnipeg, au Manitoba. Si on était chanceux, on pouvait converser en français avec un autre voyageur du Québec ou d’ailleurs.
Quelques années plus tard, début des années 80, j’ai refait à peu près le même trajet, et la situation avait beaucoup changé : plusieurs des personnes que je rencontrais étaient déjà bilingues ou souhaitaient le devenir, et les services pour les francophones s’étaient nettement améliorés. Dorénavant, quant à leur statut, les deux langues officielles étaient sur un pied d’égalité.
Vers la fin des années 80, 3e voyage dans l’Ouest, cette fois-ci pour travailler à la récolte des fruits durant l’été (eh oui!). Même si l’anglais prédominait dans la vallée de l’Okanagan, il y avait tellement de francophones que la région de Penticton, où je résidais, était devenue pratiquement bilingue!
Avouons que parfois, une loi peut contribuer à produire des résultats concrets.
Soyons fiers de cette loi et célébrons-la!