Le développement du langage au cours des trois premières années de la vie n’a pas fini de nous intriguer. Les tout-petits assimilent la langue, et parfois de multiples langues, à un rythme étonnant. Puisque ces années sont de plus en plus connues comme étant « le pivot de l’apprentissage du langage », il y a un certain débat entourant la façon dont on devrait s’adresser à de jeunes enfants. Est-ce que « parler en bébé » favorise ou freine l’apprentissage du langage?
Recommandations des experts
Il ne semble pas y avoir d’avis unanime sur la question; toutefois, les professionnels du domaine ont tendance à s’entendre sur les suggestions suivantes.
1. Évitez le nivellement par le bas
Il semblerait que de parler en bébé n’aide pas tellement le développement du langage. En enseignant aux tout-petits des « mots de bébé » pour nommer certaines choses, nous ne faisons qu’ajouter une étape dans leur processus d’acquisition du langage. Par exemple, nous entendons souvent les adultes, lorsqu’ils parlent à des enfants, dire des choses comme « kiki » au lieu de « biscuit ». Ils simplifient le mot pour qu’il soit plus facile à prononcer pour l’enfant. Or, l’enfant devra inévitablement apprendre plus tard le bon mot. Il ne sert vraiment à rien de modifier la prononciation d’un mot difficile à dire. Les enfants auront leur propre façon de le prononcer jusqu’à ce qu’ils soient capables d’employer les bons sons.
La même logique s’applique aux phrases. Il peut être utile de simplifier ses phrases; cependant, on devrait éviter de le faire au point de malmener la grammaire. Par exemple, il vaut beaucoup mieux dire à un enfant « Veux-tu un biscuit, Sophie? » que « Sophie veut biscuit? ». Même si cela leur prendra un certain temps avant d’arriver à faire des phrases, les nourrissons et les tout-petits assimilent rapidement les structures du langage, et vous les aiderez mieux en employant les vrais mots et la bonne syntaxe.
2. Évitez de copier leur langage enfantin
Comme je l’ai dit plus haut, quand les tout-petits apprennent à parler, ils auront leur propre manière de prononcer les mots jusqu’à ce qu’ils soient capables de les dire correctement. Il est important de ne pas copier leur mauvaise prononciation, parce qu’ils disent le mot du mieux qu’ils peuvent et, si vous changez votre façon de le prononcer, vous compliquerez les choses. Même s’il peut être mignon de copier votre enfant lorsqu’il dit « ze » plutôt que « je », il est préférable pour lui que vous prononciez le mot correctement. Mais cela s’applique seulement aux enfants plus vieux qui commencent à prononcer des mots. Copier les premiers gazouillis d’un nourrisson, tels que « ba-ba-ba », constitue une excellente activité de développement du langage.
3. Stimulez votre enfant
Lorsqu’ils parlent avec des tout-petits, les adultes ont naturellement tendance à adopter une intonation plus aiguë et à exagérer leurs expressions faciales. Cette façon de « parler en bébé » peut aider à conserver l’attention des enfants et à les faire participer à la « conversation ». En parlant plus lentement et en exagérant votre articulation, vous les aidez à reconnaître les pauses entre les mots. Les orthophonistes conseillent de le faire jusqu’à ce que les enfants commencent à parler. Ensuite, il est préférable de leur parler normalement. Il est très important d’établir un contact visuel lorsqu’on parle à des nourrissons, à des tout-petits… et à n’importe qui, d’ailleurs!
C’est tout naturel
Quand on y pense, durant les premières années de leur vie, nous jouons un rôle de modèle pour nos enfants. Naturellement, cela est aussi le cas en ce qui concerne le développement du langage. En leur montrant l’exemple, en les encourageant à prononcer et à parler correctement, ainsi qu’en les incitant activement à échanger avec nous, nous les accompagnerons de notre mieux dans leur aventure d’acquisition du langage.
La grande question : Devriez-vous empêcher une personne de parler en bébé à votre enfant? Le meilleur conseil semble être de parler à votre enfant à votre manière et d’espérer que les autres vous entendront et suivront votre exemple. Quelques « mots de bébé » ici et là n’auront pas une grande incidence sur l’apprentissage de votre enfant. Ces trucs vous mettront dans la bonne voie en tant que premier éducateur de votre enfant.
Que pensez-vous du « parler en bébé »? Faites-moi part de votre opinion ou racontez votre expérience dans un commentaire!
Traduit par Fanny Vittecoq, Portail linguistique du Canada