Ma mère m’a dit que mon amour des langues a commencé in utero. Alors qu’elle était enceinte de moi, elle a rêvé qu’elle allait avoir une fille passionnée par les langues. Mes parents ont alors tenu à ce que je porte un nom français, et ils m’ont donné le nom de l’actrice Yvette Mimieux, qu’ils avaient récemment vue dans un film.
Mon initiation au français et aux autres langues
Comme ma mère en avait eu l’intuition, je suis devenue une lectrice précoce et vorace, et j’ai rapidement été intriguée par les inscriptions trouvées sur les objets qui m’entouraient. J’ai ainsi découvert que ma boîte de Corn Flakes contenait des « flocons de maïs » en français! J’étais aussi fascinée par les quelques phrases en français dont ma mère se souvenait de son secondaire et qu’elle adorait m’enseigner (par exemple, « Ferme la porte, bébé! »). Ce n’est qu’au début du secondaire que j’ai commencé à apprendre formellement le français, et je suis vite devenue accro! J’ai continué à étudier le français pendant le reste de mon secondaire et à l’université, y compris pendant un semestre en France, et mon amour pour cette belle langue n’a jamais faibli. En cours de route, j’ai étudié l’allemand, l’espagnol et le russe, et j’ai appris un peu de japonais, d’italien et de mandarin pour touristes, ce qui m’a bien servi lors de mes voyages.
Le patois jamaïcain, une langue à part entière
Ce qui m’intrigue dans les langues, c’est qu'elles nous permettent de faire preuve de respect envers les cultures et les personnes que nous rencontrons, et qu’elles peuvent être une chose vivante qui évolue avec le temps. En Jamaïque, d’où ma famille est originaire, on parle couramment le « patois », ou créole jamaïcain, une langue qui s’y développe depuis plus de 400 ans. Le mot « patois » a le sens de « langue rustique ». Les enfants n’avaient pas le droit de parler le patois à l’école, car il est considéré comme une langue familière. Mais le patois jamaïcain fait également partie du tissu culturel du pays; il transcende les époques, les origines ethniques, le genre et la situation socio-économique des personnes, et unifie le peuple jamaïcain. Ce patois est né au 17e siècle, lorsque des gens d’Afrique centrale et occidentale qui avaient été emmenés en Jamaïque pour servir d’esclaves ont commencé à incorporer à l’anglais des mots de langues d’Afrique et d’ailleurs pour créer un moyen secret de communiquer entre eux. Aujourd’hui, en raison de l’impact mondial qu’ont la musique et la culture jamaïcaines, le patois est étudié de plus près, et les sociolinguistes ont trouvé des racines du patois dans le twi, le créole, l’espagnol, l’hindi et d’autres langues. Maintenant, quand je quitte la maison, au lieu de dire I’ll be back shortly (je reviens bientôt), je dis en patois Soon come (arrive bientôt); cela me fait sourire et je me sens plus proche de ma famille et de la tradition jamaïcaine.
Poursuite de mon parcours linguistique
Plus récemment dans mon parcours linguistique, j’ai découvert quelque chose de nouveau : l’insécurité linguistique. Ouille! Cela peut survenir lorsqu’on commence à apprendre une langue, ou lorsqu’on se rend compte qu’on n’a pas une bonne connaissance d’une certaine langue. Dans mon cas, le défi consiste à maintenir mes compétences en français sur la côte Ouest, où il est beaucoup plus courant d’entendre du mandarin, du cantonais ou du penjabi quand on se déplace à Vancouver. Mais je persévère, et je reste déterminée à maintenir mes compétences linguistiques, même si c’est plus difficile que pendant mes années d’université.
Entre-temps, j’en suis à ma deuxième année en tant qu’employée de Services publics et Approvisionnement Canada, et je suis ravie de travailler au sein du ministère fédéral qui abrite le Bureau de la traduction. Outre le fait que j’ai déjà aspiré à devenir interprète (inspirée par le personnage historique Mathieu Da Costa), je considère comme un heureux hasard le fait de travailler dans un ministère où la culture soutient et célèbre les langues officielles. Mieux encore, j’ai appris que le Bureau de la traduction offre également des services de traduction vers les langues autochtones, ainsi que des services d’interprétation en American Sign Language (ASL) et en langue des signes québécoise (LSQ). Cela correspond à mes valeurs personnelles d’inclusion, d’accessibilité et de connexion culturelle par la langue.
J’ai récemment relevé le défi d’apprendre quelques phrases de bienvenue en ASL pour la Semaine nationale de la fonction publique. Comme toujours, ce fut une leçon d’humilité que de me retrouver dans la peau d’une apprenante, mais j’étais aussi emballée de découvrir un nouveau monde merveilleux de communication avec mon personnel.
Le message que j’espère que les lecteurs et lectrices de ce billet retiendront est qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à apprendre une langue, et que les langues peuvent ouvrir les portes d’un monde fascinant qui ne demande qu’à être découvert! Quelles langues voudriez-vous apprendre, et pourquoi? Faites-le-moi savoir dans les commentaires!
Ce billet a été rédigé dans le cadre de l’activité de la plume d’or, qui vise à donner aux membres de la haute direction de la fonction publique fédérale l’occasion de s’exprimer sur un aspect des langues officielles qui leur tient à cœur ou de parler de leur expérience linguistique personnelle. Consultez la page La plume d’or : une activité du blogue Nos langues (s’ouvre dans un nouvel onglet) pour en apprendre davantage sur cette tradition annuelle et lire les billets écrits par d’autres détenteurs et détentrices de la plume d’or au fil des ans.