Comment l’amour des mots a façonné ma vie

Publié le 8 janvier 2018

J’ai toujours aimé les mots. Née en Normandie, j’ai grandi en Bretagne. J’utilisais des mots français et des mots bretons sans savoir à quelle langue ils appartenaient. Une troisième langue a rapidement influencé ma manière de m’exprimer : mes parents étaient professeurs d’anglais. Ils ont toujours insisté sur l’importance de la communication, peu importe la langue qu’on utilisait. Par exemple, quand mes frères et moi nous battions, ma mère nous suggérait de remplacer nos poings par des mots.

Enfant, elle me lisait des histoires en anglais pour que je m’habitue aux sons de cette langue qui chatouillaient mes oreilles de francophone. Quand les filles de mon âge demandaient des poupées pour leur fête, je demandais un dictionnaire des rimes, un en français, un en anglais. Quand elles lisaient des magazines sur des célébrités, j’empruntais le « Times » de mon père. Papa avait aussi quelques livres sur le Canada, pays qui deviendrait rapidement l’objet de mes rêveries en classe.

Un antidote à l’intimidation

À l’école justement, mes différences m’isolaient autant dans la cour que dans la classe. Un jour, j’ai découvert Émile Zola. Alors que la classe se plaignait de devoir lire 1 seul roman, j’en lisais 2 ou 3 par mois.

Très loin derrière les autres en sciences, je réussissais dans les matières littéraires sans avoir à étudier, ce que n’aimaient ni mes enseignants ni mes camarades. L’intimidation quotidienne venait des deux côtés. Les punitions du type « copier 100 fois la même phrase » pour me donner une leçon étaient en vérité un délice : j’aimais le bruit de la plume sur le papier, les formes des lettres qui se dessinaient, l’encre qui coulait du bout du stylo et les lignes qui se remplissaient. Les mots et leurs règles ne me quittaient plus : pourquoi on devait mettre un S, pourquoi l’orthographe ne correspondait pas à la prononciation, pourquoi cette forme était irrégulière?

Transmettre à mon tour l’amour des mots

Quelques années plus tard j’ai obtenu un bac en linguistique, histoire et littérature. J’ai filé au Canada, mon eldorado, où je suis devenue professeure de français. J’ai développé des méthodes variées pour faire comprendre et mémoriser des notions complexes. Jeux de cartes, anecdotes, plaisanteries, schémas, etc. J’utilisais toute méthode qui était efficace et les étudiants apprenaient autant qu’ils s’amusaient.

Une règle était plus importante que toutes les autres : il était hors de question qu’un apprenant subisse ce que j’avais subi à l’école.

Après 7 ans d’enseignement, j’ai dû changer de carrière à contrecœur. Je voulais pourtant continuer de faire ma part pour le Canada qui m’avait permis de réaliser un de mes rêves : servir les Canadiens était pour moi une évidence.

Je suis maintenant Canadienne et fonctionnaire. Je travaille dans un autre domaine que celui de l’enseignement, mais les mots sont toujours ma passion : j’anime des ateliers sur la langue française.

Quand je rentre du travail, j’aime regarder ma bibliothèque où Émile Zola côtoie Alexandre Dumas et Amélie Nothomb, ainsi que des récits de voyageuses et de photographes, des grammaires et des livres sur l’histoire du Canada.

Les mots ont toujours joué un grand rôle dans ma vie. Quelle importance ont la langue et la littérature dans la vôtre?

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Ana Conan

Ana a réussi à combiner passion et travail en se joignant à l’équipe du contenu destiné au public d’Emploi et Développement social Canada, où elle simplifie les textes destinés aux citoyens qui font appel à l’assurance-emploi. Elle alimente aussi son blogue de textes humoristiques sur sa vie dans la région de la capitale nationale et écrit sur des sujets plus sérieux et émouvants comme le deuil, l’intimidation ou les problèmes de santé. Ses collègues de travail lui ont donné la réputation de police de la grammaire et elle remplit ses fonctions avec grand plaisir.
 

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Commentaires

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Soumis par M.-A. Descôteaux le 25 janvier 2018 à 14 h 13

J'ai vraiment commencé à lire assez tard : vers la fin de l'école secondaire! Par contre, je n'ai jamais arrêté depuis.
Pour moi, ouvrir un livre, c'est voyager à peu de frais et apprendre à penser différemment. Les livres ont tant de choses à nous apprendre!

Soumis par Sylva Baroody le 11 juillet 2019 à 9 h 52

Cet article est tellement bien écrit! Source d'inspiration. Bravo!
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