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Résultats 31 à 40 de 44 (page 4 de 5)

initialer

Article sur le verbe initialer.
Le verbe initialer, au sens d’« apposer ses initiales », n’est pas attesté. Il est préférable d’employer : signer de ses initiales mettre ses initiales apposer ses initiales mettre/apposer son paraphe (ou parafe) parapher (ou parafer) Exemples Veuillez mettre vos initiales au bas de chacune des pages. J’ai apposé mes initiales à côté de mon nom pour qu’elle sache que je suis passée.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 1 579

vingt

Article sur l’écriture et l’accord du nombre vingt.
Sur cette page Accord Au pluriel Au singulier Trait d’union Exemples d’écriture des nombres avec vingt Renseignements complémentaires Accord Les nombres cardinaux sont généralement invariables; un, vingt et cent font partie des exceptions. Au pluriel Le nombre vingt prend un s lorsqu’il est multiplié (4 x 20) et qu’il n’est pas suivi immédiatement d’un autre nombre. Ainsi, le mot vingt prend la marque du pluriel dans les cas suivants : il termine le nombre : quatre-vingts (4 x 20) deux mille deux cent quatre-vingts il est suivi d’un nom, y compris un nom de quantité comme millier, million, milliard, lesquels prennent un s au pluriel : quatre-vingts millions d’années quatre-vingts milles (mille est ici un nom) il est suivi de l’expression pour cent : quatre-vingts pour cent Les règles relatives au pluriel sont les mêmes en nouvelle orthographe et en orthographe traditionnelle. Au singulier Vingt est invariable dans les cas suivants, c’est-à-dire quand : il a une valeur ordinale qui sert à marquer l’ordre ou le rang au sens de « vingtième », et ce, même s’il termine le nombre et est multiplié : le paragraphe quatre-vingt (= le 80e paragraphe) lire l’article quatre-vingt (= le 80e article) la page quatre-vingt (= la 80e page) le quatre-vingt du boulevard Maisonneuve (= le 80e, un numéro civique) l’an mille neuf cent quatre-vingt (= la 1980e année) les années quatre-vingt (= les années quatre-vingtièmes) Remarque : La graphie années quatre-vingts est aussi admise. Voir à ce sujet l’article Les années quatre-vingt ou quatre-vingts? dans les Chroniques de langue. il est suivi immédiatement d’un nombre, y compris le déterminant numéral mille : un million trois cent vingt mille deux cent quinze quatre cent quatre-vingt-cinq quatre-vingt mille employés (mille est ici un nombre) il n’est pas multiplié (employé seul) : vingt chevaux cent vingt (et non : cent vingts) Trait d’union En orthographe traditionnelle, seuls les éléments composant les nombres inférieurs à 100 sont liés par des traits d’union. En nouvelle orthographe, tous les éléments qui composent les nombres doivent être liés par des traits d’union, y compris les noms de quantité millier, million, milliard, etc. Les nombres composés avec vingt peuvent donc s’écrire de deux façons : Exemples d’écriture des nombres avec vingt Exemples de nombres composés avec vingt selon l’orthographe traditionnelle et la nouvelle orthographe Orthographe traditionnelle Nouvelle orthographe mille deux cent vingt mille-deux-cent-vingt cent quatre-vingts cent-quatre-vingts deux cent vingt-trois deux-cent-vingt-trois quatre cent quatre-vingts quatre-cent-quatre-vingts quatre-vingts milliards quatre-vingts-milliards Renseignements complémentaires Les règles énoncées dans cet article s’appliquent aussi au nombre cent. Voir aussi cent, quatre-vingt et nombres cardinaux.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 1 471

tréma

Article sur le tréma, petit signe formé de deux points juxtaposés que l’on place sur les voyelles e, i et u.
Sur cette page Nouvelle orthographe/orthographe traditionnelle Déplacement d’un tréma Ajout d’un tréma Mots avec tréma déplacé ou ajouté Le tréma est le petit signe formé de deux points juxtaposés que l’on place sur les voyelles e, i et u pour indiquer que l’on doit prononcer séparément la voyelle qui précède et celle sur laquelle est le tréma, comme dans : laïque capharnaüm aïeul maïs C’est ainsi qu’on peut distinguer, par exemple, maïs de la conjonction de coordination mais. Nouvelle orthographe/orthographe traditionnelle Déplacement d’un tréma En orthographe traditionnelle, dans certains mots qui contiennent les séquences –guë– ou –guï–, le tréma se met sur la lettre qui suit la voyelle qu’il faut prononcer : aiguë ambiguïté En nouvelle orthographe, le tréma se voit déplacé sur la lettre u, de manière à mettre l’accent sur la voyelle prononcée : aigüe ambigüité Les graphies traditionnelles et les nouvelles graphies sont également admises. Ajout d’un tréma En nouvelle orthographe, un tréma est ajouté sur le u dans le verbe arguer et dans quelques mots finissant en –eure pour faciliter leur prononciation et éviter des prononciations fautives. Ainsi, on prononce le u dans le verbe arguer. Il faut dire gu-é (comme dans huer) et non gué. Avec l’ajout d’un tréma sur le u, il devient plus facile de prononcer correctement le mot argüer. Il en va de même avec certains mot se terminant en –eure (comme gageure). Avec un tréma sur le u (gageüre), il est plus clair que la finale se prononce –ure et non –eure. Mots avec tréma déplacé ou ajouté Le tableau qui suit contient les principaux mots dans lesquels, avec la nouvelle orthographe, le tréma est déplacé ou un tréma est ajouté. Les deux graphies sont considérées comme correctes. Mots dont le tréma est déplacé ou ajouté en nouvelle orthographe Orthographe traditionnelle Nouvelle orthographe Type de changement aiguë aigüe tréma déplacé ambiguë ambigüe tréma déplacé ambiguïté ambigüité tréma déplacé arguer argüer tréma ajouté ciguë cigüe tréma déplacé contiguë contigüe tréma déplacé contiguïté contigüité tréma déplacé exiguë exigüe tréma déplacé exiguïté exigüité tréma déplacé gageure gageüre tréma ajouté mangeure mangeüre tréma ajouté rongeure rongeüre tréma ajouté vergeure vergeüre tréma ajouté  
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
Nombre de consultations : 1 426

best-seller

Article portant sur l’emprunt à l’anglais best-seller, qui propose des équivalents en français.
Certains dictionnaires critiquent le terme best-seller, le considérant comme un emprunt inutile à l’anglais. Toutefois, plusieurs autres l’attestent pour désigner un grand succès de librairie, estimant que cet anglicisme est aujourd’hui d’usage courant. Si l’on souhaite tout de même l’éviter, on peut le remplacer par une expression comme livre à succès, succès de librairie, ouvrage à succès, livre à gros tirage ou succès de vente. Au pluriel, on écrit : des best-sellers. En nouvelle orthographe, le mot s’écrit sans trait d’union : un bestseller, des bestsellers.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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Nouvelle orthographe : un sujet bien d’actualité

Un article sur l’histoire des rectifications orthographiques de 1694 à 2010
Georges Farid (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 1, 2010, page 12) Cet article est conforme à la nouvelle orthographe. Les rectifications orthographiques font beaucoup parler. Loin de faire l’unanimité, elles suscitent des opinions divergentes. Certains les approuvent, d’autres les décrient. Cet article ne vise pas à exposer dans le détail les rectifications orthographiques. L’auteur se propose plutôt de présenter les divergences d’opinions sur la question, qu’il s’agisse de quelques soubresauts des adversaires, de l’euphorie des partisans ou de l’engouement sporadique des médias, et il montre en quoi consistent les rectifications, avec leurs avantages et leurs inconvénients.Les rectifications orthographiques d’hier à aujourd’hui De 1694 à 1975, l’orthographe française a connu au moins sept phases d’ajustement. Les Rectifications de l’orthographe de 1990 sont les derniers changements enregistrés à ce jour. Ces rectifications touchent essentiellement à quatre domaines : le trait d’union et la soudure, le singulier et le pluriel des noms composés et des mots étrangers, les accents et le tréma, les consonnes doubles. De plus, quelques familles de mots ont été harmonisées, et le participe passé laissé suivi d’un infinitif est maintenant invariable. Retournons en arrière pour relater les faits marquants de l’histoire de la langue française depuis 1694. 1694 : L’Académie française publie la première édition de son Dictionnaire, qui comprend 18 000 mots. L’Académie concilie alors l’ancienne orthographe, fidèle à l’étymologie, et l’orthographe fondée sur la prononciation telle que proposée par les réformateurs de l’époque. 1740 : La troisième édition du Dictionnaire change la graphie de plus de 5000 mots. 1835 : La sixième édition du Dictionnaire modifie certaines orthographes : j’avois devient j’avais, aimoit devient aimait, croie devient craie, des enfans devient des enfants, etc. 1932-1935 : L’Académie française, dans la huitième édition de son Dictionnaire, change l’orthographe d’environ 500 mots, dont grand’mère remplacé par grand-mère. 1952 et 1965 : Le ministre français de l’Éducation nationale demande deux rapports BeslaisAller à la remarque a, qui se soldent par le néant : la proposition de réforme n’est pas adoptée. 1972 : On demande au Conseil international de la langue française un autre projet de réforme, fondé sur une étude de René Thimonnier. 1989 : Le premier ministre français, Michel Rocard, demande au Conseil supérieur de la langue française des aménagements orthographiques destinés à éliminer un certain nombre d’anomalies et de contradictions entre les dictionnaires. Décembre 1990 : Le rapport définitif du Conseil supérieur est publié en France au Journal officiel de la République française sous le titre Les rectifications de l’orthographeNote de bas de page 1. 1991 : En Belgique, André Goosse fonde l’Association pour l’application des recommandations orthographiques, afin de bien faire connaitre les rectifications. En France existait déjà l’Association pour l’information et la recherche sur les orthographes et les systèmes d’écriture, dont la fondatrice est Nina Catach. 2000 : En Suisse est fondée l’Association pour la nouvelle orthographe. 2001 : Les trois associations de la Belgique, de la France et de la Suisse créent le Réseau pour la nouvelle orthographe du français (RENOUVO) et conçoivent le Vadémécum de l’orthographe recommandée, dont le surtitre est Le millepatte sur un nénufar. Il sera supplanté, en juin 2009, par le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée. 2002 : Est fondé à Paris le Groupe de modernisation de la langue, qui a mis en place le site officiel www.orthographe-recommandee.info, lequel contient un résumé et les détails des rectifications orthographiques. 2004 : Au Québec, Annie Desnoyers, Karine Pouliot et Chantal Contant fondent le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français (GQMNF). L’objectif fondamental du GQMNF est de diffuser, au sein de la population, les changements dans la norme du français approuvés par des instances francophones compétentes. L’Office québécois de la langue française fait savoir qu’il applique déjà les nouvelles graphies dans le cas des néologismes et des emprunts figurant dans le Grand dictionnaire terminologique et qu’il donnera priorité aux nouvelles graphies dans la mesure où elles sont attestées dans les dictionnaires usuels. Le Dictionnaire Hachette et le Dictionnaire de l’Académie française indiquent déjà toutes les graphies rectifiées. Avril 2007 : À l’instar de la Belgique et de la Suisse, le ministère de l’Éducation nationale en France précise sa position sur la nouvelle orthographe dans son Bulletin officiel : « On s’inscrira dans le cadre de l’orthographe rectifiée. Les rectifications définies par l’Académie française ont été publiées au Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990, édition des Documents administratifs. Elles se situent tout à fait dans la continuité du travail entrepris par l’Académie française depuis le XVIIe siècle, dans les huit éditions précédentes de son DictionnaireNote de bas de page 2. » 2008 : En Belgique, les écoles doivent enseigner la nouvelle orthographe. Des circulaires ministérielles indiquent que « les professeurs de français de tous niveaux sont invités à enseigner prioritairement les graphies rénovées » dès la rentrée scolaire 2008. Environ 200 000 exemplaires d’une publication gouvernementale de quatre pages sont distribués dans les écoles belges. 2009 : À la suite d’une pétition envoyée en ligne par le GQMNF aux usagers de la langue française, Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009 reconnait 61 % des graphies modernes. Par exemple pizzéria au lieu de pizzeria, des après-midis (avec s régulier au pluriel), un compte-goutte (sans s au singulier), millepatte (soudé et sans s au singulier, comme millefeuille), imbécilité (avec un seul l, comme imbécile), charriot (avec deux r, comme charrette)… Le Petit Larousse illustré 2009 ne mentionne que 39 % des graphies rectifiées, dans les entrées des mots eux-mêmes. Au début de ce dictionnaire, 11 pages sont consacrées aux nouvelles graphies, présentées sous forme de liste alphabétique.Pour ou contre les rectifications orthographiques Depuis la publication des Rectifications de l’orthographe, dans le Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990, des esprits s’agitent, des scripteurs sont ahuris. Les pourfendeurs des rectifications orthographiques pensent que celles-ci ne sont qu’un nivèlement par le bas pour les paresseux et les incultes. Selon eux, il faut que la nouvelle génération apprenne, comme ce qui a été imposé aux générations précédentes, toutes les règles de la grammaire avec ses difficultés et exceptions, de même que le lexique, quelles que soient leurs bizarreries; cela forme l’esprit. Dans L’Express du 18 avril 2005, Anne Vidalie rappelle que les Français s’étripent sur le sujet de l’orthographe et que, dès le début de l’Académie française en 1635, une querelle a opposé les Anciens, qui ne voulaient pas la modifier parce que sa connaissance permet de « distinguer les honnêtes hommes des simples femmes et des enfants », et les Modernes. Les adversaires avancent que la forme graphique des mots est le reflet de l’histoire de la langue et des cultures successives. Beaucoup de mots ont une origine latine ou grecque ou autre… et vouloir rapprocher leur orthographe de la prononciation serait les disjoindre de leur origine, les déraciner de leur histoire. Ces opposants croient que les rectifications annoncent la transformation de l’orthographe, qui en viendra à se modeler sur l’oral. Ils notent également que les rectifications introduisent de nouvelles exceptions qui ne sont pas plus simples à retenir. Les partisans, quant à eux, soulignent l’importance de rendre plus logique la langue française, afin de simplifier son apprentissage et de favoriser sa maitrise par tous les francophones et les allophones. Comme le fait remarquer Hubert Joly, « en faisant la toilette des dictionnaires, les Rectifications orthographiques mettent fin à des incohérences qui étaient parfois des défis au bon sensNote de bas de page 3 ». Par ailleurs, même les partisans des Rectifications de l’orthographe, dont de nombreux enseignants, sont mécontents de la superficialité des rectifications, qui se sont essentiellement concentrées sur l’orthographe d’usage, alors qu’il aurait fallu, selon eux, simplifier l’orthographe grammaticale à l’instar de l’Académie française qui, en 1679, avait décrété que les participes présents seraient désormais invariables. En dehors de quelques cas particuliers comme je cèderai, il complètera… (depuis les rectifications) au lieu du traditionnel je céderai, il complétera…, la langue écrite suit ses besoins spécifiques, et les recommandations de 1990 ne gravitent pas autour d’une simplification vers la phonétique mais plus vers l’élimination des bizarreries orthographiques comme imbécillité (malgré imbécile), chariot (malgré charrette)… Charles Müller, créateur du site Orthonet, dit dans L’Express du 18 avril 2005 : « En simplifiant l’orthographe, on améliorerait l’image du français. Au moins pourrait-on donner un signe de bonne volonté en supprimant les sottises les plus évidentes, comme ce fameux événement qui doit son deuxième accent aigu au fait qu’un imprimeur, en 1736, s’est trouvé à court d’accents graves. » Franck Ramus, spécialiste de l’apprentissage du langage, souligne que « la complexité de l’orthographe française n’affecte pas que les dyslexiques, mais tous les enfants. En effet, sa maitrise demande dix ans d’efforts intensifs en France, contre six mois en Italie et en Finlande. C’est du temps perdu qui pourrait être consacré à des apprentissages plus utiles. Peut-être n’est-ce pas un hasard si la Finlande, où l’écriture est la plus régulière au monde, est aussi le pays dont les élèves affichent les meilleures performances scolairesNote de bas de page 4. » Nina Catach, réputée pour ses nombreuses recherches scientifiques en orthographe, souligne que le « niveau s’élève. On n’a pas touché aux règles, on les a renforcées. Les exceptions favorisent chez l’enfant le trouble et l’injustice à son égard, car on le pénalise lorsqu’il applique les règles (avènement / événement, lève / lèverai mais cède / céderai) […] Le raisonnement prendra la place de la mémoire, et l’enfant pourra vraiment être jugé là-dessusNote de bas de page 5. » Chantal Contant, spécialiste des rectifications orthographiques au sein du GQMNF, note que « la nouvelle orthographe prend sa source dans les régularités que ces règles modernes véhiculent, dans la cohérence que ces ajustements sages et limités apportent au système orthographiqueNote de bas de page 6 ». Les rectifications orthographiques à pas de tortue Bien que les rectifications orthographiques de 1990 aient trouvé une caution officielle, elles ont soulevé un tollé important dans les premières années, et ce n’est que plus de 15 ans plus tard qu’elles s’implantent en douce. Christine Petit relève des facteurs qui expliquent cette lenteur, en Belgique, en France, au Québec et en Suisse : « l’orthographe dans son aspect académique est perçue comme un rempart contre l’effritement de la soi-disant excellence du français; […] l’orthographe apparait comme un patrimoine dont la préservation assurerait sa part de responsabilité dans la viabilité internationale du français […]; l’orthographe […] est un gage de confiance en cette éprouvante époque de transformation rapide des technologies […]; l’orthographe […] de 1990 impose un nouvel effort d’apprentissage aux locuteurs qui l’appréhendent […] et embarrasse les intérêts des éditeurs tout comme les intérêts politiques…Note de bas de page 7 ». Toutefois, il est à noter que si cela était vrai en 2005, cela l’est moins en 2009, où les ministères de l’Éducation se sont prononcés en faveur de l’application de la nouvelle orthographe (surtout en Belgique, en Suisse et en France). Devant la pression du RENOUVO, plusieurs éditeurs se voient obligés d’inclure les rectifications dans leurs dictionnaires, grammaires et romans. Nous croyons que les Rectifications de l’orthographe cherchent non pas à bouleverser les acquis des scripteurs mais à gommer quelques incohérences révérées sans réserve par une certaine élite soucieuse de rendre la langue le moins accessible possible. Curieusement, la lutte est celle de l’élite contre l’élite. En effet, les réformes proposées antérieurement, jusqu’aux Rectifications, ne sont pas le produit inopiné de l’homme de la rue mais bien le résultat d’une question analysée en profondeur par des grammairiens, des écrivains, des journalistes, des linguistes, des érudits. Certes, les rectifications ont contribué à simplifier quelques règles, comme celle du participe passé laissé suivi d’un infinitif, qui dorénavant reste invariable, celle du pluriel de certains noms composés qui a été régularisé pour suivre la règle de pluralisation des noms simples, celle du trait d’union qui s’impose dans l’emploi de tous les numéraux (sauf dans les fractions). Bien qu’il soit évident que les rectifications ont simplifié d’autres cas comme la soudure d’éléments savants (par exemple microonde), la francisation des emprunts au pluriel (par exemple leitmotivs, sandwichs au lieu du pluriel allemand leitmotive et du pluriel anglais sandwiches), il reste que, depuis 1990, les rectifications orthographiques s’affichent avec lenteur et dérangent aussi bien les enseignants que les médias et les éditeurs. Les étymologistes sont scandalisés de voir disparaitre l’empreinte des mots français avec leur histoire et leur ascendance.Quelques observations linguistiques Sans parti pris, nous constatons, dans la brève présentation du contenu des rectifications orthographiques, que, s’il est vrai que celles-ci se voulaient une belle entreprise de simplification et de régularisation par des spécialistes de la langue française dont l’érudition est incontestable, il n’en reste pas moins que les recommandations orthographiques ne sont pas exemptes de quelques faiblesses. En effet, l’uniformité n’est pas parfaite :L’accent circonflexe est maintenu, entre autres, sur les mots où il y a distinction de sens, comme mur ≠ mûr alors que le féminin de mûr n’a pas d’accent (mure), d’où l’asymétrie un abricot mûr, une tomate mure. Il en est de même avec sur ≠ sûr, où le féminin de sûr est sure. Malgré ces quelques cas, nous croyons que la disparition de l’accent circonflexe sur le i et le u (mais pas dans les terminaisons verbales du passé simple) réduira le nombre d’erreurs d’orthographe relatives à ce signe diacritique. Le trait d’union disparait dans boyscout, cassetout, passepartout, passepasse, passetemps, porteclé, portecrayon, portefaix, portefort, portemanteau, portemine, portemonnaie, porteplume, portevoix, vanupied, vatout… mais reste dans casse-cou, chef-d’œuvre, passe-montagne, porte-document, porte-cigarette… Selon les lexicographes, le trait d’union a l’avantage de mettre en lumière la composition d’un mot et d’aider à sa compréhension, mais a aussi l’inconvénient de laisser planer un doute sur chacun de ses composants dans la formation du pluriel. En ce sens, la soudure de certains mots facilite la tâche dans l’accord au pluriel. Chantal Contant explique le pourquoi de la soudure de porteclé, portecrayon, portemanteau, portemine, et de la non-soudure de porte-cigare, porte-couteau, porte-malheur, porte-menu : « il n’a pas été question de modifier d’un coup des milliers de mots de type verbe + nom, car le bouleversement aurait été trop grand. […] Si les rectifications n’ont pas touché au trait d’union de porte-avion, porte-jarretelle, porte-savon, etc., c’est parce que ceux-ci n’existaient que sous la forme avec trait d’union dans tous les dictionnairesNote de bas de page 8. » Malgré cette disparité, l’avantage est que ces termes, avec ou sans trait d’union, ont maintenant un pluriel régularisé. Les formes conjuguées des verbes en -eler ou -eter s’écrivent maintenant avec un accent grave et une consonne simple (au lieu de deux) devant une syllabe contenant un e muet; cependant, persistent des exceptions comme les verbes appeler, jeter et leurs composés. Pourquoi? « Parce qu’ils sont bien implantés dans l’usage » nous dit le Conseil supérieur de la langue française.Laisser-aller, paresse ou mauvaise foi? Aujourd’hui, nombre de professeurs d’université ne se préoccupent guère de mettre en application les rectifications orthographiques, puisque l’orthographe traditionnelle est encore admise. Ils pensent que cela ne concerne que les professeurs des sciences de l’éducation, dont la tâche est de former les nouvelles générations qui auront à apprendre cette nouvelle orthographe; aussi croient-ils qu’il est plus que suffisant d’avoir appris la « vraie » orthographe avec tous ses pièges et difficultés. Se confiner dans des formes orthographiques arbitrairement sélectionnées est l’apanage de ceux qui ne veulent pas suivre l’évolution de la langue. Michel Masson rappelle que « l’orthographe française est une invention relativement récente puisque sa conception coïncide avec la parution du premier dictionnaire de l’Académie française (1694) et, surtout, que cette orthographe s’est constituée ensuite par réformes successives […] de sorte que s’opposer à toute nouvelle réforme, c’est bafouer notre tradition, c’est mutiler la FranceNote de bas de page 9 ».Le rayonnement de la langue Nous ne sommes plus au stade des débats, mais bien de la mise en application. Nombre de personnes ne sont pas au courant de l’existence des rectifications orthographiques. Quant à ceux qui en ont connaissance, certains ne s’en préoccupent point, puisque l’ancienne orthographe cohabite avec la nouvelle orthographe recommandée sans aucune sanction. Nous comprenons que cette flexibilité a cours, indubitablement, pour laisser la nouvelle orthographe s’installer progressivement jusqu’au jour où l’ancienne sera supplantée. Dans tous les cas, il importe que professeurs et enseignants ne pénalisent pas indument les étudiants, puisque l’ancienne graphie aussi bien que la nouvelle sont admises. Les rectifications orthographiques, avec leurs points forts et leurs points faibles, ne peuvent être tenues comme réductrices de la qualité de la langue française. Ce ne sont pas quelque 5000 mots – répertoriés dans le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée – touchés par les rectifications, où interviennent six ou sept notions grammaticales, qui défigureront la langue. Accusons plutôt de la défigurer les personnes mêmes qui, au lieu de maitriser la langue écrite dans toutes ses nuances et règles, prétendent la défendre. Sous prétexte de la garder pure, elles en viennent à la fossiliser. Toute réforme orthographique est déstabilisante, et les Rectifications de l’orthographe de 1990 ne le sont pas moins. Pour plusieurs, elles semblent incohérentes et incomplètes. Les fervents des rectifications, notamment les instituteurs, auraient voulu voir plus de changements plutôt que des demi-mesures qui ne contribuent pas, selon eux, à simplifier véritablement l’apprentissage du français écrit. Il est nécessaire qu’ils sachent que les experts veulent d’abord et lentement supprimer les incohérences orthographiques sans ébranler les habitudes graphiques et visuelles des gens instruits, formés selon l’orthographe traditionnelle. Quant aux adversaires, instruits ou non, ils s’identifient à l’orthographe traditionnelle comme à l’habit aristocratique que la nouvelle orthographe souillera. Ils découvriront, malgré eux, qu’il est sage de rechercher les régularités orthographiques dans une perspective évolutive, surtout lorsqu’elles sont bien ancrées dans l’usage. Les pièges inutiles, délectation d’une élite qui a souffert dans l’apprentissage des incongruités orthographiques et qui veut faire souffrir en retour les générations suivantes, sont un gaspillage de temps que les Rectifications éliminent pour permettre un meilleur rayonnement de la langue écrite dans le monde francophone. Des linguistes, des pédagogues, des correcteurs, des instituteurs ont déjà remarqué que les Rectifications ne sont pas essentiellement simplificatrices mais que de nouvelles exceptions ont remplacé d’anciennes. Il va sans dire que, même avec les simplifications orthographiques, il y aura toujours des règles à mémoriser et des exceptions aux règles à retenir, mais dans les deux cas elles seront moins nombreuses qu’auparavant. Vouloir plaire à tout le monde est une entreprise quasi impossible : l’académicien, l’enseignant, le linguiste, le grammairien, le correcteur, le scripteur, chacun a ses attentes. Il y aura toujours des demandeurs de réforme et des ennemis de toute réforme… Et la langue évoluera malgré ou avec les acteurs en présence, comme elle l’a toujours fait depuis la naissance de l’écriture.RemarqueRemarque a La Commission Beslais visait à éliminer de l’orthographe les surcharges et les absurdités.Retour à la remarque aBibliographie, références informatiques et résumé des règles  Disponibles sur demande. Veuillez communiquer avec l’auteur à l’adresse suivante : georges.farid@uqo.ca.RéférencesNote de bas de page 1 Conseil supérieur de la langue française, « Les rectifications de l’orthographe ».Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, « Bulletin officiel hors-série n° 5 du 12 avril 2007 ».Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Hubert Joly, « Les rectifications orthographiques entrent enfin en vigueur » dans La banque des mots, revue semestrielle de terminologie française publiée par le Conseil international de la langue française, n° 77, 2009, p. 20.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Anne Vidalie, « Sa maîtrise demande dix ans d’efforts », L’Express, 18 avril 2005.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Nina Catach, L’orthographe en débat, Paris, Nathan, 1991, p. 77.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Chantal Contant, Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée, Montréal, De Champlain S. F., 2009, p. 3.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Christine Petit, « Réforme de l’orthographe : les tribulations d’un siècle » dans Le point sur les rectifications de l’orthographe en 2005, le RENOUVO (Réseau pour la nouvelle orthographe du français), 2005, p. 53-55.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Chantal Contant, Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée, Montréal, De Champlain S. F., 2009, p. 37-38.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Michel Masson, L’orthographe : guide pratique de la réforme, Paris, Seuil, 1991.Retour à la référence de la note de bas de page 9
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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Imbécile – Tu n’en connais pas l’étymologie? – Oui, mais…

Un article sur le fait que l’étymologie des mots n’est pas toujours respectée dans les recommandations de la nouvelle orthographe.
Maurice Rouleau (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 3, 2010, page 15) La langue française n’est pas une femme facile : avant de leur dévoiler ses beautés multiples, elle exige de ses soupirants un grand effort, leur tend mille pièges, leur présente de faux amis, les plonge dans l’embarras orthographique, leur fait croire qu’on peut en prendre à son aise avec elle, alors qu’elle exige d’eux un aveugle respect. Mais ceux qui sont enfin acceptés parmi les amoureux élus ont droit à de grandes récompensesNote de bas de page 1. On peut difficilement mieux décrire cette triste réalité : la langue française n’est pas facile, ni à apprendre ni à maîtriser. Mais pourquoi faudrait-il qu’il en soit toujours ainsi? Ne pourrait-on pas chercher à la simplifier pour que son apprentissage soit moins rébarbatif et sa maîtrise mieux assurée? Poser la question, c’est y répondre. D’ailleurs, bien des tentatives ont été faites en ce sens; sans grand succès. La toute dernière, dite « nouvelle orthographe », est publiée par la linguiste Chantal Contant dans le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandéeNote de bas de page 2. L’auteure y a même ajouté, en sous-titre, Cinq millepattes sur un nénufar. Elle voulait certainement par là exemplifier la réforme. Ce sous-titre me laisse perplexe. Pourquoi avoir mis non pas un, mais cinq millepattes sur le nénuphar? Ainsi formulé, le sous-titre nous porte à croire que seul le trait d’union de mille-pattes a disparu, alors qu’en fait le s final est parti, lui aussi, au singulier. On ne voulait certainement pas laisser entendre au lecteur que les changements apportés sont mineurs, mais il n’est pas interdit de le penser. Quant à nénufar, c’est : « le seul mot avec ph qui est touché par la rectification de la règle F2. Les quelques autres mots de la liste dont le f est préféré au ph sont des cas de “choix” entre deux formes existantes (règle 16)Note de bas de page 3 ». Pourquoi avoir choisi nénufar comme exemple si c’est un cas si unique qu’il faille le préciser? On ne voulait certainement pas insinuer que la réforme ne bousculerait presque pas nos habitudes langagières, mais il n’est pas interdit, ici aussi, de le penser. Tout semble mis en œuvre pour nous faire comprendre que la réforme devrait être acceptée sans trop de résistance. Du moins, c’est une lecture possible. Mais est-ce la bonne? Fort probablement pas. Il est également dit à propos de nénufar que « ce n’est pas pour “écrire phonétiquement, écrire au son” qu’on lui (re)met un f aujourd’hui, mais pour le réconcilier avec ses origines, par respect de son étymologieNote de bas de page 4 » (c’est l’auteur qui souligne). Justifier ainsi la graphie d’un mot a de quoi réjouir tout traducteur médical, pour qui l’étymologie est fondamentale, aussi bien pour connaître la graphie d’un mot que pour en saisir le sens. J’étais presque « vendu à l’idée » que cette réforme allait dans la bonne direction. Mais avant de m’engager plus à fond, j’ai voulu y regarder de plus près et me faire une idée avant de devoir, peut-être, me faire à l’idée… Le coup d’œil que j’y jette n’est pas celui d’un linguiste, ni d’un étymologiste, ni surtout celui d’un puriste, mais bien celui d’un usager, d’un simple usager qui souhaite ardemment voir la langue française se simplifier. Il n’y a pas que le sous-titre du Grand vadémécum qui me laisse songeur, il y a aussi la formulation de l’objectif : éliminer les nombreuses « exceptions qui n’ont plus leur raison d’être ». L’absence de virgule avant le pronom relatif laisse clairement entendre que des exceptions survivront à cette réformeª. Celles qui ne posent pas problème! Or la difficulté d’apprentissage du français vient précisément de l’existence de ces trop nombreuses exceptions. Certaines disparaîtraient, mais pas toutes! Qui va décider que telle exception a toujours sa raison d’être et telle autre, pas? Sur quoi se basera-t-on? Devrons-nous encore faire face à des ukases? Si oui, qu’aurons-nous gagné? Examinons donc plus attentivement certaines rectifications proposées et attardons-nous au rôle qu’on fait jouer à l’étymologieb, pour nous assurer que, comme dans le cas de nénuphar, elle est prise au sérieux.Imbécillité On recommande d’écrire imbécilité, et non plus imbécillité. On veut harmoniser, et avec raison, la graphie des mots de cette famille : imbécillité (1355)c, imbécile (1496) et imbécilement. Quel rôle a donc joué l’étymologie dans cette rectification? L’histoire de la langue nous apprend des choses fort intéressantes. Imbécillité, qui vient du latin imbecillitas, a fait son apparition dans la langue en 1355 et n’a jamais existé sous une autre graphie. Cette dernière respecte donc l’étymologie. L’actuel imbécile, qui est apparu près d’un siècle et demi plus tard et qui vient de imbecillus, s’est écrit, lui aussi, avec deux l. C’est ainsi qu’il apparaissait dans la 4e édition du Dictionnaire de l’Académie. La « graphie imbécille (1508), courante au XVIIe s., se rencontre encore au début du XIXe siècle », nous dit Alain ReyNote de bas de page 5. Aujourd’hui, on ne l’écrit plus qu’avec un seul l, respectant en cela la modification que la 5e édition du Dictionnaire de l’Académie a apportée au mot, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Il en fut de même pour imbécillement, auquel l’Académie a décidé, dans la même édition, d’enlever un l. Goncourt a créé imbécillifier, en 1875; Léon Bloy, imbécilliser, en 1888, pour signifier « rendre imbécil(l)e ». À remarquer que ces auteurs ont mis deux l. Serait-ce qu’ils ne savaient pas écrire? Ces deux verbes n’ont pas survécu à l’épreuve du temps, même s’ils comblent un vide dans la langue. Bref, l’étymologie voudrait que tous les mots de la famille s’écrivent avec deux l, mais on recommande d’en n’utiliser qu’un. Dans ce cas-ci, l’étymologie est bafouée.Bonhomie Selon la nouvelle orthographe, ce mot s’écrit avec deux m, car il vient de bonhomme. On veut donc, ici, respecter l’étymologie. En apparence seulement! En effet, dès son apparition dans le Dictionnaire de l’Académie (4e édition, 1762), ce mot ne prenait qu’un m, et il en a toujours été ainsi. Et en cela, il respectait vraiment l’étymologie : homme ne vient-il pas de homo, qui s’écrit avec un seul m? Littré, à la fin du XIXe siècle, connaissant très bien l’origine du mot homme, écrivait dans son dictionnaire : « L’Académie devrait écrire bonhommie par deux m comme on écrit bonhomme, ou écrire home et bonhome, comme l’étymologie l’indique, et comme on faisait dans l’ancienne langue. » On le voit bien, le recours à l’étymologie n’a pas le même sens pour tous. Pourquoi rectifier bonhomie, mais pas homicide et ses proches parents : hominien (1877), hominidé (1845), hominisé (1962), hominisation (1950), hominoïde (1955), qui tirent tous leur origine du latin homo? Faut-il en conclure que bonhomie est plus choquant, à l’œil, que homicide ou, inversement, que hommicide est plus choquant que bonhommie? Que faire du pluriel de bonhomme? Faut-il continuer à écrire bonshommes? On n’en dit rien. Il y a pourtant là un problème sur lequel les spécialistes auraient dû se pencher. En effet, selon le Robert, si bonhomme est adjectif, il fait au pluriel bonhommes, mais s’il est substantif, il fait bonshommes. Cette anomalie a sans doute échappé aux réformateurs.Persifler, persiflage, persifleur On recommande de mettre deux f à persifler ainsi qu’aux autres membres de la famille : persiflage et persifleur, car persifler vient de per-, préfixe à valeur intensive, et de siffler, qui prend deux f. Pourquoi, au XIIe siècle, avoir décidé d’écrire siffler avec deux f, quand, de fait, ce verbe vient du latin sifilare, qui lui n’en prend qu’un? Étymologiquement parlant, c’est la graphie de siffler qui pose problème, pas celle des autres mots qui en dérivent. Mais parce que, à un moment donné de son histoire, on lui a greffé un deuxième f, sans raison apparente, on sent aujourd’hui le besoin d’apporter une rectification supposément étymologique alors que, dans les faits, la vraie étymologie est bafouée.Résonnance On recommande d’écrire dorénavant ce mot avec un seul n. Recommandation pour le moins étonnante, car, dans le Larousse en ligne ou dans le Nouveau Petit Robert, ou NPR, (2010), ne figure que résonanced. Pourtant, avant 1935, ce mot ne s’était jamais écrit autrement qu’avec deux n. La famille était alors composée de résonner, résonnance et résonnant. Pourquoi, dans la 8e édition de son dictionnaire, l’Académie a-t-elle enlevé un n? Certainement pas par respect pour l’étymologie. Il faut savoir que le verbe, qui vient du latin resonare, s’est d’abord écrit resoner, puis resuner, et que ce n’est qu’en 1380 qu’on lui a ajouté un deuxième nNote de bas de page 6. Pour ce qui est de l’harmonisation des mots de la famille, si chère à la nouvelle orthographe (règle F1), harmonie qui existait avant 1935 et qu’on retrouve dans le Littré, on reste sur son appétit : résoNNer, résoNance, résoNant. L’autre façon de faire aurait été de recourir à l’étymologie et d’enlever un n à résonner. Ainsi l’harmonisation aurait été réussie : résoNer, résoNance et résoNant. Mais sans doute était-ce trop demander que de modifier un verbe. Pourtant, on n’a pas hésité à rectifier des familles entières (par exemple celles de grelottement et cachotterie), y compris les verbes, sans raison apparentee. Le choix qu’a fait la nouvelle orthographe crée un problème. Résonant, forme rectifiée, devra obligatoirement coexister avec résonnant, participe présent du verbe résonner. L’usager de la langue devra dorénavant, s’il ne veut pas faire d’erreur, oublier l’étymologie de l’adjectif résonantf, et ne pas oublier que, s’il est utilisé comme participe présent, il faut lui mettre deux n. Et dire qu’on veut simplifier la langue!Teocalli Ce mot d’origine mexicaine vient de teotl (dieu) et de calli (maison). On recommande d’ajouter un accent aigu et d’enlever un l, ce qui donne téocali. Malgré son apparition dans la langue française en 1846, ce mot ne figure pas encore dans le Dictionnaire de l’Académie. La recommandation d’ajouter un accent étonne, car les dictionnaires s’entendent sur sa présence, sauf le Larousse. Le Littré, qui date de la fin du XIXe siècle, l’écrivait déjà avec un accent; le Petit Robert, depuis sa première édition, en 1967, en fait autant. Pour ce qui est du double l, c’est le même scénario. Tous les dictionnaires l’écrivent avec deux l, sauf le Larousse, qui accepte les deux graphies. La nouvelle orthographe décide donc de suivre la recommandation de Nina Catach, membre du groupe d’experts à l’origine du projet des rectifications orthographiques : « choisir un seul l (comme dans Petit Larousse), malgré l’étymologieNote de bas de page 7 ». Le Grand vadémécum sent le besoin de faire appel à une autorité pour justifier le non-respect de l’étymologie. Pourquoi se rallier à celui qui fait bande à part? Pourtant rien ne l’y obligeait.Ballotter On recommande d’écrire ce verbe avec un seul t. L’explication fournieNote de bas de page 8 est fort simple : « Il y avait hésitation sur l’étymologie, et les deux graphies coexistent : dans ce cas, on fixe la graphie en -oter. Avis favorable des travaux des éditions Le Robertg. » Trouver la preuve de cette hésitation sur l’étymologie, dont parle le Grand vadémécum, est une véritable mission impossible. Il n’en est fait mention ni dans le Dictionnaire historique de la langue française ni d’ailleurs dans les dictionnaires de langue actuels. Une seule graphie est rencontrée : ballotter, et cela depuis 1694 (Dictionnaire de l’Académie, 1re édition). Et il en est de même dans le Littré. D’ailleurs même si l’équipe du Robert a formulé un avis favorable à la nouvelle graphie en 1991, elle ne consigne toujours, près de vingt ans plus tard, qu’une seule graphie : ballotter. Serait-ce un oubli?…Pomiculture / pomoculture Pomiculture et pomoculture, qui signifient respectivement « culture des pommiers » et « culture des arbres donnant des fruits à pépins » selon le NPR (2010), ne se trouvent pas dans le Littré, car ces mots sont apparus dans la langue en 1915 et en 1949, respectivement. Ce qui étonne, par contre, c’est l’absence de pomiculture dans la 8e édition (1935) du Dictionnaire de l’Académie et l’absence de pomoculture dans la 9e édition (1985). Le Grand vadémécum nous dit que ces deux mots ne sont pas touchés par la règle F1, car ils viennent du latin pomum (fruit). Pomologie n’est pas, lui non plus, touché par cette règle, car, ajoute le Grand vadémécum, « Il vient du latin pomum et non du nom pomme. » Voilà qui est beaucoup plus convaincant! Mais d’où vient vraiment le mot pomme? De pomum, nous dit le dictionnaire. Il y a alors vraiment de quoi en perdre son latin, au sens propre comme au sens figuré… Nous pourrons donc continuer à écrire pomme, qui s’est écrit pume (1080), puis pome (1155); pommeraie, qui s’est écrit pomeroie (XIIIe siècle); pommier, qui s’est écrit pumier (1080); pommeau, qui s’est écrit pomel, qui lui vient de l’ancien français pom; pommade, qui vient de l’italien pomata, qui lui vient de pomo (fruit). Et tout cela, parce que quelqu’un, sans doute bien intentionné, a décidé, voilà de cela bien des siècles, qu’il serait sans doute plus joli d’ajouter un deuxième m à pome. Et l’harmonisation dans tout cela? Et l’étymologie?Le drame de l’étymologie En décembre 2009, dans une lettre au Devoir intitulée « Le drame du nénufar », Chantal Contant s’épanchait sur le triste sort que l’histoire avait réservé au mot nénuphar. On l’avait affublé d’un ph. Quelle horreur! On avait osé bafouer son étymologie. Il fallait agir : nénuphar doit maintenant s’écrire nénufar! Et de toute urgence, car cet affront remonte à plus d’un demi-siècle, selon l’Académie; depuis le Moyen-Âge, selon le NPR. En déduire que l’étymologie représente, aux yeux des grands réformateurs de la langue, une valeur sûre pour rectifier la graphie de certains mots, il n’y a qu’un pas à faire, et il est vite franchi. Mais qu’en est-il vraiment? J’ai voulu vérifier, car, par déformation professionnelle, je ne tiens rien pour acquis. Force est de reconnaître que les intentions de départ étaient bonnes : simplifier la langue. Force est aussi de reconnaître que le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes. Leurré par l’emploi de l’étymologie pour justifier la correction de nénuphar, je m’attendais, dans ma candeur, à une approche plus logique, plus systématique du problème. J’attendais une solution qui éliminerait les anomalies. Tel n’est pas le cas. L’étymologie, on la respecte ou on la bafoue. Tout dépend du mot que l’on veut rectifier. Imbécillité, avec ses deux l, respectait l’étymologie : on lui en enlève un. Bonhomie, avec un seul m, respectait l’étymologie : on lui en ajoute un. Persifler, avec un seul f, respectait l’étymologie : on lui en ajoute un. Résonnance, avec deux n, ne respectait pas l’étymologie : on lui en enlève un, mais on ne rectifie pas son étymon résonner. Teocalli, avec deux l, respectait l’étymologie : on lui en enlève un. Ballotter, avec deux t, aurait apparemment une étymologie douteuse : on lui en enlève un. Pomiculture, avec un seul m, respecte l’étymologie : on le laisse inchangé, mais on n’ose intervenir pour rectifier pomme, qui a pourtant le même étymon. Les interventions pourraient paraître à certains aussi aléatoires que celles qui ont donné naissance aux anomalies que l’on veut corriger… Mais disons que c’est un pas, parfois gauche, dans la bonne direction. Des accrocs à l’étymologie, ça ne date pas d’hier, et ils sont nombreux. Le tableau ci-dessous en présente quelques-uns. Ces mots ont subi tantôt une « excision », tantôt une « greffe », sans que l’on puisse justifier l’intervention. Il faut savoir que, même si le français est né à l’oral comme langue du peuple, à l’écrit ce fut, voilà quelques siècles, la langue des scribes, qui y ont ajouté leur touche personnelle. Comme il n’y avait personne à l’époque pour s’y opposer, ces modifications se sont implantées. Comparaison du respect de l’étymologie par le français et l’anglaishMot françaisMot anglaisÉtymon (langue d’origine)agressionaggressionaggressio (lat.)aventureadventureadventura (lat.)carrouselcarouselcarrouselcarosello (ital.)carrousel (franç.)comitécommitteecommittere (lat.)cristalcrystalcrystallis (lat.)dictionnairedictionarydictionarium (lat.)ennemienemyenemi (franç.), de inimicus (lat.)flottilleflotillaflotilla (esp.)galeriegallerygalleria (ital.)girafegiraffegiraffa (ital.)huileoiloleum (lat.)mélancoliemelancholymelancholia (lat.)ornementornamentornamentum (lat.)projetprojectprojectare (lat.)rythmerhythmrhythmus (lat.)Bref, on voulait simplifier la langue. Objectif des plus louable! Il suffit de vouloir enseigner le français à un étranger pour se rendre compte des bizarreries, qui auraient intérêt à disparaître. Par exemple, vous dites, mais vous prédisez, ou encore, vous verrez, mais vous prévoirez, etc. L’effort fait pour simplifier la langue – tel que l’illustre le Grand vadémécum – est louable, mais certaines rectifications laissent l’usager fort perplexe. Compte tenu des nombreuses exceptions qui accompagnent les règles, on peut sans hésitation dire que les dictées de Pivot, que je croyais condamnées à disparaître, n’ont rien à craindre. Il restera suffisamment de difficultés dans la langue, des anciennes comme des nouvelles, pour piéger tout un chacun. Hélas! Et dire qu’on voulait simplifier la langue!…RemarquesJ’étais loin de penser que de nouvelles apparaîtraient. Bien d’autres aspects auraient pu être choisis. Mais j’ai dû me limiter. Datation, selon le Robert. En 1990, le Petit Robert considérait déjà résonnance comme vieilli. Grelotter, grelottement et grelottant deviennent greloter, grelotement et grelotant. Seul le NPR (2010) nous informe que la graphie greloter est admise. Cachotter, cachotterie, cachottier, seules graphies consignées dans le NPR (2010), deviennent cachoter, cachoterie et cachotier. On serait porté à croire que le Grand vadémécum fait du zèle : le verbe cachotter ne figure même plus dans le Dictionnaire de l’Académie (9e éd.), ni dans aucun dictionnaire de langue moderne. Alors pourquoi le rectifier? Du verbe résonner. On désigne par « travaux des éditions Le Robert » l’ouvrage suivant : Rey‑Debove, Josette, et Béatrice Le Beau-Bensa. La réforme de l’orthographe au banc d’essai du Robert, éd. Dictionnaires Le Robert, Paris, 1991. L’anglais s’en est permis, lui aussi, avec l’étymologie. Il suffit de penser à cotton (ital. cotone); example (lat. exemplum); literature (lat. litteratura); syllable (lat. syllaba); fillet (lat. filum), etc.RéférencesNote de bas de page 1 Jean Hamburger, Introduction au langage de la médecine, Flammarion Médecine-Sciences, Paris, 1982, p. 7.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Chantal Contant, Le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée. Cinq millepattes sur un nénufar, Éditions De Champlain, S.F., Montréal, 2009.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Ibidem, p. 40.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Ibidem, p. 40.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1992, p. 997.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Ibidem, p. 1783.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Grand vadémécum, p. 232.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Ibidem, p. 59.Retour à la référence de la note de bas de page 8
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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maîtriser une langue

Article sur le sens de l’expression maîtriser une langue.
L’expression maîtriser une langue est attestée au même titre que maîtriser une technique, un art, son sujet, un savoir, dans le sens de « bien connaître, dominer, posséder ». Le dérivé maîtrise de se rencontre aussi. Bien qu’on soit à Paris, la maîtrise de l’anglais est indispensable, car la plupart des clients du cabinet sont américains. Certains puristes déconseillent toutefois cet usage. Selon eux, maîtriser implique que l’objet de cette action se débat et résiste aux efforts que l’on fait pour en prendre le contrôle. Selon la nouvelle orthographe, on peut écrire maitriser sans accent circonflexe sur le i.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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leadership

Article sur le mot leadership et ses équivalents possibles.
Le nom leadership, de l’anglais leadership (« position de meneur »), est attesté pour parler de la fonction de leader, de la position dominante de quelque chose ou de quelqu’un. On peut aussi écrire leadeurship en nouvelle orthographe. Il est admis, notamment dans le domaine de la gestion, de la psychologie et des sports : avoir le sens du leadership le leadership d’un pays ou d’un groupe social le leadership d’une entreprise, d’une théorie le leadership d’une équipe sportive des compétences en leadership Équivalents possibles Selon le contexte, d’autres mots ou expressions peuvent être utilisés : autorité direction qualités de chef commandement qualités de commandement ascendant tête esprit de commandement tempérament de chef En politique Le mot leadership est à éviter dans le domaine de la politique, pour parler de la direction d’un parti. À partir de la semaine prochaine, il assurera la direction du parti. Le mot chefferie dans ce sens est un canadianisme de niveau familier. Il vaut mieux ne pas l’utiliser dans la langue soignée ou dans un contexte international. En sociologie En sociologie, on remplace leadership par : suprématie domination hégémonie
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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baseball

Article sur la graphie du mot baseball avec ou sans trait d’union.
En orthographe traditionnelle, on écrit généralement baseball sans trait d’union. La graphie base-ball est correcte, mais plus rare. En nouvelle orthographe, on écrit baseball.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)
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auto-

Article portant sur le préfixe auto- utilisé dans le domaine juridique.
Préfixe signifiant de soi-même. La tendance actuelle est d’écrire sans trait d’union les mots composés avec le préfixe auto-, même ceux dont le deuxième élément commence par une voyelle : autodestruction, autoaccusation. La liste qui suit regroupe les termes ainsi orthographiés dans les textes juridiques consultés : autoaccusation, autoapprovisionnement, autoconsommation, autocorroboration, autodéfense, autodétermination, autodrome, autofinancement, autogestion, autographe, autoincrimination, autolimitation, autopropulsé, autorégulation, autorenouvellement, autoroute, autostop.
Source : Juridictionnaire (difficultés de la langue française dans le domaine du droit)
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