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Mots de tête : « à l’effet que »

Un article sur l’expression à l’effet que
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 33, numéro 1, 2000, page 22) Un rédacteur politique endossera une opinion à l’effet que la grève est désuète (Pierre Elliott Trudeau, La grève de l’amiante, 1956). « À l’effet que, à l’effet deAller à la remarque a; retranchez-moi cela, retranchez-moi cela; ce sont des bâtons dans vos phrases, et comme vos phrases n’en ont pas de reste pour se tenir, il est inutile de les embarrasser davantage. » C’est Arthur BuiesNote de bas de page 1 – en 1888 – qui apostrophe ainsi journalistes et politiciens dans l’espoir de les ramener dans le droit chemin linguistique. De toutes nos « fautes », à l’effet que est peut-être celle qui réunit le plus large consensus. « à l’effet que est une expression vicieuse », écrit Raoul RinfretNote de bas de page 2 huit ans après Buies. « La locution à l’effet que […] est inintelligible », affirme Gérard DagenaisNote de bas de page 3 en 1967. « C’est un barbarisme tiré de l’anglais », précise Victor BarbeauNote de bas de page 4 en 1968. « Ce populaire à l’effet que n’est même pas français! », renchérit Irène de BuisseretNote de bas de page 5 en 1972. « Cette mauvaise locution [dépare] nos journaux parlés et télévisés », constate une fiche de Radio-Canada, qui date à peu près de la même époque. Bien d’autres condamneront ou déconseilleront cet usage. Rappelons-en quelques-uns pour mémoire : l’abbé Blanchard (1919), André Clas et Paul Horguelin (1969), Robert Dubuc (1971), Jean-Marie Laurence (1980), Jean-Marie Courbon (1984), et j’en passe. Si Buies revenait parmi nous, il se réjouirait sûrement de voir que son appel a été largement entendu, notamment des journaux et des milieux politiques, comme en témoignent les mises en garde du Guide du journaliste (1969) de la Presse canadienne et du Lexique du Journal des débats (1976) de l’Assemblée nationale. Malgré un usage assez répandu pour mériter trois condamnations à quelques années d’intervalle (1888, 1896 et 1919), la plupart des glossaires de l’époque ignorent cette locution. Seul DionneNote de bas de page 6 (1909) l’enregistre, sans commentaire. Même les dictionnaires de langue plus récents – le Bélisle de 1957, le Beauchemin de 1968 ou le Dictionnaire du français plus de 1988 – sont muets. Ce n’est qu’en 1992 qu’un dictionnaire « général » (le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui) viendra nous rappeler qu’à l’effet que est un anglicisme (mais avec une définition qui surprend un peu : « parce que »). Cela fait ainsi plus de cent ans que les défenseurs de la langue rompent lance après lance contre ces malotrus de journalistes, écrivains et autres plumitifs ignorants qui ne savent pas que l’expression à l’effet que « n’est pas attestée en françaisNote de bas de page 7 ». Et pourtant, elle est bien française, et depuis presque trois cents ans. L’attestation la plus ancienne remonte à l’époque de la Nouvelle-France. Dans une ordonnance du 7 juin 1727, l’intendant Claude-Thomas DupuyNote de bas de page 8 recommande de construire les maisons avec des « murs de refend qui en excèdent les toits et les coupent en différentes parties, ou qui les séparent d’avec les maisons voisines, à l’effet que le feu se communique moins de l’une à l’autre ». L’anglomanie faisait-elle déjà rage à l’époque? Mon deuxième exemple est tiré d’une résolution présentée à l’Assemblée constituante par Mirabeau (Honoré Gabriel Riqueti de son petit nom) le 15 juin 1789 : « après due convocation des députés […] à l’effet qu’ils puissent y concourir pour ce qui les concerneNote de bas de page 9 ». Enfin, un troisième exemple nous est fourni par Ferdinand Brunot, dans un document datant de la Révolution française : « Lesd. Citoyens […] ont recours à votre équité et justice, à l’effet que vous les réintégriez dans leurs possessionsNote de bas de page 10 ». Ces trois citations indiquent assez bien la nature administrative, voire juridique, de la locution. Marie-Éva de Villers l’avait d’ailleurs noté dans la première édition de son ouvrage : « Cette tournure juridique n’est pas recommandée dans la langue couranteNote de bas de page 11 ». Malheureusement, dans les éditions suivantes, elle se contentera de la qualifier de calque. Et si l’on voulait une preuve supplémentaire de son origine juridique, les Difficultés du langage du droit au CanadaNote de bas de page 12 nous la fourniraient. Les auteurs lui consacrent presque deux pages et proposent quatre façons de l’éviter. Vous conviendrez avec moi qu’il est difficile de nier la « francité » de cette expression. Mais, vous ne manquerez pas de me rétorquer, c’est le sens qui fait problème. Effectivement, dans ces trois cas, à l’effet que signifie « pour, afin que, dans l’intention ». C’est-à-dire, en somme, le sens d’à l’effet de. Aussi, Brunot n’avait peut-être pas tort de soupçonner que la tournure « fautive » était dérivée de l’autre. Mais cela reste à prouver. Pour ce qui est du sens condamné – « précisant, déclarant, voulant que » –, il faut bien reconnaître que l’anglais to the effect that est passé par là. Mais à quand remonte cet usage chez nous? Vers le milieu du 19e siècle, certainement, et peut-être avant. On en trouve trois exemples dans le seul index des Débats sur la ConfédérationNote de bas de page 13 de 1865 : M. Letellier propose un amendement […] à l’effet que le débat soit ajourné. Ici encore, on n’est pas bien loin du sens d’à l’effet de, un peu à mi-chemin entre « afin que » et « portant que » : on dirait tout aussi bien « à l’effet d’ajourner le débat ». L’année de la parution du glossaire de Dionne, en 1909, paraissait la première traduction française de la bible de la procédure parlementaire britannique, le TraitéNote de bas de page 14 d’Erskine May. La traduction est due à un professeur de l’Université de Lyon, Joseph Delpech. C’est à peine si j’ai parcouru une centaine de pages de cet ouvrage, et pourtant j’y ai rencontré à l’effet que deux fois : Le roi peut faire une proclamation […] à l’effet que le Parlement se réunisse un jour déterminé. Plusieurs Actes […] contenaient des dispositions à l’effet que nul membre du Parlement ne soit emprisonné durant la session parlementaire. Comme on trouve ailleurs à l’effet de dans le même sens, on se demande pourquoi le traducteur a collé à l’anglais dans ces deux cas. Comment un professeur de droit n’a-t-il pas senti qu’il s’agissait d’une incorrection? Le souvenir de la vieille expression serait-il venu s’interposer entre « to the effect that » et l’équivalent correct? Qui sait, c’est peut-être ce même souvenir qui fait que nous l’employons aussi souvent. Une linguiste de l’Université LavalNote de bas de page 15 en a recueilli une bonne trentaine d’exemples, datant des années 70, et j’en ai relevés à peu près autant, qui datent pour la plupart des années 80 et 90. Quant à la nature juridique de cette locution, elle ne semble rebuter personne – du journaliste, romancier ou professeur de lettres, en passant par le sociologue, le politicologue et l’économiste, tout le monde l’emploie. Même un membre de l’Académie canadienne-françaiseNote de bas de page 16, dans un hommage à un de nos grands pourfendeurs d’anglicismes. Victor Barbeau a dû avoir une syncope. Enfin, si vous êtes comme moi – sous ce rapport, disons –, il y a belle lurette que vous avez appris à ne pas mettre ce « bâton dans vos phrases », pour reprendre le mot de Buies. Mais tous ceux pour qui cette expression n’est ni « vicieuse » ni « inintelligible », qui continuent de croire qu’elle est française (sans savoir que Mirabeau l’employait) et, surtout, qui la trouvent commode (une sorte de cheville mentale), ne devraient-ils pas avoir droit à une certaine indulgence de la part de ceux qui « savent »? Remarques Remarque a La locution à l’effet de n’est pas condamnée, mais on la réserve habituellement au style juridique. Elle semble d’ailleurs en voie de disparition; les dictionnaires les plus récents, les bilingues surtout, l’ignorent. Retour à la remarque a Références Note de bas de page 1 Arthur Buies, Anglicismes et canadianismes, Leméac, Montréal, 1979, p. 74. (Paru en 1888.) Retour à la référence de la note de bas de page 1 Note de bas de page 2 Raoul Rinfret, Dictionnaire de nos fautes contre la langue, Cadieux et Derome, Montréal, 1896. Retour à la référence de la note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Gérard Dagenais, Dictionnaire des difficultés du français au Canada, Éditions Pedagogia, Montréal, 1967. Retour à la référence de la note de bas de page 3 Note de bas de page 4 Victor Barbeau, Grammaire et linguistique, Cahiers de l’Académie canadienne-française, nº 12, Montréal,1968, p. 13. Retour à la référence de la note de bas de page 4 Note de bas de page 5 Irène de Buisseret, Guide du traducteur, Ottawa, 1972, p. 82. Retour à la référence de la note de bas de page 5 Note de bas de page 6 Narcisse-Eutrope Dionne, Le Parler populaire des Canadiens français, Presses de l’Université Laval, Québec, 1974. Retour à la référence de la note de bas de page 6 Note de bas de page 7 Gilles Colpron, Dictionnaire des anglicismes, Beauchemin, Montréal, 1982. Retour à la référence de la note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Cité par Jean-Claude Marsan, « L’héritage architectural du Régime français », Le Devoir, 23.6.92. Retour à la référence de la note de bas de page 8 Note de bas de page 9 Mirabeau, Discours, Folio, 1973, p. 49. Retour à la référence de la note de bas de page 9 Note de bas de page 10 Partage des biens communs, 10 juin 1793, in Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, tome X, 1re partie, Armand Colin, Paris, 1968, p. 376. Retour à la référence de la note de bas de page 10 Note de bas de page 11 Marie-Eva de Villers, Multidictionnaire des difficultés de la langue française, 1re éd., Québec/Amérique, 1988. Retour à la référence de la note de bas de page 11 Note de bas de page 12 Jean-Claude Gémar et Vo Ho-Thuy, Difficultés du langage du droit au Canada, 2e éd., Éditions Yvon Blais, Cowansville, 1997. Retour à la référence de la note de bas de page 12 Note de bas de page 13 Débats parlementaires sur la question de la Confédération, Hunter, Rose et Lemieux, Québec, 1865. Retour à la référence de la note de bas de page 13 Note de bas de page 14 Sir Thomas Erskine May, Traité des lois, privilèges, procédures et usages du parlement, tome I, V. Giard et E. Brière, Paris, 1909, p. 48 et 124. Retour à la référence de la note de bas de page 14 Note de bas de page 15 Geneviève Offroy, « Contribution à l’étude de la syntaxe québécoise d’après la langue des journaux », Travaux de linguistique québécoise, vol. 1, P.U.L., Québec, 1975, p. 271-272. Retour à la référence de la note de bas de page 15 Note de bas de page 16 Edmond Robillard, « Victor Barbeau et le français du Canada », in Victor Barbeau – Hommages, Cahiers de l’Académie canadienne-française, nº 15, Fides, Montréal, 1978, p. 134. Retour à la référence de la note de bas de page 16
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Mots de tête : « à toutes fins pratiques »

Un article sur l’expression à toutes fins pratiques
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 33, numéro 3, 2000, page 11) Une circulaire de Mgr Gauthier approuvait, à toutes fins pratiques,la Loi du cadenas.(Pierre Elliott Trudeau, 1956Note de bas de page 1.) Je n’aurais pas cru qu’un jour j’écrirais un article sur à toutes fins pratiques. Ce long et lourd calque de l’anglais me paraissait tout à fait inutile. Et ce n’est pas d’avoir compris que l’expression pouvait être synonyme de locutions comme en bout de course ou en bout de ligne qui m’a fait changer d’idéeNote de bas de page 2. Non, cette versatilité de ma part a une triple cause. D’abord, la rencontre d’un passage dans les Débats du Sénat où le traducteur, soucieux d’éviter cet anglicisme, est tombé dans un travers autrement plus grave :[…] a legislation that all but eliminates it – une loi qui l’élimine à toutes fins utilesNote de bas de page 3. Ensuite, la lecture des propos d’un constitutionnaliste de renom, professeur à l’École nationale d’administration publique et ancien ministre québécois de la Justice :Quand le Canada milite en faveur d’une clause de diversité culturelle, à toutes fins utiles, il emploie les mêmes mots que l’on a utilisés dans MeechNote de bas de page 4. Et enfin – la goutte qui a fait déborder le vase –, le fait de m’entendre, dans une conversation, succomber à la même manie. Je me suis dit qu’il était temps de réagir. J’ignore depuis combien de temps nous commettons cette erreur, mais j’en ai trouvé un exemple qui date de quinze ans. Un professeur de l’Université du Québec à Montréal, après avoir employé à toutes fins pratiques trois fois, trouve le moyen de donner le même sens à sa consœur :[…] la réforme au niveau provincial est à toutes fins utiles bloquéeNote de bas de page 5. Et une spécialiste des questions autochtones, professeur à l’École nationale d’administration publique, glisse sur la même pente :[…] la possession et la vente d’alcool étaient à toutes fins utiles interditesNote de bas de page 6. Outre la ressemblance entre les deux locutions – d’où la confusion facile –, y aurait-il une autre explication à cet égarement? Pour une rare fois, défenseurs de la langue et lexicographes se partagent la douteuse paternité de cette faute. Le premier coupable en date serait le Guide du journaliste de la Presse canadienne, paru en 1969 :À toutes fins pratiques : Barbarisme. Il faut dire : à toutes fins utilesNote de bas de page 7. Il sera suivi en 1976 du Lexique du Journal des Débats de l’Assemblée nationale du Québec, qui n’y voit qu’une seule et même expression :À toutes fins pratiques, utiles – cette expression ne s’emploie qu’au plurielNote de bas de page 8. La neuvième édition (1981) ne donne plus comme entrée qu’à toutes fins utiles. Mais elle confond toujours les deux, puisqu’elle ajoute : « C’est du meilleur français que l’expression à toutes fins pratiques (practically speaking). » André Clas et Émile Seutin, considèrent aussi à toutes fins pratiques comme un barbarisme et recommandent de le remplacer par à toutes fins utilesNote de bas de page 9. Un an après la parution de son dictionnaire, Léandre Bergeron rapplique avec un supplément qui ne fait qu’entretenir la confusion :À toute fin pratique; à toute fin utile – En sommeNote de bas de page 10. Même un professeur de français langue seconde tombe dans le piège; il propose à ses lecteurs, comme équivalent d’à toutes fins utiles, un curieux on (sic) all practical purposesNote de bas de page 11. Mais il ne donne pas à toutes fins pratiques. Voulait-il éviter de contribuer ainsi à répandre une expression fautive? On peut se demander s’il valait mieux fausser le sens d’à toutes fins utiles. Mais le pompon revient à la maison Robert. Dans la deuxième édition du grand dictionnaire, parue en 1988, immédiatement après l’entrée à toutes fins utiles, on peut lire : « Régional. (Canada). À toutes fins pratiques ». Sans définition, sans explication, comme si les deux expressions étaient synonymes. Rien d’étonnant à ce qu’aujourd’hui encore la confusion persiste. Et ce n’est pas l’effort louable du Dictionnaire québécois d’aujourd’hui qui permettra de rétablir les faits. L’auteur commence par écrire qu’à toutes fins utiles ou, familièrement, à toutes fins pratiques, signifient « pour servir le cas échéant », mais il ajoute – heureusement – que cette dernière a aussi le sens de « pratiquement, en fait »Note de bas de page 12. Enfin, un nouveau dictionnaire du québécois, paru en 1999, donne les deux tournures et leur attribue un sens commun, « en fait »Note de bas de page 13. Il signale toutefois qu’à toutes fins pratiques vient de for all practical purposes et, qu’en français standard, à toutes fins utiles signifie « en tout cas ». Il n’est pas le premier à faire cette mise au point. Dès 1984, Jean-Marie CourbonNote de bas de page 14 tentait de remettre les pendules à l’heure. En 1988, Marie-Éva de VillersNote de bas de page 15 faisait la même mise en garde, qu’elle reprendra dans les éditions subséquentes de son dictionnaire (1992 et 1997). Et l’année dernière encore, le conseiller linguistique de Radio-CanadaNote de bas de page 16 nous rappelait le sens « français » d’à toutes fins utiles et condamnait à toutes fins pratiques. Il est par ailleurs étonnant qu’il ait fallu attendre jusqu’en 1998, soit presque trente ans après le Guide du journaliste, pour qu’à toutes fins pratiques fasse son entrée dans la « bible » des anglicismes au Québec, Le ColpronNote de bas de page 17. Bien que je ne sois pas parvenu à trouver d’exemple d’à toutes fins pratiques qui remonte au-delà de la citation en exergue (1956), je suis persuadé que nous l’employons depuis pas mal plus longtemps qu’à toutes fins utiles dans son sens fautif. Une recherche exhaustive, dans les journaux notamment, nous rapporterait une abondante moisson. Et l’on constaterait que des gens de tous les milieux l’emploient. En voici quelques exemples, à titre d’échantillon. Un ancien recteur de l’Université de Montréal, qui n’hésite même pas à utiliser le singulier :[…] l’étude de ces questions, que la mort de Laurendeau devait rendre à toute fin pratique impossibleNote de bas de page 18. Un professeur de l’Université Laval, qui récidive à plus d’une reprise :Cela fait du Québec, à toutes fins pratiques, un État nationalNote de bas de page 19. Un journaliste d’origine française, Michel Vastel :C’est une sorte de « politique du C-20 » qui […] donne à toutes fins pratiques à l’État d’Israël […]Note de bas de page 20. Et la cerise sur le gâteau, une ancienne rédactrice en chef de L’Actualité terminologique, responsable de la première édition du Guide du rédacteur :À toutes fins pratiques, on peut le diviser en deux catégoriesNote de bas de page 21. J’ai bien peur qu’il ne soit trop tard pour enrayer le mal. À toutes fins utiles pourrait bien être à ranger parmi ces expressions auxquelles nous nous obstinons à donner un sens différent de celui des autres francophones, comme bête comme ses pieds, chercher de midi à quatorze heures, ne pas faire un pli, etc. Mais il reste peut-être un espoir de lui conserver son « vrai » sens – donner le feu vert à sa jumelle. Si l’on n’avait pas condamné à toutes fins pratiques, à toutes fins utiles n’aurait probablement jamais usurpé ce sens qui n’est manifestement pas le sien. Je ne peux qu’être d’accord avec l’exhortation de Jean-Marie Courbon : « employons à bon escient à toutes fins utiles », mais je ne puis le suivre lorsqu’il écrit « rejetons dans les ténèbres extérieures à toutes fins pratiques ». C’est là un vœu pieux qui n’a à peu près aucune chance de se réaliser. Je n’en démords pas, si l’on veut conserver à la première son sens véritable, il faudra donner droit de cité à la seconde. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. En terminant, je vous signale qu’une collègue du Bureau, Line GingrasNote de bas de page 22, a consacré à cette question une fiche très complète en 1987.RéférencesNote de bas de page 1 Pierre Elliott Trudeau, La Grève de l’amiante, Montréal, Éditions du Jour, 1970, p. 65. (Paru en 1956.)Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Voir L’Actualité terminologique, vol. 33, nº 2, p.13.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Débats du Sénat, 23 mars 2000, p. 829.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Gil Rémillard, Le Devoir, 24 juin 2000.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Dorval Brunelle, Les trois colombes, Montréal, vlb éditeur, 1985, p. 101.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Renée Dupuis, La Question indienne au Canada, Montréal, Boréal Express, 1991, p. 54.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Guide du journaliste, Montréal, La Presse canadienne, 1969, p. 8.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Lexique du Journal des débats, Québec, Assemblée nationale, 1976, p. 15.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 André Clas et Émile Seutin, Recueil de difficultés du français commercial, Montréal, McGraw-Hill, 1980.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise, supplément, Montréal, vlb éditeur, 1981.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Camille H. Mailhot, 2000 expressions françaises pratiques et utiles, Hull, Éditions Asticou, 1983, p. 190.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Jean-Claude Boulanger, Dictionnaire québécois d’aujourd’hui, Montréal, Éditions DicoRobert, 1992.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Lionel Meney, Dictionnaire québécois français, Montréal, Guérin, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Jean-Marie Courbon, Guide du français des affaires, Montréal, Didier, 1984, pp. 105-106.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire des difficultés de la langue française, Montréal, Québec/Amérique, 1988.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Guy Bertrand, 400 capsules linguistiques, Montréal, Lanctôt éditeur, 1999, pp. 14-15.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 Constance Forest et Denise Boudreau, Le Colpron, Montréal, Beauchemin, 4eéd., 1998, p. 268.Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 Paul Lacoste, introduction au Journal tenu pendant la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme d’André Laurendeau, Montréal, vlb éditeur/le septentrion, 1990, p. 42.Retour à la référence de la note de bas de page 18Note de bas de page 19 Louis Balthazar, Bilan du nationalisme au Québec, Montréal, L’Hexagone, 1986, p. 132. Voir aussi pp. 62, 108, 135, 151 et 199.Retour à la référence de la note de bas de page 19Note de bas de page 20 Michel Vastel, LeDroit, 10 avril 2000.Retour à la référence de la note de bas de page 20Note de bas de page 21 Denise McClelland, Guide du rédacteur de l’administration fédérale, Ottawa, Secrétariat d’État, l983, p. 80.Retour à la référence de la note de bas de page 21Note de bas de page 22 Line Gingras, Fiche Repères-T/R, Division des recherches et conseils linguistiques, Bureau de la traduction, 1987.Retour à la référence de la note de bas de page 22
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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Informal : Informel

Un article sur la traduction de informal par informel
(L’Actualité terminologique, volume 1, numéro 10, 1968, page 4) Les contraires s’attirent. Informal-informel (« Consignes formelles et informelles … » – emploi relevé dans Protection civile et Sécurité industrielle). Une lectrice avide d’enrichir son vocabulaire et de se faciliter la traduction a demandé s’il fallait vraiment s’autoriser de l’exemple de la publication de France pour toujours traduire informal ainsi. Elle savait fort bien que non et voulait se faire indiquer la recette ou le principe à retenir pour employer à bon escient l’équivalent « informel ». Le principe? Il est à la portée de tous les esprits. Il s’énonce ainsi : informal se traduit par « informel » quand ce dernier est le contraire de « formel ». Compliqué? Voici des exemples qui rendent le principe d’une cristalline limpidité. Ainsi, ayant à traduire informal dinner, on ne dira pas « dîner informel » puisque formal dinner n’est pas un « dîner formel » mais un « dîner prié » (cf. Harrap). De même, s’agissant d’informal step, la métamorphose en français n’est pas « démarche informelle », mais « démarche officieuse », parce que le contraire, formal step, est « démarche officielle ». On voit donc que la clé d’informel, c’est formel qui la tient.
Source : Chroniques de langue (la langue française vue par des langagiers)
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