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Results 1 to 10 of 176 (page 1 of 18)

Titres des lois et règlements : quelques règles

Un article sur l’écriture des titres des lois et règlements
Fanny Vittecoq (L’Actualité langagière, volume 3, numéro 1, 2006, page 9) Qu’on soit jurilinguiste, traducteur ou rédacteur, on a parfois besoin d’un petit rafraîchissement sur les règles concernant les titres de lois afin… de ne pas les enfreindre. Je vous propose un petit cocktail à saveur juridique portant sur la majuscule, l’italique, la traduction et les divisions des textes législatifs. Majuscule et italique Dans l’administration fédérale, les titres de lois prennent la majuscule au premier mot, et s’écrivent en italiqueAller à la remarque a. Cette convention vise les lois, arrêtés, chartes, codes, constitutions, etc., ainsi que les textes d’application des lois, comme les règlements, les ordonnances et les décrets.  Le sigle d’un titre de loi s’écrit en caractères romains et ne prend pas d’accent.  La Loi sur la sécurité dans les sports a été abrogée en 1997. La Loi sur la protection des renseignements personnels Le Règlement modifiant le Règlement sur la santé des animaux La Charte canadienne des droits et libertés La Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (LCEE) prévoit… Le nom des accords, ententes ou traités internationaux s’écrit habituellement en caractères romains. On emploie également le romain dans le cas des projets de loi désignés par un numéro : L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce L’ONU a adopté la Convention relative au statut des réfugiés en 1951. Le projet de loi C-24 Enfin, on emploie la minuscule initiale et le romain si l’on ne cite pas le titre exact d’un texte de loi : La loi sur l’évaluation environnementale ne fait pas l’unanimité. « Loi » ou « règlement » employés elliptiquement Employés seuls, en ellipse ou comme générique, les mots loi et règlement prennent généralement la minuscule et s’écrivent en romain. On peut toutefois les mettre en italique avec la majuscule initiale s’ils sont précédés d’un article défini et s’il est clair dans le contexte qu’on parle d’une loi ou d’un règlement en particulier : Ce règlement modifié a été approuvé et enregistré le 24 octobre 2002. La nouvelle loi désigne un certain nombre de régions bilingues. En cas de conflit entre le contenu de la présente brochure et les dispositions de la Loi sur les langues officielles, c’est la Loi qui prévaut. Traduction des titres de lois [Cette rubrique a été modifiée] L’ensemble de la législation du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires est accessible en ligne : lois, règlements, projets de loi et état des projets de loi, ainsi que les gazettes officielles dans lesquelles l’information utile est publiée. Le degré de bilinguisme législatif varie d’une région à l’autre. Les lois fédérales, les lois du Nouveau-Brunswick, du Québec et du Manitoba ainsi que la plupart des lois de l’Ontario sont officielles en anglais et en français. Il faut indiquer le titre de loi en français quand il existe une version officielle de la loi : La Loi sur les véhicules à moteur du Nouveau-Brunswick. Pour les lois non traduites, on peut conserver le titre anglais dans un texte français. Le genre de l’article qui précède un nom étranger correspond généralement au genre qu’aurait en français l’équivalent du terme générique anglais. Étant donné que l’équivalent français de act est loi, on devrait en principe employer l’article féminin la. On constate cependant que l’article masculin devant un titre anglais contenant le mot Act est beaucoup plus fréquent dans l’usage : La/le Motor Vehicle Act de la Colombie-Britannique. De plus, les règles de l’élision s’appliquent devant les mots étrangers comme devant les mots français : Un rapport d’évaluation des impacts environnementaux est exigé en vertu de l’Environmental Protection and Enhancement Act de l’Alberta. On peut aussi opter pour l’ajout d’une traduction non officielle en français. On écrit alors le mot loi avec la minuscule, et le titre traduit se met en caractères ordinaires. On peut l’intégrer dans le texte, suivi du titre anglais officiel entre parenthèses, ou encore le mettre sous forme de note en bas de page. La loi sur les véhicules à moteur (Motor Vehicle Act) de la Colombie-Britannique. Divisions des textes de lois On emploie habituellement des lettres et des chiffres, arabes ou romains, pour désigner les divisions d’actes notariés et d’autres documents juridiques ou administratifs (sections, articles, paragraphes, alinéas, etc.). Selon le Guide canadien de rédaction législative française, on subdivise les lois et les règlements fédéraux de la façon suivante : Anglais Français part I partie I division A section A subdivision a sous-section a section 12 article 12 subsection 12(1) paragraphe 12(1) paragraph 12(1)(a) alinéa 12(1)a) subparagraph 12(1)(a)(i) sous-alinéa 12(1)a)(i) clause 12(1)(a)(i)(B) division 12(1)a)(i)(B) subclause 12(1)(a)(i)(B)(VI) subdivision 12(1)a)(i)(B)(VI) sub-subclause 1 sous-subdivision 1 schedule annexe table tableau ou table figure figure On cite une disposition législative de façon précise : le paragraphe 12(1), l’alinéa 12(1)a). Bien qu’il soit aussi possible d’écrire « le paragraphe (1) de l’article 12 » parce qu’il n’y a qu’un paragraphe (1) dans un article, il serait faux d’écrire « l’alinéa a) de l’article 12 », « le sous-alinéa (ii) de l’article 12 », etc. parce qu’il pourrait y avoir plus d’un alinéa a) ou de sous-alinéa (ii) dans un article, ce qui porterait à confusion. La lettre indiquant l’alinéa se met en italique. Notez que le mot anglais paragraph se rend par alinéa : « l’alinéa 12(1)a) », et non « le paragraphe 12(1)a) ». De plus, le terme sous-paragraphe, calque de l’anglais subparagraph, est à éviter. On dit plutôt sous-alinéa. Il importe de préciser que les lois du Québec sont divisées différemment. Remarques Remarque a  L’Office québécois de la langue française recommande d’écrire les titres de lois, chartes, règlements, etc., en caractères ordinaires plutôt qu’en italique. Retour à la remarque a Remarque : Depuis des modifications faites à la présentation des textes de loi en 2016, la lettre indiquant l’alinéa ne se met plus en italique. Liens utiles Gazette du Canada. Lois sanctionnées et règlements officiels : http://canadagazette.gc.ca/index-f.html Recherche des lois et règlements codifiés du Canada : http://laws.justice.gc.ca/fr/index.html LEGISINFO, un outil de recherche sur les projets de loi. Parlement du Canada : http://www.parl.gc.ca/LEGISINFO/index.asp?Lang=F Lois et règlements : L’essentiel (2e édition). Bureau du Conseil privé, Gouvernement du Canada, 2001 : http://sbisrvntweb.uqac.ca/archivage/17572868.pdf « La justice et la loi au Canada » : http://canada.justice.gc.ca/fr/jl/index.html Loi sur les textes réglementaires : http://lois.justice.gc.ca/fr/S-22/texte.html « La common law et le droit civil ». Le Canada en devenir! : http://www.canadiana.org/citm/specifique/lois_f.html#common. Enquête nationale sur les services de rédaction législative : http://www.justice.gc.ca/fr/ps/inter/survey/page8.html
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)
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La petite histoire d’une expression : Être laconique

Un article sur l’origine de l’expression être laconique
Fanny Vittecoq (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 3, 2010, page 8) L’adjectif laconique tire son origine de la Laconie, une région de la péninsule du Péloponnèse où était située Sparte, une des cités les plus puissantes de la Grèce antique. Les habitants de cette région étaient reconnus pour être brefs dans leurs propos. Voici quelques anecdotes à ce sujet. Quand le roi de Perse ordonna au roi de Sparte de rendre les armes, ce dernier se contenta de lui dire : « Venez les prendre. » En 403 avant J.-C., les soldats de Sparte annoncèrent sans détour à leurs concitoyens leur victoire sur Athènes, qui mettait fin à la guerre du Péloponnèse. Leur missive se formulait ainsi : « Athènes prise. » Un jour, le roi de Macédoine écrivit aux Spartiates : « Si j’envahis la Laconie, vous serez chassés »; ils répondirent « Si ». Un seul mot leur suffit pour annoncer qu’ils doutaient fortement de l’éventualité d’une telle attaque. Mais c’est Victor Hugo, bien des siècles plus tard, qui remporte la palme pour sa concision. Voulant s’enquérir des recettes d’un de ses romans, il envoya à son éditeur une lettre qui contenait un simple « ? ». L’éditeur s’empressa de répondre avec une aussi grande économie de mots : « ! ». Une réponse qui en dit long… et on ne peut plus laconique! Être laconique, c’est s’exprimer avec une grande concision, en peu de mots.
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)
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Inuit, un mot qui ne fait plus exception

Un article sur l’accord en genre et en nombre du nom et de l’adjectif inuit
Denise Cyr et Fanny Vittecoq (L’Actualité langagière, volume 5, numéro 2, 2008, page 9) La question de la variabilité ou de l’invariabilité du mot inuit fait l’objet de débats depuis environ trente ans. Dans les années 80, le Bureau de la traduction recommandait à ses traducteurs d’écrire un Inuk/des Inuit et de garder l’adjectif invariable (culture inuit). L’usage ayant évolué depuis, le Bureau, compte tenu de son mandat de normalisation à l’échelle de l’administration fédérale, se doit de rectifier le tir. Il publie donc une nouvelle recommandation qui s’inspire de l’analyse de différentes sources, de l’usage actuel et de l’évolution du processus d’intégration au français des mots empruntés aux langues étrangères.Les emprunts Emprunter des termes aux autres langues et les adapter à la sienne est une démarche naturelle de toutes les langues vivantes. Au cours des années 80, la francophonie canadienne et internationale a vite accepté de passer du mot Esquimau au mot Inuit pour désigner les Autochtones du Nord canadien. Comme la majorité de nos emprunts faits aux langues étrangères, inuit a été transplanté dans la langue française avec son « bagage culturel », soit avec les règles de pluralisation propres à la langue d’origine, l’inuktitut. Rappelons qu’en inuktitut, le mot Inuk s’emploie pour désigner une seule personne, Inuuk pour désigner deux personnes, et Inuit pour désigner trois personnes ou plus. Dans sa langue d’origine, Inuit est un mot pluriel qui signifie « les hommes », « le peuple », « les gens ». Le français a adopté des centaines, voire des milliers de termes étrangers qui, dans leur langue d’origine, sont soumis à des règles d’accord bien différentes des nôtres. Ainsi, le français a emprunté :un maximum, des maxima au latin un kibboutz, des kibboutzim à l’hébreu un scenario, des scenarii à l’italien un barman, des barmen à l’anglais un Targui, des Touareg à l’arabeCe n’est toujours qu’une question de temps avant que disparaissent les doublets singulier-pluriel d’origine. L’usage abandonne l’un ou l’autre élément des doublets, et l’élément retenu finit par prendre la marque plurielle française. Il serait d’ailleurs impensable qu’une langue importe toutes les règles d’accord des langues auxquelles elle emprunte des mots. Ainsi, les doublets ci-dessus s’écrivent maintenant :un maximum, des maximums un kibboutz, des kibboutz un scénario, des scénarios (notez aussi l’accent) un barman, des barmans un Touareg, des TouaregsCe dernier exemple, le mot Touareg, illustre bien le phénomène d’implantation. On peut d’ailleurs facilement associer ce cas à celui du terme Inuit. Comme nom propre, Touareg, dans sa langue d’origine, est un pluriel qui désigne le peuple nomade de race blanche habitant le Sahara; son singulier est Targui. À l’exception des anthropologues, personne aujourd’hui n’utilise en français le singulier Targui, opposé au pluriel Touareg. Le français a retenu Touareg et en a fait un nom propre singulier qui désigne maintenant un individu du peuple nomade; il l’a modifié à la française en lui ajoutant un e au féminin et un s au pluriel : un Touareg, une Touarègue / des Touaregs, des Touarègues. Le pluriel étymologique a disparu. Le mot a même pris la forme adjectivale : touareg (masculin), touarègue (féminin). Les emprunts ne sont pas un phénomène exclusif au français : l’inuktitut, par exemple, a emprunté les noms communs taxi et patate. Pour désigner un, deux ou plusieurs taxis, les Inuits emploient maintenant taaksi, taaksiik, taaksiit, et pour désigner une, deux ou plusieurs patates, patiiti, patiitiik, patiitiit. Il en est de même des noms propres qui désignent des personnes. Pour désigner un, deux ou plusieurs Canadiens, on dira en inuktitut Kanatamiutaq, Kanatamiutaak et Kanatamiutait. Quant au nom propre Montréalais, il est rendu ainsi : Muriamiutaq, Muriamiutaak et Muriamiutait. On peut voir que les Inuits appliquent eux aussi à des mots étrangers les règles du pluriel propres à leur langue.Langue et politique L’emprunt d’inuit étant relativement récent, il subsiste encore un peu de flottement dans la façon d’écrire son singulier et son pluriel en français, quoiqu’une très nette tendance à faire l’accord se manifeste. Outre l’évolution normale, nous notons qu’il subsiste une opposition entre deux groupes, opposition qui va au-delà des considérations linguistiques. Les partisans du politiquement correct jugent que c’est un manque de respect pour la langue et la culture des Autochtones du Nord que d’accorder le mot inuit selon les règles du français, et que le respect doit prévaloir sur les simples considérations grammaticales de notre langue. Ils estiment qu’il faut, en français, appliquer au mot inuit les règles de la langue inuktitute : un Inuk, des Inuit, avec invariabilité de l’adjectif (sculptures inuit). Quant aux partisans du linguistiquement correct, ils prônent le contraire, soit l’accord en genre et en nombre, arguant qu’il faut appliquer les règles du français dans les textes français. Nos recherches ont permis de constater que les dictionnaires et ouvrages de difficultés consultés font tous, à une exception prèsNote de bas de page 1, l’accord en genre et en nombre du mot inuit. Cette position gagne donc la faveur de la francophonie. Entre ces deux pôles, on trouve encore parfois des usages mixtes : nom invariable (un Inuit, des Inuit) avec accord de l’adjectif en genre et en nombre (sculptures inuites); ou encore, nom variable (un Inuit, des Inuits) mais avec adjectif invariable en genre (homme inuit, femme inuit).Documents recensés Des sources diverses ont été consultées : ouvrages de nature linguistique (publications spécialisées, dictionnaires, ouvrages de difficultés du français), textes de loi, documents de sources gouvernementales, paragouvernementales, autochtones et autres, sites Web, journaux et revues. Ces sources sont divisées par catégories, et les documents cités sont classés par ordre chronologique. On peut consulter la liste ci-dessous (Recensement des sources sur l’accord en genre et en nombre du mot inuit). Une brève constatation figure au début de chaque catégorie; nous en reprenons l’essentiel ci-dessous.Constatations Les dictionnaires et ouvrages linguistiques les plus récents tendent vers la variabilité en genre et en nombre du nom et de l’adjectif, alors que les ouvrages plus anciens recommandaient souvent l’invariabilité. Dans les documents publiés par le gouvernement du Canada, on trouve toutes les combinaisons possibles; il n’y a aucune uniformité entre les ministères ni parfois à l’intérieur d’un même ministère. Dans les documents publiés par le gouvernement du Québec, le mot inuit est toujours variable en genre et en nombre. Dans les textes de loi du gouvernement du Canada et du gouvernement du Québec, à de rares exceptions près, le mot inuit est invariableNote de bas de page 2, mais un revirement est à prévoir dans un proche avenir puisque des pressions s’exercent actuellement pour que l’accord se fasse en genre et en nombre dans les lois de ces deux gouvernements. Dans des documents provenant d’organisations paragouvernementales, le mot est variable. Dans les écrits provenant de sources autochtones, on note une forte tendance à la variabilité en genre et en nombre. Dans des documents électroniques divers, on constate un manque d’uniformité. Enfin, dans les journaux et revues spécialisées qui paraissent au Canada et en Europe, la variabilité s’observe plus fréquemment que l’invariabilité.Et pour conclure… Le moment est venu de prendre acte de l’évolution de l’usage. L’entrée d’inuit et d’Inuk dans notre langue s’est faite timidement, de façon prudente, il y a une trentaine d’années. Avec le temps, l’usage a abandonné Inuk au profit d’Inuit. Puis, comme c’est le cas pour tous les emprunts et néologismes implantés depuis un certain temps, les règles centenaires de la grammaire française se sont imposées naturellement. La tendance actuelle est à la francisation complète et à la simplification de la langue. D’ailleurs, les dictionnaires en font foi, preuve ultime que la francisation d’inuit est passée dans l’usage. Aux partisans de la rectitude politique, on pourra demander : « N’est-ce pas là une marque de considération et de respect pour un peuple que d’intégrer ses mots à notre discours et de reconnaître leur pleine valeur comme termes français? » La francisation complète du mot inuit montre qu’il fait désormais partie du patrimoine culturel et linguistique du français. Inuit n’est plus un emprunt étranger qui fait exception.La recommandation du Bureau de la traduction Le Bureau de la traduction du gouvernement du Canada, en tant qu’organisme de normalisation, recommande une graphie simplifiée qui reflète l’usage et qui se conforme aux règles morphologiques du français plutôt qu’à celles de la langue d’emprunt :Le nom propre Inuit et l’adjectif inuit sont tous deux variables en genre et en nombre : un Inuit, une Inuite, des Inuits, des Inuites. Un village inuit, une étudiante inuite, des pêcheurs inuits, des traditions inuites. Le lecteur trouvera cette recommandation linguistique sur le site du Bureau de la traduction à l’adresse suivante : Inuit et Inuk : règles d’écriture.RéférencesNote de bas de page 1 À l’exception des dictionnaires Le Robert, qui recommandent l’invariabilité en genre du nom (une Inuit) et de l’adjectif (la civilisation inuit).Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Le 14 février 2008, le projet de loi C-11 a été sanctionné par la gouverneure générale du Canada; la nouvelle Loi concernant l’accord sur les revendications territoriales des Inuits du Nunavik (2008, ch. 2), avec son accord en nombre du nom propre Inuit, crée un précédent qui vient s’ajouter à celui de la Loi sur le Yukon (2002, ch. 7).Retour à la référence de la note de bas de page 2Recensement des sources sur l’accord en genre et en nombre du mot inuitAccord de inuit dans des sources linguistiques Accord de inuit au gouvernement du Canada Accord de inuit au gouvernement du Québec Accord de inuit dans des textes de loi du Canada Accord de inuit dans des textes de loi du Québec Accord de inuit dans des sources paragouvernementales Accord de inuit dans des sources autochtones Accord de inuit dans des documents électroniques divers Accord de inuit dans des journaux et revues spécialiséesAccord de inuit dans des sources linguistiques Constatations : Au fil du temps, l’invariabilité fait place à la variabilité. Depuis 1990, les dictionnaires et ouvrages de langue, sauf une maison de dictionnaires, accordent en genre et en nombre le nom comme l’adjectif; la maison Le Robert est la seule à garder encore l’adjectif invariable.Revues linguistiques, dictionnaires et ouvrages de difficultésAccord du nomAccord de l’adjectifL’Actualité terminologique, vol. 13, nº 9, p. 6 (novembre 1980) – P. Gouletinvariable : un Inuk, une Inuk, des Inuitinvariable : une étudiante inuit, des étudiantes inuitL’Actualité terminologique, vol. 14, nº 3, p. 6 et 8 (mars 1981) – Une lectrice nous écrit (selon Suzanne Willems)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuitsvariable : une étudiante inuite, des étudiantes inuitesL’Actualité terminologique, vol. 14, nº 7, p. 9 (août-septembre 1981) – Uniformisation du terme Inuit (selon Robert Dubuc et l’auteure Solange Gouin)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuitsvariable : une étudiante inuite, des étudiantes inuitesL’Actualité terminologique, vol. 15, nº 1, p. 3 (janvier 1982) – Le courrier des lecteurs; Les termes Inuk et Inuit (selon Carole Audet)invariable : un Inuk, une Inuk, des Inuitinvariable : une étudiante inuk, des étudiantes inuitL’Actualité terminologique, vol. 15, nº 5, p. 10 (mai 1982) – Le courrier des lecteurs; Inuk/Inuit (selon André Creusot)variable en nombre : un Inuit, des Inuitss/oL’Actualité terminologique, vol. 15, nº 6, p. 1-2 (juillet 1982) – L’orthographe et l’emploi des termes Inuit, Inuk et inuktitut (selon Raymond Pepermans, le Bureau des traductions et l’OLF)invariable : un Inuk, une Inuk, des Inuitinvariable : une étudiante inuit, des étudiantes inuitL’Actualité terminologique, vol. 15, nº 10, p. 9 (décembre 1982) – Courrier des lecteurs – De salamalecs en salmigondis (selon Bernard Méchin, ministère de la Justice Canada)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuitsvariable : une étudiante inuite, des étudiantes inuitesL’Actualité terminologique, vol. 19, nº 6, p. 1 (1986) – La réalité autochtone au Canada : variantes synonymiques et variantes culturelles (selon Raymond Pepermans)invariable : des Inuits/oLe guide du rédacteur, Bureau de la traduction (1996)variable : des Inuitss/o400 Capsules linguistiques, p. 101 (Guy Bertrand, Radio-Canada) (1999)variable : des Inuitsvariable : sculpture inuiteGrand Robert électronique (2001)invariable : un, une Inuit. Les Inuit (ou les Inuits)invariable : civilisation inuitDictionnaire des difficultés du français (2001)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuites, des Inuitss/oMultidictionnaire de la langue française (2003)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuites, des Inuitsvariable : traditions inuites, villages inuitsLe Robert Brio (2003)variable en nombre : des Inuits; invariable en genre : une Inuitinvariable en genre : la civilisation inuit1300 pièges du français parlé et écrit (Camil Chouinard) (2003)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuites, des InuitsvariableGrand dictionnaire terminologique de l’OQLF (2004)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuites, des Inuitsvariable : une étudiante inuite, des étudiantes inuitesTERMIUM, fiche « inuit » (2005)variablevariableLe français au bureau (2005)variable : des Inuitss/oLe Petit Robert des noms propres (2007)variable : les Inuitssingulier : un Inuks/oDruide informatique, Points de langue Inuit, taliban et autres pluriels empruntés (Numéro 40, 30 juin 2007)variable : un Inuit, des Inuitsvariable : populations inuitesLe Petit Larousse 2008variable : aux Inuitsvariable : inuiteLe Nouveau Petit Robert de la langue française 2008variable : les Inuits de l’Alaskainvariable en genre : la langue inuitAccord de inuit au gouvernement du Canada Constatations : Il n’y a aucune uniformité; on trouve toutes les combinaisons possibles.Gouvernement du CanadaAccord du nomAccord de l’adjectifSanté Canada – Tendons la main : Guide pour bien communiquer avec les aînés autochtones (1998)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuites, des InuitsvariableAnciens Combattants Canada – Soldats autochtones – Terres étrangères. Terminologie. (1998)invariable : les Inuitsingulier : Inuks/oAffaires indiennes et du Nord Canada, Direction générale des communications. Terminologie autochtone : une terminologie en évolution qui se rapporte aux peuples autochtones au Canada (octobre 2002)invariable : un Inuit, des Inuitvariable : une étudiante inuite, des étudiantes inuitesSecrétariat du Conseil du Trésor – Le rendement du Canada 2005 – Annexe 1, Glossaire.invariable : les Inuits/oPatrimoine canadien – Entente-cadre Canada-Nunavut sur la promotion du français et de l’inuktitut (7 mars 2006)variable : les inuits, les Inuitssingulier : inukvariable/invariable : organisation inuite, culture InuitService de traduction d’Affaires indiennes et du Nord Canada, Bureau de la traduction (2006)variable : un Inuit, une Inuite, des Inuitsvariable : étudiante inuite, étudiantes inuitesAffaires indiennes et du Nord Canada (2006), Tendances Sociales Inuites – Les Inuit au Canada : répartition selon la région et évolution …invariable : les Inuitvariable : tendances inuitesAffaires indiennes et du Nord Canada (2006) – Centres d’art indien et inuit.variable : des Inuitsvariable : artistes inuitsSociété Radio-Canada, Guy Bertrand, premier conseiller linguistique (2006)variablevariableAffaires indiennes et du Nord Canada, Secrétariat des relations avec les Inuit (2007)invariable : les Inuit; singulier : un Inukvariable : organisation inuiteEnvironnement Canada (2007)invariable : les Inuitinvariable : population inuitAccord de inuit au gouvernement du Québec Constatations : La variabilité est généralisée. Le nom propre Inuit et son adjectif varient en genre et en nombre dans tous les documents que nous avons consultés.Gouvernement du QuébecAccord du nomAccord de l’adjectifSecrétariat aux Affaires autochtones – Les Amérindiens et les Inuits du Québec (2001)variable : des Inuitsvariable : nation inuiteSecrétariat aux affaires autochtones – Inuits (2004)variable : les Inuitsvariable : nation inuiteAllocution de M. Jean Charest (25 octobre 2006), au Forum socioéconomique des Premières nations tenu à Mashteuiatsh.variable : des Inuitsvariable : délégués inuitsAssemblée nationale du Québec – Étude détaillée du projet de loi nº 16 – Loi modifiant la Loi sur les autochtones cris, inuit et naskapis et d’autres dispositions législatives (PDF Externe) – 13 juin 2006 – vol. 39, nº 20.variable : les Inuitsvariable : bénéficiaires inuitsCommission de toponymie du Québec – Politique relative aux noms autochtones (2007)variable : des Inuitss/oOffice québécois de la langue française, Noëlle Guilloton (2007)variablevariableAccord de inuit dans des textes de loi du Canada Constatations : L’invariabilité du nom et de l’adjectif est généralisée dans les lois. Dans les décrets consultés, le nom et l’adjectif sont tous les deux variables. La nouvelle Loi concernant l’accord sur les revendications territoriales des Inuits du Nunavik (2008) et la Loi sur le Yukon (2002) sont les seules lois dans lesquelles on trouve le nom pluriel Inuits; quant à l’adjectif, il est accordé en genre dans deux autres lois. Le ministère de la Justice souhaite généraliser l’accord en genre et en nombre du nom et de l’adjectif dans toutes les futures lois.Textes de loi du CanadaAccord du nomAccord de l’adjectifLoi constitutionnelle de 1982, par. 35 (2)invariable : des Inuits/oLoi canadienne sur la protection de l’environnement (1999)invariable : des Inuitinvariable : des gouvernements autochtones – sauf inuitLoi sur les eaux du Nunavut et le Tribunal des droits de surface du Nunavut (L.C. 2002) ch. 10, par. 2(1)invariable : des Inuitinvariable : terre inuit, organisation inuit désignéeLoi sur le Yukon (L.C. 2002) ch. 7, par. 22(1) et (2)variable : les Inuitss/oLoi sur les paiements versés en remplacement d’impôts (M-13, par. 2(1))invariable : terres des Inuitvariable : communauté inuiteLoi sur l’Accord sur les revendications territoriales des Inuit du Labrador (2005, ch. 27)invariable : des Inuitvariable : loi inuiteLoi concernant l’accord sur les revendications territoriales des Inuits du Nunavik (2008, ch. 2)variable : les Inuitss/oDécret autorisant l’émission et prescrivant le dessin et les dimensions d’une pièce de monnaie de circulation de deux dollarss/ovariable : caractères latins et inuitsDécret déclarant inaliénables certaines terres du Nunavut (région marine du Nunavik, Nunavut)variable : les Inuitss/oAccord de inuit dans des textes de loi du Québec Constatations : Le mot est invariable dans les anciens textes de loi (nous en avons consulté une cinquantaine dont les titres ne sont pas consignés ci-dessous) : l’expression « autochtones cris, inuit et naskapis » y revient constamment. Dans des lois ayant fait l’objet d’une mise à jour récente, on note la coexistence des deux formes. L’explication de ce manque d’uniformité se trouve dans l’Étude détaillée du projet de loi nº 16 (voir la catégorie Gouvernement du Québec) : les jurilinguistes ne modifient pas le libellé des anciens textes où inuit était invariable, mais l’accord est fait dans les passages nouveaux, conformément à l’usage actuel.Textes de loi du QuébecAccord du nomAccord de l’adjectifLoi sur les autochtones cris, inuit et naskapis, L.R.Q. c. A-33.1, Lois consolidées du Québec (section V.1)variable : une Inuite, les Inuitsinvariable dans le titre : autochtones cris, inuitvariable : communautés inuites, bénéficiaires inuitsLoi sur le programme d’aide aux Inuit bénéficiaires de la Convention de la Baie James et du Nord québécois pour leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage, L.R.Q., chapitre P-30.2 (À jour au 5 février 2007)invariable : les Inuitinvariable : communautés inuit, pêcheurs inuitLoi sur la Société Makivik, L.R.Q., chapitre S-18.1 (À jour au 5 février 2007)invariable : les Inuitinvariable/variable : communautés inuit, communautés inuitesLoi sur le programme d’aide aux Inuit bénéficiaires de la Convention de la Baie James et du Nord québécois pour leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage, L.R.Q., chapitre P-30.2 (À jour au 1er juillet 2007)invariable : aux Inuitsingulier : un inukinvariable : communautés inuit, pêcheurs inuitDiplômes délivrés par les établissements d’enseignement désignés qui donnent droit aux permis et aux certificats de spécialistes des ordres professionnels, Règlement sur les, L.R.Q. c. C-26, r.1.1variable : des Inuitss/oServices de santé et les services sociaux pour les autochtones cris, Loi sur les, L.R.Q. c. S-5variable : les Inuitss/oRévision des limites des régions administratives du Québec, Décret concernant la, L.R.Q. c. D-11, r.2s/ovariable : villages nordiques inuitsInstruction publique pour les autochtones cris, inuit et naskapis, Loi sur l’, L.R.Q. c. I-14s/oinvariable : population inuitVillages nordiques et l’Administration régionale Kativik, Loi sur les, L.R.Q. c. V-6.1s/oinvariable : corporations foncières inuit localesAccord de inuit dans des sources paragouvernementales Constatations : Le mot est variable.Documents provenant de sources paragouvernementalesAccord du nomAccord de l’adjectifBureau du Commissaire aux langues du Nunavut, Systèmes d’écriture ou orthographes (2004)variable : les Inuitsvariable : culture inuite, dialectes inuitsUnion des municipalités du Québec, Guide terminologique autochtone (2006)variable : une Inuite, les Inuitsvariable : nation inuiteAccord de inuit dans des sources autochtones Constatations : On constate une forte tendance à la variabilité en genre et en nombre.Documents provenant de sources autochtonesAccord du nomAccord de l’adjectif« Les mots de la ville en inuktitut, langue des Inuit de l’Arctique oriental canadien », Sylvie Teveny, présidente de l’association Inuksuk, diplômée de l’Institut national des langues et civilisations orientales en langue et culture inuit, colloque international, mai 2003, CIDEF-AFIinvariable : les Inuitinvariable : population inuit, langue inuitGuide terminologique de l’Organisation nationale de la santé autochtone (ONSA) 2003variablevariableLe Toit du Monde (magazine d’actualités circumpolaires réalisé à Iqaluit, au Nunavut) (2006)variable : les Inuitsvariable : langues inuitesInstitut culturel Avataq (2007)variable : des Inuitsvariable : culture et langue inuitesDestination Nunavut, Guide touristiquevariable : les Inuitss/oAir Inuit (2007)variable : des Inuitsvariable : conférence inuiteSociété Makivik (2007)invariable : les Inuitinvariable : leaders inuit, collectivités InuitOsez rêver, Une Inuite à l’Everest, Mon voyage vers le camp de base de l’Everest, par Lisa Koperqualukvariable : la première Inuite, jeunes Inuitsvariable : participants inuits, familles inuitesAccord de inuit dans des documents électroniques divers Constatations : On constate l’absence d’uniformité.Documents électroniques diversAccord du nomAccord de l’adjectifL’encyclopédie canadienne Historica-Dominion, Inuit (2006)variable : des Inuitsvariable : dialectes inuits, terre natale inuiteWikipédia, L’encyclopédie libre, Inuit (2007)variable : les Inuitsvariable : conférence inuiteWikipedia, L’encyclopédie libre, Art inuit (2007)variable/invariable : des Inuits, des inuitsingulier : inukinvariable : civilisation inuit/identité inuitPatrimoine de Terre-Neuve et du Labrador, Les Inuit (2007)invariable : les Inuitinvariable : femmes inuit, populations inuitAccord de inuit dans des journaux et revues spécialisées Constatations : La tendance va vers l’accord en genre et en nombre du nom et de l’adjectif. Les sources canadiennes font plus facilement l’accord que les sources européennes.Journaux et revues spécialiséesAccord du nomAccord de l’adjectifÉtudes/Inuit/Studies, 28(1), Rectitude politique ou rectitude linguistique? Comment orthographier « Inuit » en français, Louis-Jacques Dorais, Université Laval (2004)invariable : les Inuitinvariable : culture inuitCanada (La Presse, 9 juillet 2004, de Nathalie Petrowski)invariable : les Inuit, une Inuk déracinées/oCanada (Planète autochtone, janvier-février 2005)invariable : les Inuits/oFrance (Le Monde, 7 juin 2005)variable : les Inuitsvariable : majorité inuiteCanada (Le Devoir, 25 janvier 2006)variable : les Inuitsvariable : nation inuite, représentants inuitsFrance (Le Monde diplomatique, janvier 2006)variable : les Inuitss/oFrance (Le Nouvel Observateur, 25 mai 2006)variable : les Inuitss/oCanada (Québec Science, juin 2006), « Darwin sur la glace »variable : les Inuitsvariable : communauté inuiteCanada (Le Devoir, 3 juin 2006)variable : les Inuitsvariable : culture inuiteFrance (Le Nouvel Observateur, 3 août 2006)invariable : les Inuitinvariable : civilisation inuitFrance (Agence France-Presse, 8 septembre 2006)variable : les Inuitsvariable/invariable : acteurs inuits/histoire inuitCanada (Le Soleil, 1er octobre 2006)s/ovariable : sculptures inuitesCanada (Le Devoir, 26 octobre 2006)s/ovariable : acteurs inuitsFrance (Agence Science Presse, 1er novembre 2006)invariable : les Inuits/oCanada (Cyberpresse, Presse Canadienne, Sherbrooke, 30 mai 2007)variable : les Inuitsvariable : sculpteurs inuitsCanada (Cyberpresse, Environnement, 13 avril 2007), « Prévoir et atténuer le risque climatique »invariable : les Inuits/oCanada (Cyberpresse, Yellowknife, 11 avril 2007), « Nouveau guide alimentaire pour les autochtones »s/ovariable : peuples inuitsBelgique (Agence France-Presse, Bruxelles, 6 avril 2007)invariable : les Inuits/oCanada (La Presse, 6 avril 2007)variable : les Inuitssingulier : un Inukvariable : communautés inuitesFrance (Passe-frontières, vol. 4, 2007)variable : les Inuitss/o
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Mots de tête : « en tout et partout »

Un article sur l’expression en tout et partout
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité langagière, volume 5, numéro 4, 2008, page 21) Combien y a-t-il de points d’impôt en tout et partout dans l’univers?(Jean Dion, Le Devoir, 6.12.01) Vous arrive-t-il souvent d’employer l’expression en tout et partout? Moi, plutôt rarement, et la dernière fois que j’ai osé le faire, je me suis fait rappeler à l’ordre par deux collègues. On me signala – gentiment, certes –, qu’elle n’avait pas le sens que je lui donnais, que je l’avais confondue avec en tout et pour tout… Je ne viens pas aujourd’hui tenter de les confondre, mais comme j’avais plus ou moins promis à l’une d’elles que je traiterais un jour de ce problème – qui la faisait « bondir », disait-elle –, je m’exécute. Par ailleurs, l’évolution de ces jumelles est assez étonnante, et quelque peu embrouillée par bouts, de sorte qu’il m’a semblé intéressant de tenter d’y voir un peu plus clair. Il y a plus de trente ans déjà, Geneviève GilliotNote de bas de page 1 faisait appel à notre bon sens : c’est en tout et pour tout qu’il faut dire « si l’on veut être compris ». Guy BertrandNote de bas de page 2 ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis : « en tout et partout ne veut rien dire en français ». Camil ChouinardNote de bas de page 3 y voit une déformation d’en tout et pour tout. Les « Clefs du français pratique » du Bureau de la traduction semblent mettre en doute son existence : « Non attesté. On trouve cependant en tout et pour tout, qui veut dire au total, sans rien de plus » L’Office québécois de la langue française est catégorique : « La suite de mots en tout et partout ne peut être employée dans le même contexte qu’en tout et pour tout et n’a jamais été attestée comme variante de en tout. » L’Office en reconnaît au moins l’existence. En fait, ces deux expressions seraient aussi vieilles l’une que l’autre. On les rencontre chez MontaigneNote de bas de page 4. Le sens d’en tout et partout est le même qu’aujourd’hui : « Et ne consens pas à la mesure de sa dispense, en tout et par tout » (on le trouve encore écrit en deux mots dans l’édition abrégée du Littré parue en 1963). Quant à l’autre, elle a à peu près le sens de sa jumelle : « Plutarche nous diroit volontiers que c’est l’ouvrage d’autruy que ses exemples soient en tout et pour tout veritables ». Dans son dictionnaire paru à la fin du 17e siècle, Antoine FuretièreNote de bas de page 5 ne donne que la première locution. À « tout », il se contente d’un exemple : « Cela est égal en tout & par tout », mais à « par tout », il en précise le sens, « absolument » : « Je vous garentis cela en tout & par tout, en toutes les parties, & devant toutes sortes de personnes ». Cette similitude (ou confusion) de sens chez Montaigne se maintient dans les dictionnaires. Comme Furetière, l’Académie, dans la première édition de son dictionnaire (1692), ignore en tout et pour tout, et donne à l’autre tournure le sens d’« entièrement » : « je suis de vostre avis en tout & par tout ». Sauf erreur, BescherelleNote de bas de page 6 est le premier à enregistrer en tout et pour tout, auquel il donne aussi le sens d’« entièrement » : « Être de l’avis de quelqu’un en tout et pour tout ». Et pour lui, en tout et partout a le sens du Furetière, « absolument ». Littré (1863-1872), qui ne connaît qu’en tout et partout, reprend l’exemple de l’Académie : « Je suis de votre avis en tout et partout ». (Je dois dire que je ne suis pas sûr de bien saisir la différence entre « entièrement » et « absolument ». Surtout qu’à « absolument » l’Académie donne comme synonyme… « entièrement ».) Le Larousse du XXe siècle (1928-1933) n’enregistre lui aussi qu’en tout et partout : « En toute chose et dans toute circonstance ». Au contraire, le Quillet l’ignore et donne à en tout et pour tout le sens qui est habituellement celui de l’autre : « entièrement, en toutes choses, dans tous les cas : Je suis de votre avis en tout et pour toutNote de bas de page 7 ». En somme, il reprend l’exemple du Bescherelle. Dans le TLFNote de bas de page 8, une seule occurrence d’en tout et pour tout, avec une citation de Georges Duhamel : « La grande bâtisse était éclairée, en tout et pour tout, par une seule lampe » (Suzanne, 1941). On trouve en tout et partout à cinq entrées différentes, mais à « partout », seulement une variante, dans tout et partout, de Charles Fourier (1830). À « étaler », la citation de Valérie Larbaud m’a fait hésiter : « Je veux m’étaler à mon tour, avoir un chez-moi confortable, des domestiques, et n’être plus obligé de me contenter, en tout et partout, de la seconde classe » (Barnabooth, 1913). J’ai cru un moment que c’était notre sens. Si vous commencez à avoir le tournis, vous me le dites, et je passe à autre chose… Allons voir du côté des bilingues, peut-être trouverons-nous des repères plus sûrs. À la fin du 19e siècle, Clifton et GrimauxNote de bas de page 9, qui ignorent eux aussi en tout et pour tout, traduisent en tout et par tout par « entirely, wholly ». Le dictionnaire de Charles PetitNote de bas de page 10 ne connaît pas la première forme non plus et donne pour l’autre la traduction courante : « il nous servira en tout et partout – he will serve us in everything and everywhere ». Il faudra attendre le Harrap’s de 1967 pour trouver une traduction d’en tout et pour tout : « first and last ». Aujourd’hui, tous les bilingues l’enregistrent et traduisent par « all told », « all in all », etc. Depuis quand donnons-nous à en tout et partout le sens que les dictionnaires réservent à sa jumelle? Depuis un siècle et demi. Un député du Bas-Canada l’emploie, en 1850 : « avec seulement 10 000 hommes de troupes, en tout et partoutNote de bas de page 11 ». Vient ensuite un roman, Jean RivardNote de bas de page 12, paru en 1874 : « Sa part d’héritage à lui ne s’éleva donc en tout et partout qu’à la somme de cinquante louis ». Suivi d’un historien : « Il pouvait en tout et partout y avoir 400 hommes, moitié dans le camp, moitié dans le villageNote de bas de page 13 ». Enfin, Georges Pelletier, directeur du Devoir : « Berlin avait commencé par parler de 1,500 [morts] en tout et partout. » (21.8.42). Et nous l’employons encore aujourd’hui, comme en témoigne cette citation : « En tout et partout, c’est de la boule, de la boulette et de la grenailleNote de bas de page 14 ». Mais nous arrive-t-il aussi d’employer en tout et partout dans le sens de Montaigne? Eh bien oui, et depuis aussi longtemps que l’autre. Dans une conférence prononcée en février 1848, autrement dit, deux ans avant Chauveau, Étienne ParentNote de bas de page 15 l’emploie : « on prendrait les moyens de n’agir en tout et partout que d’après l’opinion et les désirs des habitants ». Un ecclésiastique se permet même de faire l’inversion : « Luxe sur la table, […], luxe partout, jouissance partout et en toutNote de bas de page 16 ». Enfin, en avril 1940, un membre du Conseil législatif du Québec, Jean-Louis Baribeau, opposé à ce qu’on accorde le vote aux femmes, déclare : « certaines femmes s’imaginent que les femmes doivent imiter les hommes en tout et partout » (Alexis Gagnon, Le Devoir, 26.4.40). On l’a vu, en tout et pour tout a mis du temps à faire son entrée dans les dictionnaires. Comme l’indique l’OQLF, elle apparaît avec la 8e édition (1932-1935) du dictionnaire de l’Académie, au sens de « sans rien omettre, tout étant compris, tout compte fait » (on se souviendra que dans le Bescherelle, elle signifie « entièrement »). Aujourd’hui, c’est le contraire qui se produit : en tout et partout se fait montrer la sortie. Elle disparaît du dictionnaire de l’Académie avec l’apparition de sa rivale et elle n’a pas été rétablie dans la version en ligne (les immortels sont rendus au mot « pied »). On la trouvait encore dans le Harrap’s français-anglais de 1972, mais pas dans celui de 2007. Les Larousse et les Robert, bilingues comme unilingues, l’ignorent, et les exemples qu’en donne le TLF ne sont pas particulièrement récents; ils vont de 1816 (Maine de Biran) à 1913 (Larbaud). En d’autres mots, en tout et partout est menacée de disparition. Comme nous l’avons constaté, ce que confirment d’ailleurs Rey et ChantreauNote de bas de page 17, ces deux expressions avaient autrefois le même sens, « en toute chose et dans toute circonstance ». Et pour les auteurs d’un dictionnaire bilingue québécoisNote de bas de page 18 récent, elles ont toujours le même sens, mais cette fois c’est l’inverse : en tout et pour tout est traduit par « all in all, all told, over all », et en tout et partout par… « all in all, all told, altogether ». C’est une consécration de l’usage québécois en quelque sorte. Vous me direz que c’est le monde à l’envers… Peut-être. Quoi qu’il en soit, et sans vouloir faire de peine à mes deux collègues, je suis d’avis qu’on devrait reconnaître à en tout et partout un sens québécois. Le contexte permettra toujours de faire la différence. Encore aujourd’hui, on nous reproche de dire « avoir le dos large » (faux calque) au lieu d’« avoir bon dos ». Les deux figurent pourtant dans le dictionnaire de l’Académie, avec des sens à peu près interchangeables. Est-ce source de confusion?RéférencesNote de bas de page 1 Ce que parler veut dire, Leméac, 1974, p. 36.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 400 capsules linguistiques, Lanctôt, 1999, p. 79.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 1500 pièges du français écrit et parlé, Libre expression, 2006, p. 240.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Essais, Livre premier, Garnier, 1958, p. 25 et 111.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Dictionnaire universel, La Haye, A. et R. Leers, 1690; Le Robert, 1978.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Dictionnaire national, Simon et Garnier, 1845-1846.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Dictionnaire encyclopédique Quillet, Librairie Aristide Quillet, 1953.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Trésor de la langue française, C.N.R.S., tomes 8, 11, 12, 14 et 16, 1980-1994.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 E. Clifton et A. Grimaux, A New Dictionary of the French and English Languages (français-anglais), Garnier, 1881.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Dictionnaire français-anglais, Hachette, 1946.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Sept jours aux États-Unis, Éditions Nota bene, 2003, p. 90.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Antoine Gérin-Lajoie, Jean Rivard, défricheur, Hurtubise HMH, 1977, p. 3.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Gérard Filteau, Les patriotes, Éditions de l’Aurore, 1980, p. 339. (Paru en 1938.)Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Jean O’Neil, Escapades, Libre expression, 2000, p. 64.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Jean-Charles Falardeau, Étienne Parent 1802-1874, Éditions la Presse, 1975, p. 186.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Abbé Georges-Marie Bilodeau, Pour rester au pays, Action sociale, 1926, p. 13-24; in Guildo Rousseau, L’image des États-Unis dans la littérature québécoise, Éditions Naaman, Sherbrooke, 1981, p. 110.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 Alain Rey et Sophie Chantreau, Dictionnaire des expressions et locutions figurées, Le Robert, 1984.Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 Marcel Séguin et Alice Amyot, Dictionnaire français-anglais, Guérin, 2005.Retour à la référence de la note de bas de page 18
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La terminologie des gangs de rue sous la loupe

Un article sur le travail de terminologue au Bureau de la traduction par une description d’une demande ponctuelle de recherche terminologique
Amélie Bazin (L’Actualité langagière, volume 9, numéro 1, 2012, page 19) Dans le cadre de leurs fonctions, les langagiers du Bureau de la traduction sont appelés à traduire des documents pour leurs clients répartis dans tous les ministères ou à produire de la terminologie spécialisée. Les sujets traités par ces ministères sont variés : la finance, le droit, la sécurité publique, la santé, les services sociaux, le transport, la défense du pays, etc. Les terminologues du Bureau ont donc développé une expertise impressionnante dans des domaines insoupçonnés du public. Dans le présent article, vous en apprendrez un peu plus sur le travail des terminologues de la Direction de la normalisation terminologique (DNT) du Bureau de la traduction. J’y présente une démarche utilisée dans le contexte d’une recherche ponctuelle en criminologie, plus particulièrement sur les gangs de rue. Les termes en caractères gras ont fait l’objet de recherches terminologiques; les résultats sont consignés dans TERMIUM Plus®. De plus, un petit lexique bilingue se trouve à la fin de l’article. Une traductrice a fait appel aux services de recherche ponctuelle de la DNT pour trouver les équivalents français de trois termes anglais directement liés aux comportements et aux habitudes des gangs de rue : signaling, cybersignaling et netbanging.La recherche ponctuelle La première étape d’une recherche ponctuelle consiste à faire des lectures pour s’instruire sur le sujet. Avant de traiter cette demande, je ne connaissais rien aux gangs de rue. Je devais donc commencer par trouver des renseignements de base pour répondre à mes questions : Comment fonctionnent les gangs de rue? Qui est responsable de quoi dans un gang? Y a-t-il une hiérarchie à respecter? Comment les membres des gangs se regroupent-ils? Pourquoi se regroupent-ils? Quelles sont leurs coutumes et leurs préférences? En quoi diffèrent-ils des organisations criminelles? Mes questions étaient nombreuses; les sources pour y répondre, plutôt rares.Gang de rue ou gang de rues?À la DNT, un principe terminologique est d’employer autant que possible un complément du nom au singulier, à moins que le pluriel soit nécessaire pour désigner une notion particulière. Dans le syntagme gang de rue, la particule rue fait référence au territoire délimité par la rue. Le terme rue doit donc être au singulier. Autre précision importante : le terme gang de rue s’emploie au masculin.L’analyse des sources Les sources sont essentielles au travail des terminologues. Il est important de déterminer quel type de source convient à la recherche et d’évaluer la fiabilité d’une source. Certains critères – la notoriété de l’auteur, la maison d’édition, l’année de publication, le style de rédaction et le type de publication – permettent de juger de la qualité d’une source. Par exemple, une revue spécialisée qui publie les résultats d’une recherche médicale menée par des professeurs d’une université reconnue pour sa faculté de médecine constitue une source fiable dans le domaine médical. En revanche, un blogue, un forum ou un groupe de discussion public ne constituent pas des sources aussi fiables. Dans le cas d’une recherche sur les gangs de rue, en plus des sources très fiables comme les criminologues, les professeurs de criminologie et les spécialistes des différents corps policiers, sont considérés comme des experts les membres actifs et les anciens membres des gangs. Comment avoir accès à ces « experts »? En consultant leurs blogues, les forums et d’autres groupes de discussion. Même si la qualité linguistique de ces sources laisse généralement à désirer et que leur contenu est rarement pertinent (les détails de la soirée de M. Untel n’intéressent pas nécessairement les terminologues), les blogues renferment une foule de renseignements utiles à l’étude des habitudes des gangs de rue. Les membres des gangs étant très actifs sur Internet, j’ai pu trouver sur des blogues les réponses à presque toutes les questions que je me posais au début de la recherche.Rouge, bleu, vert… Cela va sans dire, le langage des gangs de rue est coloré. Saviez-vous que les gangs s’affichent et se distinguent par des couleurs, les plus connues étant le rouge, le bleu et le vert? Le lien entre les couleurs des gangs de rue et la recherche terminologique peut sembler ténu, mais tous les détails ont leur importance au moment d’effectuer une recherche.L’affichage, loi des gangs de rue Le terme affichage (signaling) désigne la manière d’indiquer son affiliation à un gang de rue. Les membres des gangs de rue exhibent leur affiliation et s’affichent de différentes façons. Par exemple, ils se font tatouer partout sur le corps des symboles représentatifs des principes du gang (lettres, chiffres, images, slogans, etc.). Ils portent aussi des accessoires, comme des foulards de la couleur de leur gang. Ils achètent habituellement une marque de vêtements précise et mettent parfois la jambe droite ou gauche du pantalon dans leur chaussette. De plus, ils tournent leur casquette de baseball modifiée à l’effigie du gang vers la droite ou vers la gauche et ils ne portent que des chaussures d’une marque particulière, toujours selon les principes du gang. Les membres respectent les principes d’affichage de leur gang pour éviter les représailles. De plus, outre les signes physiques déjà mentionnés, ils doivent se plier à bien d’autres règles : réussir le rituel initiatique, écouter la bonne musique, réciter les bons poèmes, habiter le bon quartier (les gangs sont territoriaux), porter les bons vêtements, acheter les bons bijoux, dessiner les bons graffitis, posséder les armes fétiches et plus encore. Cet affichage est physique, visuel. C’est l’affichage quotidien, celui que les gens ne faisant pas partie d’un gang apprennent à reconnaître. Mais l’affichage des gangs ne s’arrête pas à ces signes.Les gangs sur le Web Avec l’utilisation massive des médias sociaux, on trouve maintenant le cyberaffichage, ou l’affichage en ligne. Ces synonymes, des néologismes, rendent la notion de l’anglais cybersignaling. La notion de cyberaffichage est encore toute jeune. C’est en quelque sorte une extension du phénomène de l’affichage et le fonctionnement est presque le même : les membres des gangs désirent prouver leur affiliation à leur gang, mais ils le font sur Internet. Leur profil Facebook ou MySpace est garni de photos compromettantes : récoltes de marijuana, séances de tatouage, voitures de luxe, armes récemment acquises, etc. Les membres y racontent aussi leurs soirées en gang et leurs activités, souvent criminelles. Le cyberaffichage est connu dans les milieux policiers; les enquêteurs sont actifs sur le Web et surveillent la fréquentation des sites préférés des membres des gangs.Après l’affichage et le cyberaffichage, le netbanging La recherche terminologique bilingue consiste à travailler à partir du terme de départ afin de bien comprendre la notion en jeu et de recenser les synonymes, le cas échéant. La notion que recouvre le terme anglais netbanging combine en quelque sorte les notions d’affichage, de cyberaffichage et de criminalité. Plusieurs sources Internet permettent d’attester des synonymes d’un niveau de langue plus soutenu que netbanging : Internet gang activity, gang-related activity on the Web, ou encore gang-related Internet activity. Un extrait tiré du site Web de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dresse un portait complet de la situation. Tous les traits nécessaires à la compréhension de la notion s’y trouvent :NETBANGINGGang members are increasingly taking their allegiances and feuds on-line. “Netbanging” refers to a wide variety of gang-related activities on the Web including the communication of information among gang members, recruitment activities and provoking hostilities amongst rival gangs through derogatory posts. Law enforcement officers are utilizing gang-related Internet activity in investigations. For example, detectives in Palm Beach, Florida, recently recovered 14 firearms in a search which was initiated after viewing on-line material. Through the Internet, youth gangs can expand their reach across the globeNote de bas de page 1.D’un point de vue terminologique, le cas de netbanging n’est pas différent de tout autre terme : les synonymes foisonnent. On trouve, entre autres, cyberbanging et ebanging. Chaque variante lexicale anglaise existe avec et sans trait d’union.En français, s’il vous plaît Le site Web de la GRC propose une traduction de l’extrait cité précédemment :NETBANGINGLes membres de bandes font part de leurs allégeances et provoquent des querelles en ligne. Le terme netbanging désigne une grande variété d’activités reliées aux bandes qui se déroulent sur le Web, comme la communication de renseignements entre les membres d’une bande, des activités de recrutement et la provocation d’hostilités entre bandes rivales par la publication de messages méprisants. Les policiers se servent des activités des bandes sur Internet pour mener leurs enquêtes. Par exemple, des détectives de Palm Beach, en Floride, ont retrouvé 14 armes à feu lors d’une perquisition qui a été lancée après avoir visionné du matériel en ligne. Grâce à Internet, les bandes de jeunes peuvent élargir leur rayon d’action au monde entierNote de bas de page 2.Bien entendu, dans notre contexte de travail, il n’était pas question de suggérer à la traductrice d’utiliser un terme anglais dans sa traduction. Le travail des terminologues du Bureau de la traduction consiste à proposer des équivalents dans l’une ou l’autre langue officielle. Des recherches terminologiques exhaustives m’ont permis de proposer à la traductrice les néologismes suivants : cyberactivité de gangs de rue, activité de gangs de rue en ligne et vie de gangs de rue en ligne. Dans un avenir rapproché, les gangs de rue emploieront peut-être des termes plus concis ou de niveau de langue familier, mais dans le texte de la traductrice, ces solutions étaient les plus appropriées pour rendre en français la notion de netbanging. Les démarches pour parvenir à ces termes ont été plus ardues qu’à l’habitude puisqu’il n’existait pas encore d’équivalent en français : recherches sur Internet et dans des ouvrages spécialisés, consultations de spécialistes, dont ceux du groupe Éclipse du Service de police de la Ville de Montréal et ceux de l’Escouade régionale mixte Outaouais. À l’occasion d’un de mes appels, c’est même un téléphoniste du 911 qui a répondu! Je dois dire que j’étais assez surprise puisque j’avais composé le numéro non urgent : malgré mon délai serré, mon appel ne constituait tout de même pas une urgence policière.Évolution Le terme anglais cyberbanging continue de susciter mon intérêt et c’est dans l’optique de trouver un équivalent encore plus juste que j’ai demandé l’aide de mes collègues. Voici le néologisme qui remplacera les termes français proposés précédemment dans cet article : cyberréseautage criminel. Le cyberréseautage criminel correspond encore mieux à la notion de cyberbanging; nous l’avons même défini : « Réseautage en ligne effectué par des membres de gang de rue ou d’autres organisations criminelles en vue de se faire valoir ». La terminologie évolue au même rythme que le domaine qu’elle décrit. Il ne serait pas surprenant, dans les prochains mois, d’entendre le terme cyberbanging à la radio ou à la télévision françaises, et ce, en dépit de notre recommandation. Grâce à leurs travaux de terminologie, en particulier aux recherches ponctuelles, les terminologues du Bureau de la traduction remplissent le mandat de la DNT : examiner et normaliser la terminologie utilisée dans la fonction publique fédérale et diffuser cette terminologie dans TERMIUM Plus®.En quoi consiste le travail des terminologues?Le travail des terminologues du Bureau de la traduction est varié. Il consiste principalement à enrichir le contenu de TERMIUM Plus®, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada. Pour vous donner une idée de la variété des tâches, en voici quelques-unes :effectuer des recherches ponctuelles pour aider les clients à bien rendre les termes spécialisés et techniques trouvés dans leurs textes; élaborer des lexiques, à la demande de clients externes ou selon les besoins du Bureau; analyser des cas de terminologie existants qui présentent des problèmes de compréhension, d’utilisation fautive ou d’équivalents erronés (p. ex. événement sportif vs manifestation sportive); analyser et commenter des listes de termes et de néologismes provenant de partenaires étrangers afin de normaliser la terminologie utilisée ailleurs dans le monde; participer à des comités de normalisation, comme celui du PAJLO (Promotion de l’accès à la justice dans les deux langues officielles) et ceux de l’ISO (Organisation internationale de normalisation).Ces tâches mènent également à l’uniformisation de la terminologie dans toutes les sphères d’activité auxquelles touche la fonction publique fédérale.Petit lexique des gangs de rueAnglaisFrançaiscriminal organizationorganisation criminelle (n.f.)cyberbanging; netbangingcyberréseautage criminel (n.m.)cybersignaling; cybersignallingcyberaffichage (n.m.); affichage en ligne (n.m.)signaling; signallingaffichage (n.m.); signalement d’appartenance (n.m.)street ganggang de rue (n.m.); bande de rue (n.f.)street gang affiliation; gang affiliationaffiliation à un gang de rue (n.f.); affiliation à un gang (n.f.)street gang member; gang member; gangbangermembre de gang de rue (n.m.); membre de gang (n.m.)RéférencesNote de bas de page 1 Royal Canadian Mounted Police, Feature Focus: Youth Gangs and Guns, 2006, http://www.rcmp-grc.gc.ca/pubs/yg-ja/gangs-bandes-eng.pdf.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Gendarmerie royale du Canada, Dossier spécial : les bandes de jeunes et les armes à feu, 2006, http://www.rcmp-grc.gc.ca/pubs/yg-ja/gangs-bandes-fra.pdf.Retour à la référence de la note de bas de page 2
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La terminologie de la nouvelle grammaire

Un article sur la terminologie de la nouvelle grammaire
Marise Guay (L’Actualité langagière, volume 8, numéro 3, 2011, page 10) (Cet article est le troisième d’une série de quatre sur la nouvelle grammaire.) Le français a toujours été ma matière favorite à l’école. J’adorais la théorie et j’acceptais les caprices de ma langue avec philosophie : c’est ce qui fait son charme. Une fois au cégep, j’ai travaillé au centre d’aide en français. Je n’ai cessé de m’étonner de la difficulté qu’éprouvaient certains à retenir le bon terme pour désigner la bonne notion. « Pourquoi l’adjectif peut-il être qualificatif et possessif? C’est pas du tout la même chose! », me disait Josiane, une étudiante que j’aidais. Heureusement, le terme déterminant possessif existait déjà, ce qui lui a permis de comprendre. Mais chaque fois qu’elle rencontrait le mot adjectif dans les ouvrages, elle devait réfléchir pour trouver de quelle notion il était question. Aujourd’hui, je me demande si la terminologie de la nouvelle grammaire aurait aidé Josiane à comprendre la théorie. Chose certaine, la question de l’adjectif ne lui aurait pas causé de maux de tête. La terminologie de la nouvelle grammaire est légèrement différente de celle de la grammaire traditionnelle. En fait, les modifications apportées découlent surtout du changement d’éclairage; la nouvelle grammaire donne une place particulière aux critères syntaxiques, c’est-à-dire à l’utilisation du mot dans la phrase, alors que la grammaire traditionnelle se fondait largement sur les critères sémantiques.Correspondance des principales classes de mots de la grammaire traditionnelle et de la nouvelle grammaireGrammaire traditionnelleNouvelle grammaireArticleAdjectifDéterminantAdjectif qualificatifAdjectif (qualifiant ou classifiant)Verbe d’étatVerbe attributifLocution adjectiveAdjectif composé, adjectif complexeLocution adverbialeAdverbe composé, adverbe complexeL’adjectif et le déterminant actualisés On a laissé tomber le mot qualificatif après adjectif, car ceux qu’on appelait avant adjectif démonstratif, possessif, numéral et indéfini sont maintenant des déterminants (déterminant démonstratif, possessif, numéral et indéfini). La classe des déterminants regroupe les mots qui servent à introduire le nom dans la phrase et qui, en règle générale, précèdent ce dernier. Il n’est donc plus nécessaire de préciser qu’un adjectif est qualificatif. On considère également le participe passé employé seul comme un adjectif étant donné qu’il s’accorde comme tel. On l’appelle parfois adjectif participe, comme c’était déjà le cas dans certains ouvrages traditionnels. Les adjectifs se subdivisent entre les adjectifs qualifiants et les adjectifs classifiants. L’adjectif qualifiant exprime une qualité de la chose dont on parle. On y voit le point de vue du rédacteur, sa subjectivité.La belle voitureL’adjectif classifiant sert à classer les choses dans des catégories et exprime une caractéristique objective. Ce type d’adjectif ne peut pas être modifié par un adverbe.La voiture familiale (≠ La voiture très familiale)Tout comme les adjectifs démonstratifs, possessifs, etc., l’article fait maintenant partie des déterminants.Les verbes reclassés En nouvelle grammaire, les verbes sont classés en deux grandes catégories selon leur forme : les verbes réguliers et les verbes irréguliers. On les regroupe donc en fonction de leur conjugaison. La première catégorie comprend les verbes en -er et en -ir dont la conjugaison est régulière (manger, finir, partir, etc.). Comme son nom l’indique, la deuxième catégorie comprend les verbes dont la conjugaison présente des irrégularités (être, descendre, voir, etc.). Dans la grammaire traditionnelle, les verbes d’état appartenaient à l’un des trois groupes. Dorénavant appelés attributifs, ils sont classés dans l’un ou l’autre des deux groupes selon leur conjugaison. Par exemple, sembler et rester sont des verbes réguliers, tandis que devenir et paraître sont irréguliers. Point important même s’il ne relève pas directement de la nouvelle grammaire : le conditionnel n’est plus un mode; il est dorénavant un temps du mode indicatif. Ce changement est plus ou moins récent. À preuve, il était déjà expliqué dans la 12e édition du Bon usage (§ 859), datant de 1986.Correspondance des fonctions de la grammaire traditionnelle et de la nouvelle grammaireGrammaire traditionnelleNouvelle grammaireAppositionÉpithèteComplément déterminatifComplément du nomAttributAttribut du sujetAttribut du complément directComplément circonstancielComplément de phraseComplément du verbeComplément d’agentComplément du verbe passifComplément d’objet directComplément direct du verbeComplément d’objet indirectComplément indirect du verbeLe complément du nom élargi L’apposition, le complément déterminatif et l’épithète s’appellent à présent compléments du nom. Comme son nom l’indique, la fonction complément du nom est celle d’un mot ou d’un groupe de mots qui complète un nom, ce qui explique la fusion de ces fonctions de la grammaire traditionnelle.Mon chaton, petite boule adorable, mange toutes mes plantes.(apposition → compl. du nom) Ma nouvelle fougère est l’une des victimes de la bête.(épithète → compl. du nom) Bientôt, il ne me restera que des pots de fleurs.(compl. déterminatif → compl. du nom)Dans la phrase, les compléments du nom sont nécessaires ou facultatifs, selon leur rôle. Ils sont, le plus souvent, placés à la droite du nom. Les compléments du nom qui servent à déterminer la réalité dont il est question, les compléments dits nécessaires, ne sont pas encadrés de virgules.La table de la cuisine est toute neuve. La maison ancestrale accueille une soirée de poésie.Quant aux compléments du nom qui ne servent qu’à donner une explication supplémentaire, ils sont considérés comme facultatifs et mis entre virgules.Les balades, à pied ou à vélo, sont de belles activités automnales. Le Canada, pays de contrastes et de nature, s’étend entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique.Compléments et attributs font peau neuve Les compléments d’objet direct, d’objet indirect et circonstanciel laissent place aux compléments du verbe, directs ou indirects, et au complément de phrase. Ainsi, la fonction complément circonstanciel telle qu’on la connaissait, avec ses nombreuses circonstances, n’existe plus. Et le complément de phrase (CDP) de la nouvelle grammaire n’est pas l’équivalent exact du complément circonstanciel. La raison de ce changement repose une fois de plus sur la syntaxe. Le but, le lieu, la cause, le moyen, etc., sont des circonstances selon le vocabulaire de la sémantique (du sens). En syntaxe, les unités d’une même classe doivent avoir les mêmes caractéristiques syntaxiques, peu importe qu’elles indiquent, d’un point de vue sémantique, un lieu, un résultat, un instrument… Par exemple, selon la grammaire traditionnelle, les mots en gras dans les phrases suivantes sont deux types de compléments différents.Cette promotion m’a coûté une amie. (complément d’objet direct [COD]) Mes rénovations m’ont coûté des milliers de dollars. (complément circonstanciel)Les deux phrases ont exactement la même construction et le même verbe conjugué mais, selon la grammaire traditionnelle, l’un est COD, l’autre est complément circonstanciel. Selon la nouvelle grammaire, ces deux éléments sont des compléments directs, car ils se comportent de la même façon dans la phrase. Pour le démontrer, utilisons les manipulations syntaxiques, un des outils d’analyse en nouvelle grammaire. On dit que le complément du verbe ne peut être déplacé dans la phrase ni effacé, contrairement au CDP. Reprenons les deux phrases de départ constituées de deux groupes : le groupe sujet (GS) et le groupe verbe (GV), unis par les accolades (}}) pour illustrer qu’ils sont liés syntaxiquement. Si nous essayons de déplacer le complément ou de l’effacer, nous obtenons deux phrases incorrectes (symbole ≠).[Cette promotion] }} [m’a coûté une amie].≠ Une amie cette promotion m’a coûtée.≠ Cette promotion m’a coûté une amie. [Mes rénovations] }} [m’ont coûté des milliers de dollars].≠ Des milliers de dollars mes rénovations m’ont coûtés.≠ Mes rénovations m’ont coûté des milliers de dollars.À la lumière de ces manipulations, on peut conclure que ce complément est obligatoire pour que la phrase ait un sens et qu’il doit rester à la droite du verbe, sans préposition entre les deux. Ce type de complément est donc un complément du verbe et, comme rien ne le sépare du verbe, il s’agit d’un complément direct. Le groupe complément de phrase, pour sa part, n’est pas obligatoire et peut être déplacé.[Les enfants] }} [dînent] [dans le jardin].[Dans le jardin], [les enfants] }} [dînent].Les éléments du GV qui ne sont pas mobiles sont l’attribut du sujet et l’attribut du complément direct ainsi que les compléments du verbe (directs et indirects). On reconnaît aussi ces éléments parce qu’on ne peut les effacer sans changer le sens de la phrase.[La marmotte] }} [est dodue].≠ Dodue la marmotte est.≠ La marmotte est dodue.[Les enfants] }} [agitent des drapeaux].≠ Des drapeaux les enfants agitent.≠ Les enfants agitent des drapeaux.[Ses supérieurs] }} [l’ont nommé caporal].≠ Caporal ses supérieurs l’ont nommé.≠ Ses supérieurs l’ont nommé caporal.Nouvelle terminologie, nouvelle méthode d’analyse La nouvelle terminologie est parfois plus simple, car elle regroupe sous une seule dénomination des éléments auparavant distincts. Pour les habitués de la grammaire traditionnelle, un certain effort est tout de même nécessaire pour s’y retrouver, étant donné que la logique sous-jacente est quelque peu différente. Pour assimiler cette nouvelle terminologie, des exercices d’analyse peuvent s’avérer efficaces. Dans le dernier article de cette série, nous examinerons les manipulations syntaxiques, outils privilégiés de la méthode d’analyse en nouvelle grammaire. Le déplacement et l’effacement d’une composante de la phrase, tels que nous les avons observés dans le présent article, ne sont que deux des cinq manipulations utilisées. Du plaisir en perspective!
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Terminologie autochtone : une terminologie en évolution qui se rapporte aux peuples autochtones au Canada

Un article sur le guide terminologique Terminologie autochtone : une terminologie en évolution qui se rapporte aux peuples autochtones au Canada.
Sheila M. Ross (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 3, 2003, page 6) En mai de cette année, au 3e Symposium du Conseil fédéral de terminologie organisé par le Bureau de la traduction, un auditoire enthousiaste composé de terminologues du gouvernement fédéral et des régions et d’autres langagiers faisait bon accueil au guide terminologique  Terminologie autochtone : une terminologie en évolution qui se rapporte aux peuples autochtones au Canada. La terminologie portant sur les peuples autochtones est très spécialisée, et bon nombre des termes ont une connotation juridique. Terminologie autochtone procure une orientation à l’usager pour qu’il se serve à bon escient de cette terminologie, et favorise la normalisation en fournissant des définitions claires qui permettent aux intéressés de choisir les bons mots et de les utiliser de façon uniforme dans les publications. Une grande diversité caractérise les peuples, les communautés et les organisations autochtones du Canada. Terminologie autochtone fait la lumière sur des termes qui sont respectueux et adaptés aux réalités politiques et culturelles des Autochtones. L’ouvrage signale également les différences régionales et géographiques. Lorsqu’il est question du vocabulaire propre aux réalités autochtones, l’emploi du mot juste est souvent essentiel pour réduire ou éliminer le risque de problèmes juridiques. Des termes comme « Indien inscrit » et « Indien non inscrit » définissent le statut juridique des gens et ont une incidence sur leurs droits et leurs privilèges. Dans certains documents, l’emploi de ces termes est nécessaire, même si dans l’usage ils sont jugés offensants. L’emploi d’un mot mal choisi peut facilement engendrer une mauvaise interprétation du statut politique, des titres fonciers, de l’admissibilité à des avantages financiers et ainsi de suite. Le synonyme « membre des Premières nations » est respectueux et conforme aux réalités culturelles. L’expression n’a pas de valeur juridique, mais on l’emploie chaque fois que les termes juridiques ne s’imposent pas. Il est donc essentiel que les documents de vulgarisation, particulièrement ceux que publie le gouvernement du Canada, fassent usage d’une terminologie exacte sur le plan juridique. Terminologie autochtone n’est pas un document juridique. Un avertissement précise aux lecteurs que les dispositions de la Loi sur les Indiens, les règlements qui s’y rattachent, d’autres lois fédérales et leur interprétation par les tribunaux priment sur ce guide et sur les autres ouvrages de vulgarisation qui présentent des définitions. Terminologie autochtone fournit des réponses à des questions terminologiques qui sont fréquemment posées sur ce domaine complexe. Les ordinateurs et les technologies connexes ont grandement modifié notre façon de travailler; nous échangeons maintenant de l’information à la vitesse de l’éclair, partout dans le monde. Terminologie autochtone est un ouvrage essentiel pour la multitude de nouveaux « rédacteurs » qui ont vu le jour à la suite de l’explosion du secteur médiatique. À l’origine, Terminologie autochtone a été conçu à l’intention des rédacteurs, réviseurs et traducteurs de la Direction générale des communications du ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada (AINC), et devait aussi servir aux entrepreneurs en communication qui travaillent avec eux et avec leurs clients d’AINC partout au Canada. En 1997, nous avons commencé à accumuler des renseignements destinés à étoffer la « Recommandation nº 2 » produite et diffusée en 1994 par la Commission générale de normalisation terminologique et linguistique. Terminologie autochtone remplace maintenant la recommandation de 1994. Terminologie autochtone répond à des questions précises en matière d’usage linguistique. Il propose des échantillons de phrases visant à éclaircir le sens et à illustrer le contexte, ce qui aide l’usager à comprendre et à choisir le mot juste. Il propose aussi des échantillons de phrases visant à rectifier des erreurs courantes. Enfin, il présente les graphies acceptées et, dans certains cas, d’autres graphies possibles. On ne trouve pas dans Terminologie autochtone les noms des Premières nations, comme Mi’kmaq ou Micmac. Ce n’est pas non plus un manuel où l’on retrouvera la graphie des noms d’organisations et de communautés des Premières nations, dont le nombre dépasse les 700. D’ailleurs, dans une décision rendue récemment, le ministère de la Justice a indiqué qu’il s’agit là de noms légaux, et que ceux-ci ne doivent pas être traduits. Il appartient au rédacteur de vérifier les noms et leur graphie auprès de la communauté ou de l’organisation autochtone concernée. Avant d’étendre la diffusion du guide terminologique Terminologie autochtone, AINC a entrepris des consultations en collaboration avec la Direction de la terminologie et de la normalisation du Bureau de la traduction. En 1999, il a consulté les principaux intéressés, notamment les cinq grandes organisations nationales autochtones (Assemblée des Premières nations, Inuit Tapiriit Kanatami, Ralliement national des Métis, Congrès des peuples autochtones et Association des femmes autochtones du Canada). Ont également été consultés le Conseil du Trésor, le ministère des Finances et d’autres organismes centraux, ainsi que tous les ministères fédéraux responsables de dossiers autochtones. Au Ministère même, deux comités qui représentent les employés autochtones ont pu faire connaître leurs vues, soit le Comité de l’avancement des employés autochtones (CAEA) et le Comité des employés inuits (CEI). L’ouvrage – tant dans sa version française que dans sa version anglaise – a été soumis à l’approbation de fonctionnaires d’AINC qui travaillent dans le domaine des communications ou qui représentent les programmes et les secteurs. Les services juridiques du ministère de la Justice et d’AINC l’ont approuvé, et il a reçu l’aval du sous-ministre d’AINC. À qui s’adresse Terminologie autochtone? À toute personne qui rédige! Il s’agit d’un outil de premier choix pour les rédacteurs, les réviseurs, les correcteurs, les traducteurs, tout le personnel d’AINC, tous les employés et communicateurs du gouvernement du Canada, les organismes fédéraux, les sociétés d’État, les médias, les enseignants, les politiciens, les organismes des secteurs public et privé, les maisons d’édition, etc. En fait, quiconque rédige sur le sujet et publie sur support papier ou en format électronique devrait en faire usage. En résumé, Terminologie autochtone est utile à tous ceux qui exécutent des tâches de rédaction. Et les autres guides de rédaction? En ce qui concerne l’utilisation de la terminologie se rapportant aux peuples autochtones, Terminologie autochtone complète le Guide du rédacteur et tous les codes typographiques des médias, comme les guides de la Presse canadienne et du Globe and Mail, et il prime sur eux. Les rédacteurs qui utilisent un code typographique devraient observer certaines règles énoncées dans Terminologie autochtone, comme l’emploi de la majuscule pour désigner les Autochtones. En cas de doute, il est recommandé de consulter la gestionnaire de la Division des langues et de la révision d’AINC, au (819) 997-0332. Le document de référence Terminologie autochtone est un outil convivial. Il est accessible sur Internet à l’adresse suivante : www.ainc-inac.gc.ca/pr/pub/wf/index-e.html. Les utilisateurs peuvent faire une recherche par terme, télécharger le document et l’imprimer au besoin. Nous travaillons actuellement à l’incorporation de Terminologie autochtone à TERMIUM® Plus. Une dernière ronde de consultation et d’approbation aura lieu. La rétroaction des intervenants sera à nouveau examinée, et leurs commentaires seront pris en compte, s’il y a lieu. Les intervenants seront convoqués pour une révision finale en 2004, en collaboration avec la Direction de la terminologie et de la normalisation. De nouveaux mots et de nouvelles interprétations continueront de voir le jour. Nous sommes à mettre au point un processus de détermination, de recherche, de validation et d’intégration de la nouvelle terminologie. Avant que de nouveaux termes soient versés dans TERMIUM® Plus, des consultations auront lieu et les approbations nécessaires seront obtenues.Quelques exemples d’entrées figurant dans Terminologie autochtone :EsquimauxLes explorateurs européens avaient donné aux Inuit l’appellation Esquimau. Ce terme, rarement utilisé au Canada, provient d’un nom algonquin qui signifie « mangeur de viande crue ». Bon nombre de personnes jugent ce terme péjoratif. Cependant, ce mot (sous sa forme anglaise Eskimo) est encore utilisé aux États-Unis pour désigner les Inuit qui vivent en Alaska. À noter que ce terme s’accorde en genre et en nombre : Esquimaude, Esquimaudes et Esquimaux.Indiens d’AmériqueContrairement au Canada, les États-Unis utilisent couramment l’expression American Indian rendue en français par Indien d’Amérique pour décrire les descendants des premiers peuples en Amérique du Nord. Certaines personnes estiment que ces termes sont fautifs étant donné : a) qu’ils conservent le mot Indien, appellation jugée démodée; b) qu’ils désignent des personnes ne se considérant pas comme des Indiens, tels que les Inuit, les Yupiks et les Aleuts en Alaska.InuitLes Inuit sont des Autochtones qui vivent dans l’Arctique canadien. Ils habitent surtout les Territoires du Nord-Ouest et le nord du Labrador et du Québec. Ils ont toujours vécu au-delà de la limite forestière dans la région bornée à l’ouest par le delta du Mackenzie, à l’est par le Labrador, au sud par la pointe sud de la baie d’Hudson et au nord par les îles de l’Extrême-Arctique.Les Inuit ne sont pas visés par la Loi sur les Indiens. Cependant, en 1939, la Cour suprême du Canada a statué sur les pouvoirs du gouvernement fédéral afin que les lois concernant les Indiens et les terres qui leur sont réservées puissent s’appliquer aux Inuit. Le mot inuit signifie « peuple » dans la langue des Inuit, l’inuktitut. C’est le terme qu’ont choisi les Inuit pour se désigner eux-mêmes. Le nom Esquimaux, donné aux Inuit par les premiers explorateurs européens, n’est désormais plus utilisé au Canada.Emploi recommandéLe terme inuit peut être employé comme nom propre ou comme adjectif. Selon l’organisme inuit Tapiriit Kanatami, le mot Inuit en tant que nom propre s’emploie généralement seul. Toutefois, il n’est pas d’usage de parler de peuples inuits, expression qui se révèle redondante. Comme nom propre, Inuit ne prend pas la marque du pluriel. Notez que le mot inuit utilisé comme adjectif s’accorde en genre et en nombre. Les contacts entre les peuples inuits et les Européens ont augmenté avec l’arrivée de bateaux de pêche à la baleine au XIXe siècle. Les contacts entre les Inuit et les Européens ont augmenté avec l’arrivée de bateaux de pêche à la baleine au XIXe siècle.La majuscule. Au Ministère, il est d’usage d’employer la majuscule pour désigner les Inuit, comme on le fait pour tous les noms de peuples, par exemple, un Français, un Arabe, un Suédois.
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Organisation ou organisme?

Un article sur la différence entre les termes organisation et organisme
Gérard Asselin (L’Actualité terminologique, volume 16, numéro 5, 1983, page 3) Ces deux termes sont-ils synonymes quand il s’agit de désigner des associations?Organisme Le terme organisme est ainsi défini :Ensemble organisé de la vie sociale ou politiqueNote de bas de page 1.Organe important ou ensemble d’organes. Ex. : organisme de retraites, organisme payeur…Note de bas de page 2 De nos jours, organisme tend à devenir abstrait pour désigner un ensemble, un groupement ou une association. Dans l’administration fédérale, l’usage tend à remplacer agence par organisme pour rendre le terme anglais agency. En voici quelques exemples tirés des lois fédérales :Agency means a water quality management agency.Organisme désigne un organisme de gestion de la qualité des eauxNote de bas de page 3.Approved instalment credit agencyOrganisme agréé de crédit à tempéramentNote de bas de page 4Provincially approved agencyOrganisme approuvé par la provinceNote de bas de page 5Export credit agencyOrganisme de crédit à l’exportationNote de bas de page 6Selling agencyOrganisme de venteNote de bas de page 7Federal agencyOrganisme fédéralNote de bas de page 8 La banque de terminologie du Bureau, pour regulatory body, donne organisme directeur, organisme de régie, organisme réglementaire, organisme investi de pouvoir de réglementation. Le terme organisme a d’autres équivalents en anglais. Il se rend parfois par authority, body, corporation, organization (of a society).Organisation Le Petit Robert définit ainsi le mot organisation : « Association qui se propose des buts déterminés. » En pratique, organisation s’emploie concrètement pour désigner une association importante sur le plan international :Organisation des Nations Unies Organisation des États américains Organisation du Traité de l’Atlantique Nord Organisation européenne de coopération économique Organisation internationale de police criminelle (Interpol) Organisation africaine et malgache de coopération économique Organisation de l’aviation civile internationale Organisation des territoires de l’Asie du Sud-Est Organisation internationale du commerce Organisation internationale du travail Organisation internationale pour les réfugiés Organisation mondiale de la santé Organisation pour l’alimentation et l’agricultureOrganisation désigne aussi une association de très grande envergure sur le plan national. En voici quelques exemples français :Organisation scientifique du travail Organisation scientifique du travail en agricultureDans les lois fédérales canadiennes, organisation rend le terme anglais organization sur le plan international :Organization means (b) any international organization of which Canada is a member.Organisation désigne (b) toute organisation internationale dont le Canada fait partieNote de bas de page 9. Le terme organisation se rend parfois en anglais par : body (organized body of workers), build-up (military build-up – NATO). Bref, de nos jours organisme tend, sur le plan abstrait, à désigner une association; il rend aussi le terme agency. Organisation tend à désigner, sur le plan concret, une association internationale, ainsi qu’une association très importante à l’échelon national.RéférencesNote de bas de page 1 Grand Larousse encyclopédique.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 CILF, Vocabulaire de l’administration, 1972.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Statuts révisés du Canada 1970, 1er suppl., c.5.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 S.R.C. 1970, N-10.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 S.R.C. 1970, c.1.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 S.R.C. 1970, E-18.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 S.R.C. 1970, A-6, W-9.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 S.R.C. 1970, 1er suppl., c.5.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 S.R.C. 1970, P-22.Retour à la référence de la note de bas de page 9
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Mon rapport au dictionnaire (partie 2)

Un article sur le rapport des traducteurs aux dictionnaires. Deuxième de deux parties
Maurice Rouleau (L’Actualité langagière, volume 4, numéro 3, 2007, page 18) La première partie de cet article a été publiée dans le volume 4, numéro 2.C) L’information pourrait Être incomplÈte Si vous cherchez, dans le Robert-Collins (1995)Note de bas de page 1, l’équivalent français de sperm, vous y trouverez « sperme ». Rien de plus. Le Gladstone en fait d’ailleurs autantNote de bas de page 2. Pourtant l’acception du terme anglais est double : a- the male fecondating fluid : semen; b- the male gamete. Le Robert-Collins ne nous fournit qu’une partie de la réponse. Il y manque « spermatozoïde ». D’ailleurs sperm motility, c’est la « motilité des spermatozoïdes » et non la « motilité du sperme ».D) L’information pourrait diffÉrer d’une source À l’autre Le fait de trouver une information dans un dictionnaire ne signifie pas que vous trouverez la même dans un autre. Ces différences peuvent porter sur divers éléments de l’entrée, le plus apparent étant la graphie même du mot-vedette. En 1980, le Conseil international de la langue française (CILF), sous la direction de Joseph Hanse, a décidé de s’attaquer, aidé en cela par des lexicographes français travaillant pour les grands dictionnaires et encyclopédies, à la suppression des divergences orthographiques. Le Conseil a publiéNote de bas de page 3 le résultat de ses travaux, en 1988. « Ainsi disparaîtraient, écrivait-on, les fâcheuses contradictions qui troublent l’usager. » Ce vœu s’est peut-être réalisé en grande partie, mais il y a encore place à l’amélioration. Par exemple, d’après le Conseil, « cancérigène » est préférable à « cancérogène », mais les deux graphies sont acceptées. Le Petit Robert, qui en 1967 ne consignait que « cancérigène », lui adjoignait, en 1977, une remarque : « cancérogène semble être plus fréquent que cancérigène ». Formulation qui tire sur l’impressionnisme linguistique. En 1993, il prend position : Recommandation officielle : cancérogène! Le Larousse, lui, considère toujours les deux graphies sur un pied d’égalité. L’harmonisation en prend donc pour son rhume. Pour sa part, le MultiNote de bas de page 4 nous dit que « cancérigène » est la graphie la plus usitée. Quiconque est familier avec les textes médicaux écrits au Québec ne peut qu’être d’accord avec cette affirmation, quoi qu’en dise le Nouveau Petit Robert. Les différences ne concernent pas que la graphie. La marque d’usage peut être concernée. L’emploi de impact, au sens de « effet, influence » est encore, en 2007, dit d’emploi critiqué par le Nouveau Petit RobertNote de bas de page 5, mais pas par le Larousse 2000Note de bas de page 6. « Rétorquer », que j’ai utilisé plus haut, est « critiqué par les puristes », selon le Petit Robert, mais pas selon le Larousse. « Jazzman », mot apparu vers 1930, n’est plus considéré comme un anglicisme par le Larousse, mais il l’est encore par le Nouveau Petit Robert. On peut aussi trouver des différences dans la définition du mot-vedette, ce qui est encore plus troublant pour l’usager. Selon le Nouveau Petit Robert, « vin d’honneur » désigne le vin lui-même offert en l’honneur de quelqu’un. Le Larousse voit la chose différemment; c’est la petite cérémonie au cours de laquelle on boit du vin en l’honneur de quelqu’un ou pour fêter quelque chose. Autre exemple, « plateau-repas » désigne, selon le Nouveau Petit Robert, le « repas complet servi sur un plateau (avion, train, hôpital, etc.) »; selon le Larousse, ce serait soit le « plateau compartimenté où l’on peut mettre tous les éléments d’un repas servi dans un self-service, en avion, etc. », soit le « repas servi sur ce plateau ». Cette disparité n’est pas l’apanage des dictionnaires de langue générale. Les dictionnaires médicaux, par exemple, n’y échappent pas. À preuve, « adénopathie » désigne, selon le Petit ManuilaNote de bas de page 7 et le FlammarionNote de bas de page 8, « toute affection des ganglions lymphatiques, le plus souvent d’origine inflammatoire ». Selon le Garnier-DelamareNote de bas de page 9 et le QuevauvilliersNote de bas de page 10, ce terme désignerait « toute inflammation chronique des ganglions lymphatiques ». De toute évidence, les spécialistes ne s’entendent pas. Certains restreignent l’acception du terme aux inflammations. Mais qui a raison? Ce n’est pas au traducteur de trancher. Ce problème de disparité se rencontre également entre les banques de terminologie. TERMIUM®Note de bas de page 11 ne donne pas les mêmes équivalents que le Grand Dictionnaire terminologique (GDT)Note de bas de page 12 à sodium azide. Ce terme désigne un sel inorganique (NaN3) parfois utilisé comme antiseptique. Il se rencontre donc aussi bien en chimie qu’en biologie. TERMIUM® nous fournit deux équivalents : « azoture de sodium » et « azide de sodium ». Ce dernier est toutefois déconseillé en chimie; mais considéré correct en biologie! Il est plutôt étonnant qu’un terme soit tantôt correct, tantôt à éviter. Le GDT nous fournit lui aussi deux équivalents : « azoture de sodium » et « acide de sodium ». Ce dernier terme étonne. Aurait-on, par inadvertance, tapé « acide » au lieu de « azide »? Si oui, les deux termes seraient identiques à ceux proposés par TERMIUM®, mais ne porteraient aucune marque d’usage. Ils seraient donc tous deux corrects! En fait, selon le professeur H. Favre, spécialiste de la nomenclature chimique auprès de l’IUPAC (International Union of Pure and Applied Chemistry), un seul terme devrait être utiliséNote de bas de page 13. C’est « azoture de sodium ». Au Québec, la « mèche de cheveux qui pousse en sens contraire de celui des autres » est connue sous le nom de « rosette ». Ce terme n’a ce sens dans aucun dictionnaire français, pas même dans le Dictionnaire des canadianismes de DulongNote de bas de page 14, bien que TERMIUM® dise l’y avoir trouvé! En France, on appelle cette réalité un « épi », terme inconnu chez nous. Celui qui veut savoir l’équivalent anglais de « épi » pourrait consulter soit le GDT, soit TERMIUM®. S’il avait la curiosité de les consulter tous deux, il serait surpris du résultat. TERMIUM® nous propose cowlick; le GDT, ear! Si les deux termes sont bons, pourquoi TERMIUM® n’en mentionne-t-il qu’un? Mais s’il n’y en avait qu’un de bon, quelle source faudrait-il croire? Ça ne devrait pas être à l’utilisateur d’avoir à décider. Autre exemple, le terme corncob. TERMIUM® propose comme principal équivalent « épi de maïs ». Est-ce que corncob serait synonyme de corn on the cob? Le GDT, pour sa part, ne propose que « trognon de maïs », ce qui correspond parfaitement à la définition de corncob fournie par le Merriam-WebsterNote de bas de page 15. En mars 2006, le Dr Chicoine a soulevé un débat en reprochant presque aux mères d’envoyer leurs très jeunes enfants à la garderie. Dans une lettre à La Presse, une lectrice écrivait : « Mais avant que le Dr Chicoine ne grimpe dans les rideaux, précisons que Mme PaltrowNote de bas de page 16 reste à la maison pour changer les couches. » Pour qui voudrait savoir ce que peut bien signifier « grimper dans les rideaux », rien de mieux que de consulter son dictionnaire. Mais encore là, tout dépend de celui que vous avez sous la main. Abstraction faite de la distinction que fait maintenant le Nouveau Petit Robert entre « grimper aux rideaux » et « grimper dans les rideaux » – ce dernier étant considéré comme un régionalisme –, il n’en demeure pas moins que, selon le Larousse, la locution « grimper au(x) rideau(x) » signifie « manifester un sentiment violent, notamment la colère »; dans le Nouveau Petit Robert (2001), « manifester une exaltation, un plaisir extrêmes; jouir sexuellement ». Lequel croire? Je douterais fort que la lectrice ait voulu parler des ébats amoureux du Dr Chicoine et encore moins de leur point culminant…B-2 Il ne trouve pas ce qu’il cherche Nous avons tous, un jour ou l’autre, cherché en vain un mot dans notre dictionnaire. Par exemple, chercher dans son Nouveau Petit Robert « zoothérapie », « familiarisation », « banthique », « leucopénique », « démotion » ou encore « se gourmer » est une opération vouée à l’échec. Faut-il pour autant se priver d’utiliser ces mots de crainte d’être accusé de recourir à des barbarismes? Pour bien des gens, si ce n’est pas dans le dictionnaire, ce n’est pas bonNote de bas de page 17… Tel n’est pas nécessairement le cas. De deux choses l’une, ou bien le mot existe réellement, ou bien il n’existe vraiment pas.B-2-1 Le mot existe, mais… Il est vrai que le terme « banthique », couramment utilisé en biologie marine, n’est consigné dans aucun dictionnaire. Pourtant il existe, mais pas sous cette graphie. Il aurait fallu chercher « benthique ». Charles Tisseyre n’aurait trouvé « démotion » dans aucun dictionnaire français. Pourtant il existe, mais pas en français. C’est un terme anglais qu’il a cru français. Abstraction faite de ces deux cas, probablement les plus fréquents, il peut arriver qu’un mot existe même s’il ne figure pas au dictionnaire. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer un tel état de fait.A) Un dictionnaire n’est jamais complet « Se gourmer », qu’utilisait ma mère, n’est pas consigné dans les dictionnaires courants, mais il existe. On le trouve dans le BélisleNote de bas de page 18 au sens de : être prétentieux. Ce verbe a, de toute évidence, mal vieilli; il ne reste plus dans les dictionnaires actuels que l’adjectif « gourmé ». Une langue, quelle qu’elle soit, est beaucoup trop vaste pour qu’un seul et même dictionnaire en contienne tous les mots. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les nombres d’entrées de quelques ouvrages. Par exemple, le Nouveau Petit Robert (2001) contiendrait 60 000 entrées; le Lexis en contenait déjà 76 000, en 1979. Personne ne s’imaginera que, durant ce court laps de temps, 16 000 mots sont disparus de la langue. Les rédacteurs de dictionnaires font un choix. Ils retiennent les mots qui, selon eux, correspondent le mieux aux besoins du public visé. C’est ainsi que le Robert Brio contiendrait 33 000 mots; le Robert Collège 40 000; le Nouveau Petit Robert 2007, 60 000. D’ailleurs ce nombre de 60 000 semble être une valeur limite; il n’a pas changé depuis près de 15 ans. Si de nouveaux mots sont entrés dans la langue, d’autres ont obligatoirement été éliminés, sans que l’on sache lesquels. Le même problème se pose avec les dictionnaires bilingues. Le traducteur qui ne comprend pas un mot dans une phrase anglaise a trop souvent tendance à consulter d’abord son dictionnaire bilingue. Il y cherche le sens que ce mot peut avoir dans le contexte. Penser y trouver ce qu’il cherche, c’est croire que son dictionnaire bilingue a réponse à tout. Un dictionnaire bilingue n’est pas plus complet qu’un dictionnaire unilingue; il l’est peut-être même moins. Vouloir traduire correctement behind the bash en se servant du Robert-Collins (1995) est impossible, car l’acception de bash, celle qui précisément conviendrait ici, n’y est pas consignée. Elle l’est, par contre, dans son édition électronique plus récente. L’équivalent fourni, « surboum », a toutefois de quoi étonner. En effet, selon le Nouveau Petit Robert ou le Larousse, « surboum » est un mot « familier et vieilli »! Le terme anglais n’a aucune de ces connotations; il désigne tout simplement a festive social gathering : PARTY. Utiliser « surboum » serait donc inapproprié, même si c’est le Robert-Collins qui le propose. Autrement dit, ce n’est pas parce que c’est dans le dictionnaire que c’est obligatoirement bon.B) Un seul dictionnaire ne suffit pas Refuser d’utiliser « leucopénique », « familiarisation » ou « zoothérapie » sous prétexte qu’ils ne figurent pas dans son Nouveau Petit Robert, c’est nier à ces mots le droit à l’existence. Et pourtant ils existent. Ils pourraient figurer dans un autre dictionnaire courant. Par exemple, « leucopénique » se trouve dans le Grand RobertNote de bas de page 19, depuis au moins 1991; « familiarisation » figure dans le Larousse mais pas dans le Nouveau Petit Robert, tout comme « zoothérapie » d’ailleurs. Dans ce dernier cas, toutefois, une surprise attend le lecteur. En effet, le Larousse lui attribue la marque d’usage « rare », ce qui s’explique quand on lit la définition donnée : « médecine vétérinaire »! Il aurait été plus pertinent de recourir à la marque d’usage « Vx », car ce mot signifiait, en 1893Note de bas de page 20, « l’art de soigner les animaux malades ». De nos jours, ce terme a une signification toute autre qui ne figure pas dans les dictionnaires usuels, même s’il est couramment utilisé, aussi bien au Québec qu’en France. Il désigne toute thérapie ayant recours à des animaux de compagnie. Cette acception, on la trouve dans le dictionnaire que contient le logiciel Antidote. S’il était nécessaire de démontrer que les dictionnaires sont lents à inclure un terme dans leur nomenclature, cet exemple devrait suffire. Il est donc nécessaire de consulter plus d’un dictionnaire.B-2-2 Le mot n’existe vraiment pas Est-il possible qu’un mot lu, donc écrit par quelqu’un, n’existe vraiment pas dans la langue? Vouloir en faire la démonstration est une mission impossible, car cela signifierait que le traducteur a examiné toutes les sources existantes. Malgré tout, il n’en demeure pas moins qu’un mot rencontré peut fort bien ne pas exister. Et cela pour diverses raisons. a) Il peut s’agir d’une erreur, d’une coquille (p. ex. banthic au lieu de benthic). On a trop souvent tendance à croire que le texte de départ ne peut pas être fautif. L’anglophone est aussi susceptible que le francophone de faire des fautes, par inadvertance ou par ignorance. b) Il peut s’agir d’une création de l’auteur. Dans un tel cas, l’auteur devrait guillemeter ce mot pour bien faire comprendre le caractère inhabituel de son utilisation. S’il ne le fait pas, il induit son lecteur en erreur; il lui fait croire que le terme est utilisé avec une acception connue. Point n’est besoin de chercher un tel terme, il n’est, à coup sûr, dans aucun dictionnaire. c) Il peut s’agir d’un nouveau terme, créé pour répondre à un besoin qui vient de se faire jour. Étant donné la lenteur des dictionnaires à reconnaître un mot comme faisant partie de la langue, il est bien normal qu’un tel mot ne s’y trouve pas. Tel est le cas, par exemple, de « sperme sexé » ou « semence unisexeNote de bas de page 21 ». Un tel terme ne pose aucun problème au spécialiste en reproduction animale, car c’est lui qui l’a créé pour répondre à son besoin terminologique particulier. Mais monsieur Tout-le-Monde y perd son latin. d) Il peut s’agir d’une formulation occasionnelle. Elle ne figure pas dans le dictionnaire, et elle n’y figurera jamais, car sa raison d’être est ponctuelle. Comment, par exemple, peut-on parler de l’« anatomie d’une maladie »? Non-sens. Pourtant, on peut voir « anatomie du diabète ». Même si les mots ne permettent pas, à eux seuls, de transmettre le sens, l’affiche qui porte ce titre, elle, est parlante; elle illustre les différents organes susceptibles d’être touchés par la maladie en question. Parler de l’anatomie du diabète, ce n’est pas une façon normale de dire la chose, mais elle remplit bien sa fonction, dans ce cas particulier et dans lui seul.Conclusion Le traducteur doit, dans l’exercice de ses fonctions et même en d’autres temps, s’interroger sur le sens réel d’un texte qu’il lit ou qu’il a pour mission de traduire. Ce sens, il le découvrira en puisant d’abord dans ses propres connaissances, qui devraient être les plus vastes possibles. Quand elles deviennent insuffisantes, il doit alors consulter des ouvrages, dictionnaires ou autres. Au cours de ses études, ce même traducteur s’est fait dire, ad nauseam, de consulter son dictionnaire. Ce conseil a une double portée. Il lui indiquait d’abord que ses propres connaissances étaient mises en cause, puis que le dictionnaire avait réponse à tout. Ce qu’on ne lui a pas dit, et qu’on aurait certainement dû lui dire, c’est que cet ouvrage a été fait par des humains et que l’erreur est humaine. La réaction immédiate du traducteur face à mes propos se devine aisément : « Si je ne peux me fier à mon dictionnaire, à qui me fier? » À son propre jugement. Réponse déroutante, s’il en est une, mais combien vraie! Il ne faut jamais se départir de son esprit critique. Il faut savoir se poser des questions aussi bien sur le sens des mots du texte de départ que sur le sens de ceux qu’on veut voir figurer dans sa traduction. Et ce sens, qui est fourni par le dictionnaire, doit, lui aussi, être scruté à la loupe. C’est la seule condition qui peut mener à une bonne traduction. Il serait peut-être opportun, la prochaine fois que vous aurez un texte à traduire, de vous interroger sur votre utilisation du dictionnaire. a) Ne devrais-je pas le consulter plus souvent? Ne pas le faire, c’est m’imaginer que mes propres connaissances sont irréprochables… b) Si j’y trouve ce que je cherche, dois-je le tenir pour certain? Répondre par l’affirmative, c’est m’imaginer que l’ouvrage est parfait. C’est aussi m’imaginer que tout dictionnaire fournit la même réponse. Répondre par la négative, c’est me condamner à devoir faire encore plus de recherches, mais ces dernières en valent peut-être le coup. c) Si je n’y trouve pas le mot que je cherche, dois-je me priver de l’utiliser? Le faire, c’est recourir à la solution facile. Ce n’est toutefois pas nécessairement la bonne solution. d) Se pourrait-il que la réponse à ma question se trouve dans un autre dictionnaire que celui que je consulte? Combien de dictionnaires trônent sur mes rayons de bibliothèque? Un seul dans chaque langue? Est-ce vraiment suffisant? Poser la question, c’est y répondre. Même si les dictionnaires, ou tout autre ouvrage de référence, ne sont pas la Bible, il ne faut pas pour autant les jeter à la poubelle. Bien au contraire. Il faut les consulter, mais pour ce qu’ils sont : des œuvres humaines, donc imparfaites. Et bien les utiliser, cela veut dire les lire avec un esprit critique.RéférencesNote de bas de page 1 Le Robert & Collins Super Senior, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1995.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 M. Rouleau, « Qu’attendre d’un dictionnaire bilingue? Le cas du « Gladstone », dictionnaire médical (anglais-français) », Panace@, vol. VI, nº 21-22, p. 407-428, 2005.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 J. Hanse, Pour l’harmonisation orthographique des dictionnaires, Paris, CILF, 1988.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 M.-É deVillers, Multidictionnaire de la langue française, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1997.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Il l’était déjà dans l’édition de 1977.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Le Petit Larousse de l’an 2000, grand format, Paris, Larousse/HER. 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 A. Manuila et L., P. Lewalle et M. Nicoulin, Dictionnaire médical, 8e éd., Paris, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 S. Kernbaum, Dictionnaire de médecine Flammarion, 6e éd., Paris, Flammarion, coll. « Médecine Sciences », 1998.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 M. Garnier, V. J. Delamare et T. Delamare, Dictionnaire des termes de médecine, 25e éd., Paris, Maloine, 1998.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 J. Quevauvilliers et A. Fingergut, Dictionnaire médical, Paris, Masson, 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 TERMIUM® Plus, Bureau de la traduction, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 GDT : http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/gdt_bdl2.html.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Communication personnelle de H. Favre.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 G. Dulong, Dictionnaire des canadianismes, Septentrion 1989/Larousse Canada 1989.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Merriam Webster Collegiate Dictionary, 10th edition, Merriam Webster Inc., 1994.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Mme Paltrow avait pris, dans le même journal, le contre-pied de l’opinion du pédiatre.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 M. Rouleau, « Ce n’est pas dans le dictionnaire, ce n’est donc pas…bon! ou La quête de la bonne préposition dans les ouvrages de référence », L’Actualité terminologique, vol. 36, nº 3, p. 14-19, 2003.Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 L.-A. Bélisle, Dictionnaire Bélisle de la langue française au Canada, Montréal, Société des Éditions Leland, 1954-1957.Retour à la référence de la note de bas de page 18Note de bas de page 19 Le grand Robert de la langue française, 9 volumes, 2e édition, Paris, Dictionnaires LE ROBERT, 1991.Retour à la référence de la note de bas de page 19Note de bas de page 20 É. Littré, Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie, de l’art vétérinaire et des sciences qui s’y rapportent, 17e édition, Paris, Librairie J.-B. Baillière et Fils, 1893.Retour à la référence de la note de bas de page 20Note de bas de page 21 Ces deux termes, actuellement interchangeables, servent à désigner la semence enrichie grâce à des techniques modernes, en un type de spermatozoïde (mâle ou femelle), qui sera utilisée pour obtenir, par insémination artificielle, des animaux de sexe désiré. En industrie laitière, ce sera des femelles.Retour à la référence de la note de bas de page 21
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)
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Jurilinguiste, terminologue-juriste et terminologue juridique : un problème terminologique?

Un article sur la distinction entre jurilinguiste, terminologue–juriste et terminologue juridique
Iliana Auverana (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 3, 2003, page 31) La complexité du langage du droit est un phénomène fort connu, et l’étude de ce langage est née de la nécessité d’aplanir les difficultés de communication dans le domaine du droit. Or, cette nécessité se fait plus pressante en contexte de bilinguisme et de bijuridisme, comme c’est le cas au Canada. En système de corédaction, on fait appel à des spécialistes ayant une double compétence juridique et linguistique, qui sont de plus en plus sollicités par suite des décisions de la Cour Suprême en matière de droits linguistiques, plusieurs provinces ayant l’obligation de rendre leurs textes législatifs accessibles dans les deux langues officielles. C’est ainsi que le ProgrammeNote de bas de page 1 national d’administration de la justice dans les deux langues officielles (PAJLO) naît en 1981Note de bas de page 2 et avec lui, la nécessité de recourir à des spécialistes également compétents en terminologie. Suit l’établissement graduel, de 1981 à 1994, de centres de jurilinguistique et d’associations de juristes d’expression française de common law dans six provinces.La jurilinguistique au Canada Pour comprendre le rôle actuel du jurilinguiste, il est important de préciser ce que l’on entend par jurilinguistique. Selon Jean-Claude Gémar, professeur à l’Université de Montréal, « la jurilinguistique a pour objet principal l’étude linguistique du langage du droit sous ses divers aspects et dans ses différentes manifestations, afin de dégager les moyens de définir les techniques propres à en améliorer la qualité, par exemple aux fins de traduction, rédaction, terminologie, lexicographie, etc., selon le type de besoin considéré. C’est dire que le jurilinguiste s’intéresse tout particulièrement aux questions d’ordre sémantique, syntaxique et stylistique de l’écrit juridique »Note de bas de page 3. Au ministère de la Justice du Canada, le jurilinguiste participe à la rédaction en parallèle de projets de lois et de règlements tout en assurant la qualité linguistique et stylistique ainsi que la concordance des deux versions. Il a en outre la responsabilité d’effectuer des recherches, de donner des avis terminologiques et d’élaborer des dossiers de terminologie spécialiséeNote de bas de page 4. Dans les centres de jurilinguistiqueNote de bas de page 5, les jurilinguistes offrent des services de révision, de rédaction, de consultation et de terminologie. En même temps, ces centres mettent à la disposition des juristes d’expression française, travaillant en contexte de common law, un ensemble de ressources leur permettant de mieux exercer leur profession.Juriste linguiste et jurilinguiste : nuances et équivalents Le terme jurilinguistique et la fonction de jurilinguiste sont nés au Canada dans les années 1970Note de bas de page 6. En Europe, on parle plutôt de « linguistique juridique » et de juristes linguistes (avec ou sans trait d’union). Mais selon Gérard Cornu, le champ d’étude de la « linguistique juridique » est plus vaste : « celle-ci englobe non seulement l’étude linguistique du langage du droit, mais celle du droit du langageNote de bas de page 7 »Note de bas de page 8. Au Canada, le jurilinguiste est appelé en anglais jurilinguist. Cet équivalent ne semble poser aucune difficulté au pays. La Cour suprême et la Cour fédérale font appel à ces spécialistes. En Europe, par contre, la traduction anglaise du terme juriste linguiste n’est pas claire. Le Conseil de l’Europe a recours à des jurist-linguists pour la vérification des textes juridiques à travers tout le processus de négociation jusqu’à la signature par le président du Parlement européenNote de bas de page 9. Cependant, EurodicautomNote de bas de page 10, base de données terminologiques de la Commission européenne, donne comme équivalent de juriste linguiste le terme lawyer-linguist. Celui-ci fait de la traduction juridique. Il doit avoir un diplôme en droit; les exigences linguistiques sont élevées, mais une formation formelle n’est pas nécessaire. On trouve les lawyer-linguists à la Cour de Justice des Communautés européennesNote de bas de page 11.Terminologue juridique, juriste terminologue et terminologue-juriste : pas seulement un jeu de mots En termes généraux, les terminologues exécutent les recherches nécessaires pour répertorier les termes propres à un domaine, les définir et en chercher les équivalents dans une autre langue; fournissent des services de recherche ponctuelle pour répondre aux besoins particuliers des traducteurs, des interprètes et des rédacteurs; préparent des glossaires, des lexiques, des dictionnaires, des vocabulaires et des fichiers terminologiques et alimentent les bases de données terminologiques; gèrent et mettent à jour le contenu de la base de données terminologiques dont ils se servent. Pour accéder à la profession de terminologue, l’intéressé doit remplir l’une des conditions suivantes : posséder un baccalauréat en traduction ou en linguistique; posséder un diplôme universitaire dans une discipline connexe; ou avoir suivi des cours de transfert linguistique et acquis deux ans d’expérience à temps plein en traductionNote de bas de page 12. La terminologie juridique constitue un champ de spécialisation pour la personne ayant une formation dans les disciplines mentionnées ci-dessus. L’appellation terminologue juridique est donnée par l’Office national de la classification des professions comme un exemple d’appellation d’emploi dans la catégorie de traducteurs/traductrices, terminologues et interprètesNote de bas de page 13. Le terminologue-juriste ou juriste terminologue doit avoir un diplôme universitaire en droit et une très bonne connaissance du système juridique canadienNote de bas de page 14. En contexte de travail, le terminologue-juriste ou juriste terminologue est appelé à faire une analyse poussée des notions juridiques pour établir la terminologie et la synonymie dans une langue et l’équivalence dans l’autre. De plus, le terminologue- juriste doit faire des recherches terminologiques ponctuelles et proposer des solutions aux problèmes terminologiques présentés par les traducteurs juridiques et, le cas échéant, participer aux travaux de normalisation de la terminologie juridique dans l’administration canadienne. Le terme juriste terminologue est utilisé par le PAJLO sur son site Web pour désigner la personne-ressource au Bureau de la traduction qui fournira des services d’appui terminologique dans le cadre des « travaux de normalisation du vocabulaire français de la common law »Note de bas de page 15. Le Bureau de la traduction utilise plutôt le terme terminologue-juriste, car la fonction première est la terminologie. L’équivalent anglais de terminologue juridique est legal terminologist d’après la Classification nationale des professions (CNP)Note de bas de page 16. Cependant, on a relevé ce terme comme équivalent de terminologue-juriste. Le PAJLO donne comme équivalent de juriste terminologue le terme lawyer-terminologist, qui est plus approprié, car l’équivalence entre « juriste » et « lawyer » est très évidente.Conclusion Les professions de jurilinguiste, de terminologue-juriste et de terminologue juridique se chevauchent par moments, le point commun étant la recherche terminologique. Le type d’analyse terminologique est cependant plus poussé dans les deux premières professions. La différence entre ces trois professions réside dans la formation universitaire et l’axe principal des responsabilités.Le terminologue-juriste détient nécessairement un diplôme en droit, tandis que le jurilinguiste et le terminologue juridique possèdent un diplôme en traduction ou en linguistique ou dans une discipline connexe, mais un diplôme en droit demeure un atout incontestable pour le jurilinguiste. Le travail du terminologue-juriste est plus axé sur la recherche et l’analyse des notions terminologiques, alors que celui du jurilinguiste porte plus sur la rédaction, la révision et l’établissement de la concordance dans les deux langues des textes juridiques.Iliana AuveranaRéférencesNote de bas de page 1 Le PAJLO est devenu Programme en 1987. Au début, il s’appelait Projet.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Internet. www.pajlo.org/fr/qui/origines.htm. « PAJLO : Qui sommes-nous? : Origines ».Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Internet. www.clf.gouv.qc.ca/Publications/PubF104/F104P1ch3.html. Jean-Claude GÉMAR, « Fonctions de la traduction juridique en milieu bilingue et langage du droit au Canada » dans Langage du droit et traduction : essais en jurilinguistique.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Internet. canada.justice.gc.ca/fr/dept/pub/aud/legis/lppg3a.html.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Il y en a quatre au Canada : le Centre de traduction et de terminologie juridiques de l’université de Moncton (CTTJ); le Centre de traduction et de documentation juridiques de l’Université d’Ottawa (CTDJ); le Centre de recherche en droit privé et comparé du Québec (CRDPCQ) et l’Institut Joseph-Dubuc de Winnipeg.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Internet. www.canada-justice.net/fr/dept/pub/recru/page35.html.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Cornu fait une distinction entre l’étude du langage du droit (étymologie, morphologie, grammaire, syntaxe, sémantique, terminologie et stylistique) et l’étude du droit du langage, soit le droit en tant que force créatrice du langage ou de normalisation juridique.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 CORNU, Gérard. Linguistique juridique, Paris, Montchrestien, 1990, p. 17.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Internet. www.europarl.eu.int/code/information/tasks_en.pdf. « Service of the Conciliation Secretariat ».Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Internet. europa.eu.int/eurodicautom/Controller.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Internet. www.curia.eu.int/en/instit/services/traduction/recrutement.htm.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Internet. www.23.hrdc-drhc.gc.c/2001/f/groups/5125.shtml. « Classification nationale des professions ».Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Idem.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Bureau de la traduction, Direction de la terminologie et de la normalisation (DTN). Document interne.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Internet. www.pajlo.org/français/quisomme/annexeb.html.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Op. cit. Note 8.Retour à la référence de la note de bas de page 16
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)
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