soupçonner / suspecter

Les deux verbes sont formés sur le même préfixe latin, sub-, qui marque le mouvement de bas en haut, comme par méfiance, dédain, inquiétude, et le même mot primitif latin a concouru à sa création, suspicere, regarder de bas en haut.

Les dictionnaires attestent leur synonymie (tous deux signifient mettre en doute quelqu’un ou quelque chose), mais, si la signification est analogue, elle n’est pas rigoureusement univoque. Aussi pourront-ils, dans une certaine acception, s’employer de façon interchangeable. Dans plusieurs emplois, toutefois, on aura raison de préférer l’un à l’autre de sorte à bien faire apparaître la nuance de sens. Seul suspecter est un terme du Palais. « Il ne suffit pas que les juges soient irréprochables, il faut encore qu’ils ne puissent pas être suspectés. »

Le verbe suspecter a un sens plus fort que soupçonner : on croit tout à fait légitime sa suspicion, elle ne nous trompe guère, tandis qu’un doute plus senti pointe dans l’esprit quand on forme des soupçons.

L’explication que donne Dupré dans son Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain et que reprend à son compte le Trésor de la langue française pour lui ajouter foi suffit pour nos besoins, aussi nous contenterons-nous de la citer intégralement. « Très souvent, les deux mots sont pris l’un pour l’autre. Mais uniquement lorsqu’on soupçonne (ou suspecte) quelqu’un d’une faute ou d’un crime. Quand l’objet du soupçon n’a rien de peccamineux, on dit toujours soupçonner : Je soupçonne (et non Je suspecte) Paul d’aimer Jeanne en secret. En outre, seul suspecter peut être suivi d’un inanimé avec le sens de ’tenir pour suspect’ : Je suspecte son honnêteté, sa bonne foi. Avec soupçonner, on dirait : Je soupçonne son honnêteté d’être feinte. »

Autrement dit, on peut soupçonner à tort une personne ou une chose, mais on a des raisons de la suspecter. Ces raisons fonderont les requêtes en récusation notamment. « Tout juge peut être récusé, s’il y a entre lui et l’une des parties toutes manifestations assez graves pour faire suspecter son impartialité. »

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