citation d’une phrase complète

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À l’aide des guillemets, on peut citer une phrase complète de quatre manières :

En la séparant des autres phrases

C’est la façon la plus simple de citer une phrase. On place un guillemet ouvrant au début et un guillemet fermant à la fin, après le signe de ponctuation final :

  • « Les affaires sont les affaires. »
  • « Sans l’illusion où irions-nous? »
  • « Les peuples ne veulent pas que les dieux reviennent parce qu’ils en ont peur! »
  • « Le pays le plus développé industriellement ne fait que montrer à ceux qui le suivent sur l’échelle internationale l’image de leur propre avenir. » Cette phrase de Karl Marx explique la fascination qu’exerce l’économie américaine (Encyclopædia Universalis).

En l’incorporant à une phrase

Si la citation est coulée dans une phrase du texte, le premier mot s’écrit en général avec une minuscule, sauf s’il commence la phrase principale. La citation perd son point final :

  • « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » est une assertion qui se vérifie encore parfois.
  • Comme l’écrivait Voltaire, « le pays où le commerce est le plus libre sera toujours le plus riche et le plus florissant ».
  • Que pensez-vous de l’affirmation selon laquelle « les jeunes sont des acheteurs critiques et exigeants »?

Si la citation elle-même se termine par un point d’exclamation, un point d’interrogation ou des points de suspension, elle conserve ces signes. Mais la phrase principale garde quand même sa ponctuation finale :

  • Il clôture la séance en posant la question « serez-vous prêts? ».
  • A-t-il vraiment posé la question « serez-vous prêts? »?

Fréquemment, une citation coulée dans une phrase commence par un fragment de phrase, puis se prolonge par une ou plusieurs phrases complètes. Le signe de ponctuation final de la dernière phrase appartient à la citation :

  • L’auteur ajoute que, dans notre métier, « il faut douter. C’est le début de la sagesse. »

Remarque : On peut annoncer la citation par une conjonction. En principe, la conjonction interdit l’emploi des guillemets, car elle transforme la citation en discours indirect, c’est-à-dire que le rédacteur rapporte les propos en substance plutôt que mot à mot. Il est cependant permis d’utiliser les guillemets si les mots guillemetés reproduisent l’original textuellement. La conjonction n’est jamais suivie du deux-points :

  • Voltaire disait que « le pays où le commerce est le plus libre sera toujours le plus riche et le plus florissant ».
  • Vous avez demandé si « le projet sera lancé avant la fin de l’année ».

Si l’on apporte le moindre changement à l’original, il faut renoncer aux guillemets. C’est le cas même lorsqu’on change simplement le temps du verbe pour respecter la concordance des temps :

  • Le ministre des Finances a déclaré que « le Canada traverse une période extrêmement difficile ».
  • Le ministre des Finances a déclaré que le Canada traversait une période extrêmement difficile.
  • Le ministre des Finances a déclaré que le pays traversait une période difficile.

En l’introduisant par le deux-points

Une citation complète qui est introduite par le deux-points commence toujours par une majuscule. Si elle est au milieu de la phrase, elle perd son point final. Si elle est à la fin de la phrase, son point final éclipse celui de la phrase principale :

  • Il a lancé : « Ce n’est que partie remise », puis il a quitté la tribune.
  • Un éminent spécialiste a déclaré : « La catastrophe aurait pu être très facilement évitée. »
  • Plutôt que de dire : « Cette terre nous appartient », les Inuits diront : « Nous appartenons à cette terre. »

Mais, où qu’elle soit dans la phrase, la citation conserve toujours son point d’exclamation, son point d’interrogation ou ses points de suspension :

  • Il a crié : « Au secours! » avant de fermer la porte.
  • Malgré Élizabeth qui interrompait d’une voix placide : « Laisse-le, Gérard, il est grotesque… », Gérard se fâcha (J. Cocteau).

Si elle est en fin de phrase, le signe de ponctuation éclipse le point final de la phrase principale :

  • Dans un sondage, on a demandé aux gens : « Croyez-vous que la catastrophe aurait pu être évitée? »
  • Elle a seulement prononcé les mots : « C’est moi qui… »

Si c’est la phrase principale qui se termine par un point d’exclamation, un point d’interrogation ou des points de suspension, la citation perd son point final :

  • C’est vous qui avez dit : « Deux patrons font chavirer la barque »!
  • Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : « Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre; en revanche, j’y ai perdu mes deux fils »? (A. Gide.)

Il arrive que la phrase principale et la citation introduite par le deux-points se terminent toutes deux par un point d’exclamation ou par un point d’interrogation. L’usage veut que l’on ne garde alors que l’un des deux signes, contrairement au cas des citations incorporées à la phrase. C’est en général la ponctuation de la citation qui l’emporte :

  • Quel culot d’avoir crié : « Silence! »
  • Pourquoi a-t-on demandé aux gens : « Croyez-vous que la catastrophe aurait pu être évitée? »

De même, il arrive que le point d’exclamation et le point d’interrogation se retrouvent en concurrence à la fin d’une phrase. Beaucoup jugent peu esthétique la présence des deux signes de part et d’autre du guillemet fermant (bien qu’on l’admette lorsque la citation est complètement incorporée à la phrase sans le deux‑points) :

  • Qui a crié : « Au feu! »?

Aussi est-il préférable que le rédacteur choisisse entre les deux signes celui qui lui paraît le plus important. Assez souvent la ponctuation de la citation prévaut sur celle de la phrase principale :

  • Qui a crié : « Au feu! »
  • Ne m’arrivait-il pas, dans mes discours mondains, de m’écrier avec conviction : « La propriété, messieurs, c’est le meurtre! » (A. Camus.)
  • Arrêtez de toujours demander : « Pourquoi? »
  • Mais pourquoi avez-vous crié : « Au secours »?

Pour des raisons de logique, quelques auteurs proposent de toujours conserver les deux signes. On peut aussi reformuler la phrase.

Remarque : Des citations courtes, d’une ou deux lignes, mais qu’on juge important de détacher du texte, peuvent être mises en retrait, avec ou sans italique. C’est ce que l’on fait systématiquement dans certains travaux linguistiques pour les exemples :

  • De façon voisine, la devise exprimera une aspiration à valeur permanente :
    Tous pour un, un pour tous.
    Mais, comme nous l’avons vu, l’absence de verbe n’est pas le critérium de cette construction nominale (M. Cressot).

En l’interrompant par une incise

Une quatrième façon de citer une phrase complète consiste à glisser une courte incise entre deux virgules au milieu de la citation. Les guillemets encadrent la citation entière :

  • « Le Canada, a déclaré le ministre des Finances, traverse une période extrêmement difficile. »
  • « Le pays où le commerce est le plus libre, écrit Voltaire, sera toujours le plus riche et le plus florissant. »
  • « Combien de temps avons-nous, ont-ils demandé, pour réaliser le projet? »

Quand l’incise est longue, il est plus prudent de guillemeter séparément les deux parties de la citation :

  • « Le pays où le commerce est le plus libre », écrivait Voltaire dans une lettre à Roubaud datée du 1er juillet 1769, « sera toujours le plus riche et le plus florissant. »
  • « Rien ne sert de courir », lui dit-il tout à coup le plus sérieusement du monde, « il faut partir à point. »

Si l’on repousse l’incise à la fin, la citation perd son point final :

  • « Ce n’est que partie remise », a-t-il déclaré.
  • « On est entouré de mystères. Il suffit d’ouvrir les yeux, de regarder », constate Paul Auster.

Elle conserve en revanche ses points de suspension, son point d’interrogation ou son point d’exclamation :

  • « Viens t’en… », lui répétait-il.
  • « Pourquoi ce refus? », demanda-t-il.
  • « Malédiction! Oh, malédiction! », dit mon père, et il cracha par terre (Marie-Claire Blais).

Remarque : Il faut noter que, dans ce dernier cas, un assez grand nombre d’auteurs suppriment la virgule après le guillemet fermant :

  • « Pourquoi ce refus? » demanda-t-il.
  • « Bonjour à tous! » dit-il.

Ils considèrent que la succession des trois signes (point d’exclamation ou d’interrogation, guillemet fermant, virgule) crée une surcharge typographique. C’est un argument valable, mais il faut reconnaître que la syntaxe rend souvent inévitable la même succession de signes :

  • Plus tard, il trouvera ridicules les orphéons braillant « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine! », alors que précisément les Allemands les ont déjà (M. Yourcenar).

Renseignements complémentaires

Pour de l’information supplémentaire sur les citations :

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