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Chiffres romains : décodez-les!

Jeu français comptant des questions variées pour s’exercer à décoder les chiffres romains. Savez-vous décoder les chiffres romains? De nos jours, on les utilise notamment dans la numérotation de pages ou de chapitres de livres, pour indiquer un siècle et sur certains cadrans d'horloge.L'exercice et le corrigé suivants vous apprendront certaines notions de base.Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, consultez l'article chiffres romains. Vous trouverez également un tableau sommaire des chiffres romains à la fin du corrigé de ce jeu.1. Quelle est la valeur numérique du chiffre romain « L »?1005502. À quel nombre correspond « XV » dans la phrase suivante : « En vertu de la partie XV de l'annexe III de la Loi... »?1540553. Quand je me suis réveillée, la petite aiguille de ma montre pointait vers le « IIII », et la grande aiguille, vers le « XII ». Quelle heure était-il?4 h 124 h16 h 124. À quel nombre correspond « XXI » dans la phrase suivante : « Les XXIes Jeux olympiques ont eu lieu à Montréal en 1976 »?2151115. À quel nombre correspond « LX »?51015606. Comment écrit-on 455 en chiffres romains?CCCCLVCDLVCDLIIIII7. Écrivez « 19e siècle » en chiffres romains.XVIIIIe siècleXIXe siècleIXe siècle8. À quel nombre correspond « DCLXVI »?6669664669. Trouvez la valeur numérique de « MDXCI ».19111591144110. Comment écrit-on 1705 en chiffres romains?MCCMVMCCM0VMDCCV  
Source : Jeux du Portail linguistique du Canada

Écriture des nombres : en chiffres ou en lettres

Jeu portant sur l’écriture des nombres dans lequel on doit choisir si un nombre s’écrit en chiffres et en lettres dans les cas présentés. Certaines situations exigent qu’on écrive les nombres en chiffres, en lettres ou à la fois en chiffres et en lettres. Dans d’autres cas, les deux façons de faire sont possibles!Dans les phrases suivantes, choisissez la façon la plus appropriée d’écrire les nombres.1. J’ai déjà imprimé 40 copies du document, mais j’ai besoin de de plus.10 copiesdix copiesdix (10) copies2. des participants à cette étude utilisent un ordinateur, 29 % utilisent une tablette et 26 % se servent d’un téléphone intelligent.45 %Quarante-cinq pour centles deux sont corrects3. Il y avait environ au spectacle hier.50 000 personnescinquante mille personnesles deux sont corrects4. Il n’y est pas allé par pour dénoncer les défauts du rapport.4 cheminsquatre cheminsles deux sont corrects5. À l’article 3.1 du contrat, on peut lire : « La livraison devra être effectuée dans les qui suivront la commande. »trois mois3 moistrois (3) mois6. Rio de Janeiro et Paris comptent un peu plus de .douze millions d’habitants12 millions d’habitantsles deux sont corrects7. Le trajet a duré près de .six heures et demie6 h 306 h et demie8. Elle habite sur le boulevard du depuis seulement deux mois.Premier-Juillet1er-Juilletles deux sont corrects9. J’ai acheté du sirop d’érable canadien pour l’offrir à mes amis de la France.100 %cent pour centcent pour cent (100 %)10. Il avait une faim de loup! Il a mangé les de la pizza!trois quarts¾les deux sont corrects  
Source : Jeux du Portail linguistique du Canada

4 différences entre les règles d’écriture de l’anglais et du français

Billet de blogue en français présentant quelques différences entre les règles d’écriture de l’anglais et du français. Les règles d’écriture sont essentielles au discours. Une simple virgule, par exemple, peut changer le sens d’une phrase du tout au tout. Le choix entre une minuscule et une majuscule au début d’un mot peut transformer complètement le message. Quand on rédige un texte dans notre deuxième ou troisième langue, comment éviter ces impairs qui peuvent déformer nos propos? Aujourd’hui je vous présente quatre différences entre les règles de ponctuation et de typographie de l’anglais et du français – quatre différences qui peuvent tout changer! La virgule et l’énumération Devant le « et » qui précède le dernier élément d’une énumération, l’usage de la virgule diffère d’une langue à l’autre. En français, cet usage est peu fréquent. La virgule sert surtout à mettre l’accent sur le dernier élément de l’énumération. En anglais, cet usage est encore assez répandu, même s’il serait de moins en moins préconisé, selon certaines sources. La virgule peut servir à mettre l’accent sur le dernier élément de l’énumération. Elle peut aussi ne pas avoir de fonction particulière, comme dans l’exemple ci-dessous. Exemples d’utilisation ou non de la virgule avant le dernier élément de l’énumération, en anglais et en français Anglais Français They’re bringing bread,virgule cheese and a cake. Ils apportent du pain,virgule du fromage et un gâteau. They’re bringing bread,virgule cheese,virgule and a cake. Ils apportent du pain,virgule du fromage,virgule et un gâteau (l’accent est mis sur le gâteau). La virgule et les nombres Dans les nombres, la virgule s’utilise de façon complètement différente dans une langue et dans l’autre. En français, la virgule indique les décimales. En anglais, la virgule peut séparer les triades. C’est le point qui est utilisé pour indiquer les décimales. Exemple d’utilisation de la virgule dans les nombres, en anglais et en français Anglais Français 9,123,456.78Le nombre 9 millions 123 mille 456 et 78 s’écrit en anglais neuf virgule cent vingt-trois virgule quatre cent cinquante-six point soixante-dix-huit 9 123 456,78Le même nombre s’écrit en français neuf espace cent vingt-trois espace quatre cent cinquante-six virgule soixante-dix-huit C‘est donc dire que les éléments suivants ne correspondent pas aux mêmes nombres selon qu’ils sont considérés en français ou en anglais : 2,197Deux virgule cent quatre-vingt-dix-sept km (environ 2 km en français et 2 197Deux milles cent quatre-vints-dix-sept km en anglais) 56,687Cinquante-six virgule six cent quatre-vingt-sept dollars (environ 57 $ en français et 56 687Cinquante-six mille six cent quatre-vingt-sept $ en anglais) 9,264Neuf virgule deux cent soixante-quatre s (environ 9 secondes en français et 9 264Neuf mille deux cent soixante-quatre secondes en anglais) Quand je vous disais qu’une simple virgule pouvait tout changer! Le tiret Ah! le tiret. Si polyvalent en anglais… mais beaucoup moins en français. Pour faire simple, en français, le tiret est le plus souvent utilisé pour mettre un passage en valeur. Autrement, dans presque tous les autres cas, on y préférera un autre signe de ponctuation. Exemples d’utilisation du tiret, en anglais et en français Anglais Français I thought he would bring peanuts—tiret longbut no. Je pensais qu’il apporterait des arachides –tiret mais non. He is –tiret court as I recall –tiret court allergic. Il est –tiret si j’ai bonne mémoire –tiret allergique. I did not see her—tiret longI left before she arrived. Je ne l’ai pas vue :deux-points je suis partie avant qu’elle arrive. But then guess what –tiret court the sun came out! Mais alors devinez quoi…points de suspension il s’est mis à faire soleil! Je souhaite attirer l’attention sur le fait qu’en anglais, le tiret court avec espace de part et d’autre peut remplacer le tiret long sans espace. La majuscule Dans les noms propres ou les appellations officielles, l’anglais utilise beaucoup plus la majuscule que le français. Voici la règle (très brièvement résumée) : En français, il y a une majuscule au premier nom, et au besoin, à l’adjectif qui le précède. En anglais, il y a une majuscule à tous les mots (sauf à certains articles et à certaines prépositions et conjonctions). Exemples d’utilisation de la majuscule dans les noms propres, en anglais et en français Anglais Français Let’s celebrate National Child Day.majuscule à National, à Child et à Day Soulignons la Journée nationale de l’enfant.majuscule à Journée seulement I’m reading the book Friend of My Youth.majuscule à Friend, à My et à Youth Je lis le livre Amie de ma jeunesse.majuscule à Amie seulement The First World War is also known as the Great War.majuscule à First, à World et à War ainsi qu’à Great et à War La Première Guerre mondiale est surnommée la Grande Guerre.majuscule à Première et à Guerre ainsi qu’à Grande et à Guerre Pour illustrer l’importance de cette convention, je vous invite à comparer les deux phrases suivantes : Les Chantiers maritimes de Gaspémajuscule à Chantiers embauchent de nombreuses personnes (on parle d’une entreprise dont le nom est « Chantiers maritimes de Gaspé »). Les chantiers maritimes de Gaspéminuscule à chantiers embauchent de nombreuses personnes (on parle de l’ensemble des chantiers maritimes de Gaspé). Le site du Portail linguistique renferme toute une série de jeux sur la ponctuation et la typographie, et ce, dans les deux langues officielles : Jeux sur les règles d’écriture (s’ouvre dans un nouvel onglet). Par ailleurs, si vous vous intéressez aux distinctions de tous types à faire entre les deux langues, cet autre billet pourrait vous plaire : 3 différences stylistiques entre l’anglais et le français (s’ouvre dans un nouvel onglet). Je vous invite à présent à poursuivre la discussion dans les commentaires : Quelle autre différence liée aux règles d’écriture avez-vous remarquée entre votre langue maternelle et votre deuxième ou troisième langue? Sources Voir les sources consultées CANADA. BUREAU DE LA TRADUCTION. Clés de la rédaction (s’ouvre dans un nouvel onglet). CANADA. BUREAU DE LA TRADUCTION. Peck’s English Pointers (s’ouvre dans un nouvel onglet) (en anglais seulement). CANADA. BUREAU DE LA TRADUCTION. Writing Tips Plus (s’ouvre dans un nouvel onglet) (en anglais seulement). QUÉBEC. OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE. Vitrine linguistique (s’ouvre dans un nouvel onglet).
Source : Blogue Nos langues (billets de collaborateurs et collaboratrices)

Traduire le monde : les unités monétaires

Un article sur la traduction des unités monétaires
André Racicot (L’Actualité langagière, volume 4, numéro 1, 2007, page 32) L’écriture des noms d’unités monétaires pose toute une série de problèmes. Tout d’abord, quel est le genre de taka, la devise bangladaise? La même question peut d’ailleurs se poser quant aux divisions des monnaies. Par exemple, le yen japonais se divise en 100 sen. Mais dit-on un ou une sen? Le lecteur attentif aura sûrement remarqué l’absence de la marque du pluriel dans 100 sen. C’est l’usage dans le cas des divisions moins connues, alors que les plus courantes s’accordent au pluriel, comme cents, centimes, centavos, etc. Pour connaître le genre et le pluriel d’une devise, ainsi que le nom de l’unité divisionnaire, il suffit de consulter le bulletin de terminologie 334 des Nations Unies. Pour compliquer un peu les choses, les noms de devises changent parfois. Évidemment, des unités comme le dollar états-unien ne sont pas près de disparaître. Un changement spectaculaire à ce chapitre est survenu lorsque des devises célèbres comme le mark allemand, le franc français et d’autres moins connues, le florin néerlandais par exemple, ont tiré leur révérence. Vive l’euro! D’ailleurs, l’avènement de la devise européenne a amené la création d’un nouveau symbole : €. Des symboles comme $, ¥ et £ sont courants tout en étant pratiques et permettent de ne pas écrire au long le nom de l’unité monétaire. Ils sont une bénédiction dans les tableaux comme dans les textes de longue haleine à saveur économique. Le langagier rompu à ce genre de textes finit un jour ou l’autre par découvrir qu’il existe une deuxième manière d’abréger les noms de devises. Celle-ci est d’ailleurs particulièrement déroutante. Il s’agit d’un code de trois lettres dont voici quelques exemples : le dollar états-unien devient USD; le won coréen KRW, la roupie indonésienne IDR et le tugrik mongol MNT. Heureusement, une simple recherche dans la Grande Toile permet de découvrir le code ISO 4217, de l’Organisation internationale de normalisation. Celui-ci se compose des deux lettres d’un autre code de l’organisation, le 3166, sur les noms de pays, auquel on ajoute généralement la première lettre de l’unité monétaire. Quelques exemples : la livre sterling : GBP, la roupie indienne : INR, le shiling du Kenya : KES. Le symbole de l’euro échappe toutefois à cette règle : EUR. D’après l’Ordre des comptables agréés du Québec, il semble que le code ISO 4217 se répand de plus en plus hors du domaine bancaire. D’ailleurs, l’Ordre estime que les symboles sont pratiques dans les textes comptables ou financiers. Il faut cependant admettre que, de ce côté-ci de l’Atlantique, ils sont peut-être moins courants et, surtout, moins compréhensibles. Le symbole GTQ, qui désigne le quetzal guatémaltèque, peut facilement dérouter. Évidemment, une recherche dans Internet permet de résoudre l’énigme. Il est en effet facile de trouver des sites qui reproduisent le code de la norme ISO 4217. On conviendra toutefois que les abréviations comme $CAN, $US et $A (Australie), sans compter celles de l’euro et du yen, sont autrement plus pratiques et courantes. D’ailleurs, le Bureau de la traduction en recommande l’utilisation, de même que l’Office québécois de la langue française. Ces abréviations rendent les textes nettement plus lisibles. Dans les écrits qui ne sont pas de nature financière, énoncer le nom d’une devise peut aussi être un bon moyen d’éviter l’utilisation de symboles parfois ténébreux, symboles qui viennent s’ajouter aux trop nombreux sigles qui encombrent maintenant les textes français.
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Prendre pour acquis

Un article sur l’expression prendre pour acquis
Jacques Desrosiers (L’Actualité terminologique, volume 31, numéro 1, 1998, page 13) Les disputes linguistiques portent en général sur des expressions dont l’emploi est très répandu mais que les dictionnaires refusent d’accueillir. Leurs partisans les défendent au nom de l’Usage, leurs détracteurs les rejettent au nom de la Norme. Ces disputes ressemblent à des querelles des anciens et des modernes, où les seconds accusent les premiers d’être ennemis de l’usage, lesquels ennemis se défendent en invoquant le « bon » usage. L’usage, dans ces chicanes, est comme les fleurs et le printemps : tout le monde est pour. Ce n’est pas tout à fait le cas d’un autre genre de querelles qui, pour être plus rares, ne manquent pas moins de piquant : elles portent sur des tournures qui non seulement sont fréquentes dans l’usage, mais en plus figurent en toutes lettres dans de respectables ouvrages, – et sur lesquelles on continue à s’acharner, en excommuniant à la fois usage et dictionnaires. Pensons à s’avérer faux dont il a été question dans L’Actualité terminologiqueNote de bas de page 1 et que certains considèrent encore comme une contradiction, alors qu’il est reçu par le Grand Larousse de la langue française, rien de moins, depuis un quart de siècle. Plusieurs sources soutiennent qu’avoir le meilleur sur quelqu’un est un calque inacceptable de to get the better of someone, mais l’expression figure dans le Trésor de la langue française (TLF), le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse (GDEL) et le Hanse, qui tous ignorent royalement l’objection que sa syntaxe serait fautive. La responsabilité de ne pourrait être suivi d’un infinitif, prétend-on : nous aurions le droit de dire la responsabilité de la gestion, mais non la responsabilité de gérer. Or le Grand Robert renferme plusieurs citations d’écrivains célèbres, comme Colette ou Jean d’Ormesson, qui commettent volontiers cette soi-disant fauteNote de bas de page 2. Paul Léautaud va jusqu’à écrire : On n’est pas plus responsable d’être intelligent que d’être bête (à l’entrée fier). Calques de l’anglais? On ne peut s’empêcher de penser à ce que disait le préfacier du Thomas à propos des néologismes, à savoir que ceux « adoptés par quelques bons écrivains […] ont de fortes chances de survivre à toutes les censures »Note de bas de page 3. Entre peut-être aussi dans la même catégorie l’un des « anglicismes » les plus répandus chez nous : prendre pour acquis. Tout le monde connaît par cœur l’article de catéchisme : ne dites pas prendre pour acquis, dites tenir pour acquis!  Prendre pour acquis est marqué d’infamie par à peu près tous les ouvrages normatifs publiés au Canada depuis les années 60, du premier Dagenais à la toute dernière édition du Multidictionnaire, en passant par Objectif : 200, le Dictionnaire de Darbelnet, le Colpron, tous les recueils d’anglicismes et manuels du bon parler sur le marché, les fiches Repères-T/R du Bureau de la traduction, les fiches de Radio-Canada, les logiciels de correction dernier cri et une foule d’autres documents qu’il serait fastidieux d’énumérer tellement la liste en serait longue, sans parler des sites Web consacrés aux anglicismes, des meilleurs comme celui de l’OLF, à d’autres moins connusNote de bas de page 4, où la probabilité que prendre pour acquis y figure, vissé sur le banc des accusés, est de cent pour cent. Prendre pour acquis, dit l’auteur du Dictionnaire des canadianismes, Gaston Dulong, est « à proscrire ». Un peu plus, et on croirait que son emploi est nocif pour l’environnement. Ses chances de survie semblent minces. Seule sa popularité, son emploi vivant dans le français de tous les jours peut expliquer qu’on continue à le condamner avec tant de vigueur. Peut-être craint-on qu’en le laissant entrer dans la langue, on ouvre la porte toute grande aux pires abus; ce serait le loup dans la bergerie. Mais faut-il vraiment garder le cadenas dans la porte? On peut émettre des doutes. Primo, prendre pour acquis n’est pas une spécialité locale. Il figure dans le TLF depuis dix ans, sagement intercalé entre prendre ses désirs pour des réalités et prendre qqch. pour argent comptant, avec une citation de Maurice Merleau-Ponty remontant à 1945Note de bas de page 5. On dira que le TLF est un dictionnaire descriptif et non normatif, les auteurs prennent pourtant bien soin de souligner dans la préface que « toute collaboration élaborée [telle qu’un dictionnaire] vise à l’adhésion du destinataire » et que « les exemples, en même temps qu’ils sont des preuves, sont aussi des modèles d’énoncés analogues »Note de bas de page 6. La grammairienne Madeleine Sauvé l’avait aussi relevé il y a une vingtaine d’années (sans l’entériner) sous la plume d’Alain Rey, responsable de la rédaction des dictionnaires RobertNote de bas de page 7. Il figure dans le Robert québécois d’aujourd’hui, qui le traite comme un parfait synonyme de tenir pour acquis, mais ce dictionnaire-là, bien sûr, on le consulte en cachette… Certains reprocheront à Merleau-Ponty d’avoir commis une faute, à Alain Rey d’avoir eu un moment d’inattention, au TLF son manque de prudence, au Robert québécois son laxisme douteux… Mais quand on voit une expression circuler à gauche et à droite pendant un demi-siècle, on peut se demander s’il est encore possible de la faire disparaître, surtout si elle en vient à faire partie du bagage linguistique d’auteurs dont le français est soigné, comme le philosophe québécois Michel Morin qui écrit : l’individu… […] a pris pour acquis que son avènement à l’Humanité passait par ce que la Culture lui proposaitNote de bas de page 8, ou l’essayiste français Gerald Messadié qui s’en approche en écrivant : Et l’on a vu se constituer ainsi un « athénocentrisme » qu’on prenait pour un fait acquisNote de bas de page 9. Secundo, si l’on peut concéder que prendre pour acquis est plus particulièrement fréquent dans le contexte général de la traduction, où il faut souvent rendre to take for granted, on peut en dire autant de tenir pour acquis. Ce n’est pas un tour si courant en français. Sa syntaxe est bien sûr irréprochable. Mais il faut se forcer un peu pour l’employer; il a quelque chose d’endimanché qui se porte mal le reste de la semaine. Il est d’ailleurs cocasse de constater que ceux qui accusent prendre pour acquis d’anglicisme nous enjoignent d’employer à sa place « l’expression » tenir pour acquis. Car, en dehors des ouvrages normatifs, cette prétendue « expression » n’apparaît que dans le GDEL et le Lexis. Comment une « expression » française peut-elle être parfaitement ignorée par le Petit Robert, le Grand Robert, le Petit Larousse, le Grand Larousse, le Trésor de la langue française, le Logos-Bordas, le Dictionnaire du français plus, bref par la majorité des dictionnaires français? Alors qu’on croit avoir découvert qu’à l’anglais to take for granted correspond en français, par une coïncidence dans l’évolution de la langue, une expression toute faite et comme tombée du ciel, on finit par se demander si elle n’a pas été promue artificiellement au rang d’expression figée pour contrer l’autre. Tout se passe comme si on avait édicté un commandement : to take for granted tu traduiras toujours par tenir pour acquis! La correspondance entre les deux est si forte que chaque fois qu’on voit l’un dans l’anglais, on peut être sûr que la traduction nous servira l’autre; et, inversement, quand tenir pour acquis apparaît dans un texte français, on peut souvent gager qu’on est en train de lire une traduction et non un original. C’est du moins ce que j’ai constaté dans le compte rendu des Débats de la Chambre des communes. Lorsqu’on y lit, le 8 octobre 1997, dans une intervention du ministre Pierre Pettigrew : Je prends pour acquis que les députés connaissent bien leur comté, il suffit de remonter un peu pour voir que nous sommes dans un passage coiffé de la mention [Français]. Quand, le même jour, on y lit que Le Canada peut tenir pour acquis qu’en toute circonstance un véritable gouvernement dirigera le pays, on découvre vite qu’il s’agit d’une [Traduction]. J’ai été frappé de le relever sous la plume du journaliste Gilles Lesage, qui écrivait dans sa revue de la presse anglophone dans Le Devoir du 22 octobre 1996 : tenant pour acquis qu’une autre majorité libérale était déjà dans le sac; mais j’ai aussitôt constaté qu’il traduisait dans ce passage un article du Toronto Star. Pourtant, dans leur partie anglais-français, les dictionnaires bilingues, eux, ne traduisent pas to take for granted par tenir pour acquis. Ils proposent des tournures traditionnelles comme « considérer que qqch. va de soi, tenir pour certain ou établi, être convaincu » (Grand dictionnaire français-anglais/anglais-français de Larousse), « considérer comme allant de soi ou admis, tenir pour certain » (Robert & Collins Super Senior), « considérer qqch. comme admis ou comme convenu » (Harrap’s Shorter), « considérer qqch. comme allant de soi » (Hachette-Oxford), « considérer comme admis » (Password). Les bilingues recourent aux ressources générales du français. Il est étonnant que, dans leur partie français-anglais, le Harrap’s, le Robert & Collins et le Hachette-Oxford redécouvrent par magie tenir pour acquis, qu’ils rendent alors par to take for granted. De fait, l’usage de nombreux locuteurs est hésitant : on connaît tenir pour acquis, mais on ne peut s’empêcher d’employer prendre pour. Dans un discours prononcé à Laval en octobre 1996, le PDG de la Banque de développement du Canada affirme que l’avenir ne peut plus être pris pour acquis, puis, quelques minutes plus tard, comme pour se reprendre, il parle d’une vue à court terme, où l’avenir est tenu pour acquisNote de bas de page 10. Même indécision dans ce texte de l’Ordre des comptables agréés du Québec : nous tenons pour acquis que […] ce pourcentage et si on prend pour acquis que la TVQ sera harmonisée avec la TPSNote de bas de page 11… On a beau déraciner prendre pour acquis, il repousse toujours. En dernier recours, les durs de durs parmi les puristes invoqueront des arguments sémantiques et syntaxiques contre prendre pour acquis. Ils soutiendront que tenir pour et prendre pour n’ont pas le même sens : les deux veulent dire « considérer comme », mais prendre pour connote souvent une idée de méprise, comme le souligne le Dictionnaire historique de la langue française (établi par Alain Rey!). Prendre quelqu’un ou quelque chose pour, c’est « regarder à tort comme étant», dit encore le Grand Larousse. En somme, prendre pour acquis ne devrait pas tant son allure suspecte au fait qu’il soit un calque de l’anglais – après tout, tenir pour acquis n’est pas beaucoup plus éloigné du mot à mot, il ressemble à son correspondant anglais comme deux gouttes d’eau, – qu’au fait que prendre une chose ou une personne pour implique qu’on se trompe, qu’on est victime d’une confusion. Pensons à des tournures comme pour qui se prennent-ils?, je l’avais prise pour une autre, ils prennent des vessies pour des lanternes. Autrement dit, prendre pour est péjoratif. C’est justement parce qu’ils lui avaient donné un sens positif inattendu que les soixante-huitards avaient obtenu un si bon effet de style en écrivant sur les murs de Paris : Prenez vos désirs pour des réalités! Il importe de retenir que l’idée de méprise n’est pas obligatoire : le Robert historique dit bien qu’elle est « souvent » présente. Dans cet exemple du TLF, prendre pour a plus le sens neutre d’« interpréter » ou de « considérer comme » que celui de « se tromper » : Il la prie de sécher ses larmes, qui pourraient être prises pour un augure sinistre par ses guerriers. Il faut rappeler que prendre pour a longtemps été construit dans la langue classique sans l’idée de méprise, avec exactement le même sens qu’aujourd’hui tenir pour, comme dans prendre pour bon ou encore dans ces exemples, de Montaigne (XVIe s.) et de Rousseau (XVIIIe) respectivement, que donne le Grand Robert : nous prendrions pour certain l’opposé de ce que dirait le menteur et je le prenais tout de bon pour raisonnable. Calques de l’anglais? Du côté de la syntaxe, on opposera que prendre pour acquis est mal construit, étant donné qu’au contraire de tenir pour, prendre pour peut se faire suivre d’un substantif ou d’un pronom, mais non d’un adjectif comme acquis. Mais cette objection est superficielle : les emplois de la langue classique que l’on vient de citer montrent que prendre pour s’est longtemps fait accompagner d’adjectifs. Si prendre pour acquis et tenir pour acquis continuent à se regarder en chiens de faïence, leur face à face risque de durer longtemps. Personne n’a l’autorité pour décider seul; c’est l’usage qui tranchera, et ce qu’en feront les grands dictionnaires : ou bien ils accueilleront prendre pour acquis, ou bien ils l’écarteront pour de bon au profit de tenir pour acquis. Peut-être les deux tournures disparaîtront-elles pour laisser la place à des formulations traditionnelles comme considérer comme acquis. J’ai quand même l’impression que prendre pour acquis s’imposera avec le temps, si ce n’est déjà fait. L’acharnement linguistique à maintenir tenir pour acquis en vie ne devrait pas susciter trop d’espoir. Il faudrait le faire avaler de force aux bilingues, avertir les Merleau-Ponty et autres Alain Rey que prendre pour acquis n’est pas français, écrire aux auteurs des grands dictionnaires comme le Grand Robert, le Trésor de la langue française, le Grand Larousse et quelques autres, sans oublier l’Académie française, pour leur signaler qu’ils ont négligé d’inscrire dans leurs pages cette juteuse expression qu’est tenir pour acquis. En somme, il faudrait presque avoir une dent contre l’usage. Références Note de bas de page 1 L’Actualité terminologique, vol. 30, nº 2, 1997. Retour à la référence de la note de bas de page 1 Note de bas de page 2 Une responsabilité écrasante pèse sur vous tous, – celle de protéger, de prolonger, d’embellir ma scintillante, ma précieuse petite vie d’elfe (Colette, citée au mot écrasant dans le Grand Robert). Bon nombre d’historiens […] ont la responsabilité assez lourde d’avoir contribué à cette contagion (d’Ormesson à enticher). Pauline prenait la responsabilité de modifier les chiffres (Jacques Chardonne, à faux). Retour à la référence de la note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Cité par Jacqueline Bossé-Andrieu, « Entre la norme et l’usage (suite et fin) », L’Actualité terminologique, vol. 30, nº 3, p. 21. Retour à la référence de la note de bas de page 3 Note de bas de page 4 Voir entre autres VOCOR (www.ntic.qc.ca/cscantons/vocor/Vocor_page_1.html), Sans faute! De Planète Québec (planete.qc.ca/chroniques-de-langue/sdl/sdl6.htm) ou les téléinformations linguistiques des HEC (www.hec.ca/servco/telep.htm). Retour à la référence de la note de bas de page 4 Note de bas de page 5 « Il y a une conception objective du mouvement qui le définit par des relations intramondaines, en prenant pour acquise l’expérience du monde. » Retour à la référence de la note de bas de page 5 Note de bas de page 6 TLF, vol. 1, p. XVI. Retour à la référence de la note de bas de page 6 Note de bas de page 7 Le célèbre lexicographe écrivait, parlant de Furetière : « sans mépriser les indications qu’il y trouve, le biographe ne doit rien prendre pour acquis de ce texte ». Cité par Madeleine Sauvé, Observations grammaticales et terminologiques, fiche nº 108, octobre 1978, p. 4. Retour à la référence de la note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Mort et résurrection de la loi morale, Montréal, Hurtubise HMH, 1997, p. 28. Retour à la référence de la note de bas de page 8 Note de bas de page 9 Histoire générale de Dieu, Paris, Robert Laffont, 1997, p. 279. Retour à la référence de la note de bas de page 9 Note de bas de page 10 www.bdc.ca/site/francais/right/gallery/down.html. Retour à la référence de la note de bas de page 10 Note de bas de page 11 www.ocaq.qc.ca/francais/biblio/comifisc/Que01_97.htm. Retour à la référence de la note de bas de page 11
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Mots de tête : « à ou ou? »

Un article sur l’expression le choix de à ou ou entre deux nombres
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité langagière, volume 6, numéro 3, 2009, page 12) Il y a cinq à six morts par mois. (Rolande Allard-Lacerte, Le Devoir, 10.6.92) C’est sans doute de mon intérêt pour les oiseaux que m’est venue l’idée de ce billet. À force de lire dans les guides que la femelle pond « 3 à 4 œufsNote de bas de page 1 », « 4 à 5 œufsNote de bas de page 2 » ou « six à sept œufsNote de bas de page 3 », j’ai fini par m’interroger sur la condamnation dont cet usage fait l’objet. Ce tour est condamné depuis longtemps, aussi bien chez nous qu’en France. Ici, Raoul RinfretNote de bas de page 4 énonce la règle dès 1896 : « Entre deux nombres consécutifs, il faut employer la conjonction ou lorsque le substantif qui suit est indivisible, et à s’il est divisible : Il y avait sept ou huit personnes. Il y a cinq à six lieues. » Quelques années plus tard, l’abbé BlanchardNote de bas de page 5 se contentera de rappeler la forme fautive à éviter. En France, la condamnation émanerait de l’Académie elle-même, d’après le vieux Clifton-GrimauxNote de bas de page 6. À la suite de l’exemple « Sept à huit chevaux, seven or eight horses », les auteurs ajoutent : « In such phrases as this last, the French Academy condemns the use of à and recommends ou instead of it, because the objects in question are indivisible units. » C’est effectivement ce qu’on trouve à partir de la 6e édition (1835) du dictionnaire : « À se place aussi entre deux nombres consécutifs lorsqu’ils se rapportent à des choses qui peuvent se diviser par fractions. Deux à trois livres de sucre. On dit, Cinq ou six personnes, et non, Cinq à six personnes. » Depuis, bien des ouvrages ont emboîté le pas, notamment un Ne dites pas… Mais dites… de 1926 : « À ne s’emploie dans les évaluations que quand la quantité dont il s’agit peut être fractionnéeNote de bas de page 7. » Et les dictionnaires des difficultés plus récents, comme le fameux ThomasNote de bas de page 8 : « Placé entre deux nombres, à laisse supposer une quantité intermédiaire qui peut être fractionnée. » Jean-Paul ColinNote de bas de page 9 dit la même chose : « Il faut employer à si l’écart entre deux unités indivisibles est supérieur à deux, et employer ou dans le cas contraire : cinq ou six acteurs en face de quinze à vingt spectateurs. » Il reconnaît que de bons écrivains l’emploient souvent, mais « à tort ». Maurice GrevisseNote de bas de page 10 a consacré à ce problème un bel article dont je vous recommande la lecture. Il cite plusieurs grands auteurs qui font cette « faute » : Voltaire (Essai sur les mœurs), Stendhal (Henry Brulard), Flaubert (L’Éducation sentimentale), Maurice Barrès (Jardin de Bérénice). Il signale aussi que Bescherelle (l’auteur du Dictionnaire universel de la langue française) est d’avis quant à lui qu’on peut dire « sept à huit femmes » ou « sept ou huit femmes », selon ce qu’on a en tête. Dans le premier cas, le nombre monte peut-être à sept et tout au plus à huit; dans le second, il y avait peut-être sept femmes, peut-être huit… Comme dit Grevisse, « la distinction est subtile ». Outre ces exemples, j’en ai trouvé plusieurs, dont un qui est antérieur de quelques années à celui de Voltaire, chez l’auteur de Gil Blas : « Je fus à peine arrivé que sept à huit domestiques parurentNote de bas de page 11. » Louis-Sébastien MercierNote de bas de page 12 parle de « cinq à six complaisants subalternes ». Ferdinand BrunotNote de bas de page 13, dans son histoire monumentale de la langue, cite un document de 1809 : « les pots-de-chambreAller à la remarque a, cabriolets à deux roues, où six à sept personnes peuvent tenir ». Un futur académicienNote de bas de page 14 n’est pas loin de trouver que l’on s’entasse un peu trop dans « ces voitures de place, où on trouve le moyen de faire entrer sept à huit personnes ». Décidément, Stendhal avait un faible pour cette tournure. Outre les deux exemples de Grevisse et ceux du Trésor de la langue française (La Chartreuse de Parme et Lucien Leuwen), j’en ai trouvé un dans ses Mémoires d’un touriste : « il n’y a pas un banquier à Paris qui ne sache trouver sept à huit bons commisNote de bas de page 15 ». TocquevilleNote de bas de page 16, dans ses Souvenirs, ne la déteste pas non plus : « il avait été au nombre des sept à huit républicains ». Trois bons auteurs contemporains l’emploient : Louis GuillouxNote de bas de page 17 : « elle n’embaucherait pas plus de quatre à cinq ouvrières »; Henri CaletNote de bas de page 18 : « des logements de cinq à six pièces »; et Jean Giono, chez qui j’en ai trouvé trois exemples, dont celui-ci : « Je vois sept à huit maisons à peineNote de bas de page 19 ». Chez nous, avant que Rinfret ne l’épingle, nous commettions cette faute depuis au moins trente ans. Louis-Joseph Papineau l’emploie dans un discours prononcé devant l’Institut canadien en décembre 1867 : « les pertes furent trois à quatre dans les gros bataillonsNote de bas de page 20 ». Notre fameux pourfendeur d’anglicismes, Arthur Buies (Anglicismes et barbarismes), glisse les deux tournures dans la même phrase : « quatre à cinq chapelles protestantes et deux ou trois églises catholiquesNote de bas de page 21 ». Un dernier exemple québécois, qui nous ramène à mes oiseaux : « J’aperçus cinq à six de ces grands oiseauxNote de bas de page 22. » S’il est vrai que l’Académie condamne cet usage, il n’y en a plus trace dans les deux dernières éditions (8e et 9e) de son dictionnaire. On ne trouve que ceci (à ou) : « Avec des nombres consécutifs, on emploiera soit ou, soit de à, ou marquant davantage l’indétermination, de à posant la limite supérieure de l’évaluation : Il a écrit sur ce sujet quatre ou cinq pages remarquables. Vous rédigerez un compte rendu de quatre à cinq pages. » C’est la distinction subtile que faisait Bescherelle. Mais les 3e (1740) et 4e éditions (1762) nous réservent une agréable surprise : « À, entre deux noms de nombre, signifie environ. Ainsi on dit : Il y avoit six à sept femmes dans cette assembléeAller à la remarque b. » Dans la 5e (1798), on a étoffé un peu : « À, entre deux noms de nombre, signifie Entre ou environ. Ainsi on dit : Il y avoit six à sept femmes dans cette assemblée, pour dire, Il y avoit environ six à sept femmes. » Ce n’est donc qu’à partir de la 6e édition (1835) que cet usage est condamné. Ainsi, tous ceux qui ont usé de ce tour avant 1835 ne faisaient pas de faute. Comme celui qui écrit en 1833 : « chaque bâtiment est pourvu de 6 à 7 chaloupesNote de bas de page 23 ». Mais lorsque Stendhal écrit en 1839, « il se glissa entre sept à huit gros arbres » (Chartreuse), il en commet une? J’avoue que j’ai du mal à accepter qu’autant de gens soient aujourd’hui condamnés à faire une faute en préférant à à ou parce qu’il s’est glissé quelque puriste influent dans les rangs de l’Académie entre la 5e et la 6e édition… Je crois que si vous avez la patience d’attendre la 10e édition, l’Académie reviendra un jour à de meilleurs sentiments. En attendant, je laisse le mot de la fin à Grevisse : « comme il arrive chaque fois que des prescriptions syntaxiques offrent une certaine complication, l’Usage en prend à son aise et renverse, quand il lui plaît, les petites barrières des faiseurs de Ne dites pas… ». Amen. Remarques Remarque a  J’ai cru un moment que notre expression « la paix dans le pot de chambre » pouvait avoir comme origine le fait pour deux personnes de se retrouver en tête-à-tête dans ce genre de cabriolet, mais si six à sept personnes peuvent y tenir… Retour à la remarque a Remarque b  Littré est heureux que l’Académie ait changé d’avis dans sa 6e édition. Mais curieusement, en reprenant cet exemple, les « femmes » de l’assemblée sont devenues des « personnes »… Retour à la remarque b Références Note de bas de page 1  Jiri Felix, Les oiseaux aquatiques, Marabout, 1975, p. 52 (traduit du tchèque par Madeleine Gasnier). Retour à la référence de la note de bas de page 1 Note de bas de page 2  Ibid., Les oiseaux de mer et de rivage, Marabout, 1977, p. 88. Retour à la référence de la note de bas de page 2 Note de bas de page 3  Michel Van Havre, Observez les oiseaux, Marabout, 1980, p. 209. Retour à la référence de la note de bas de page 3 Note de bas de page 4  Dictionnaire de nos fautes contre la langue française, Cadieux & Derome, Montréal. Retour à la référence de la note de bas de page 4 Note de bas de page 5  Étienne Blanchard, Dictionnaire de bon langage, Montréal, s. éd., 1914. Retour à la référence de la note de bas de page 5 Note de bas de page 6  A New Dictionary of the French and English Language (français-anglais), Garnier, 1881. Retour à la référence de la note de bas de page 6 Note de bas de page 7  Étienne Le Gal, Ne dites pas… Mais dites…, Delagrave, 1926. Retour à la référence de la note de bas de page 7 Note de bas de page 8  Adolphe V. Thomas, Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse, 1956. Retour à la référence de la note de bas de page 8 Note de bas de page 9  Jean-Paul Colin, Dictionnaire des difficultés du français, coll. Les usuels du Robert, 1980. Retour à la référence de la note de bas de page 9 Note de bas de page 10  Problèmes de langage, 3e série, Duculot, 1964, p. 184-190. Retour à la référence de la note de bas de page 10 Note de bas de page 11  Alain René Lesage, Gil Blas de Santillane, Garnier-Flammarion, 1977, p. 477 (paru en 1745). Retour à la référence de la note de bas de page 11 Note de bas de page 12  Le tableau de Paris, FM/Découverte, 1979, p. 161 (chronique parue en 1781). Retour à la référence de la note de bas de page 12 Note de bas de page 13  Histoire de la langue française, tome X, 2e partie, Armand Colin, 1968, p. 899. Retour à la référence de la note de bas de page 13 Note de bas de page 14  Étienne de Jouy, L’hermite de la Guiane, t. 2, Pillet, Paris, 1816, p. 264. Retour à la référence de la note de bas de page 14 Note de bas de page 15  Mémoires d’un touriste, FM/La Découverte, p. 140 (paru en 1838). Retour à la référence de la note de bas de page 15 Note de bas de page 16  Alexis de Tocqueville, Souvenirs, Folio, p. 154 (écrits en 1850-51). Retour à la référence de la note de bas de page 16 Note de bas de page 17  Le pain des rêves, Folio, 1977, p. 466 (Gallimard, 1942). Retour à la référence de la note de bas de page 17 Note de bas de page 18  Le Croquant indiscret, Grasset, 1955, p. 126. Retour à la référence de la note de bas de page 18 Note de bas de page 19  Les Grands chemins, La Pléiade, t. V, 1980, p. 472 (paru en 1951). Retour à la référence de la note de bas de page 19 Note de bas de page 20  « Un testament politique », in Études françaises, vol. IX, nº 3, août 1973, p. 246. Retour à la référence de la note de bas de page 20 Note de bas de page 21  Chroniques canadiennes, Leméac, 1978, p. 276 (chronique datée d’octobre 1872). Retour à la référence de la note de bas de page 21 Note de bas de page 22  Jean-Charles Harvey, Des bois, des champs, des bêtes, Éditions de l’homme, 1965, p. 92. Retour à la référence de la note de bas de page 22 Note de bas de page 23  Paul Tiby, « Pêche de baleine », Dictionnaire de la conversation, Belin-Mandar, Paris, p. 150. Retour à la référence de la note de bas de page 23
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Mil aurait-il franchi ses derniers milles?

Un article sur les mots mil et mille
Christine Hébert et Christiane Melançon (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 1, 2003, page 16) « La langue française, pour la joie des nostalgiques et le tourment des écoliers, traîne son histoire avec elle. »  – Laurent Laplante. La Mémoire à la barreNote de bas de page 1. On serait tenté de croire que les voies grammaticales sont insondables, tant elles nous semblent parfois dénuées de toute logique. Ainsi en est-il du mot mil employé pour désigner les millésimes et de son proche parent, mille, dont la graphie capricieuse varie selon les auteurs et les situations. Le XXe siècle étant révolu, on peut dès lors se demander si le mot mil n’aurait pas franchi ses derniers milles. Au passage à l’an 2000, la graphie mil, encore d’usage, entre autres, dans les écrits littéraires et juridiques pour désigner une année de l’ère chrétienne, est disparue des textes servant à décrire le présent. Quand mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf a cédé la place à l’an deux mille, il a peut-être aussi serré la graphie mil parmi les usages du passé. Après un parcours de près de mille ans, le mot mil a-t-il tout bonnement terminé sa course? Pour répondre à cette question, il sera utile de retracer le chemin emprunté par mil au fil des siècles, afin d’en connaître les origines et de suivre l’évolution de la norme grammaticale qui s’y rattache. Les origines Ainsi que l’illustre le tableau qui suit, les formes mil et mille actuelles tirent leur origine de mille – singulier – et millia - pluriel. Leur invariabilité, qui semble aujourd’hui une excentricité grammaticale, suit pourtant la logique interne de la langue : mil, étant depuis toujours singulier, ne peut être multiplié, et mille (l’adjectif numéral) ne prend jamais de « s ». Origine des mots mil et milleNote de bas de page 2 Latin milia mīlle (singulier) millia (pluriel) Ancien français mil (XIe – XIIIe siècles) millie (1080) mile (1145) mille (1208) En outre, on peut se demander d’où vient le fait que mil et mille sont homophones [mil] malgré leur différence orthographique. Cela tient aussi à leur origine commune (milia), dont mille, à l’instar de mil, a conservé la prononciation [l] plutôt que [j]. C’est à cette homophonie qu’on doit la confusion qui règne depuis longtemps dans l’esprit des utilisateurs, qui emploient mil et mille presque indifféremment. Ainsi, on lira huit mil livres, l’année mille six cents trois ou cent milNote de bas de page 3. Il faudra attendre les XVIe et XVIIe siècles pour que les grammairiens songent à vouloir y mettre de l’ordre. Pour leur part, Vaugelas et Bouhours affirment que des expressions telles que je lui ai milles obligations et il m’a fait milles amitiés sont des erreurs très fréquentes chez les femmesNote de bas de page 4 [sic]. L’histoire nous apprend bien sûr que les femmes n’avaient pas l’exclusivité de ces écarts, que commettaient certains écrivainsNote de bas de page 5 et des imprimeursNote de bas de page 6 pressés d’aligner de longues séries de caractères. L’évolution de la norme Au début du XVIe siècle, le grammairien PalsgraveNote de bas de page 7 établit une règle voulant que mille soit de mise sauf quand il est question des années. Selon lui, il convient d’écrire mil dans toute phrase où le mot an précède immédiatement mil. Il ajoute que cette graphie s’emploie devant le mot hommes, par exemple, trois mil hommes. De leur côté, Oudin et RicheletNote de bas de page 8 décrètent que mil ne doit être utilisé que pour parler des années. C’est là une règle qui s’imposera dès le début du XVIIIe siècle. Vaugelas et Ménage font observer que mille « n’avoit point de plurielNote de bas de page 9 ». Leur mise en garde visait à corriger une erreur courante : mille évoquant l’idée du singulier, on écrivait souvent milles. Enfin, Ménage précise que mil ne sert qu’à désigner les années. L’usage contemporain Au XXe siècle, LarousseNote de bas de page 10 admet l’orthographe mille dans l’un et l’autre cas. En 1959, Grevisse maintient toutefois, à l’instar de l’Académie, la préférence pour mil dans les dates de l’ère chrétienne, quand celui-ci est suivi d’un ou de plusieurs nombres. Il faudra attendre le grammairien Joseph Hanse pour contester cette préférence de l’Académie et la déclarer « caduqueNote de bas de page 11 ». Divers ouvrages consultés, tant français que québécois, montrent toutefois que, jusqu’à l’an 2000, les deux graphies sont jugées acceptables. En toute logique, si l’année 2000 a sonné le glas de la graphie mil pour désigner le présent ou le futur, tout porte à croire qu’elle continuera, du moins un temps, d’exprimer le passé de l’ère chrétienne, au grand bonheur des nostalgiques. Et comme toujours, c’est l’usage qui en décidera. D’ailleurs, rares sont les mots dont la fin de parcours est fixée par les grammairiens plutôt que par l’usage. Références Note de bas de page 1  LAPLANTE, Laurent. La Mémoire à la barre, Montréal, Écosociété, 1999, p. 224. Retour à la référence de la note de bas de page 1 Note de bas de page 2  REY, Alain (dir.). Dictionnaire historique de la langue française, Paris et Montréal, DICOROBERT, 1992, p. 1244. Retour à la référence de la note de bas de page 2 Note de bas de page 3  HAASE, A. Syntaxe française du XVIIe siècle, 5eéd., Nouvelle édition traduite et remaniée par M. Obert. S.l., Librairie Delagrave, 1965, p. 116. Retour à la référence de la note de bas de page 3 Note de bas de page 4  Cité par HAASE, ibid., p. 117. Retour à la référence de la note de bas de page 4 Note de bas de page 5  BRUNOT, Ferdinand. La pensée et la langue. 3eéd., S.l., Masson et Cie, 1965, p. 122. Retour à la référence de la note de bas de page 5 Note de bas de page 6  HAASE, ibid. Retour à la référence de la note de bas de page 6 Note de bas de page 7  HAASE, ibid. Retour à la référence de la note de bas de page 7 Note de bas de page 8  HOUDIN et RICHELET. in BRUNOT, Ferdinand, op. cit. Retour à la référence de la note de bas de page 8 Note de bas de page 9  BRUNOT, Ferdinand, ibid. Retour à la référence de la note de bas de page 9 Note de bas de page 10  LAROUSSE. Larousse du XXe siècle, (6 vol. 1928-1933; suppl. 1953). Retour à la référence de la note de bas de page 10 Note de bas de page 11  Blampain, Daniel et Joseph Hanse. Nouveau dictionnaire des difficultés de la langue française, Bruxelles, Duculot, 2000, p. 359. Retour à la référence de la note de bas de page 11
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Les années quatre-vingt ou quatre-vingts?

Un article sur l’écriture de les années quatre–vingt(s)
(L’Actualité terminologique, volume 17, numéro 7, 1984, page 18) Les adjectifs numéraux dix, trente, quarante, cinquante, soixante sont invariables. Quand on veut désigner une suite d’années, une série, on recourt le plus souvent au chiffre : les années 30; cependant, en lettres, on écrit sans hésiter : les années trente. Il n’en est pas de même pour vingt qui varie en nombre. « Les années 20 », facile à écrire; « les années vingt » aussi; « les années 80 » encore; mais « les années quatre-vingt(s) »? La réponse n’est ni simple, ni évidente. Ouvrons la discussion par une citation d’André Martinet (Le français sans fard, collection SUP « Le linguiste », Presses universitaires de France, Paris, 1969, page 84) : L’existence, dans leur langue, d’une orthographe grammaticale représente, pour tous les francophones, un terrible handicap. Si le temps qu’on consacre, souvent en vain, à son acquisition était mis à profit pour autre chose, le Français ne serait peut-être plus le monsieur qui ignore la géographie et qui est si faible en calcul mental. L’apprentissage de règles aussi dénuées de fondement rationnel dans la langue contemporaine que celle de l’accord des participes passés après l’auxiliaire avoir contribue à entretenir chez lui un certain « juridisme », un goût pour l’abstraction gratuite qui paraît d’autant plus séduisante que ses fondements dans les faits n’apparaissent pas. Il l’éloigne de l’opération abstractive elle-même, passage du concret à l’abstrait par l’application du principe de pertinence, opération qui fonde la science. Ceci nous vaut des mathématiciens et des grammairiens, mais peu de physiciens et de vrais linguistes. Soyons donc en garde contre notre mentalité latine et française portée à s’offusquer de la jeune frondaison de l’arbre et à ignorer la forêt. Parfois, le mieux est l’ennemi du bien. Dans notre métier de rédacteur, de traducteur ou d’écrivain, le doute, autant que la modestie, est salutaire. L’humour aussi. Et cent fois, doutant de moi-même, je me reporte aux bons auteurs, à ceux dont les ouvrages ont fait leurs preuves. Votre remarque sur l’absence de s à la fin de « les années quatre-vingt(s) » a glissé le soupçon dans mon esprit. Alors j’ai consulté les auteurs, huit ou neuf. Pour ne pas fournir exagérément cette missive, je m’en tiendrai à trois autorités en la matière : Ferdinand Brunot, Grevisse et Dupré, qui résument fort bien l’interprétation générale. A. Ferdinand Brunot, dans La pensée et la langue, Masson et Cie, Paris, troisième édition revue, troisième tirage, 1965, page 121, traite d’abord des noms des dizaines; il rappelle notamment la coexistence, dans le français contemporain, des numérations a) d’origine latine (dix, vingt, trente, quarante, cinquante, soixante, et aussi septante, huitante ou octante, nonante) et b) d’origine celte, système de numération par 20 ou « système vicésimal » de… nos ancêtres les Gaulois, dont il reste notre quatre-vingts (on disait six-vingts, sept-vingts, onze-vingts, quinze-vingts, etc.). À noter que quatre-vingt-dix représente une combinaison des deux systèmes précédents. À vingt, on ajoutait dix. Et Brunot poursuit : Orthographe de vingt et cent. – Les règles actuelles, relatives à l’orthographe de vingt et de cent, étaient inconnues au XVIe et au XVIIe s. : Palsgrave déclarait seulement que vingt et cent restent invariables, quand ils ne sont pas multipliés, que sinon, ils prennent s. De même Meigret. Personne ne se souciait alors de savoir si un autre nom de nombre suivait; on écrivait quatre vingts et un, deux cents mille comme deux cents, etc. La règle moderne est une invention de la fin du XVIIe s., dont l’auteur n’a pas encore été retrouvé. Elle fut acceptée par les grammairiens de la fin du siècle, bien que l’Académie en 1762 l’ignorât encore. Elle a passé de là dans les manuels. Que perdrait-on à l’abandonner? La logique de la complexité inutile qui l’a emporté n’est pas immuable. Mais comment écrire « les années quatre-vingt(s) »? B. Grevisse, dans Le bon usage, Éditions du Renouveau pédagogique, Duculot, onzième édition revue, deuxième tirage, 1980, pages 445-446, note : Vingt et cent prennent un s quand ils sont multipliés par un autre nombre et qu’ils terminent l’adjectif numéral : quatre-vingts francs, […] à quatre-vingts pour cent, etc. Mais : quatre-vingt-deux francs. Quatre-vingt mille francs. (nº 873) Remarques : – 1. Vingt et cent, employés par abréviation pour vingtième et centième, sont invariables : Page quatre-vingt. (nº 874) Hist. – Vingt et cent, quoique invariables en latin, variaient ordinairement autrefois dans les multiples, même s’ils étaient suivis d’un adjectif numéral : Mil cinq cents quatre-vingts neuf […] – La règle actuelle, inventée au XVIIIe siècle, a été arbitrairement imposée par les grammairiens et par les manuels. (nº 875) Grevisse tout comme Brunot, est très critique à l’égard de règles grammaticales superfétatoires, et à la base fragile. Mais comment donc écrire « les années quatre-vingt(s) »? C. Dupré, dans l’Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, Éditions de Trévise, Paris, tome III, 1973, après avoir rappelé les règles mentionnées ci-dessus, cite le Dictionnaire de l’Académie : « Quatre-vingt s’emploie aussi comme adjectif numéral ordinal pour quatre-vingtième; dans ce cas il ne prend pas d’s. Page quatre-vingt. L’an mil huit cent quatre-vingt » (page 2143). Dupré cite ensuite le Littré : 2. Se prononce ka-tre-vin; l’s se lie : ka-tre-ving-z hommes. L’habitude de compter par vingt (six-vingts, sept-vingts), a fait traiter vingt comme cent, et mettre un s quand il est multiplié par un autre nombre. Cela se conçoit. Mais la suppression de l’s dans certains cas n’est qu’une abréviation orthographique et n’a rien de syntaxique. (Ibid.) Dupré conclut son étude ainsi : Les règles compliquées concernant la présence de s ou son absence dans les chiffres quatre-vingts et cent datent du XVIIIe siècle. L’usage dans la période antérieure était d’écrire toujours quatre-vingts et deux cents. Nos règles sont des inventions des grammairiens. Elles continuent à s’imposer dans l’usage tant graphique que phonétique du point de vue de la liaison. Quand l’s est absent, c’est-à-dire devant un nom de nombre, la liaison de la finale t avec le chiffre suivant commençant par une voyelle ne se fait pas : quatre-ving(t)-un, quatre-ving(t)-onze, alors qu’on prononce vingt et un; au contraire, quatre-vingts (z-) hommes, avec liaison. La règle selon laquelle il faut écrire quatre-vingts pages avec un s, et page quatre-vingt sans s dépasse les bornes de l’absurdité. Toute réforme éventuelle de l’orthographe devrait s’occuper de ce mot en priorité. (Ibid.) Si je reviens à ma question initiale, je peux répondre : l’usage actuel est d’écrire quatre-vingts années, mais l’année mil neuf cent quatre-vingt. Cependant, aucun auteur ne parle des années mil neuf cent quatre-vingt(s), ou des années quatre-vingt(s). Ma réponse, nuancée, est celle-ci : L’emploi de l’expression « les années quatre-vingt(s) » est récent; quelques années, quelques dizaines d’années au plus. En fait, on trouve presque toujours le nombre écrit en chiffres : « les années 80 » « les années 1980 ». Dans ce cas, pas de risque de se tromper! Mais l’expression est alors moins littéraire. L’expression étant récente et, surtout écrite en lettres, d’un emploi rare, on ne s’étonnera pas de n’en trouver aucune attestation dans les grammaires. Nous sommes dans le domaine de l’usage flottant. Ce qui veut dire qu’il est également juste d’écrire les années quatre-vingt ou quatre-vingts. Autre exemple : le mot « medium » a, aujourd’hui, comme pluriel le plus fréquent « médias », mais il a fallu des années avant que l’usage écarte progressivement les formes concurrentes « media », « média » ou « medias ». Dans le cas qui nous concerne, nous saurons mieux dans dix ans la tendance de l’usage. On peut justifier l’absence d’s en disant que « les années quatre-vingt » forme une série plus ordinale que cardinale; on parle dans ce cas de la série d’années comprises entre 1980 et 1989, la série des années « quatre-vingtièmes », précédée de la série des années « soixante-dixièmes » ou « années soixante-dix » et suivie de la série des années « quatre-vingt-dixièmes » ou « années quatre-vingt-dix ». On notera que la difficulté ne se pose pas pour les années soixante-dix ou soixante, ces mots étant invariables. On peut justifier la présence de l’s en disant que, dans « les années quatre-vingts », quatre-vingts est adjectif numéral cardinal, non adjectif numéral ordinal; en effet, si on peut dire la « mil neuf cent quatre-vingtième année » (l’année 1980), on peut parler des « mil neuf cent quatre-vingtièmes années » (les années 1980). Contrairement à la série qui est unique, justifiant ainsi le singulier (l’unique intervalle compris entre 1980 et 1989), ici, les dix années comprises entre 1980 et 1989 sont considérées individuellement : les années quatre-vingt + quatre-vingt-un + quatre-vingt-deux +… quatre-vingt-neuf = les dix années quatre-vingts. On notera que l’anglais est bien plus souple et simple : « the 80’s », «  the 1980’s », « the eighties »; aucun embarras. Il y a quelque temps, ma préférence allait au pluriel, avec s : « les années quatre-vingts ». Cependant, ce n’était qu’une préférence, prête à céder devant l’usage; car, en matière de langue, l’usage fait loi. Mes consultations portaient sur des livres, mais aussi auprès des locuteurs avertis et des usagers ordinaires. Je n’arrivais pas à trouver d’attestation qui ferait pencher la balance. Depuis quelques mois, j’ai rencontré deux occurrences de l’expression « les années quatre-vingt », et l’une et l’autre sans s, dans : Benjamin Damelincourt, « À la gloire de la consommation », in Presse Actualité (Paris), nº 178, décembre 1983, page 41. « La science des années quatre-vingt », in Encyclopaedia Universalis, Universalia 1983, pages 140 et 142. Je serais heureux de bénéficier des observations des lecteurs, pour renforcer ces attestations qui pourraient bien indiquer la tendance de l’usage. D’autre part, comme les bons auteurs sont unanimes à trouver aberrantes les règles compliquées et artificielles du pluriel des nombres, décidées par des théoriciens et que nous, praticiens, perdons souvent du temps à nous interroger sur des accords au fondement douteux, pour ces diverses raisons, aujourd’hui, prudemment, je penche pour l’usage du singulier, avec toutes les précautions qu’exige l’étude d’une langue, domaine relatif des sciences humaines. J’écrirais donc plutôt : « les années quatre-vingt »Aller à la remarque a. « Quatre-vingt(s) : Ce chiffre ne s’écrit « quatre-vingt » (sans s) que s’il est suivi d’un autre adjectif numéral. Exemple : quatre-vingt-deux. On écrira : quatre-vingts millions (substantif), mais : quatre-vingt mille francs. Règle superbement ignorée au Crédit suisse, par exemple, dont le directeur principal a publié récemment un article intitulé « La politique de placement dans les années quatre-vingt ». . . Quant à M. Jeker, membre de la Direction générale, il publie un livre (!) intitulé « Les banques suisses dans les années quatre-vingt ». . . » L’indignation du grammairien rédacteur de la fiche devrait être plus modeste et nuancée. Et ce sont peut-être bien le Crédit suisse et M. Jeker qui ont raison. Remarques Remarque a   Défense du français (Lausanne), nº 200, mai 1980, publie la fiche suivante : Retour à la remarque a
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Comment courir un risque

Un article sur différents problèmes de traduction et de rédaction.
Jacques Desrosiers (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 3, 2010, page 21) Q. Une nouvelle traductrice me propose la traduction suivante à une question d’évaluation des stagiaires à un cours des Forces canadiennes : Quel est le principal risque de déplacer rapidement une victime? (What is the chief danger in moving a victim quickly?). Je lui ai proposé la correction suivante : Quel est le principal risque associé au déplacement rapide d’une victime? Elle me demande pourquoi sa formulation est incorrecte. Je lui ai donné des éléments de réponse, mais j’aimerais une explication claire, convaincante et pratique. R. Je suis tout à fait d’accord avec vous que quelque chose cloche dans la phrase de la traductrice et qu’il faut, comme vous l’avez fait, étoffer, c’est-à-dire bien articuler les éléments de la phrase pour que le sens soit clair. Pour voir ce qui ne tourne pas rond dans cette phrase, il suffit de la comparer avec des emplois courants de la construction risque de : risque d’incendie, risque de décès, risque de confusion, risque d’épidémie courir le risque de tomber, de perdre, de déplaire Qu’ont tous ces exemples en commun? Le complément du nom (d’incendie, de tomber, etc.) décrit le danger éventuel auquel on s’expose, et non l’action que l’on fait. Le verbe risquer se comporte de la même façon : il risque de pleuvoir, elle risque d’échouer. Dans la phrase du début, le risque qui est couru n’est pas de déplacer la victime, c’est par exemple celui d’aggraver son état. Le déplacement rapide de la victime est la cause, l’aggravation de son état la conséquence. Dans des contextes généraux, on parlera volontiers des risques du métier ou des risques de la guerre, c’est-à-dire des risques que comporte le métier ou la guerre. Mais avec l’infinitif, c’est le tour figé risque de, consigné dans les dictionnaires, que l’on perçoit dans la phrase. Le lecteur s’attend ainsi à voir énoncer le risque en question. Voilà pour l’usage. Du point de vue grammatical, du moins selon certains ouvragesAller à la remarque a, une construction infinitive comme l’espoir de réussir vient d’une construction avec complétive, par exemple l’espoir qu’il réussira. Lorsqu’il n’est pas nécessaire d’énoncer le sujet, on préfère l’infinitif. Au lieu de dire le risque que l’on aggrave l’état de la victime, on dit le risque d’aggraver l’état de la victime. Mais on ne dira jamais : le risque que l’on déplace rapidement la victime. On ne peut donc aboutir au tour : le risque de déplacer rapidement la victime. Des mille et des cents Q. Y a-t-il une règle concernant la façon de désigner verbalement une année : par exemple, doit-on dire « mille neuf cent quarante » ou est-il correct de dire aussi « dix-neuf cent quarante »? Quelqu’un m’a dit qu’à partir des années 1700, on devait dire « mille sept cent » et non « dix-sept cent ». Est-ce uniquement une question d’euphonie, donc une question plutôt subjective? R. Voilà une « règle » aux origines obscures, qui d’ailleurs ne concerne pas exclusivement les années, mais tous les nombres de 1100 à 1999. Règle d’autant plus étrange qu’elle varie d’un grammairien à l’autre. Divers ouvrages, dont le Grevisse, fixent en effet une frontière à 17 : l’usage préférerait seize cent mais mille sept cent. L’Académie française, elle, trace plutôt une ligne entre la langue écrite et la langue parlée, comme on le voit dans son dictionnaire en ligne, à l’entrée mille : Dans l’usage courant, au lieu de mille cent, mille deux cents, etc., on dit plutôt onze cents, douze cents, etc., jusqu’à dix-neuf cents : Onze cents francs, seize cents euros. En revanche, dans la langue écrite, et notamment dans un texte juridique, administratif ou scientifique, on préférera les formes : mille cent, mille deux cents, etc. Une somme de mille deux cent cinquante francs. Une superficie de mille cinq cents mètres carrés. Hanse jugeait pourtant équivalents il y a déjà trois lustres en mille neuf cent quarante et en dix-neuf cent quarante (3e édition de son Nouveau dictionnaire, 1994). Le Petit Robert ne fait aucune distinction, ni le Dictionnaire des difficultés du français d’aujourd’hui de PéchoinNote de bas de page 1. Quelques autres ouvrages comptent en centaines jusqu’à 16, puis laissent le choix au-delà. Je crois qu’il vaut mieux suivre Péchoin. Les exemples du Grevisse lui-même donnent à réfléchir : comme s’il s’amusait à contredire la règle, Stendhal écrit « mille cent cinquante francs » dans la Chartreuse de Parme et « dix-huit cent trente-six » dans sa correspondance. La langue écrite actuelle non plus n’est guère impressionnée. Jusqu’à 16, par exemple, les moteurs de recherche aujourd’hui donnent beaucoup moins de douze cents et quatorze cents que de mille deux cents et mille quatre cents, comme : L’Année du bac a été jouée plus de mille deux cents fois dans le monde, et traduite en une douzaine de langues.Le Monde, 18 novembre 2005 Je suis étonné de voir le Grevisse et le Hanse-Blampain (2005) soutenir que douze cents est plus fréquent que mille deux cents, alors que je constate exactement le contraire dans le bon usage. Et pour reprendre l’exemple de l’Académie plus haut, j’ai relevé une poignée seulement de douze cent cinquante contre une soixantaine de mille deux cent cinquante dans la bonne presse européenne, par exemple : QUATRE volumes, mille deux cent cinquante pages consacrées aux liens tissés puis défaits entre histoire savante, science religieuse et monarchie administrative.Le Monde, 17 février 1989 À partir de 17, inversement, cent est loin d’être absent de la langue écrite. Ainsi sous la plume de Michel Vastel dans le Soleil : Elle tenait un langage de vieux contestataire des années dix-neuf cent quelque chose. 21 février 2000 Et d’une journaliste du Monde : La plus grande part des résidus des entreprises, soit 40 millions de tonnes par an, sont mises en dépôt dans environ dix-sept cent cinquante décharges privées. 24 janvier 2002 La dernière édition du Bon usage faite par Maurice Grevisse lui-même (1980) précisait : « on dit indifféremment : mil sept cent… ou : dix-sept cent ». Dans les éditions ultérieures, André Goosse a fait sauter « on dit indifféremment », s’en tenant comme l’Académie au critère langue écrite/langue parlée, à partir de 17 : mille quand on écrit, cent quand on parle. On a vu que cette préférence de l’usage n’est pas évidente. Il est bien possible que, dans certains contextes, mille soit senti comme plus soigné, quel que soit le chiffre. Mais ce n’est pas une raison pour rétrograder cent à la langue parlée. L’euphonie joue sans doute un rôle. Si c’est le cas il n’y a pas de quoi inventer un interdit. On devrait garder la liberté de choix, quitte à fixer des balises dans certains contextes. Sinon, devra-t-on dire que Voltaire est né en seize cent quatre-vingt-quatorze et mort en mille sept cent soixante-dix-huit? Quand il y a deux façons de dire quelque chose, il ne s’ensuit pas que l’une est correcte, l’autre incorrecte. Le sens réel des mots Dans un article paru dans le numéro de décembre 2002 de L’Actualité terminologique (vol. 35, nº 4), j’ai traité de l’emploi des conjonctions de comparaison ainsi que, de même que et commeNote de bas de page 2. Mon propos était de montrer que ces conjonctions pouvaient très bien avoir une valeur de coordination. Par exemple, comme est l’outil de comparaison par excellence en français (la haine, comme l’amour, ne se nourrit que de la présence). Mais il peut aussi avoir une valeur d’addition ou de coordination, c’est-à-dire le sens de et (le chien comme le chat sont des mammifères) – ce que confirme d’ailleurs l’accord du verbe. La première rubrique de l’entrée comme dans le Petit Robert sépare nettement, dans deux sections distinctes, ces deux sens de la conjonction. Et dans mon article, pour illustrer la valeur de coordination, je reprenais justement l’exemple fourni par le Petit Robert dans la section « addition » : sur la terre comme au ciel. Or un réviseur perspicaceAller à la remarque b m’a signalé que le Robert a mis cet exemple à la mauvaise place, car dans cette expression comme ne peut exprimer l’addition. L’expression est tirée du passage que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, du célèbre Notre Père. Non seulement la conjonction employée dans le texte grec original de l’Évangile où apparaît cette prière exprimerait la comparaison, mais en plus, du point de vue de la bonne vieille théologie, il est inconcevable que l’être humain puisse demander que la volonté divine s’exerce dans la sphère céleste. La personne qui prie demande en fait que la volonté divine s’exerce sur la terre comme elle s’exerce déjà au ciel. Car, en langage théologique, la volonté divine s’exerce parfaitement dans la sphère céleste. En langage profane, demander que la volonté divine s’exerce dans le ciel dépasse le champ des compétences de la personne qui prie, et contredit des principes fondamentaux du christianisme. Comme n’a aucune valeur d’addition ici. C’est une pure comparaison. Il faudrait donc que l’exemple soit déplacé dans la section « comparaison ». Le réviseur et un de ses collègues ont déjà écrit à ce sujet aux éditeurs du Petit Robert. Ils attendent toujours une réponse. Souhaitons que leur prière soit exaucée. Remarques Retour à la remarque a Comme la Grammaire méthodique du français, 3e éd., de Riegel, Pellat et Rioul (Presses Universitaires de France, 1994). Retour à la remarque b André Pinard, du Groupe de traduction Masha Krupp, à Ottawa. Notes Retour à la note1 Larousse, 1998. Retour à la note2 Voir les « Chroniques de langue » sur le site de TERMIUM Plus®.
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

Règles d’écriture : à la française ou à l’anglaise?

Jeu dans lequel il faut trouver la bonne façon d'écrire la date, l'heure, les sommes, les pourcentages et l'abréviation de Monsieur/Mister, en français et en anglais. Certaines règles d'écriture, comme la façon d'écrire les nombres et les pourcentages, diffèrent en anglais et en français.Voyons si vous connaissez ces petites différences.1. Comment recommande-t-on d'écrire en chiffres « neuf heures et demie du soir » en français?9:30 p.m.9:30 PM21 h 3021:30 p.m.2. Comment recommande-t-on d'écrire en chiffres « neuf heures et demie du soir » en anglais?9:30 p.m.9:30 PM21 h 3021:30 p.m.3. Comment recommande-t-on d'écrire la date en français?15 Janvier, 2015Janvier 15, 201515 janvier, 201515 janvier 20154. Comment recommande-t-on d'écrire la date en anglais?15 January, 2015January 15, 201515 january, 201515 january 20155. Comment recommande-t-on d'écrire une somme d'argent en français?$5,123.45$ 5,123,455 123,45 $5,123.45$6. Comment recommande-t-on d'écrire une somme d'argent en anglais?$5,123.45$ 5,123,455 123,45 $5,123.45$7. Comment abrège-t-on le mot « Monsieur » en français?M.MrMr.8. Comment abrège-t-on le mot anglais « Mister »? M.MrMr.9. Comment recommande-t-on d'écrire un pourcentage en français?99.9%99,9%99.9 %99,9 %10. Comment recommande-t-on d'écrire un pourcentage en anglais?99.9%99,9%99.9 %99,9 %  
Source : Jeux du Portail linguistique du Canada

Écriture des nombres : espaces et symboles

Jeu dans lequel il faut déterminer si on doit mettre une espace dans un nombre ou avant un symbole. L’utilisation des espaces avec les nombres et les symboles nous laisse parfois perplexes.Voyons si vous saurez faire le bon choix dans les phrases suivantes.1. Bien que sa collection compte plus de timbres, il peut te les décrire dans leurs moindres détails.1200012,00012 0002. Près de coureurs ont pris le départ.15001,5001 5001500 ou 1 5003. Nous nous installerons bientôt au , boulevard des Jardins.15001,5001 5001500 ou 1 5004. À ce soir! On se retrouve chez Corinne à .9:30 p.m.21:3021h3021 h 305. Ces deux billets de spectacle m’ont coûté exactement . Une dépense un peu folle, mais qui en valait la peine!$350.01$350,01350.01$350,01 $6. Depuis sa dernière contravention, il respecte sagement la limite de vitesse de sur l’autoroute.100km/h100 km / h100 km/h100 km/ h7. Pendant la vague de chaleur, le mercure pourrait dépasser les .40°C40 ° C40 °C8. Lors du dernier sondage, des clients se sont déclarés satisfaits ou très satisfaits des services de l’entreprise.84%84 %9. Les mots suivis d’un astérisque (par exemple ) sont définis dans le glossaire. zeugme*zeugme *10. Joyeux 30e anniversaire!La phrase est correcte.On met une espace insécable entre le nombre et la lettre en exposant.  
Source : Jeux du Portail linguistique du Canada

Mots de tête : « premier » et « dernier »

Un article sur les mots premiers et derniers suivis d’un nombre
Frèdelin Leroux fils (L’Actualité terminologique, volume 15, numéro 7, 1982, page 9) « Dans tous les cas l’accent est mis sur les derniers vingt ans. » (Jacques Dufresne, Le Devoir, 6.12.80) « Récapitulons voulez-vous certains événements marquants de vos premiers cent jours de pouvoir. » (Solange Chaput-Roland, Lettres ouvertes à 13 personnalités politiquesNote de bas de page 1) En lisant ces deux phrases, le défenseur de la langue qui sommeille en vous aura vite fait de remettre l’adjectif numéral à sa place : « les vingt dernières années », « vos cent premiers jours ». Le Comité de linguistique de Radio-Canada lui donnerait d’ailleurs raison : « L’usage français veut que l’adjectif numéral accompagné de « premier » se place toujours avant le mot « premier », contrairement à l’anglais qui le place après (the first ten). Il en est de même pour « dernier ». Le Guide du traducteur du ministère québécois des Communications (ne pas confondre avec l’ouvrage d’Irène de Buisseret) abonde dans le même sens : « L’adjectif numéral se place toujours avant le substantif et les mots : premier, dernier, autres, …Note de bas de page 2. » Mais on juge bon de signaler une exception à la règle : « Les dernières vingt-quatre heures ». Pourquoi cette exception? Et celle-là seulement? On ne le dit pas. Au Québec, l’usage de mettre « premier » ou « dernier » avant l’adjectif numéral est très répandu. Un seul numéro du Devoir nous en fournirait une bonne râtelée. On nous a dit à maintes reprises – et je l’ai cru – que c’était un anglicisme, mais aujourd’hui je n’en suis plus aussi sûr. Car même en pays hexagonal, c’est une tournure qu’on ne dédaigne pas. Commençons par deux annonces publicitaires : « Au Kenya (…), plus de cent rhinocéros ont été braconnés ces derniers dix-huit moisNote de bas de page 3. » « … cette dégradation commence parfois à s’opérer dès les premiers dix mille kilomètres …Note de bas de page 4 » Un journaliste : « … les premières trois cents pages de son prochain roman les ont épatésNote de bas de page 5. » Deux traducteurs, le premier de l’anglais : « …. elle lui parlait le plus franchement qu’elle pouvait des dernières quatre ou cinq heures de son existenceNote de bas de page 6. » Le second, de l’allemand : « Enfin, dans les dernières soixante-quinze minutes…Note de bas de page 7 » J’en ai relevé quatre autres exemples dans le même ouvrage (il s’agit du Capital de Karl Marx). De bons écrivains l’emploient également, dont Pierre-Jakez Hélias : « … l’auteur (…) se vit condamner à mort des deux côtés dès les premiers six mois de son activité…Note de bas de page 8 » Hélias n’ignore pourtant pas l’usage « correct », puisqu’il l’utilise plus loin : « cent dernières annéesNote de bas de page 9 ». Georges Simenon succombe aussi à la tentation : « Combien de fois est-ce arrivé pendant les derniers six moisNote de bas de page 10? » J’ai rencontré pas moins de cinq fois la tournure « derniers vingt ans » dans un ouvrage d’André ParrotNote de bas de page 11, directeur honoraire du Musée du Louvre. Et jusque chez Michel Tournier de L’Académie Goncourt : « Quelques yachts pimpants (…) égaient les premiers cent mètresNote de bas de page 12. » Cela commence à faire du monde à la messe (comme on dit en Nouvelle-France)… Au terme d’un tel inventaire, il me paraît presque inconvenant de continuer à condamner cet usage. Si l’on ne peut se résigner à le cautionner, il faudra tout au moins inventer une nouvelle catégorie de faute, car il ne saurait s’agir d’un anglicisme. Au Québec, ce serait plutôt un archaïsme maintenu sous l’influence de l’anglais. Je dis « archaïsme », parce que je l’ai lu dans une lettre du père Charles Lallemant qui date du 1er août… 1626 : « Les premières six ou sept années paraîtront stériles à quelques-unsNote de bas de page 13. » Ceux qui aimeraient en savoir plus long liront avec intérêt et profit la cinquième et dernière série des Problèmes de langageNote de bas de page 14 de Maurice Grevisse. Les exemples de Grevisse ne correspondent pas tout à fait aux miens, mais ils permettent de voir qu’en suivant à la lettre les préceptes des « fabricateurs de règles et d’exceptions » (le mot est de Grevisse), on se priverait de nuances subtiles et – partant – utiles. P.S. : Assez curieusement, Irène de Buisseret ne dit rien de la place de l’adjectif numéral, mais elle va plus loin. Elle qualifie de « fausse FrançaiseNote de bas de page 15 » la tournure pendant les six dernières semaines et lui préfère une « vraie Française », depuis six semaines. C’est un raccourci fort utile – et maniable en plus – dont vous avez dû user et abuser (tout comme moi), mais qui ne convient malheureusement pas dans tous les cas. Références Note de bas de page 1  CHAPUT-ROLLAND, Solange. Lettres ouvertes à 13 personnalités politiques, Cercle du Livre de France, Montréal, 1977, p. 59. Retour à la référence de la note de bas de page 1 Note de bas de page 2  Guide du traducteur, Éditeur officiel du Québec, 3eéd., 1978, p. 36. Retour à la référence de la note de bas de page 2 Note de bas de page 3  L’Express, 10.01.81, p. 63 (Texte vraisemblablement traduit ou adapté de l’anglais.) Retour à la référence de la note de bas de page 3 Note de bas de page 4  Le Point, 20.10.80, p. 70. Retour à la référence de la note de bas de page 4 Note de bas de page 5  GOESBERT, Franz-Olivia. Le Nouvel Observateur, 27.10.80, p. 60. Retour à la référence de la note de bas de page 5 Note de bas de page 6  WOLFE, Tom. Acid Test, Seuil, 1975, p. 167. (Traduction par Daniel Mauroc) Retour à la référence de la note de bas de page 6 Note de bas de page 7  MARX, Karl. Le Capital, Livre 1, Garnier-Flammarion, 1969, p. 172 (Traduction par J. Roy) Retour à la référence de la note de bas de page 7 Note de bas de page 8  HÉLIAS, Pierre-Jasek. Lettres de Bretagne, Éditions Galilée, 1978, p. 12. Retour à la référence de la note de bas de page 8 Note de bas de page 9  Ibid. p. 46. Retour à la référence de la note de bas de page 9 Note de bas de page 10  SIMENON, Georges. Les Dossiers de l’Agence O, Éditions Rencontre, tome VIII, 1967, p. 19. Retour à la référence de la note de bas de page 10 Note de bas de page 11  PARROT, André. Clefs pour l’archéologie, Seghers, 1976, p. 20, 26, 41, 74, et 83. Retour à la référence de la note de bas de page 11 Note de bas de page 12  TOURNIER, Michel. Canada : Journal de voyage, Éditions La Presse, 1977, p. 43. Retour à la référence de la note de bas de page 12 Note de bas de page 13  Relations des Jésuites, tome 1, Éditions du Jour, 1972, p. 8. Retour à la référence de la note de bas de page 13 Note de bas de page 14  GREVISSE, Maurice. Problèmes de langage, Gembloux, Duculot, 1970, p. 167-168. Retour à la référence de la note de bas de page 14 Note de bas de page 15  DE BUISSERET, Irène. Guide du Traducteur, Ottawa, ATIO, 1972, p. 35. Retour à la référence de la note de bas de page 15
Source : Chroniques de langue (le français vu par des spécialistes de la langue)

impliquer (emplois corrects et fautifs)

Article sur les divers emplois, fautifs et corrects, du verbe impliquer, de la forme pronominale s'impliquer et de la forme verbale être impliqué.
Sur cette page Emplois fautifs Emplois corrects Emplois autrefois critiqués, maintenant attestés Emplois corrects courants Le verbe impliquer et ses variantes s’impliquer et être impliqué sont parfois mal utilisés en français. Voyons ce qu’il en est. Emplois fautifs Impliquer au sens de « concerner, intéresser, toucher, viser », etc. Le verbe impliquer est un anglicisme dans le sens de « concerner, intéresser, toucher, viser, comprendre », etc. : La direction a remis une lettre aux employés concernés. La répétition aura lieu à la salle B. Veuillez informer les comédiens visés. Les compressions budgétaires touchent la moitié du personnel. L’organisation du festival comprend plusieurs étapes. Être impliqué au sens de « travailler dans un domaine particulier », « participer à un projet » La locution verbale être impliqué est une impropriété au sens de « travailler dans un domaine particulier », « participer à un projet ». On emploiera plutôt travailler, participer, etc. : Mon frère travaille dans le domaine de l’éducation. (et non : est impliqué) Les personnes qui participent au projet. (et non : sont impliquées dans le projet) Être impliqué au sens de « être pris dans un accident » On peut dire qu’une personne est impliquée dans un accident seulement si elle en est responsable. Sinon, on emploiera être pris dans un accident : Paul sera en retard, car il est pris dans un accident. Remarque : En droit, toutefois, il est correct de dire qu’un véhicule, un bateau ou un aéronef est impliqué dans un accident. Par extension, les victimes d’accident sont elles aussi impliquées, qu’elles soient responsables ou non de l’accident. Voir à ce sujet l’article impliquer du Juridictionnaire. Emplois corrects Emplois autrefois critiqués, maintenant attestés Les emplois suivants, autrefois critiqués, sont maintenant passés dans l’usage et attestés. On peut donc y recourir sans arrière-pensée. À la forme pronominale, s’impliquer peut être employé au sens de « s’engager dans une action, s’investir, se donner à fond dans quelque chose, mettre beaucoup de soi-même dans l’activité que l’on fait, les relations qu’on a avec les autres » : Elle s’implique beaucoup dans le nouveau programme. Je me suis impliquée personnellement dans cette entreprise. Il s’implique depuis quelques années dans l’aide aux personnes atteintes de cancer. Ils s’impliquent énormément dans les activités sportives de leurs enfants. Selon le contexte, on peut aussi employer d’autres verbes, comme : s’occuper de se préoccuper de se donner à (une cause) Il est aussi correct d’utiliser les autres formes du verbe dans ce même sens. Impliquer dans le sens d’« engager quelqu’un dans un processus, dans une action, dans une cause » : Le nouveau directeur aime impliquer ses employés dans certaines décisions. Ce projet ne l’intéresse pas; elle ne se sent pas impliquée. Être impliqué dans le sens d’« être engagé dans une action, dans une cause » en parlant d’une personne : Ma collègue est impliquée dans un mouvement pour un environnement sans fumée. Ces bénévoles sont impliqués dans la lutte contre la pauvreté. Nombreux sont les organismes internationaux qui sont impliqués dans l’éducation des enfants dans les pays en développement. Emplois corrects courants On emploie couramment en français le verbe impliquer et ses variantes dans les sens énoncés ci-dessous. Impliquer au sens d’« engager dans une affaire fâcheuse » Le premier sens du verbe impliquer est celui d’« engager dans une affaire fâcheuse, dans une situation susceptible de causer des problèmes, dans une affaire judiciaire ». On peut aussi utiliser mêler à dans certains contextes : Il a impliqué son cousin dans une histoire de vol à main armée. Plusieurs personnes sont impliquées dans ce scandale financier. Il ne veut pas être impliqué dans ce procès. (ou mêlé à ce procès) Dans ce sens, impliquer est péjoratif. Ainsi, on ne dira pas : Il est impliqué dans le succès de cet événement. Impliquer au sens de « comporter de façon implicite, comprendre, contenir en soi, supposer », en parlant d’une chose : Votre décision implique certains risques. Notre voyage a impliqué de nombreuses démarches. La lutte et la révolte impliquent toujours une certaine quantité d’espérance […] (Baudelaire) Impliquer au sens d’« entraîner comme conséquence » : Son départ implique la fin de leur union. Sa démission implique de nombreux changements. Impliquer que suivi d’une conséquence logique au sens de « supposer que » : La signature du contrat implique que vous acceptez son offre. Accepter ce poste implique que vous déménagiez. Votre analyse implique qu’ils soient probablement coupables. Le tour impliquer que est suivi de l’indicatif si le fait visé est réel (cela implique qu’il doit partir) ou du subjonctif si le fait visé est une supposition (votre commentaire implique qu’il ait participé à la fraude). Impliquer en logique mathématique : Le verbe impliquer est utilisé pour exprimer le lien entre deux propositions, dans une phrase telle que « Si…, alors…, donc…, par conséquent… ». Le symbole logique « ⇒ » signifie « implique » : A ⇒ B et B ⇒ C donc A ⇒ C (se lit : A implique B et B implique C; donc A implique C)
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

zéro (histoire du mot)

Article sur l’histoire du mot zéro.
C’est en Inde, au 5e siècle après Jésus-Christ, qu’on commence à employer les chiffres de 0 à 9. Le mot zéro est un emprunt à l’italien. Il remplaça cifre en ancien français, inspiré de l’arabe sifr (« vide, zéro »). Cifre, qui signifiait « zéro » au départ, prit le sens de « chiffre », mot utilisé de nos jours. L’emploi de zéro a été attesté en 1491 dans un traité sur l’arithmétique publié à Florence. C’est à partir de 1440, grâce aux imprimeurs, que la forme des dix chiffres a été définitivement fixée.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

virgule (dans un nombre)

Article sur l'emploi de la virgule dans les nombres
Les nombres de plus de trois chiffres sont formés de triades, complètes ou non, séparées par une espace, de droite à gauche pour les nombres entiers : 2 650 53 000 360 000 et de gauche à droite à partir de la virgule décimale pour les fractions : 56 789,432 19 La séparation n’est jamais obligatoire quand le nombre comporte seulement quatre chiffres : 1 500 lettres ou 1500 lettres On ne sépare pas les tranches de trois chiffres dans les nombres qui ont une fonction de numérotage, comme les millésimes, matricules, articles de lois, numéros de vers, de pages ou de chapitres, adresses : l’année 1995 le dossier 16145 10400, rue Laurier  
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

un (nombre cardinal)

Article sur les règles d’écriture et d’accord du nombre un.
Les nombres cardinaux sont généralement invariables; un, vingt et cent font partie des exceptions. Un est variable en genre seulement. Ainsi on écrira : trente et une fenêtres vingt et une cartes Il se leva à quatre heures une (minute), et partit à cinq heures moins une. Malgré une certaine hésitation de l’usage, un est généralement invariable dans les deux cas suivants : Indication d’une page, d’un livre ou d’une autre subdivision d’ouvrage où un a valeur d’ordinal : page 1 (page « un ») lettre XXI (lettre « vingt et un ») Expressions (vingt et un mille, trente et un mille, etc.) où un porte sur mille plutôt que sur le nom féminin qui suit : vingt et un mille pommes
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

trait d’union

Article général sur le trait d’union.
Fonctions Espace Pluriel de trait d’union Soudure des mots composés Mots formés avec en Nombres qui se suivent Renseignements complémentaires Fonctions Le trait d’union (-) est un signe typographique et orthographique. Il ne faut pas le confondre avec le tiret (–), qui est plus long et qui n’a pas les mêmes fonctions. Le trait d’union sert principalement à lier différents éléments, comme : les éléments d’un mot composé : un mot-clé un chez-soi des tentes-roulottes des nids-de-poule sur-le-champ des éléments ayant une fonction grammaticale (comme l’inversion du verbe et du pronom sujet) : Va-t’en Remets-le-moi Pouvez-vous…? des mots ou des chiffres : Le trait d’union peut prendre la valeur de la préposition à ou de la conjonction et s’il joue un rôle de coordination : Rapport annuel 2016-2017 la guerre de 14-18 (ou : de 1914-1918, mais pas : de 1914-18) 819-555-1234 travailler les lundi-mercredi (= le lundi et le mercredi) Heures d’ouverture : lundi-samedi, 9 h-17 h (= du lundi au samedi, de 9 h à 17 h) vacances d’Éric : 16-25 août (= du 16 au 25 août) les éléments d’un odonyme ou d’un toponyme formé du nom complet d’une personne : rue Louis-Hébert promenade Sir-John.-A.-Macdonald cégep André-Laurendeau Voir rue, avenue, boulevard et autres odonymes. Espace On ne met jamais d’espace avant et après le trait d’union. Pluriel de trait d’union Au pluriel, on écrit : des traits d’union Soudure des mots composés Avec la nouvelle orthographe, plusieurs mots composés se voient soudés, notamment les mots avec des préfixes. On peut choisir d’employer les nouvelles graphies ou conserver l’orthographe traditionnelle : biénergie/bi-énergie entretemps/entre-temps Mots formés avec en On écrit sans trait d’union les expressions formées avec la préposition en : en dedans en dehors en deçà en delà en dessus en dessous Mais on écrit : au-dessous, ci-dessus, etc. Nombres qui se suivent Le trait d’union s’emploie pour énumérer des nombres qui se suivent. Il remplace alors la préposition à : p. 30-35 (signifie « de la page 30 à la page 35 ») Il ne faut pas confondre cet usage avec l’emploi de la virgule, qui indique des nombres séparés : p. 30, 35 (signifie « pages 30 et 35 ») Renseignements complémentaires Voir noms de personnes (trait d’union), nombre et tiret (fonctions).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

symbole qui suit un nombre

Article sur le symbole qui suit un nombre exprimé en chiffres ou en lettres.
Quand une somme est écrite entièrement ou partiellement en lettres, on doit écrire les unités au long, et non employer un symbole : 100 millions de mètres cubes (et non : 100 millions de m3) cent millions de mètres cubes (et non : cent millions de m3) Par contre, on emploie le symbole lorsque la somme est écrite en chiffres : 100 000 000 m3
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

symboles et préfixes

Article portant sur les règles d’écriture des symboles, un type d’abréviation, et des préfixes, et présentant une liste des principaux symboles.
Les symboles constituent un type d’abréviation. Il existe une multitude de codes abréviatifs et symboliques qui se sont formés, pour ainsi dire, à huis clos : ce sont les systèmes de notation des sciences et des techniques. Ces abréviations permettent aux gens et aux institutions de se comprendre dans certains domaines, comme l’arithmétique, la physique et la chimie, indépendamment des frontières linguistiques. Sur cette page Règles d’écriture Liste des principaux symboles Préfixes Règles d’écriture Le Système international d’unités est le fruit des travaux du Bureau international des poids et mesures (BIPM), qui a son siège à Paris. Voici quelques-unes des règles officielles à appliquer au Canada, d’après le Guide canadien de familiarisation au système métrique de l’Association canadienne de normalisation. Les symboles des unités de mesure sont exprimés en minuscules, sauf lorsqu’ils sont dérivés de noms propres (tels que Ampère, Watt). Ils sont invariables et sont les mêmes dans toutes les langues. Ils ne sont jamais suivis d’un point : h = heure A = ampère min = minute kW = kilowatt Remarque : Les symboles des unités de mesure sont à distinguer des symboles des préfixes, tels que k (kilo), M (méga) et G (giga), lesquels ne répondent pas à cette règle de la minuscule. Voir la section suivante intitulée Préfixes. On doit toujours laisser une espace entre le nombre et le symbole de l’unité. Seul le symbole de degré (o) suivi d’un autre symbole fait exception à cette règle : 40 H minusculeh 3,5 M minusculem 15 M minuscule L minusculeml 36 symbole du degré C majuscule pour Celsius°C (et non : 36 symbole du degré espace C majuscule pour Celsius°C) On n’emploie un symbole que s’il est précédé d’un nombre écrit en chiffres (les formes hybrides sont déconseillées) : 50 g et non cinquante g On ne doit jamais commencer une phrase par un symbole. Liste des principaux symboles Principaux symboles et représentation graphique Principaux symboles et représentation graphique Nom du symbole Représentation graphique apostrophe ’ symboles mathématiquesRemarque : Ces symboles comprennent également les signes arithmétiques ou opérateurs mathématiques +, -, x, ÷, =, ≤, ∞, ∏, ≈, {}, etc. degré (sans autre symbole) ° [en exposant] degré suivi d’un autre symbole °C, °F, etc. esperluettevariantes : perluète, perluette, esperluète, et commercial & signe de pourcentage % symboles du système international d’unitésRemarque : On ne met pas de point abréviatif après ces symboles. kg, cm, m, ml, etc. symboles des unités de mesure du tempsRemarque : On ne met pas de point abréviatif après ces symboles. h, min, s unités monétaires $, ¢, €, etc. nombres ordinaux re, er, e [en exposant] fractions (dans une adresse)   Symboles et noms au long Mot au long Symbole a @ a commercial @ ampère A année a anonyme X… arobas, arobase, (arrobas, arrobase) @ cent (monnaie) ¢ centilitre cl centimètre cm centimètre carré cm² centimètre cube cm³ croix † décamètre dam décibel dB décilitre dl décimètre dm décimètre carré dm² décimètre cube dm³ decimo 10º degré º degré Celsius ºC degré Fahrenheit ºF dollar $ dollar américain $ US dollar canadien $ CA et (perluète ou esperluette) & gallon gal gigahertz GHz glaive † gramme g hectare ha hectolitre hl hertz Hz heure h inconnu X… joule J kelvin K kiloampère kA kilogramme kg kilohertz kHz kilomètre km kilomètre par heure km/h kilo-octet ko kilopascal kPa kilovolt kV kilowatt kW litre l ou L (s’il y a risque de confusion avec le chiffre 1) litres l ou L (s’il y a risque de confusion avec le chiffre 1) livre (poids) lb livres (poids) lb mégahertz MHz mégajoule MJ mégaoctet Mo mégatonne Mt mégavolt MV mégawatt MW mètre m mètre carré m² mètre cube m³ mètre par seconde m/s mille (longueur) mi milliampère mA milligramme mg millilitre ml millimètre mm millivolt mV minute min minute d’angle ’ moins, signe de soustraction - mois m. nanoseconde ns newton N noircissement † novo 9º octavo 8º octet o once oz ordre de o/ paragraphe § pied pi pied carré pi² pied de mouche (paragraphe) ¶ plus, signe d’addition + pouce po pour cent % pour mille p. 1000 ou ‰ quintal q quintaux q seconde s seconde d’angle “ signe de division ÷ signe de multiplication x symbole chimique de l’eau H2O térawatt TW tonne t Tous droits réservés (copyright) © verge vg ou v volt V watt W Préfixes On forme les multiples et sous-multiples des unités de mesure à l’aide des préfixes. Ceux-ci se joignent sans espace et sans trait d’union aux noms des unités de mesure : microgramme décalitre kilomètre mégatonne gigaoctets De même, le symbole du préfixe se juxtapose directement, c’est-à-dire sans espace, au symbole de l’unité : µ (micro) plus+ g (gramme) = µg (microgramme) k (kilo) plus+ m (mètre) = km (kilomètre) Voici, avec leurs symboles et leurs facteurs de conversion, les préfixes qui servent à la composition des multiples et sous-multiples décimaux jusqu’à la puissance 18 : Principaux préfixes d’unités de mesure, suivis du symbole et de l’expression numérique Préfixe Symbole Expression numérique Puissance exa E 1 000 000 000 000 000 000 1018 péta P 1 000 000 000 000 000 1015 téra T 1 000 000 000 000 1012 giga G 1 000 000 000 109 méga M 1 000 000 106 kilo k 1 000 103 hecto h 100 102 déca da 10 101     1 100 déci d 0,1 10-1 centi c 0,01 10-2 milli m 0,001 10-3 micro µ 0,000 001 10-6 nano n 0,000 000 001 10-9 pico p 0,000 000 000 001 10-12 femto f 0,000 000 000 000 001 10-15 atto a 0,000 000 000 000 000 001 10-18  
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

sommes d’argent et unités monétaires

Article portant sur les règles d'écriture des sommes d'argent accompagnées d'unités monétaires (dollars, euros, francs, yens, etc.).
Sur cette page Symboles des unités monétaires Subdivisions de la monnaie Cents (¢) Symboles qui précisent le pays Exemples de différents symboles et codes internationaux Codes internationaux (en finance) Règles d’écriture du dollar et des devises étrangères Place du symbole Dans les tableaux et les états financiers Place du code international (en finance) Symboles de mille/million/milliard de dollars Répétition du symbole entre deux montants Nombre entier Sommes inférieures à deux Omission de l’unité monétaire Article défini du devant un montant En chiffres ou en lettres Formes mixtes à éviter Renseignements complémentaires Symboles des unités monétaires Les unités monétaires, aussi appelées devises ou monnaies, ont plusieurs systèmes de représentation. La monnaie d’un pays est désignée par un symbole graphique ou une lettre majuscule. Par exemple : le dollar : $ la livre sterling : £ le franc : F Plusieurs pays peuvent utiliser la même monnaie. Par exemple, certains pays membres de l’Union européenne utilisent l’euro, tandis que le Liechtenstein et la Suisse utilisent le franc suisse. Un pays peut aussi adopter légalement une devise d’un autre pays : le Panama utilise le dollar américain. Exemples de symboles des monnaies par pays Le tableau qui suit comporte une liste de noms d’unités monétaires accompagnés de leur symbole et d’exemples de pays qui utilisent chaque monnaie. Liste de devises suivies de leur symbole et des pays qui l’utilisent Devise Symbole graphique ou lettre Pays couronne C Norvège, Islande, Suède, République tchèque, Danemark, Estonie, etc. dinar D Algérie, Iraq, Jordanie, Koweit, Libye, Serbie, Soudan, Tunisie, Bahreïn dollar $ Remarque : Ce symbole est aussi employé pour représenter le peso. Canada, États-Unis, Australie, Barbade, etc. euro € France, Belgique, Allemagne, Autriche, Espagne, Italie, Pays-Bas, etc. (certains pays de l’Union européenne et d’autres pays) florin F Antilles néerlandaises, Aruba franc ₣ (ou F) Suisse, Cameroun, etc. livre L Égypte, Liban, Malte, Syrie, etc. livre sterling £ Royaume-Uni, Jersey, Guernesey peso (ou péso) $ (ou P, ₱ aux Philippines) Mexique, Cuba, Argentine, Philippines, etc. rial ﷼ (ou R) Arabie saoudite, Iran, Yémen, etc. rouble  (ou R; Py6 est l’ancien nom) Biélorussie, Fédération de Russie won ₩ (ou W) Corée du Nord, Corée du Sud yen ¥ (ou Y) Japon yuan ¥ (ou Ұ dans l’usage) Le véritable symbole est ¥, mais pour éviter la confusion avec le yen japonais, le symbole Ұ est employé. Chine Subdivisions de la monnaie Presque toutes les monnaies ont des subdivisions légales ou traditionnelles. En général, elles ont pour fraction le centième de l’unité principale, appelé selon les pays centime, cent, centésimo, pfennig, penny, kopeck, etc. les cents du dollar canadien et américain, représentés par le symbole ¢ (= 1/100 du dollar, un centième de dollar) les eurocents de l’euro (= 1/100 de l’euro) les millimes du dinar tunisien (= 1/1000 du dinar) Cents (¢) Au Canada, on utilise généralement le symbole du dollar ($) pour les sommes inférieures à un dollar en mettant un zéro avant la virgule. On utilise parfois le symbole ¢ plutôt que le symbole $ : 0,50 symbole du dollar$ (= 50 cents) 50 symbole du cent¢ Il faut éviter de mettre le symbole du dollar devant les cents. Ainsi, on écrit : 26,72 $ (et non : 26$72, même si ça se prononce ainsi) Enfin, on ne met pas les cents en exposant : 2,99 $ (et non : 299 $) Le symbole des cents est aussi utilisé pour l’eurocent ou pour représenter la centième partie de diverses devises. Symboles qui précisent le pays Dans les documents français où il est nécessaire de distinguer les devises de même nom ou du même bloc monétaire, par exemple les différents types de dollars (canadien, américain, australien, etc.) ou les différents francs, on doit parfois ajouter un code qui précise le pays dont il s’agit. Comme il n’existe pas de normes sur les symboles d’unités monétaires à utiliser dans chaque pays, on a le choix. On peut employer : le symbole usuel de ce pays (manque d’uniformité dans l’usage) le symbole suivi du code de pays selon la norme ISO 3166-1-alpha 2 Par souci de simplicité et d’uniformité, cette option est privilégiée dans les textes canadiens pour représenter différents dollars, même si le symbole ne sera pas nécessairement utilisé dans le pays en question. Pour le dollar canadien et américain, le Bureau de la traduction recommande d’employer $ CA pour le dollar canadien et $ US pour le dollar américain. Le symbole est suivi d’une espace insécable, tandis qu’une lettre (F pour franc, etc.) est accolée au code de pays. le code international à trois lettres de la norme ISO 4217:2015   Exemples de symboles et codes internationaux   Liste de devises suivies de leur symbole et de leur code international Devise Symbole usuel Symbole/lettre suivi du code de pays Code international dollar canadien $ CA Remarque : $ CAN est aussi employé. $ CA CAD dollar américain (ou : dollar des États-Unis) $ US $ US USD dollar australien $A $ AU AUD dollar guyanais $G $ GY GYD dollar de Hong Kong $ HKG, HKD $ HK HKD euro €, EUR Sans objetNote de bas de page * EUR franc français (ancienne monnaie) FF Sans objet EUR franc suisse FS, FCH, Fr., Frs. FCH CHF franc de la Nouvelle-Calédonie FCFP, franc CFP FNC XPF franc de la République centrafricaine FCFA, F CFA, franc CFA FCF CFA franc du Burundi FBI, Fbu FBI BIF peso mexicain $, P, $ MX PMX MXN peso cubain $ CU, P, $ PCU CUP (peso cubain); CUC (peso convertible) peso argentin $ AR PAR ARS yen japonais ¥ (ou Ұ dans l’usage, ou Y) YJP JPY Note de bas de page Note de bas de page * Dans le cas de l’euro (€), on ne peut pas préciser le code de pays après le symbole, puisque la même monnaie est utilisée par plusieurs pays membres de l’Union monétaire européenne et d’autres pays : France, Belgique, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Grèce, etc. On ne peut donc pas dire des euros français, belges, allemands, etc. Certaines organisations de l’Union européenne ont la consigne d’employer le code international EUR (et les autres codes internationaux pour les devises étrangères), plutôt que le symbole de l’euro (€) dans leurs textes courants. Retour à la référence de la note de bas de page * Pour visualiser simultanément les codes de pays et les codes internationaux des pays, on peut consulter la Liste des codes ISO des pays et monnaies de la Banque de France. Codes internationaux (en finance) Les symboles monétaires diffèrent des codes internationaux établis par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) dans la norme ISO 4217. Les codes de monnaie internationaux (CAD, USD, AUD, etc.) sont particulièrement utilisés en finance et dans les échanges commerciaux internationaux. Ils sont composés de trois lettres majuscules : les deux premières indiquent le code du pays normalisé par l’ISO dans la norme ISO 3166-1-alpha 2, et la dernière correspond le plus souvent à la lettre initiale de l’unité monétaire (D pour dollar par exemple). Le code EUR pour l’euro fait exception. Les codes internationaux sont les mêmes en français et en anglais (ainsi que dans toutes les autres langues) et dans tous les pays. Les règles d’écriture des monnaies peuvent différer d’un pays à l’autre. L’emploi du code international de l’ISO est de plus en plus courant. Règles d’écriture du dollar et des devises étrangères Les règles d’écriture du dollar s’appliquent aussi aux devises étrangères. Place du symbole En français, le symbole d’une monnaie se place, précédé d’une espace insécable, à la suite du nombre. C’est l’ordre logique des termes de la langue parlée : 22,25 symbole du dollar $ 918 $ symbole du dollar espace C majuscule A majuscule pour dollars canadiensCA 2 345 678 symbole de l’euro€ 20,59 C H F en majuscules pour francs suissesCHF (ou : 20,59 F S en majuscules pour francs suissesFS) La position postérieure du symbole a notamment l’avantage de permettre des combinaisons classiques comme : 50 symbole du dollar barre oblique H minuscule pour dollars par heure$/h Dans les tableaux et les états financiers Par exception, notamment dans les tableaux et les états financiers, il est permis d’utiliser le symbole devant le nombre, suivi d’une espace insécable : symbole du dollar$ 47 432 On peut également dans ce cas employer le point au lieu de la virgule dans les décimales : symbole du dollar$ 22.25 Place du code international (en finance) Il est préférable d’éviter d’employer les codes de monnaie internationaux dans les textes généraux, dans lesquels il faut employer les symboles monétaires usuels ($ CA, $ US, etc.). En finance et dans les échanges commerciaux internationaux, on place le code de monnaie international (C A D majusculesCAD, U S D majusculesUSD, etc.) après le nombre et on le fait précéder d’une espace insécable. Il faut éviter d’employer le code international avec le symbole de monnaie ($). On écrit donc : 6 800 000 USD (et non : USD $, $USD ou $ USD) 22,25 CAD 125,00 CAD = 121,22 USD, selon un taux de change de 0,9697 Les symboles des grands nombres (k minusculek, M majusculeM, G majusculeG, T majusculeT) accolés aux codes internationaux sont aussi admis en finance : K minuscule C A D en majusculeskCAD M U S D en majusculesMUSD Symboles de mille/million/milliard de dollars En finance, pour représenter de grandes sommes d’argent, on peut utiliser les symboles des grands nombres (k pour kilo, M pour méga, G pour giga, T pour téra), que l’on accole au symbole de monnaie ($, par exemple) : k$ = mille dollars, kilodollar M$ = million de dollars, mégadollar G$ = milliard de dollars, gigadollar T$ = mille milliards de dollars, billion de dollars, téradollar Exemples deux mille dollars = 2 000 $, 2  k minuscule symbole du dollark$, 2 kilodollars deux millions de dollars = 2 000 000 symbole du dollar$, 2 M majuscule symbole du dollarM$, 2 mégadollars deux milliards de dollars = 2 000 000 000 symbole du dollar$, 2 G majuscule symbole du dollarG$, 2 gigadollars deux billions de dollars = 2 000 000 000 000 symbole du dollar$, 2 T majuscule symbole du dollarT$, 2 téradollars Le symbole de monnaie peut être suivi du code de pays s’il faut préciser différents types de monnaie dans un texte : 20 M$ CA 14,6 G$ US Voir aussi mille, million, milliard, etc. (grands nombres). Répétition du symbole entre deux montants Il est courant de répéter le symbole du dollar ou d’une autre monnaie dans une phrase où figure plus d’une somme d’argent, mais ce n’est pas obligatoire : Le montant de l’exemption est passé de 500 $ à 900 $. Le cours de l’action est passé de 15 à 20 $ en une semaine. Cet article coûte entre 8 et 10 € environ. Nombre entier Si le nombre est entier, on n’ajoute pas de zéros, sauf dans les cas où il y a plusieurs nombres avec décimales (dans les tableaux financiers par exemple) : Cette chemise coûte seulement 20 $. (et non : 20,00 $) 125,00 C A D en majusculesCAD = 121,22 U S D en majusculesUSD, selon un taux de change de 0,9697 Sommes inférieures à deux Les sommes inférieures à deux se mettent au singulier. Il en va de même de l’unité monétaire, comme le mot dollar dans le dernier exemple ci-dessous : gagner à la loterie 1,5 million d’euros 1,9 milliard de dollars australiens un article qui coûte 1,25 dollar Omission de l’unité monétaire Dans un texte, l’unité monétaire (dollar, franc, euro, etc.) peut être omise si le contexte est explicite : L’enquête a coûté 30 millions aux citoyens de Sainte-Foy. Article défini du devant un montant On ne peut pas mettre l’article défini du (singulier) devant une somme d’argent au pluriel. Il faut recourir à la préposition des ou à une autre formulation : Je vais prendre l’offre des 1 000 $ par semaine à vie. (et non : du 1 000 $) Je vais prendre l’offre à 1 000 $ par semaine à vie. En chiffres ou en lettres En règle générale, on représente les sommes d’argent par des chiffres. L’unité monétaire (dollar, euro, franc, yen, etc.) reste souvent en toutes lettres : 9 millions d’euros 3,2 milliards de dollars Le prix du café atteignait 7,35 dollars le kilo et celui des œufs, 1,05 dollar la douzaine. On peut aussi utiliser son symbole ($, €, F, ¥, etc.) pour faire ressortir les nombres. Cela permet d’alléger le texte dans les documents statistiques et financiers où figurent plusieurs sommes exprimées en dollars : Le prix de cette huile essentielle est de 18,25 symbole du dollar espace U majuscule S majuscule$ US. L’an dernier, les dépenses se chiffraient déjà à 17 544 146 symbole du dollar$. Il est préférable d’écrire les mots million et milliard en toutes lettres et de réserver l’emploi de leur symbole (M, G) à des contextes financiers où figurent plusieurs grandes sommes d’argent : 3,2 milliards de dollars 3,2 G$ (en finance) Il est aussi admis d’écrire le nombre et l’unité monétaire en toutes lettres dans les textes généraux : deux millions de dollars trois milliards d’euros En résumé, on peut exprimer une même somme de plusieurs façons : tout en chiffres et en symboles : 2 300 000 $; 2,3 M$ partiellement en chiffres : 2,3 millions de dollars tout en lettres : deux millions trois cent mille dollars Formes mixtes à éviter Lorsque la somme est écrite partiellement ou entièrement en lettres (dix mille, 2 millions), il faut indiquer le nom de l’unité monétaire au long. Il faut éviter de le remplacer par un symbole. On écrit correctement : dix mille dollars (et non : dix mille symbole du dollar$) deux millions d’euros (et non : deux millions symbole de l’euro€) 2 millions de dollars (et non : 2 millions (de) symbole du dollar$) 4,9 milliards de dollars canadiens (et non : 4,9 milliards symbole du dollar espace C A en majuscules$ CA) 30 millions de dollars américains (et non : 30 millions U S D en majusculesUSD) On évite également certaines formes composées d’un nombre écrit partiellement en lettres, suivi de l’unité monétaire en toutes lettres. On écrit correctement : 2 300 000 symbole du dollar$ 2,3 millions de dollars canadiens deux millions trois cent mille dollars deux-millions-trois-cent-mille dollars (nouvelle orthographe) (et non : 2 millions 300 mille dollars) 120 euros 120 symbole de l’euro€ cent vingt euros / cent-vingt euros (et non : 100 vingt euros) 10 000 dollars américains 10 000 symbole du dollar espace U S en majuscules$ US dix mille dollars américains / dix-mille dollars américains (et non : 10 mille dollars américains) Remarque : Mille est un adjectif numéral. Il ne joue pas le rôle d’un nom au même titre que million ou milliard. On n’écrit donc pas 10 mille dollars américains, mais on peut écrire : 10 millions de dollars américains 10 milliards de dollars américains   Tableau résumé des codes et des symboles du dollar canadien en français   Résumé des codes et des symboles du dollar canadien en français Nom de l’unité monétaire Symbole national Code international de l’ISO Codes avec mille, million et milliard Exemples dollar canadien $$ CA CAD   22,25 symbole du dollar$ 22,25 symbole du dollar espace C A en majuscules$ CA 22,25 C A D en majusculesCAD       K minuscule symbole du dollar espace C A en majusculesk$ CA (mille)M majuscule symbole du dollar espace C A en majusculesM$ CA (million)G majuscule symbole du dollar espace C A en majusculesG$ CA (milliard) 22,25 K minuscule symbole du dollar espace C A en majusculesk$ CA 22,25 M majuscule symbole du dollar espace C A en majusculesM$ CA 22,25 G majuscule symbole du dollar espace C A en majusculesG$ CA       K minuscule C A D en majuscules kCADM C A D en majusculesMCADG C A D en majusculesGCAD 22,25 K minuscule C A D en majuscules kCAD 22,25 M C A D en majusculesMCAD 22,25 G C A D en majusculesGCAD   Tableau résumé des codes et des symboles du dollar américain en français   Résumé des codes et des symboles du dollar américain en français Nom de l’unité monétaire Symbole national Code international de l’ISO Codes avec mille, million et milliard Exemples dollar des États-Unis; dollar américain symbole du dollar $$ US USD   22,25 $ 22,25 symbole du dollar espace U S en majuscules$ US 22,25 USD       K minuscule symbole du dollar espace U S en majusculesk$ US (mille)M majuscule symbole du dollar espace U S en majusculesM$ US (million)G majuscule symbole du dollar espace U S en majusculesG$ US (milliard) 22,25 K minuscule symbole du dollar espace U S en majusculesk$ US 22,25 M majuscule symbole du dollar espace U S en majusculesM$ US 22,25 G majuscule symbole du dollar espace U S en majusculesG$ US       K minuscule U S D en majuscules kUSDM U S D en majusculesMUSDG U S D en majusculesGUSD 22,25 K minuscule U S D en majuscules kUSD 22,25 M U S D en majusculesMUSD 22,25 G U S D en majusculesGUSD Renseignements complémentaires Voir aussi dollar canadien (symbole) (Recommandation linguistique du Bureau de la traduction) et dollar américain (symbole) (Recommandation linguistique du Bureau de la traduction).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

parenthèses

Article sur les différents emplois des parenthèses, signe de ponctuation double.
Sur cette page Exemples Espace Majuscule/minuscule Ponctuation à l’extérieur des parenthèses Ponctuation à l’intérieur des parenthèses Parenthèse fermante employée seule Parenthèses d’alternative Marque du pluriel et de la forme féminine Crochets Les parenthèses sont composées de la parenthèse ouvrante « ( » et de la parenthèse fermante « ) ». Ce signe sert surtout à isoler, dans le corps d’une phrase ou d’un paragraphe, des explications ou des éléments d’information utiles à la compréhension du texte, mais non essentiels. Les parenthèses jouent un rôle important dans les textes scientifiques, techniques, juridiques et administratifs, mais il ne faut pas en abuser. Exemples Les parenthèses peuvent contenir des éléments comme un sigle, un exemple, une explication, etc. En règle générale, on peut aussi placer ces éléments entre virgules ou entre tirets. Type d’éléments entre parenthèses avec exemples d’utilisation Type d’éléments entre parenthèses avec exemples d’utilisation Éléments entre parenthèses Exemples abréviation, sigle ou écriture au long du sigle Notre maison est garantie par l’APCHQ (Association provinciale des constructeurs d’habitations du Québec). Il travaille au ministère des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada (SPAC). autre signe de ponctuation Elle n’a besoin que de cinq heures de sommeil (?) par nuit. Le déficit sera bientôt comblé (!). détails d’une citation « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. » (Edmond Rostand, Chantecler) commentaire Éric a (enfin!) réussi son examen de mathématiques. Les semis de fleurs annuelles doivent être effectués environ six semaines avant le dernier gel (cette date varie évidemment selon les régions). date La Première Guerre mondiale (1914-1918) a fait beaucoup de morts. exemple Les agrumes (oranges, pamplemousses, citrons, etc.) sont d’importantes sources de vitamine C. explication La caféine (stimulant que l’on trouve dans le café, le chocolat, le thé, etc.) peut causer l’insomnie. expression algébrique ou mathématique (a × b)n = an × bn formules Le méthane (CH4) est un gaz. langage informatique IF (a AND (b OR c) mots inversés dans un index alphabétique Économie (mondialisation de l’) Riopelle (Jean-Paul) nom de lieu Mon frère est déménagé à Kingston (Ontario). pourcentage Cette année, le taux élevé de participation (85 %) à l’assemblée annuelle a réjoui les organisateurs. renseignements étymologiques Homard (houmar, 1532; anc. nord. humarr) renvoi ou référence bibliographique Les recherches effectuées (voir sources ci-dessous) permettent d’affirmer que… L’autobiographie de Gabrielle Roy (La détresse et l’enchantement, Boréal, 1988) a été publiée après sa mort. traduction Gilles est maintenant membre du Canadian Institute of Actuaries (l’institut canadien des actuaires). variante J’ai perdu mon trousseau de clés (ou de clefs). Espace On met une espace avant la parenthèse ouvrante, mais pas d’espace après. On ne met pas d’espace avant la parenthèse fermante, mais on en met une après : Ma passion pour l’ornithologie (étude des oiseaux) date de mon enfance. On ne met pas d’espace après la parenthèse fermante si elle est suivie d’un autre signe de ponctuation : Julie ira-t-elle étudier à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)? Majuscule/minuscule Lorsqu’il est fondu dans la phrase, un passage entre parenthèses ne prend la majuscule que s’il commence par un nom propre : Une exposition consacrée à William Morris (au Musée des beaux‑arts, à Ottawa) nous fait découvrir un peintre, un poète et un grand penseur. J’ai passé la période des Fêtes à Saint John (Nouveau-Brunswick). Ponctuation à l’extérieur des parenthèses Lorsqu’un texte entre parenthèses est un fragment de phrase, la parenthèse ouvrante n’est jamais précédée d’une virgule, d’un point-virgule ou d’un deux-points. Si le sens de la phrase réclame l’emploi de l’un de ces signes, il faut le placer après la parenthèse fermante : Veuillez nous faire parvenir votre extrait de naissance (un original, non une photocopie), une photographie récente ainsi que votre curriculum vitae. Trois conseillers municipaux se sont portés candidats au poste de maire (vacant depuis trois mois) : Adolphe Sirois, Yvan Simard et Roméo Lagrange. Lorsque le texte entre parenthèses constitue une phrase indépendante, la parenthèse ouvrante est, selon le cas, précédée d’un point, d’un point abréviatif, d’un point d’interrogation, d’un point d’exclamation ou des points de suspension : Ainsi je vous rappellerai dimanche soir. (J’ose espérer que vous ne vous couchez pas avec les poules et que je n’aurai pas à vous sortir du lit!) Avez-vous vu l’opéra Madame Butterfly? (Il a été très bien accueilli par la critique.) Ponctuation à l’intérieur des parenthèses À l’intérieur des parenthèses, on doit appliquer les règles générales de la ponctuation. Quand le texte entre parenthèses est considéré comme une phrase indépendante — auquel cas il commence par une majuscule, — il faut placer la ponctuation finale (point, point d’interrogation, point d’exclamation, points de suspension) devant la parenthèse fermante et non après : Seules des raisons techniques pourraient nous obliger à renoncer à ces travaux. (On comprendra qu’il est impossible de tout prévoir.) Je ne pourrai terminer ce travail toute seule. (Pourriez-vous me prêter main-forte la semaine prochaine?) On écrirait aussi correctement, à condition de déplacer le point et de mettre une minuscule initiale au texte figurant entre parenthèses : Seules des raisons techniques pourraient nous obliger à renoncer à ces travaux (on comprendra qu’il est impossible de tout prévoir). Je ne pourrai terminer ce travail toute seule (pourriez-vous me prêter main-forte la semaine prochaine?). Parenthèse fermante employée seule La parenthèse fermante s’emploie seule après un chiffre ou une lettre pour indiquer les subdivisions d’un texte. Il n’y a pas d’espace entre le chiffre ou la lettre et la parenthèse : Vous trouverez des explications aux paragraphes 3) et 7). On l’emploie aussi pour indiquer les éléments d’une énumération : Les réponses a), c) et e) sont incorrectes. La parenthèse fermante employée seule s’appelle aussi parenthèse simple. Parenthèses d’alternative Les parenthèses d’alternative indiquent que leur contenu est facultatif. On les utilise, par exemple, pour indiquer qu’on a le choix entre deux graphies, qu’on peut écrire un mot avec ou sans les éléments entre parenthèses. On ne met pas d’espace avant ni après les parenthèses d’alternative. On peut écrire ce mot avec ou sans trait d’union : mots(-)clés. On emploie les termes graphies tronquées ou formes télescopées pour parler des mots contenant des parenthèses d’alternative. Marque du pluriel et de la forme féminine Pour des raisons de clarté, il n’est toutefois pas toujours approprié d’employer les parenthèses d’alternative, notamment dans la féminisation de textes pour indiquer la possibilité du pluriel ou du féminin. Pour donner au lecteur le choix entre le singulier et le pluriel, certains admettent que l’on place la marque du pluriel entre parenthèses : La(es) personne(s) intéressée(s) doit(vent) remplir un formulaire. Toutefois, ces formes rendent la phrase presque illisible. Il est préférable soit d’employer uniquement le pluriel, soit d’utiliser le ou les (la ou les), qui entraîne l’accord du nom et du verbe au pluriel. Dans certains cas, on peut aussi reformuler : Les personnes intéressées doivent remplir un formulaire. La ou les personnes intéressées doivent remplir un formulaire. Toute personne intéressée doit remplir un formulaire. Ces observations s’appliquent également à l’indication des formes féminines entre parenthèses. Ainsi, on dira « les directeurs et les directrices seront à la réunion » plutôt que « les directeurs(trices) seront à la réunion ». Crochets On a recours aux crochets pour intercaler un élément dans un texte déjà entre parenthèses ou pour éviter l’emploi de deux parenthèses de suite : La nouvelle a fait les manchettes des journaux (Le Devoir, La Presse, The Citizen [31 décembre]). (1984-1988) [Université d’Ottawa] Lorsque les deux signes sont employés en même temps, les parenthèses tendent nettement à l’emporter dans l’usage sur les crochets. Il convient donc d’utiliser d’abord les parenthèses, puis les crochets, ces derniers faisant office de sous-parenthèses. Le rédacteur peut cependant être obligé d’inverser cet ordre. Par exemple, s’il insère dans une citation un commentaire personnel contenant un élément entre parenthèses, il doit utiliser les crochets avant les parenthèses, car la règle veut que toute intervention d’un tiers dans une citation soit signalée par les crochets : « La grande peinture, c’est des tableaux très ennuyeux [l’auteur a développé cette idée dans L’art brut préféré aux arts culturels (1949)]; plus ils sont ennuyeux et plus ils sont délicats et de bon goût » (J. Dubuffet).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

numéros de téléphone (Recommandation linguistique du Bureau de la traduction)

Recommandation linguistique du Bureau de la traduction sur l’écriture des numéros de téléphone.
Cette recommandation du Bureau de la traduction a pour but de proposer une façon uniforme d’écrire les numéros de téléphone en français et en anglais dans la fonction publique fédérale. Cette version révisée comprend une nouvelle section sur les numéros internationaux. Contexte Dans un numéro de téléphone, il n’est plus conseillé de mettre l’indicatif régional entre parenthèses. Celles-ci servaient à indiquer que la composition de l’indicatif régional n’était pas toujours nécessaire. Or, on doit maintenant le composer en tout temps dans la plupart des régions du Canada, même pour les appels locaux. Au Canada Le Bureau de la traduction recommande d’employer le trait d’union insécable après l’indicatif régional et entre tous les blocs de chiffres d’un numéro de téléphone : 819-555-5555 Cette recommandation s’applique à tous les numéros de téléphone au Canada, y compris : les numéros de téléphones cellulaires, de téléavertisseurs, de télécopieurs ou de téléscripteurs (ATS) les numéros de téléphone sans frais ou payants tels que les numéros 1-800, 1-888, 1-900, 1-976, etc. (trait d’union après le 1 et les indicatifs) : 1-800-555-5555 les numéros de téléphone alphanumériques : 1-800-TERMIUM 1-877-RESERVE Ce format présente l’avantage d’être le même en français et en anglais. C’est celui recommandé par l’administrateur de la numérotation canadienne et l’administration du plan de numérotage nord-américain. Indicatifs de service (411, 611, 911, etc.) On conseille d’écrire les indicatifs de service (411, 611, 911, etc.) sans traits d’union entre les chiffres : En cas d’urgence, composez le 911. Dans un format international Le Bureau de la traduction recommande d’écrire un numéro de téléphone canadien dans le format international suivant, sans traits d’union : +1 819 555 5555 C’est le format recommandé par l’Union internationale des télécommunications. Le signe + rappelle à la personne appelant de l’étranger qu’elle doit composer le préfixe international du pays où elle se trouve avant le « 1 », l’indicatif de pays du Canada. Renseignements complémentaires Voir l’article Écriture des numéros de téléphone : la parenthèse tombe de Fanny Vittecoq dans L’Actualité langagière (repris dans les Chroniques de langue), vol. 3, nº 2 (2006).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

primo, secundo, etc.

Article sur les conventions d’écriture applicables aux adverbes ordinaux latins tels que primo, secundo, tertio, etc.
Les adverbes ordinaux latins présentés ci-dessous s’emploient pour annoncer, en français, certaines subdivisions et énumérations. Ils s’abrègent avec un zéro supérieur : 1° primo (premièrement) 2° secundo (deuxièmement) 3° tertio, (troisièmement) 4° quarto,… 5° quinto,… 6° sexto,… 7° septimo,… 8° octavo,… 9° nono,… 10° decimo,… 11° undecimo,… 12° duodecimo,… Énumération Employées dans une énumération, les abréviations des adverbes ordinaux ne sont pas suivies d’une parenthèse fermante : Un bon rédacteur recherche : 1° La clarté 2° La simplicité 3° La concision Renseignements complémentaires Voir énumération horizontale ou verticale (majuscule et ponctuation) et latin (locutions latines et mots latins).
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

pour cent (%)

Article sur la façon d’écrire les nombres exprimés en pourcentage, y compris l’abréviation à utiliser pour pour cent, et l’accord du verbe avec ceux-ci.
(Un sujet semblable est traité en anglais dans l’article per cent, percent, per-cent, percentage.) Sur cette page Abréviations et symbole Pour cent en toutes lettres Formules mixtes (30 pour cent, trente pour 100) Accord du verbe Abréviations et symbole Dans les textes soignés, le pourcentage est représenté le plus souvent par l’abréviation p. 100, précédé d’un nombre en chiffres. On peut aussi employer pour cent précédé d’un nombre écrit en toutes lettres. Le symbole % précédé d’une espace insécable et d’un nombre en chiffres s’utilise également : Plus de 75 p. 100 des membres étaient présents. Trente pour cent 30 % (et non : 30%) Les abréviations pour 100 et p. cent se rencontrent aussi, mais elles sont d’emploi plus rare. Dans les textes courants, le symbole % est la forme la plus souvent utilisée pour exprimer les pourcentages. Autrefois réservé aux textes scientifiques, financiers et statistiques ainsi qu’aux tableaux, ce symbole est aujourd’hui courant dans tous les types de textes. Les nombres accompagnés du symbole % s’écrivent en chiffres. On fait précéder le symbole d’une espace insécable : Elle a reçu une augmentation de salaire de 2,5 %. Il a atteint ses objectifs dans une proportion de 80 %. Le cancer du poumon représente 13 % de tous les cancers. Le laiton se compose généralement de quelque 75 % de cuivre et d’à peu près 23 % de zinc. Le taux d’escompte est de 11 % depuis hier. Répétition du symbole On peut répéter ou non le symbole entre deux valeurs exprimées en pourcentage : De 2 à 3 % des adolescentes sont anémiques. Le taux de participation est passé de 45 % à 50 % au cours de la période. Pour cent en toutes lettres La forme pour cent écrite en toutes lettres s’emploie généralement dans les textes littéraires ou de niveau soutenu. Le nombre qui précède s’écrit aussi en toutes lettres : Seulement deux pour cent ont voté contre la mesure. Il faut éviter la graphie pourcent, en un seul mot. Cent pour cent (100 %) L’expression cent pour cent (100 %), lorsqu’elle a le sens d’« entièrement », s’écrit en toutes lettres : C’est du sirop d’érable cent pour cent canadien. Mais on écrit : Finalement, 100 % des femmes se sont opposées à cette nouvelle mesure. On exprime également en toutes lettres un pourcentage placé en tête de phrase, même si le reste de la phrase contient des pourcentages exprimés en chiffres : Trente pour cent des profits iront à des organismes de charité. Dix pour cent de ses tomates ont été détruites par le gel, et 10 % n’ont jamais mûri. Quarante pour cent des hommes approuvent cette mesure, alors que 75 % des femmes s’y opposent. Formules mixtes (30 pour cent, trente pour 100) Les formules mixtes combinant des chiffres et des lettres se rencontrent parfois, mais elles sont critiquées. Il vaut mieux les éviter : 30 pour cent trente pour 100 30 p. cent Une expression comme trente % est à proscrire. Accord du verbe Pour accorder un verbe qui suit un pourcentage, on a généralement le choix. Les deux accords sont possibles, selon que l’on veut mettre l’accent sur les personnes ou les objets dont il est question dans la phrase, ou que l’on préfère mettre l’accent sur la proportion exprimée par le pourcentage. Tout pourcentage inférieur à 2 est singulier. Pour cent + nom au singulier Si pour cent ou son symbole est suivi d’un nom au singulier, l’accord se fait très souvent avec le nom : 60 p. 100 de notre production est destinée à l’étranger 85 % de la population sait lire 1,5 % de cette somme sera versée à une œuvre de charité Si l’on veut mettre l’accent sur la proportion exprimée par le pourcentage, on fait l’accord avec l’expression de pourcentage, considérée comme étant de genre masculin : 60 p. 100 de notre production sont destinés à l’étranger 40 % de la population sont scandalisés par le procès 1,5 % de cette somme sera versé à une œuvre de charité Pour cent + nom au pluriel Si le pourcentage est suivi d’un nom au pluriel, on fait très souvent l’accord avec ce nom complément : 70 % des voix sont allées au candidat sortant, et 1 % des voix sont allées au candidat vert 50 % des publications archivées ont été détruites dans l’incendie Mais on peut aussi choisir de mettre l’accent sur le pourcentage; l’accord se fait alors avec l’expression de pourcentage : 5 p. 100 de nos exportations sont destinés à l’Union européenne 1 % de nos exportations est destiné au Moyen-Orient Enfin, notez que si le complément de pour cent est précédé d’un déterminant (les, ces, mes, etc.), l’accord se fait obligatoirement avec l’expression de pourcentage : Ces 10 % d’augmentation seront accordés à chacun. Les 25 % de hausse du chômage le mois dernier préoccupent le ministre du Travail.
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

nombres ordinaux

Article sur l’emploi du trait d’union dans les nombres ordinaux écrits en toutes lettres, leur accord et leurs abréviations.
Sur cette page Généralités Exemples d’écriture des nombres ordinaux Accord Abréviations Exemples d’abréviation des nombres ordinaux Nombre ordinal dans une adresse Généralités Les nombres ordinaux (ou adjectifs numéraux ordinaux) expriment un classement ou un ordre. En orthographe traditionnelle, les nombres inférieurs à cent, lorsqu’ils sont écrits en lettres, doivent être reliés par des traits d’union. En nouvelle orthographe, on met des traits d’union entre chacun des éléments du nombre. Exemples d’écriture des nombres ordinaux Exemples d’écriture des nombres ordinaux en orthographe traditionnelle et en nouvelle orthographe. Nombre ordinal Orthographe traditionnelle Nouvelle orthographe 24e vingt-quatrième vingt-quatrième 124e cent vingt-quatrième cent-vingt-quatrième 432e quatre cent trente-deuxième quatre-cent-trente-deuxième 61e soixante et unième soixante-et-unième 1 224e mille deux cent vingt-quatrième  mille-deux-cent-vingt-quatrième  115 971e cent quinze mille neuf cent soixante et onzième cent-quinze-mille-neuf-cent-soixante-et-onzième 1 000 320e un million trois cent vingtième un-million-trois-cent-vingtième Accord Les nombres ordinaux s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils qualifient : les premières années les vingt et unièmes gagnants À noter que l’abréviation du suffixe ordinal prend aussi la marque du pluriel, quel que soit le système de numération utilisé : les XIes Jeux du Commonwealth Abréviations Les nombres ordinaux s’abrègent avec des lettres minuscules surélevées. La plupart d’entre eux, qu’ils soient présentés en chiffres arabes ou romains, s’abrègent avec un e supérieur : La Sicile devint, au XIe siècle, un État normand. C’est au 3e étage, à gauche. Les adjectifs premier et première font toutefois exception et s’abrègent en 1er, Ier, 1re, Ire : Catherine Ire de Russie Certains auteurs abrègent second et seconde en 2d, IId, 2de, IIde. La finale –ième ou –ème peut se joindre aux lettres n et x pour former des adjectifs ordinaux indéfinis comme nième (ou énième) ou xième (ou ixième). Il faut cependant éviter d’utiliser ième, ème et ère en exposant : Les bureaux sont situés au 10e étage (et non : au 10ième étage). Elles se sont classées respectivement 1re et 2e au concours (et non : 1ère et 2ième). Le XXe siècle a été riche en inventions (et non : le XXième). Exemples d’abréviation des nombres ordinaux Exemples d’écriture des abréviations des nombres ordinaux. Nombre ordinal Abréviation premier 1er première 1re premiers 1ers premières 1res deuxième 2e deuxièmes 2es Nombre ordinal dans une adresse Le nombre ordinal qui caractérise une voie publique peut s’écrire en lettres (avec une majuscule) ou en chiffres : Madame Marie Labonté 12, Seizième Avenue Montréal (Québec) Monsieur Jean Ledoux 16, 25e Rue Moncton (Nouveau-Brunswick)
Source : Clés de la rédaction (difficultés et règles de la langue française)

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