Dictionnaire des cooccurrences : mot de l’auteur

Amie lectrice, ami lecteur,

Cet ouvrage est le fruit d'un travail ininterrompu de tout près de 30 années. C'était en 1971. À la sortie du Salon du livre de Montréal où le traducteur débutant que j'étais n'avait pas trouvé l'article précis qu'il cherchait, je résolus de me confectionner une sorte de pense-bête en dressant une liste, la plus étoffée possible, d'adjectifs et de verbes à utiliser avec tel ou tel nom pour le cas où un jour, en plein travail, je serais en panne du mot adéquat.

Je commençai par m'intéresser au vocabulaire de mes spécialisations d'alors, l'économie et la psychologie du travail. Il s'agissait de consigner d'abord sur des fiches, puis sur un épais registre — c'était avant l'avènement de l'ordinateur personnel —, tout ce que je trouvais pertinent dans les revues spécialisées que je lisais pour me documenter. Polyvalence aidant, j'élargissais mon champ d'investigation, allant jusqu'à écumer les journaux et magazines à grand tirage, pourvu qu'ils eussent de la tenue. Enfin, quand, sous l'impulsion de collègues et amis, je songeai à une éventuelle publication, je pris l'habitude de toujours lire une plume à la main, même à mes moments perdus, dans le dessein de « pondre » quelque chose qui soit utile au plus grand nombre. Ce fut l'étape de la collecte, astreignante mais combien passionnante; je ne suis pas près d'oublier, par exemple, la chasse frénétique à l'expression « dit-il d'un ton... » dans Les rats de Bernard Frank, ou encore le plaisir goûté aux descriptions des personnes et des lieux dont Jean Hugo, peintre-décorateur et arrière-petit-fils de Victor Hugo, émaille les deux gros volumes de ses Mémoires.

La perspective d'une publication se concrétisant, il me fallut entreprendre, en m'aidant de dictionnaires, une deuxième étape : le classement d'après le sens. La difficulté se résumait aux deux questions suivantes : quand un nom a plusieurs sens, faut-il les retenir tous? Où s'arrête le sens littéral et où commence le sens figuré? Dans le premier cas, j'ai opté le plus souvent pour les sens les plus féconds. Dans l'autre cas, j'ai tantôt renoncé à faire le partage — « image », par exemple — et tantôt procédé à la répartition — « frontière », par exemple — en espérant que vous ne vous laisserez pas arrêter par cette ligne de démarcation souvent ténue, voire mouvante.

Le résultat de tous ces efforts, vous l'avez sous les yeux : un ouvrage qui se veut d'abord et avant tout pratique, où il n'y a rien que je n'aie trouvé dans des publications de haut niveau et où il y a tout ce que j'ai jugé bon de noter au fil de mes lectures, innombrables et variées au possible. Il va de soi que ce dictionnaire n'épuise pas toutes les possibilités de cooccurrences, loin s'en faut.

Il ne me reste plus qu'à exprimer ma gratitude à Ginette, ma compagne de toujours, de tous les instants et de toutes les entreprises — et celle-ci ne fait pas exception à la règle —; à mes filles Maude et Kim, les deux autres sources d'inspiration de ma vie; à mon éditeur, M. Guérin, qui a immédiatement cru aux mérites de l'exercice. Enfin, j'ai une pensée émue pour mon grand-père paternel, Joseph-Polycarpe, qui m'a initié au plaisir de lire.

On peut utiliser cet ouvrage comme on consulterait un dictionnaire des synonymes. Il s'agit d'abord de trouver le nom ou substantif pour lequel on cherche un adjectif qualificatif ou un verbe, puis de faire glisser son index : le plus souvent, on trouve le mot juste, ou, à tout le moins, les suggestions devraient nous mettre sur la bonne piste. Chacun des divers sens d'un mot est délimité par un changement de paragraphe.

Les adjectifs qualificatifs sont aussi classés alphabétiquement. Par mesure d'économie de l'espace, les antonymes du genre « parfait, imparfait » sont groupés ensemble, séparés simplement par une parenthèse. Les adjectifs qu'on retrouve le plus souvent au pluriel sont réunis derrière un point-virgule — il en va de même, dans certains cas, pour les adjectifs désignant une couleur. Enfin, comme pour les noms, on n'oubliera pas ce qui a été dit plus haut au sujet de la ligne de démarcation entre les divers sens que peut avoir un mot ou encore entre le sens littéral et le sens figuré.

Les compléments des verbes en italique apparaissent généralement dans l'ordre suivant : les articles indéfinis et différents compléments, les articles définis et différents compléments, les compléments du nom, les articles partitifs et différents compléments, les compléments d'agent, les adjectifs possessifs et différents compléments et, enfin, les compléments sans article. Afin de faciliter la lecture, j'ai quelquefois rassemblé tous les compléments directs ou indirects, peu importe le déterminant qui précède chacun d'entre eux. Quant au signe (+ adj.), il signifie que le verbe ainsi employé est le plus souvent suivi ou précédé d'un adjectif qualificatif.

Avis de droit d’auteur pour le Dictionnaire des cooccurrences

© Guérin, éditeur ltée, 2001
Un outil mis en ligne par le Bureau de la traduction, Services publics et Approvisionnement Canada

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