La traduction, pas seulement pour les traducteurs!

Publié le 1er février 2021

La traduction est une profession très spécialisée exercée par des personnes hautement qualifiéesNote de bas de page 1. Au Canada, les traducteurs travaillent fort pour faire en sorte que les Canadiens d’expression française et anglaise puissent avoir accès à un large éventail de documents et de services, y compris les débats parlementairesNote de bas de page 2, dans les deux langues officielles du pays. Ailleurs dans le monde, notamment en Europe, et dans les organisations internationales comme les Nations Unies et l’Organisation mondiale de la santé, on effectue chaque jour des travaux similaires de traduction professionnelle.

En 2020, un événement historique s’est produit aux Oscars lorsque, pour la toute première fois, un film en langue étrangère a remporté l’Oscar du meilleur film. Le film coréen intitulé Parasite a été rendu accessible au public anglophone grâce aux sous-titres habilement rédigés par le traducteur Darcy Paquet. Bon nombre de traducteurs professionnels sont hautement qualifiés puisqu’ils ont étudié la traduction à l’université ou obtenu un agrément d’une association professionnelle de traducteurs. Il ne fait aucun doute que les traducteurs professionnels sont des spécialistes accomplis dont les compétences sont nécessaires pour réaliser diverses tâches prestigieuses et importantes, mais existe-t-il d’autres besoins liés à la traduction dans notre société?

Traduction non professionnelle

Le terme « traduction non professionnelle » est apparu pour désigner différents types de situations et de tâches de traduction qui ne nécessitent peut-être pas l’intervention d’un traducteur professionnel. En voici des exemples :

  • les personnes qui effectuent des recherches généalogiques pour en savoir davantage sur leurs ancêtres;
  • des amis qui veulent traduire des publications parues dans les médias sociaux et rédigées dans d’autres langues;
  • les personnes qui apprennent une langue et qui veulent comprendre des paroles de chansons dans d’autres languesNote de bas de page 3;
  • les amateurs de conférences TED ou de dessins animés japonais qui veulent rendre leurs productions préférées accessibles au moyen de sous-titres;
  • les voyageurs qui séjournent dans une autre régionNote de bas de page 4 et qui veulent lire le menu d’un restaurant ou une brochure touristique rédigés dans la langue locale;
  • des collègues qui travaillent dans des bureaux multilinguesNote de bas de page 5 et qui veulent envoyer ou lire des courriels de faible importance;
  • des étudiants qui doivent rédiger des travaux dans leur langue seconde.

Dans tous ces cas, il est improbable que les personnes ayant une telle tâche de traduction à accomplir aient recours aux services d’un traducteur professionnel. Elles exécuteront vraisemblablement la tâche elles-mêmes, peut-être avec l’aide d’outils en ligne, comme des dictionnaires et des concordanciers bilingues, ou de la traduction automatique. En cette ère de mondialisation, les gens se trouvent plus souvent que jamais en contexte multilingueNote de bas de page 6, et il semble y avoir un besoin et un intérêt croissants pour la traduction non professionnelle.

Répondre à la demande pour les connaissances sur la traduction non professionnelle

Dans le cadre de mon travail à titre de professeure d’université, mon travail a consisté surtout à élaborer des cours très spécialisés et à les donner à des étudiants qui souhaitent devenir des traducteurs professionnels. Toutefois, j’ai récemment eu l’occasion de créer un cours destiné à un public différent : des personnes qui veulent simplement en savoir davantage sur la traduction. Ce cours ne fait pas partie du programme de formation des traducteurs; il s’adresse plutôt à tous les étudiants de l’université, de même qu’au grand public. Dans la première cohorte, il y avait des étudiants en criminologie, en soins infirmiers, en informatique, en sciences politiques, en ingénierie, en économie et dans d’autres domaines encore! En effet, le cours a suscité un si grand intérêt que nous avons augmenté le nombre de places et décidé de l’offrir à nouveau au trimestre suivant. Certains des étudiants parlaient l’anglais ou le français, ou les deux, mais d’autres parlaient une langue autochtoneNote de bas de page 7 (par exemple, l’atikamekw ou le cri) ou avaient une autre langue maternelle (par exemple, l’allemand, l’arabe, le bengali, le chinois, le coréen, l’espagnol, l’ourdou, le persan, le portugais, le russe, le tagalog ou l’ukrainien). Vers le début du cours, les étudiants ont répondu à un court sondage qui comprenait une question sur les raisons qui les avait menés à s’inscrire à ce cours. La grande majorité d’entre eux ont répondu qu’ils faisaient déjà de la traduction non professionnelle régulièrement et qu’ils souhaitaient en apprendre davantage sur le sujet. De plus, beaucoup ont indiqué qu’ils reconnaissaient la complexité de la traduction et que, même s’ils n’avaient pas l’intention de faire carrière en traduction, ils espéraient néanmoins obtenir quelques conseils qui les aideraient dans leurs tâches de traduction non professionnelle.

Un cours pour les curieux!

Concevoir un cours sur la traduction à l’intention de non-professionnels a été un défi amusant! En plus d’apprendre certains concepts clés (par exemple traduire le sens, et non les mots), les étudiants ont pu mettre en pratique d’autres compétences, comme la rédaction et le résumé, qui constituent les fondements de la traduction. Les modules les plus populaires du cours ont été ceux portant sur la traduction audiovisuelle, la transcréation, l’introduction à l’interprétation, ainsi que la présentation de ressources et d’outils, y compris ceux du Portail linguistique du Canada (s’ouvre dans un nouvel onglet). La traduction automatique et la littératie appliquée à la traduction automatiqueNote de bas de page 8 ont aussi été des sujets populaires. À la fin du cours, les étudiants ont mentionné qu’ils se sentaient maintenant mieux outillés non seulement pour aborder les tâches de traduction non professionnelle avec confiance, mais aussi pour savoir quand le travail à faire dépasse leurs compétences et quand faire appel à des professionnels pour obtenir du soutien.

Vous êtes curieux d’en apprendre davantage sur la traduction, mais vous ne savez pas par où commencer? Pourquoi ne pas consulter les offres de formation continue dans certaines universités canadiennes, afin d’aller chercher quelques trucs et astuces pour mieux vous débrouiller dans notre monde multilingue!

Traduit par Céline Danis, Portail linguistique du Canada

Avertissement

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En savoir plus sur Lynne Bowker

Lynne Bowker

Lynne Bowker possède un doctorat en génie de la langue décerné par l’Institut des sciences et technologies de l’Université de Manchester, en Angleterre. Elle est professeure titulaire à l’École de traduction et d’interprétation de l’Université d’Ottawa, et traductrice du français à l’anglais agréée par l’Association des traducteurs et interprètes de l’Ontario.
 

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Commentaires

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Soumis par Julie Labille le 2 février 2021 à 8 h 30

Bravo pour votre initiative. Elle permet de mieux faire connaître notre métier et sa complexité effectivement. La traduction reste un véritable métier qui doit garder ses lettres de noblesse mais c'est très intéressant de donner quelques outils pour permettre aux non professionnels de produire de la qualité, pour un usage personnel.

Soumis par Lynne B. le 2 février 2021 à 13 h 25

Merci beaucoup, Julie! Oui, effectivement, c’était exactement mon but avec le cours : sensibiliser les étudiants aux complexités de la traduction professionnelle et en même temps leur offrir des trucs et des astuces pour mieux effectuer les tâches moins exigeantes. Je viens de recevoir les évaluations du cours pour le trimestre d’automne, et il semble qu’en gros, les étudiants ont beaucoup apprécié le contenu. Alors, c'est une expérience que je vais peaufiner et répéter !
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