Bravo, j'aime beaucoup!
Inséparables distances
J’ai commencé à écrire de la poésie pour exprimer les pensées que je ne savais articuler devant personne. Sortir de moi en silence des émotions criantes. Sans trop déranger. L’exercice a été fait en cachette pendant de nombreuses années. Au fil du temps, j’ai laissé d’autres lire quelques passages, j’ai dévoilé des bribes de ces élans. Au fil du temps, j’ai compris que la poésie se cache, elle aussi, dans tous les recoins des jours, toutes les interactions. Elle est cachée, mais bonheur et émerveillement attendent celui ou celle qui la cherche.
tu as raison
ce n’est qu’un jeu
tu es si jeune
ton sourire n’a pas de limite
même tes oreilles n’arrivent pas à le freiner
dis-moi
comment tu aimerais danser quand tu seras grand
dis-moi
comment la vie est immense quand on est petit
dis-moi
la tragédie de ton ballon dégonflé
on driblera tes joies encore quelques années
ça me détendra de la peur de mourir
sans t’avoir vu grandir
ferme les yeux
dis-moi ce que tu vois
on se balancera les pieds dans le vide
sans se pendre
jusqu’au ciel
pleure tes petites fins du monde
quelques secondes
je n’ai aucun regret de t’avoir conduit jusqu’à cette vie
te voir la courir dans tous les sens me vire les idées cimetières à l’envers
j’ai le goût de vivre jusqu’au coin de la rue
avec toi
cours le plus vite que tu peux
dépasse-moi tu es un champion
tu n’es pas obligé de connaître la destination
mon fil d’arrivée qui se rapproche
tes forêts commencent à peine à pousser
continue de les grimper
je vais te cacher encore un peu mes pensées coupe à blanc
je veux tes rivières sans barrages ni compteurs
qui débordent de poissons rouges à la cannelle
pour que tu ne t’étouffes pas dans mes trop-pleins
ne te noie pas
je serai trampoline au-dessus de mes fonds de misère
dans ma maison
ta chambre ne disparaîtra jamais
tu habiteras toujours toutes mes pièces
je ne t’ai jamais encore perdu
dans le métro
au Costco
ni dans ta liberté
ton père dit que tu iras loin
contredis-le pour moi
reste proche
avant toi j’étais une mère sans enfant qui cherchait des cris
un ventre vide vacant par saignement
trop vaste pour l’avenir sans tes mots en voyelles
j’ai creusé en moi
et je t’y ai trouvé en puits
j’ai moins soif depuis que je m’abreuve à ta lumière
je bois moins depuis toi
tu as raison ce n’est qu’un jeu
tu n’as pas besoin de vivre casse-tête
tu peux être glissades d’eau encore un peu
tu as raison ce n’est qu’un jeu
joue avec les ballons les échecs les mots tes amis
pas avec les sentiments
sois échelle plus que serpent
les amis s’aiment
certains meurent ou pire s’abandonnent avant
reste fort
ils se déclarent
je t’aime pour toujours mais j’ai plusieurs toujours
se décalent
ancre-toi à de nouveaux repères
il y a des mouillages plein l’océan
cherche de nouvelles bouées de chair
the first cut is the deepest
chantait celui qui ne chante plus
on aime à mourir mais pas dans la vraie vie
laisse battre ton cœur-coquart
ça vaut la peine
se battre pour toi dans les cordes
respire un grand coup
au tapis
s’habituer à survivre aux peines qui tuent
s’accrocher s’arracher
l’humain est velcro
malgré la peur et les rejets attache-toi
avec des boucles on s’enfarge moins
tracer des traits d’union au hasard des vents
défaire les nœuds qui ne nous font pas voguer des mers
tout le monde est seul
mais tu es chanceux
tu sais faire le pont
no man is an island
mais chacun est seul entre les rives des étreintes
tiens-toi droit
mais avant colle-moi
on est bien
maman dit
statue
(Extrait d’Inséparables distances)
La poésie, c’est une façon d’observer le monde ou d’apprécier une présence sous un angle inusité ou inédit. C’est une façon de sortir momentanément du quotidien ou de l’illuminer, de fuir sa propre douleur ou sa propre banalité. C’est surtout, pour moi, une façon de faire de la beauté avec ce que je crains de tout mon être : la fin de l’amour ou de la vie.
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Merci pour les beaux mots et
Merci pour les beaux mots et merci d'avoir pris le temps de les écrire.
Merci de nous donner quelque
Merci de nous donner quelque chose de beauté à lire. Vos mots m'ont vraiment touché.
Les vôtres me touchent droit
Les vôtres me touchent droit au cœur. Merci beaucoup.
Bonjour Mélanie!
Bonjour Mélanie!
Je suis abonnée à cette infolettre depuis des années et je tombe, aujourd'hui, sur ta poésie! Les hasards se multiplient!
Merci de l'avoir partagée ici!
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