Quoi de plus satisfaisant que de pouvoir communiquer! Savoir bien écrire notre langue française, la parler en utilisant des mots dont la variété étonne et ravit, voilà un agréable défi! Toutefois, mon passé de communicatrice me porte à me questionner sur l’emploi d’un français de qualité dans notre monde actuel. Tout va vite, et le recours aux raccourcis faciles n’incite nullement à parler avec précision dans notre vie quotidienne. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai sourcillé, tant à l’écoute des médias qu’à leur lecture, dans un univers où les abréviations côtoient des structures anglaises parfois totalement incompréhensibles.
Une vertu oubliée
Savoir s’exprimer correctement me semble une vertu trop souvent oubliée. Et pourtant, l’expression orale est essentielle, car tout le monde est appelé à un moment ou à un autre à prendre la parole pour parler d’une œuvre, d’un voyage, d’un résultat sportif et d’autres sujets. Comment peut-on accepter de plus en plus aisément des énoncés parsemés de mots anglais comme « je t’envoie du love » ou encore « le plus beau voyage de ma life »? Je constate que l’expression orale se dégrade, que le vocabulaire se limite aux mots connus et que les erreurs se multiplient. Qui n’a pas entendu de liaisons fautives? À l’écrit, les fautes d’accord ne font pas exception. Nombreuses, elles sont recensées dans des articles de journaux, tant électroniques que papier, dans des avis de même que sur de nombreuses pancartes exhibées sur la place publique. En outre, la lecture de certains textes me fait parfois tiquer et me donne l’impression que les structures de la langue écrite sont de plus en plus pauvres.
L’erreur est humaine
Je sais, rien n’est parfait… et l’erreur est humaine, comme on l’entend souvent pour justifier les mauvaises utilisations de notre belle langue française. Certes, on pourrait rétorquer que l’important est de pouvoir communiquer, même si l’exercice peut parfois s’avérer difficile. Je comprends que la tâche n’est pas aisée, mais peut-être devrions-nous tout de même nous engager dans un processus de défense de la langue? Le français ne manque certainement pas de mots. Pourquoi ne pas faire l’effort d’utiliser le mot juste? Et pourquoi ne pas découvrir de nouveaux mots?
Je suis d’avis que nous abandonnons trop rapidement et que nous nous laissons entraîner dans le tourbillon de la facilité. Pourtant, les auteurs et autrices d’ici et les artistes faisant carrière sur la scène internationale savent mettre en valeur la qualité de notre héritage langagier. N’est-il pas temps pour nous, francophones, de reprendre le flambeau et d’affirmer haut et fort qui nous sommes?
Un défi constant
Savoir s’exprimer correctement ne devrait-il pas être le premier pas vers la valorisation de notre langue si vivante et si belle, à l’image de notre histoire? La langue française fait partie de notre patrimoine; elle est l’héritage d’un passé parfois houleux, et la défendre demeure un défi constant. Avec ses accents d’ici, elle constitue une richesse inestimable. Défendons-la avec fierté! Comme l’a si bien dit Gilles Vigneault : « La meilleure façon de défendre une langue, c’est de la parler bien, de l’écrire le mieux possible et de la lire beaucoup. » Saurons-nous relever ce défi?