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Results 1 to 25 of 3239 (page 1 of 130)

Prépositions : trouvez-les dans les phrases

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Jeu où il faut trouver les prépositions dans les phrases données. Pour qu'un texte soit limpide, il est très important de choisir les bonnes prépositions et locutions prépositives. Voyons si vous repérerez toutes celles qui se trouvent dans ces phrases.1. Il faut travailler avec acharnement pour réussir.avecpourtoutes ces réponses2. Il a choisi une cravate à pois.aàtoutes ces réponses3. Thomas s'est arrêté entre Calgary et Banff.entreettoutes ces réponses4. La réunion devrait se tenir autour de 15 h.seautour detoutes ces réponses5. Plaçons ce fauteuil contre le mur.cecontretoutes ces réponses6. Cette pièce est chaleureuse en raison des meubles qui y sont disposés avec goût.en raison desavectoutes ces réponses7. Tous les employés étaient présents, sauf toi.toussauftoutes ces réponses8. Mon frère habite à une heure d'ici.àd'toutes ces réponses9. Si je le pouvais, je prendrais davantage de vacances à l'étranger.deàtoutes ces réponses10. Elle se porte bien en dépit de ce qu'elle a subi.en dépit deatoutes ces réponses  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

Préposition « sur » : prononcez-vous sur la question!

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Jeu où il faut déterminer si les expressions contenant la préposition sur sont correctes ou incorrectes. Pour qu’un texte soit limpide, il est très important de choisir les bonnes prépositions. Êtes-vous toujours sûr de bien employer la préposition sur dans vos textes?À vous de juger si la préposition sur est bien utilisée dans les phrases suivantes. Il s’agit de répondre par oui ou non.1. Mélanie est d’accord avec moi sur la question des renseignements personnels.ouinon2. Elle m’énerve : elle trouve à redire sur tout!ouinon3. Les soldats ont pris d’assaut la capitale et marchent maintenant sur Versailles.ouinon4. Je pense que Frédéric a oublié la clé sur la porte.ouinon5. Il a décidé de passer outre sur le règlement.ouinon6. Jean a voyagé toute sa vie et maintenant, il est blasé sur tout.ouinon7. Vous vous méprenez sur les sentiments de Jean-Claude.ouinon8. L’Angola n’est pas un pays qui peut vivre sur lui-même.ouinon9. Roger a tendance à se fier sur les autres.ouinon10. On annonce une canicule sur Ottawa.ouinon  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

Prépositions : « approprié à » ou « approprié pour »?

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Jeu où il faut choisir la bonne préposition dans les phrases données. Doit-on écrire approprié à ou approprié pour? On hésite parfois devant la préposition à employer avec tel ou tel mot. Voici un petit exercice de révision des prépositions!Choisissez la ou les bonnes prépositions dans chaque phrase. Attention, parfois aucune préposition n'est requise! Ne vous laissez pas piéger.1. L'humour est approprié cette situation embarrassante.pouràles deux sont correctes2. Toute la journée, il visse des tablettes des murs de béton.dansàles deux sont correctes3. Ces petites bêtes sont seulement visibles microscope.avec unaules deux sont correctes4. Les explorateurs européens troquaient des miroirs de l'or.pourcontreles deux sont correctes5. Je cherche mes clés depuis une heure.pouraucune prépositionles deux sont correctes6. Il a vite été transféré une autre division.àdansles deux sont correctes7. Il n'est pas si fâché; je parie qu'il appellera d'ici demain.àaucune prépositionles deux sont correctes8. Vous êtes sommé comparaître.deàles deux sont correctes9. L'imagination est l'outil le plus utile l'écrivain.pouràles deux sont correctes10. Ils lancent ce projet l'initiative du nouveau directeur.àsurles deux sont correctes  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

Prépositions : « migrer au Sud » ou « migrer vers le Sud »?

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Jeu où il faut choisir la bonne préposition dans les phrases données. Doit-on écrire migrer au Sud ou migrer vers le Sud? On hésite parfois devant la préposition à employer avec tel ou tel mot. Voici un petit exercice de révision des prépositions!Choisissez la ou les bonnes prépositions dans chaque phrase. Attention, parfois aucune préposition n'est requise! Ne vous laissez pas piéger.1. Sa gentillesse compense ses erreurs passées.pouraucune prépositionles deux sont correctes2. L'année dernière, il a obtenu un diplôme chimie.endeles deux sont correctes3. Cette vente augure bien l'avenir de l'entreprise.depourles deux sont correctes4. Les besoins eau potable augmentent chaque année.d' (de)enles deux sont correctes5. On prévoit l'affecter un nouveau poste.àdansles deux sont correctes6. Il est censé arriver demain au volant de sa voiture neuve.d' (de)aucune prépositionles deux sont correctes7. L'infraction mentionnée paragraphe 3.sur leaules deux sont correctes8. Cette dictature fut des plus néfastes la culture.pouràles deux sont correctes9. Le héros a un grand appétit justice.pour ladeles deux sont correctes10. Les colibris ont commencé à migrer Sud.vers leaules deux sont correctes  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

Prépositions : « siéger sur un comité » ou « siéger à un comité »?

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Jeu où il faut choisir la bonne préposition dans les phrases données. Doit-on écrire siéger sur un comité ou siéger à un comité? On hésite parfois devant la préposition à employer avec tel ou tel mot. Voici un petit exercice de révision!Choisissez la ou les bonnes prépositions dans chaque phrase. Attention, parfois aucune préposition n'est requise! Ne vous laissez pas piéger.1. Je me suis arrêté pour causer Jean-Luc quelques minutes.àavecles deux sont correctes2. Votre mode de vie est-il compatible vos valeurs?àavecles deux sont correctes3. Il a divorcé Sophie.deavecles deux sont correctes4. J'ai échoué mon examen d'anglais.àaucune prépositionles deux sont correctes5. Ce breuvage artisanal est impropre la consommation.pouràles deux sont correctes6. Claudia travaille une ferme.surdansles deux sont correctes7. Cette année, Jasmine a accepté de siéger un comité.àsurles deux sont correctes8. Ton entreprise devrait soumissionner ces travaux prévus l'année prochaine.àpouraucune préposition9. Après plusieurs années de fréquentation assidue, j'ai été infidèle mon café préféré ce matinenversàavec10. Ce conflit s'est soldé une catastrophe historique.parenles deux sont correctes  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

Prépositions avec un nom de pays : voyage au pays des prépositions

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Jeu où il faut trouver la bonne préposition qui accompagne chaque nom de pays. Dit-on fait en Philippine ou aux Philippines? Ce n'est pas évident… Eh bien, on dit aux Philippines. Il s'agit d'un nom féminin pluriel, et le nom de ses habitants est Philippin, Philippine.Trouvez la bonne préposition qui accompagne les noms de pays suivants :1. Pérouauenàaucune de ces réponses2. Andorreauenàaucune de ces réponses3. Barbadeauenàaucune de ces réponses4. Ghanaauenàaucune de ces réponses5. Nauruauenàaucune de ces réponses6. Belgiqueauenàaucune de ces réponses7. Lesothoauenàaucune de ces réponses8. Tongaauenàaucune de ces réponses9. Corée du Nordauenàaucune de ces réponses10. Bahamasauenàaucune de ces réponses  
Source: Quizzes on the Language Portal of Canada

8 mots français intraduisibles qui me manquent quand je parle anglais

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Billet de blogue en français traitant de mots français sans équivalent direct en anglais, et de leurs divers sens. Depuis la conquête de l’Angleterre par les Normands, en 1066, l’anglais et le français sont intimement liés par des siècles d’échanges de mots et un bassin commun de mots d’origine romane. Je suis une Canadienne anglophone, mais j’ai fréquenté l’école française dès la maternelle. J’ai rapidement découvert les similarités entre les deux langues et j’apprenais facilement mes leçons. Mais il y a toujours des mots français qui me manquent quand je parle anglais. Certains n’ont tout simplement pas d’équivalent! Je finis par les utiliser en français dans mes conversations anglaises. Est-ce que je me fais comprendre? Ça, c’est une autre question... 1. Si « Si » est un petit mot porteur de tant de sens. En anglais, on le traduit généralement par if, so ou yes. Mais en français, « si » est un mot spécial parce qu’il veut dire à la fois « oui » et « non ». Il faut toutefois l’utiliser correctement et dans le bon contexte, car il sert à répondre par l’affirmative à une question ou une affirmation négative. Exemple : — Tu n’aurais pas fait la lessive? — Si! J’ai déjà rangé les vêtements propres! Enfant, quand j’ai appris ce mot, mon petit moi anglophone a été stupéfait par les possibilités qu’il apportait. Il faut croire que j’étais déjà fascinée par la linguistique, car je trouvais ça merveilleux! Puisque le français a tendance à formuler les questions à la forme négative, le mot « si » est indispensable. En anglais, on aime poser les questions à la forme affirmative, ce qui explique peut-être que cette langue n’ait pas de mot équivalent. Quand je parle anglais, je me trouve souvent prise au piège quand j’ai besoin d’un mot pour contredire une affirmation négative. Je finis alors par bredouiller un « si, si, si » aussi confus qu’inutile! 2. Chez La préposition « chez » (en anglais seulement) se démarque de toutes les prépositions en ce qui concerne sa traduction en anglais. Elle se traduit couramment par at, for, among ou in. « Chez » renvoie habituellement à un lieu, à un domicile ou à un commerce, mais s’insère également dans plus d’une expression. Exemple : Je t'appellerai une fois que je serai chez moi. / I will call you once I get home. La plupart du temps, « chez » signifie « à l’endroit qui appartient à ». On comprend bien, au nombre de mots qu’il faut pour expliquer cette simple préposition, qu’il n’existe pas un seul mot qui la traduise parfaitement en anglais! 3. Tartiner « Tartiner » signifie « étaler quelque chose », généralement sur une tartine (un morceau de pain grillé). Vu la place qu’occupent le fromage et le pain dans la culture française, l’existence de ce curieux verbe n’est pas étonnante! J’aime tant dire « tartiner » – la sonorité du mot évoque presque sa signification! L’absence de ce mot en anglais ne m’empêchera pas de demander, dans la langue de Shakespeare : « pass the caramel au beurre salé so I can tartiner my toast »! 4. Bof Le mot « bof » est aussi français que le vin, le haussement d’épaules et l’expression « n’importe quoi! ». Quand une affirmation les laisse indifférents ou leur déplaît, les francophones utilisent l’interjection « bof! ». Cette exclamation est difficile à traduire avec précision en anglais, car elle dénote tantôt le mécontentement, tantôt l’indifférence. Les mots anglais les plus proches seraient whatever! ou meh!, mais ils ne sonnent pas aussi bien à mes oreilles. Bof! Je vais continuer d’employer l’interjection française! 5. Voilà « Voilà » est un autre de ces tout petits mots porteurs de tant de significations. Employé comme expression, il se traduit de multiples façons en anglais. Par exemple, il peut vouloir dire « here/there » et « this/that », mais il sert également à insister sur un élément, à simplement combler un silence ou à appuyer une affirmation. En français, « voilà » comprend tous ces sens. Formé à partir du verbe « voir » et de l’adverbe « là », il signifie littéralement « vois là ». Exemple : — T’as vu mon téléphone? / Have you seen my phone? — Sur la table, le voilà! / It's on the table; here it is! « Voilà » est un mot-cheville particulièrement utile que l’on peut notamment insérer à la fin d’une phrase comme un synonyme de l’expression « en effet ». C’est un mot tout simplement indispensable, voilà! 6. Bref Le mot « bref », cousin de l’adverbe « brièvement », correspond approximativement à l’anglais brief et dénote une période courte. Dans la conversation, on utilise souvent « bref », « enfin bref » et « bon bref » pour combler un silence ou pour conclure une idée. Dans la langue parlée, « bref » pourrait se traduire par les expressions in a nutshell, to make a long story short, basically ou anyway, mais aucune de ces expressions anglaises n’a le punch de ce mot français. Bref, ce mot résume bien les choses et il me manque en anglais! 7. Flemme J’espère que vous n’avez pas la flemme de continuer à lire mon billet! « Avoir la flemme » veut dire « être paresseux », mais aussi « ne pas avoir l’énergie ». On retrouve le plus souvent « la flemme » après le verbe « avoir »; l’expression « avoir la flemme » se traduit à peu près en anglais par I don’t feel like it (je n’en ai pas envie). Bien sûr, on peut dire en anglais qu’« on n’a pas le cœur à la fête ce soir », mais n’est-il pas plus amusant de dire que c’est « because you have la flemme »? Le nom « flemme » a donné naissance au verbe « flemmarder », mon mot préféré pour dire « paresser ». 8. Spleen Je pense que j’ai gardé le meilleur pour la fin. Comme « flemme », « spleen » a été popularisé par la littérature française du 19e siècle. Il décrit un sentiment de mélancolie sans cause apparente. Le spleen et la flemme sont des notions voisines et les deux sont des états d’âme typiquement français qui n’ont pas d’équivalent anglais. Voilà, bref, 8 mots qui me manquent quand je m’exprime en anglais. Et vous, y a-t-il des mots français qui vous manquent dans la langue anglaise? Traduit par Marc-André Descôteaux, Portail linguistique du Canada
Source: Our Languages blog (posts from our contributors)

3 différences stylistiques entre l’anglais et le français

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Billet de blogue en français expliquant aux clients de traducteurs trois différences fondamentales entre l’anglais et le français. Vous avez devant vous une traduction, de l’anglais au français ou du français à l’anglais. Dès les premières lignes, rien ne semble concorder. Comment savoir si on vous a livré une bonne traduction? Voici quelques différences stylistiques qui pourraient vous mettre sur des pistes. 1. L’ordre des mots En anglais, on qualifie d’abord et on nomme ensuite, par exemple Chinese food, où food exprime l’idée principale et Chinese, la catégorie. En français, l’équivalent serait « mets chinois ». Ainsi, l’idée principale est exprimée d’abord et qualifiée ensuite. De quoi parle-t-on? De mets. De quel type de mets? De mets chinois. Cette différence s’observe aussi dans une expression telle que : he ran downstairs. On dirait en français « il descendit l’escalier en courant ». Dans ce cas, l’anglais, exprime la façon par le verbe ran, tandis que le français exprime la façon par le complément « en courant  »; l’ordre se retrouve alors inversé. Ainsi, quand vous évaluez une traduction, c’est normal d’avoir l’impression de devoir « lire à l’envers ». 2. Les prépositions Le français utilise plus de prépositions que l’anglais. En anglais, un nom peut en qualifier un autre, mais en français, cet usage n’est pas aussi courant. Dans la plupart des cas, pour unir deux noms, il faut une préposition. Ainsi, ball gown ne sera pas traduit par « robe bal », mais par « robe de bal »; management report deviendra « rapport à la direction » ou « rapport de la direction »; knitting needles sera rendu par « aiguilles à tricoter ». Par ailleurs, le français et l’anglais n’utilisent pas toujours les mêmes prépositions. Voici quelques exemples : Exemples de différences entre les prépositions utilisées en anglais et en français Prépositions en anglais Prépositions équivalentes en français A report by the chief financial officer (et non of) Un rapport du dirigeant principal des finances (et non par) This order is payable on receipt (et non at) Cette commande est payable à la livraison (et non sur) I was waiting for the bus (et non l’absence de préposition) J’attendais l’autobus (et non pour) 3. Le genre C’est bien connu, l’anglais, contrairement au français, n’utilise pas le genre grammatical. Ce qui peut donner bien des maux de tête quand on apprend cette langue, mais aussi quand on traduit de l’anglais vers le français. En français, étant donné que le masculin l’emporte sur le féminin, le traducteur pourrait choisir de changer l’ordre des mots ou d’utiliser un synonyme pour faciliter l’accord d’un adjectif ou d’un participe. Ainsi, un énoncé comme relevant results and data pourrait être rendu de différentes façons, selon le contexte : Façons de traduire « relevant results and data » et explications des stratégies utilisées Traduction possible Stratégie utilisée Résultats et données pertinents L’adjectif « pertinent » est accordé au masculin pluriel, mais suit le nom « données », qui est féminin; le lecteur francophone pourrait se demander s’il y a faute d’accord. Données et résultats pertinents Déplacement du mot féminin « données » pour que l’énumération se termine par un nom masculin et que l’accord paraisse plus naturel. Résultats et données utiles Utilisation de l’adjectif « utiles », qui a la même forme au masculin et au féminin. En revanche, du français à l’anglais, le traducteur pourrait décider, dans le dernier exemple, d’employer relevant plutôt que useful (« utile »), puisque l’accord n’est pas un problème. Comme vous pouvez le constater, l’anglais et le français ne fonctionnent pas selon la même logique. Il est donc très délicat d’évaluer la qualité d’une traduction sans bien connaitre leurs différences stylistiques. Au final, tout dépend de la confiance que vous avez en votre traducteur. À ce sujet, je vous recommande la lecture du billet publié dans le présent blogue qui s’intitule : « Traduction : faisons confiance aux professionnels (ouvre dans une nouvelle fenêtre) ». N’hésitez surtout pas à poser des questions à votre traducteur, à lui faire part de vos besoins. En retour, soyez disposé à répondre à ses questions. Plus vous collaborerez, plus la traduction sera satisfaisante. Sans compter que, dans le processus, vous découvrirez sûrement d’autres différences stylistiques – et je vous invite à les écrire dans les commentaires. Voir les sources consultées DELISLE, Jean. La traduction raisonnée : Manuel d’initiation à la traduction professionnelle de l’anglais vers le français, 2e éd., Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2003, 604 p. CANADA. BUREAU DE LA TRADUCTION. Clés de la rédaction (ouvre dans une nouvelle fenêtre). CANADA. BUREAU DE LA TRADUCTION. Writing Tips Plus (ouvre dans une nouvelle fenêtre, anglais seulement). EASTWOOD, John. Oxford Learner’s Grammar, New York, Oxford University Press, 2005, 432 p. QUÉBEC. OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE. Banque de dépannage linguistique (ouvre dans une nouvelle fenêtre). VINAY, Jean-Paul et Jean DARBELNET. Stylistique comparée du français et de l'anglais, Montréal, Beauchemin, 1990.
Source: Our Languages blog (posts from our contributors)

Question de syntaxe : de l’intuition à l’explication

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Billet de blogue en français sur l’utilisation de la préposition « pour » sous l’influence de l’anglais Croyez-le ou non, l’idée de ce billet a germé il y a plus de cinq ans. Je consultais un site Web populaire quand je suis tombé sur une formulation qui m’a fait réagir. D’emblée, je comprenais ce qu’elle signifiait, mais plus je la regardais, plus je me posais de questions. J’ai écrit aux responsables pour voir s’il n’y avait pas quelque chose à corriger, mais je n’avais ni les mots justes ni l’appui solide d’un ouvrage de grammaire. Juste une intuition… J’ai amorcé peu après l’écriture d’un texte sur l’emploi de la préposition « pour » dans des contextes où elle me semblait « mal arrimée », là où elle me paraissait créer de l’ambiguïté. On dit souvent que le français est une langue claire, mais en l’occurrence, je trouvais que notre belle langue faisait mentir ce cliché. Assez de généralités : passons au vif du sujet! J’avais remarqué à l’époque que, sans doute sous l’influence de l’anglais, on voyait très souvent le mot « pour » dans des contextes où l’on ne pouvait pas dire clairement à quoi il se rattachait. Cela me donnait l’impression que ce n’était pas tout à fait français, pas vraiment « idiomatique » comme on dit dans la profession langagière. Voici deux exemples inspirés de ce que l’on voit sur le Web : Quel est le rôle des étoiles pour former de nouveaux atomes? Des ingénieurs sont divisés pour juger si le système est au point. Vous voyez ce qui cloche? À quoi se rattachent ces « pour », et que qualifie le complément qu’ils introduisent? Dans le premier cas, cela donne « le rôle pour former des atomes », c’est-à-dire le rôle qu’elles jouent dans la formation des atomes. Dans la deuxième phrase, je crois que « pour » ne se rattache vraiment à rien. Une chose est claire : les ingénieurs ne se sont pas séparés en deux groupes pour juger si le système était au point. Ils ne sont tout simplement pas d’accord sur la question. L’épiphanie, si je puis dire, m’est arrivée cinq ans après ces interrogations. Que s’est-il passé? Je me suis inscrit à un cours de perfectionnement en traduction portant sur les prépositions en me disant que j’apprendrais certainement des choses utiles. Je ne me doutais pas qu’en fait, il allait porter essentiellement sur la question qui me chicotait depuis toutes ces années! Ce que j’ai appris, en gros, c’est qu’il s’agit bel et bien d’une influence de l’anglais. Pour l’essentiel, la préposition anglaise est arrimée à un nom, mais la préposition française est beaucoup plus souvent associée à un verbe. En écrivant comme en lisant, on relie donc plus fréquemment la préposition « pour » au verbe qui la précède. Par exemple : Je vous invite à lire ce qui suit pour en apprendre davantage. C’est ce qu’il faut faire pour aider le secteur à trouver de nouveaux marchés. Ces énoncés sont plus naturels, plus clairs et plus faciles à lire que les deux exemples du début du billet, n’est-ce pas? J’ai dit plus haut que la préposition est plus souvent arrimée à un verbe qu’à autre chose, mais il y a des cas où il est tout à fait correct de lier une préposition à un nom, à un adjectif ou à un adverbe. Ne nous privons donc pas de ces possibilités : rien de mal à écrire « un film pour tous » ou « c’est bon pour le moral »! Cela étant dit, nous devrions chercher la clarté chaque fois que nous écrivons. Si je vous dis que je vous propose des outils pour améliorer vos compétences en gestion, allez-vous comprendre que « je vous propose d’améliorer vos compétences en gestion à l’aide d’outils » ou plutôt qu’« il s’agit d’outils conçus pour améliorer vos compétences en gestion »? S’il y a un doute, je dois modifier la phrase. Par exemple : « Je vous propose des outils qui vous aideront à améliorer vos compétences en gestion. » Dans l’exemple qui précède, le flottement de sens n’avait rien de bien grave, mais il y a des cas où l’imprécision peut être beaucoup plus importante et amener votre public à comprendre un message tout autre que celui que vous vouliez transmettre, comme dans l’exemple où l’on parle des ingénieurs divisés. En conclusion, je suis heureux de m’être fié à mon instinct et d’avoir finalement trouvé ce que je cherchais. Mais le chemin entre l’intuition et l’explication a été si long! Et vous, vous est-il déjà arrivé d’avoir le sentiment qu’un mot, une expression ou une structure de phrase était erroné, mais sans arriver à mettre le doigt sur la raison? Racontez-moi ça dans les commentaires!
Source: Our Languages blog (posts from our contributors)

Traduire le monde : les noms de ministères

Un article sur la traduction des noms de ministères
André Racicot (L’Actualité langagière, volume 3, numéro 2, 2006, page 23) Faut-il traduire le nom du Ministry of Internal Affairs de l’Ukraine? De prime abord, on pourrait penser que non, puisque le français n’a pas de statut officiel dans ce pays. Le langagier risquerait donc sa réputation en s’aventurant à inventer une appellation, avec tout le lot de pièges insidieux que cet exercice comporte. Le dernier énoncé est pourtant un sophisme. Comme chacun le sait, le nom des grandes institutions des pays étrangers est presque toujours traduit. Ne parle-t-on pas couramment de la Maison-Blanche à Washington, de la Diète du Japon, du palais du Quirinal à Rome? Il en va de même pour les titres de postes : le président de la Pologne rend visite au roi du Cambodge; le ministre des Affaires étrangères de l’Indonésie rencontre le premier ministre de la Thaïlande. La même logique ne devrait-elle pas valoir pour les titres de ministères? La réponse est évidente. Dans le cas cité en début de texte, la traduction s’impose, d’autant plus que l’anglais n’a pas de statut officiel en Ukraine. Ministère de l’Intérieur conviendra parfaitement. Les pays anglophones voient eux aussi le nom de leurs ministères traduits en français. Qui penserait à écrire le Department of Homeland Security des États-Unis, alors que n’importe quel journal francophone parle du département de la Sécurité intérieure? L’anglais peut toutefois réserver quelques difficultés au langagier francophone, car le générique peut varier. Ainsi, on parlera du Ministry of Defence en Grande-Bretagne, alors que le ministère de la Santé dans ce pays s’appelle Department of Health. Dans les deux cas, la traduction française est la même : ministère, parce que le générique département est peu employé dans notre langue, même si son sens premier est celui d’une administration ministérielle. Deux exceptions : les ministères américains sont appelés départements, de même que ceux de la Suisse. Les noms de ministères peuvent parfois se décliner de manière originale. Pensons au cas du Mexique, où ceux-ci s’appellent des secrétariats. Un bel exemple : Secretaría de Relaciones Exteriores, qui devient secrétariat aux Relations extérieures. On conserve ici le même générique que dans la langue originale. Deux autres choses à remarquer dans cet exemple : la préposition aux, utilisée avec le générique secrétariat, et la majuscule à l’élément déterminatif. Sur ce plan, les noms des ministères étrangers suivent les mêmes règles que celles du Canada. Le générique ministère reste en minuscule, tandis que l’élément spécifique prend la majuscule. Lorsque ce dernier comporte deux éléments, ils prennent chacun la majuscule. Ainsi, il y a uniformité des graphies entre ministères canadiens et ministères étrangers. Exemple percutant : le ministère de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice, en Afghanistan, à l’époque des talibans. Les titres de ministres suivent les mêmes règles. On parlera par exemple du ministre des Transports. Il convient cependant de noter que les ministres américains portent le titre de secrétaire : le secrétaire aux Transports. Bien entendu, il n’y aurait aucune faute de sens à écrire le ministre américain des Transports, comme on le verrait sûrement dans un journal. Mais il serait plus exact d’employer le vrai générique. Les ministères des Affaires étrangères portent souvent des titres marginaux. Nous avons parlé de celui du Mexique. Mais le plus connu est certainement celui du Royaume-Uni : le Foreign Office. En fait, son titre exact est le Foreign and Commonwealth Office. Ce ministère est connu partout dans le monde, probablement en raison du rayonnement qu’avait jadis la Grande-Bretagne. La formulation anglaise se rend mal en français et dans les autres langues, de sorte que l’appellation originale est conservée. Elle a en quelque sorte acquis ses lettres de noblesse. Autre titre un peu marginal : le Département d’État américain, dont le titulaire est le secrétaire d’État. Ce titre prête d’ailleurs à confusion, car on croirait avoir affaire à un ministre de second plan… Pourtant, il n’y a pas si longtemps, notre propre ministre des Affaires étrangères portait le titre de secrétaire d’État aux Affaires extérieures. Cette appellation a heureusement été modernisée en 1993, pour devenir tout simplement ministre des Affaires étrangères. Malgré les derniers cas mentionnés, la traduction des noms de ministères ne pose généralement pas de problème en français. Il suffit de garder en tête que tous les titres – y compris les plus originaux – doivent être traduits, et que le Foreign Office est tout simplement l’exception qui confirme la règle.
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Traduire le monde : Les noms d’universités

Un article sur la traduction des noms d’universités étrangères
André Racicot (L’Actualité terminologique, volume 34, numéro 3, 2001, page 30) Les codes de typographie énoncent des règles pour le moins byzantines quant à l’emploi de la majuscule pour les noms d’universités. On assiste à cet étourdissant jeu de bascule entre la majuscule et la minuscule selon que l’élément déterminatif est un adjectif, un nom propre ou un nom commun. Certains ouvrages sont même prêts à concéder la majuscule initiale si l’institution a un caractère distinctif… Au risque d’être recalé par certains grammairiens, il me semble bien que les universités possèdent justement cette caractéristique… Le langagier constatera avec joie que ces règles n’ont pas été retenues par le Guide du rédacteur du Bureau de la traduction. Ni par l’usage d’ailleurs, où l’Université de Paris côtoie l’Université de Grenade et l’Université de Helsinki. En fait, l’usage nous permet de constater deux choses : 1) le générique université s’écrit avec la majuscule initiale; 2) les noms d’universités se traduisent. En effet, l’idée ne viendrait à personne de dire l’Universidad de Granada, alors que la page Web en français de cette institution parle bel et bien de l’Université de Grenade… Et que penser de la Helsingin Yliopisto? L’écrire dans un texte serait vraiment jouer au fin Finnois avec ses lecteurs… Donc les noms d’universités se traduisent quand ils sont formés avec un générique et un nom de lieu. Mais les chemins de la connaissance sont parsemés d’embûches… Qu’en est-il des appellations plus compliquées? L’Institut de technologie du Massachusetts, vous connaissez? Et l’École des sciences économiques de Londres? Ces traductions ne sont pas mauvaises en soi, mais force est de constater que l’usage ne les a pas retenues. Le MIT et la London School of Economics sont connus partout dans le monde sous leur appellation anglaise. Le langagier doit respecter cet usage. On entend souvent l’Université Oxford. Cette tournure semble parfaitement correcte. Pourtant, le langagier qui voudrait la glisser dans sa copie aurait intérêt à refaire ses devoirs, comme on dit… Car le nom d’une institution suivi d’un toponyme s’énonce avec la préposition de pour marquer le lien d’appartenance. Il s’agit en l’occurrence de l’université de la ville d’Oxford. On comparera cet exemple avec l’Université Harvard, sans préposition cette fois, car Harvard n’est pas une ville, mais le nom du fondateur de l’auguste institution américaine. Par conséquent on dira : l’Université d’Oxford, mais l’Université Harvard. Autres cas semblables : l’Université Stanford et l’Université de Princeton, ville où mourut un certain Albert Einstein…
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Traduire le monde : Les États américains revisités

Un article sur la façon correcte de formuler le nom des États américains
André Racicot (L’Actualité terminologique, volume 37, numéro 2, 2004, page 31) On me consulte souvent sur la façon correcte de formuler le nom des États américains; je reviens donc sur le sujet. Deux points suscitent des interrogations : l’utilisation ou non des parenthèses lorsqu’il y a apposition avec un nom de ville et la préposition à employer.Les parenthèses Le nom de l’État est souvent mis en apposition lorsqu’il est question d’une ville américaine. Ce procédé est parfois inutile, notamment pour Washington, qu’il n’est pas nécessaire de faire suivre de DC en français, car il n’y a aucun risque de confusion avec l’État du même nom. On pourrait aussi se dispenser d’écrire que Boston est au Massachusetts, Cleveland en Ohio, etc. Cependant, il faut prendre garde à certains noms de villes qui ont des homonymes, si je puis dire, dans d’autres États. Prenons le cas de Salem. On a brûlé des femmes accusées de sorcellerie à Salem, au Massachusetts, mais pas en Oregon, dont la capitale porte également ce nom. Dans ce cas, il peut effectivement être utile de préciser l’État. Le nom de celui-ci est indiqué sous forme d’incise dans les textes anglais, précédé d’une virgule. On lira par exemple Los Angeles, California. Il est tentant pour le langagier francophone d’imiter cette formulation, mais, tôt ou tard, surviendra un problème d’uniformité si des villes canadiennes sont énumérées dans le même texte, avec le nom de la province en référence. Nous aurons donc Los Angeles, Californie et Vancouver (Colombie-Britannique). Hiatus. Aux fins d’uniformité, ne serait-il pas préférable de conserver la présentation adoptée pour les provinces canadiennes? Je crois que oui. Et ce qui vaut pour les États américains vaut aussi pour les Länder allemands, les provinces françaises, les États fédéraux mexicains ou indiens.La préposition Faut-il dire : « Il est né dans le Delaware » ou bien « …au Delaware »? En fait, c’est un faux problème, car il s’agit tout simplement d’appliquer les règles habituelles.Si le nom est féminin et commence par une consonne : en. Exemple : en Virginie. Si le nom est féminin et commence par une voyelle : il n’y en a aucun. Si le nom est masculin et commence par une consonne : au. Exemple : au Kansas. Si le nom est masculin et commence par une voyelle : en. Exemple : en Indiana.Quant à Hawaï, il s’agit d’un nom féminin, qui s’emploie sans article et requiert la préposition à. Deux autres noms d’États – Washington et New York – ne prennent pas l’article et sont de genre masculin; l’usage au Canada français est de faire précéder leur nom du générique État, qu’il faut faire précéder de la préposition dans suivie de l’article. Ce qui donne : dans l’État de Washington; dans l’État de New York. Vous souhaitez en savoir plus? Je vous invite à relire deux de mes articles parus dans L’Actualité terminologique, soit « Les États-Uniques » (vol. 31, nº 2, 1998, p. 20) et « États-Uniens ou Américains? » (vol. 33, nº 2, 2000, p. 23). L’article d’Hélène Gélinas-Surprenant, « Le Canada et les États-Unis au long et en abrégé » (vol. 35, nº 4, 2002, p. 26) vous éclairera aussi sur le « maniement » des noms d’États américains – emploi de l’article, genre et abréviation.
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Traduire le monde : Les États-Uniques

Un article sur l’utilisation du générique État pour désigner les états des États–Unis
André Racicot (L’Actualité terminologique, volume 31, numéro 2, 1998, page 20) Faut-il parler de l’État de Minnesota ou bien du Minnesota tout court? Les États-Uniques portent bien leur nom, inspiré d’une pub québécoise, diffusée quelque part entre Kennedy et Reagan. Pour les langagiers, la terminologie américaine pose certains problèmes, eux aussi uniques. Les esprits spéculatifs (sur le plan philosophique) se demandent s’il est essentiel d’utiliser le générique lorsque l’on nomme les États. Autrement dit, faut-il parler de l’État de Minnesota ou bien du Minnesota tout court? Il s’agit en fait d’un faux problème. Si on dit : « La Floride est mon pays de cocagne », alors pourquoi se gêner avec « Minnesota »? Allons-y joyeusement : « Le Minnesota a aussi de jolies plages ». En effet, pourquoi y aurait-il une catégorie d’États énoncés avec l’article, et une autre requérant le générique « État »? Vous ne trouvez pas que la vie est déjà assez compliquée? Les choses se compliquent d’ailleurs assez lorsque le nom de l’État se confond avec celui d’une ville. Au Canada français, la tradition veut que l’on dise l’État de New York et l’État de Washington, mais il m’est arrivé de voir dans des revues françaises le New York et le Washington. Une dernière observation sur la capitale américaine : est-il indispensable d’ajouter le sigle D.C. après Washington? D.C. pour District of Columbia (et non disque compact, évidemment). En français, cette mention se voit rarement, parce qu’elle n’a aucune utilité réelle. Ce n’est pas le cas en anglais, puisque l’emploi de Washington tout court pourrait amener la confusion entre l’État et la ville. Par exemple : He lives in Washington, par opposition à : He lives in Washington D.C. En français, la préposition indique clairement de quoi on parle : il vit dans l’État de Washington (ou au Washington) et il vit à Washington. Par ailleurs, l’adjectivisation du sigle US en français ne fait pas l’unanimité. Certains feront valoir que l’adjectif traditionnel américain n’est guère de bon aloi, car Canadiens, Péruviens et Brésiliens sont aussi américains que nos voisins du sud. Certes, le mot étasunien existe bel et bien, mais s’emploie rarement, sinon, je crois, avec une pointe d’ironie que l’auteur de ces lignes ne saurait se permettre. Force est de constater que cet emploi du sigle est unique… aux États-Uniques. Imagine-t-on un texte portant sur la livre UK? sur la politique UE? On parlera pourtant de la diplomatie US. Les plus puristes réserveront le US honni aux tableaux. Seul cas où ils vendront leur âme pour une poignée de dollars… US. Certains – comme moi – la vendraient, leur âme, pour que des villes américaines fondées par les Français retrouvent leur graphie française, du moins dans notre langue. Mais les négociations sur mon salut éternel étant au point mort, il faut entre-temps continuer d’écrire Detroit et Baton Rouge sans accent et Saint Louis sans trait d’union. N’en déplaise à M. Cadillac, fondateur de la ville de l’automobile, et à Sa Majesté Louis XIV.
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Traduire le monde : Atlas et graphies savantes

Un article sur le recours à un atlas pour la traduction de noms géographiques
André Racicot (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 4, 2003, page 32) Connaissez-vous Patancheru? Vous traduisez un texte anglais traitant d’une institution située « in Patancheru », en Inde. S’agit-il d’une ville, d’une province, d’une région, d’un État fédéral? La question n’est pas oiseuse, loin de là, puisque la réponse a une incidence directe sur l’utilisation de la préposition française. S’il s’agit d’une ville, on dira « à Patancheru », mais si nous avons affaire à une région, l’utilisation de l’article défini pourrait être nécessaire : « en/au Patancheru », selon que l’on dit « la Patancheru » ou « le Patancheru ». Il faut donc trancher. Bien sûr, aucune entrée séparée pour ce terme dans les dictionnaires, qui ne peuvent quand même pas répertorier tous les toponymes de la planète. Reste une carte de l’Inde, mais la ville ou la région n’y figure pas. Dans ce genre de situation, le langagier peut se tourner vers les atlas, qui comportent généralement un index détaillé permettant de retracer de très petites localités. Pour ce qui est de Patancheru, il ne figure pas dans celui que j’ai consulté. Heureusement, une petite recherche dans Internet permet aisément de découvrir que le toponyme en question est une ville. On dira donc « à Patancheru ». Cette petite recherche innocente soulève une autre question, plus grave : quelle est la valeur des atlas sur le plan des graphies? Peut-on s’y fier aveuglément? Surtout pas, car les principes de rédaction des noms étrangers adoptés par ces ouvrages varient considérablement. Certains atlas, comme celui de Larousse, optent pour la graphie française alors que d’autres privilégient l’orthographe anglaise. Mais l’ennui, c’est que beaucoup d’atlas, anglais comme français, tentent d’imposer des graphies phonétiques reflétant la prononciation exacte d’un toponyme dans la langue d’origine. C’est le cas lorsque ledit toponyme provient d’une langue n’utilisant pas l’alphabet latin, mais plutôt les caractères cyrilliques, arabiques ou autres. Prenons l’exemple très simple de la ville russe de Voronej, dont le nom s’écrit Voronezh en anglais, le zh étant la transcription du son « j » russe, semblable à celui du français. Le son « j » n’existe pas dans la plupart des autres langues européennes. Des atlas espagnols, allemands, italiens, hongrois, tchèques, etc., auront chacun leur façon d’écrire le nom de la ville russe. Pour tenter de résoudre ce problème, les auteurs de certains ouvrages proposent des graphies normalisées de certains sons qui ne s’écrivent pas de la même manière d’une langue à l’autre. Il faut se méfier de ces graphies savantes et ne pas les employer dans un texte courant. Ainsi, Voronej devient dans certains ouvrages Voronež, le z avec le crochet (accent circonflexe inversé) représentant le j prononcé à la russe. Autre exemple : Tchernobyl, qui devient černobyl. Cette fois-ci, il faut comprendre que le c avec le crochet représente tch. Comme on le voit, le lecteur doit être au fait du système de transcription utilisé, système qui peut varier d’un ouvrage à l’autre. Et pour compliquer les choses, certains atlas proposent des graphies inspirées du nom original d’un lieu, peu importe que ce nom soit traduit ou non. Ainsi, Moskva remplace tout simplement Moscou ou Moscow. Le cas de Kiev confine au délire. Voici quelques graphies recensées dans divers atlas : Kiev, Kijev, Kiyev, Kiiv. De quoi se jeter tête première dans la mer de Crimée… (ou la mer de Krym, comme l’écrivent certains)… La seule façon de dormir sur ses deux oreilles est de consulter un atlas qui emploie uniquement des graphies françaises. Il est facile de savoir si un ouvrage recourt aux graphies savantes en cherchant quelques toponymes bien choisis, provenant de langues ne s’écrivant pas en caractères latins. Par exemple : Moscou, Athènes, Grozny, Riyad, Sofia, Erevan. La transcription de ces termes sera révélatrice. Si les graphies sont inhabituelles, saugrenues, il est préférable de consulter un autre ouvrage. Morale de cette histoire : bien choisir son atlas et ne rien transcrire aveuglément.
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Précisions et distinctions, 1

Un article sur la préposition qui suit le mot besoin
(L’Actualité terminologique, volume 3, numéro 3, 1970, page 1) Besoin de – Besoins en Le mot besoin est suivi d’une préposition différente selon qu’il se présente au singulier ou au pluriel. Au singulier, il appelle la préposition « de » : le besoin de clarté, d’argent, de dépaysement. Chacun sait cela et répond instinctivement à l’appel. Au pluriel, c’est la préposition « en » qui s’impose : les besoins « en hommes » et non « d’hommes » (ce qui signifierait plutôt : les besoins de certains hommes). Demande de (non pas « pour ») En français, demande exige la préposition « de » et non « pour » comme en anglais. Ainsi, pour traduire the demand for consumer goods is a good indicator of business conditions, on dira « la demande de biens de consommation est un bon indicateur de la situation économique ». Bien retenir : jamais pour après « demande ». Jurisdiction Jurisdiction s’entend en anglais des autorités de toute nature et de tout échelon et du secteur géographique où elles exercent leurs pouvoirs. Ainsi, en anglais, jurisdiction se dira des pays, gouvernements, tribunaux, administrateurs (pris collectivement) d’une entreprise, d’un service, etc., et aussi de l’étendue de territoire (pays, province, comté, région, ville, quartier) où s’exercent ces pouvoirs. En français, juridiction est un terme strictement judiciaire : Pouvoir, droit de juger; ressort ou étendue de territoire où le juge exerce ce pouvoir (Petit LAROUSSE). Un maire, un chef de service, un ministre, etc. ne sauraient parler de leur « juridiction »; c’est compétence qu’il faut dire en français. Citations : Chacune des communes des agglomérations concernées sera invitée à transférer un certain nombre de ses compétences à la nouvelle institution de la communauté urbaine (Nord industriel de la France); Le canton est le ressort dans lequel s’exerce la juridiction d’un juge (LAROUSSE); Sa compétence s’étend sur plus de 800 ha depuis le pont de Neuilly (Le Génie civil); … a placé (le tourisme) depuis longtemps sous la compétence du Ministère des Travaux publics (La Revue Hôtelière); De la compétence des collectivités locales (art. 34, Constitution de la République française). Expressions : jurisdiction(al) conflict – conflit d’attribution(s), de compétence(s), jurisdiction, legislative – compétence législative, jurisdiction of arbitrator – compétence de l’arbitre, jurisdiction over work – compétence sur les tâches, jurisdiction of work – limites d’activité des métiers, jurisdictions – sphères de compétence. Autres équivalents : étendue de territoire : circonscription, domaine, ressort, secteur, territoire, autorités : administrations, instances, pays, puissances (pays).
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Précisions et distinctions, 2

Un article sur la préposition qui suit le mot recherche et la traduction de formal et informal education,
(L’Actualité terminologique, volume 3, numéro 4, 1970, page 2)RESEARCH ON : recherche en – recherche sur Recherche, en français, commande « en » quand il s’agit du domaine général (exprimé par un mot représentant une réalité abstraite) : recherche en médecine, en électronique, en cancérologie (soit recherche dont l’objet s’inscrit dans le domaine de la médecine, etc.). Quand l’objet sur lequel se penche la recherche est bien particulier (exprimé par un mot représentant une réalité concrète), la préposition à employer est « sur » : recherche sur le cancer, sur le laser, sur le mouton. Recherche sur la cancérologie se dira si l’objet des travaux n’est pas une matière qui s’inscrit dans le domaine de la cancérologie, mais la cancérologie elle-même (recherches destinées, par exemple, à améliorer l’étude même des tumeurs malignes). Notons, au passage, qu’il existe trois types de recherche (scientifique) : fondamentale ou pure (basic ou pure), appliquée (applied) et de développement (development), ou, étant en veine d’adjectifs, développementale, ou encore (le français étant langue amie du succinct) le « développement ».FORMAL, INFORMAL EDUCATION : études scolaires, personnelles Formal education s’entend en anglais des études faites dans un établissement scolaire ou quasi scolaire (primaire, secondaire, technique, professionnel, universitaire). De même formal courses se dit des enseignements dispensés par un établissement de cette nature dans le cadre de son programme d’études. Ont reçu une formal education celui qui est motoriste (mécanicien de moteurs) après avoir fréquenté un institut de métiers où il a appris la mécanique des moteurs, celle qui se déclare décoratrice ensemblier après s’être fait l’œil et la main à son art dans un institut spécialisé, celui qui, sachant le latin du palais, est reçu savant docteur en lois pour avoir lustré avec succès les bancs de la faculté de droit ou encore celui qui, nouveau disciple d’Esculape, accède au grade de docteur en médecine après avoir appris en faculté l’anatomie et autres sciences fondamentales de la guérison du corps et même, aujourd’hui, de l’esprit. Informal education s’entend en anglais des études de toutes natures faites hors des maisons d’enseignement, indépendamment de celles-ci, par soi-même ou à l’extérieur du cadre normal des études scolaires officielles. Ainsi en est-il de celui qui, résolu à « apprendre » la traduction par lui-même, lit, se documente, s’exerce chez lui sur des textes et consulte, à l’occasion de petites difficultés qui lui semblent grosses, des traducteurs professionnels. Ainsi en est-il encore de l’étudiant qui, non content de suivre les cours pourvant déjà exigeants de la discipline de son choix et doué d’une voix puissante et souple, d’une grande faculté de mémorisation, du sens de la mimique, d’un œil qui ne cligne pas devant les feux de la rampe et d’un cœur qu’applaudissements et bravos trouvent preneur, est membre de la petite société théâtrale de l’université, non pas élève d’une école d’art dramatique. Ainsi en est-il également de ceux-là qui, arborant peut-être longs cheveux et barbe impressionnante, fréquentent à loisir le petit studio de fortune, pour s’y exercer, qui à la peinture, qui à la sculpture, qui à la statuaire, mais sans être inscrits à une école des beaux-arts. Activités péri ou parascolaires que celles-là, on le voit. Ces étudiants, ils s’habituent à chausser le cothurne et s’initient au maniement du pinceau, du ciseau et du marteau, mais sans pour autant recevoir de formal education artistique. Leur formation artistique, ce sont eux qui se la donnent : fabricando fit faber. Leurs travaux en débouchent pas sur un diplôme. Comment, après tout cela, traduire formal et informal en matière didactique? Par « études scolaires » ou simplement « études » (si le contexte est lumineux) et par « études personnelles »; « formation scolaire » et « formation personnelle » sont aussi de bons équivalents. On verra parfois dans des textes anglais l’expression academic background; elle se rend, elle aussi, par « études (scolaires) ».
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Si vous êtes d’accord…

Un article sur l’expression être d’accord avec quelque chose
Jacques Desrosiers (L’Actualité terminologique, volume 35, numéro 3, 2002, page 21) L’ex-premier ministre est d’accord avec la réforme visant à améliorer la gouvernance…, lit-on dans un numéro récent du journal Les AffairesNote de bas de page 1. Ceux à qui on signale la « faute » possible dans cette phrase écarquillent toujours les yeux. Une faute? Quelle faute? C’est que la tournure au centre de la phrase – être d’accord avec quelque chose – en dérange certains pour la bonne raison qu’elle est absente des grands dictionnaires, qui ne l’ont jamais connue ni reconnue. On peut se demander pourquoi il y aurait là matière à controverse. Mais les dictionnaires, qui ne sont pas toujours d’accord avec l’usage, ont leurs raisons. Être d’accord veut dire « être du même avis », « partager le même point de vue ». Or on ne peut être du même avis qu’une idée ou qu’un projet : on est du même avis qu’une autre personne, on partage le point de vue de quelqu’un. L’accord, étymologiquement, est une affaire de cœur. Être d’accord, comme d’autres locutions de la même famille telles que mettre d’accord ou tomber d’accord, évoque une conformité de sentiments, de pensées (dixit le Petit Robert), un « pacte » selon le Robert historique, qui signale par ailleurs qu’en bas latin le verbe accorder avait « un complément humain ». Les accords se font entre des personnes. Ou encore entre des États ou les membres d’un groupe. Quelques exemples classiques du bon usage, cités par Grevisse : Nous sommes d’accord sur un point avec l’antisémite (Sartre). Permettez-moi de n’être pas d’accord avec vous sur ce point (Mauriac). Il était d’accord sur tout (Zola). Elle est d’accord avec moi pour tout (Giono). Ces tournures sont bien sûr encore très vivantes, ici au Canada :Je suis d’accord avec vous. L’acupuncture peut soulager sinon guérir plusieurs mauxNote de bas de page 2.…le Globe dit être d’accord avec les Canadiens qui trouvent curieux que le pays ait « un chef d’État étranger »Note de bas de page 3 autant qu’en Europe :Je suis d’accord avec ceux qui affirment que cette élection exprime avant tout la défaite de la gaucheNote de bas de page 4.Je suis d’accord avec les dirigeants de la Fédération quand ils disent qu’il faut que ce soit un BelgeNote de bas de page 5.Helmut Kohl est d’accord avec son ministre pour préserver l’armée de conscriptionNote de bas de page 6.Une femme n’était pas d’accord avec le styliste sur la manière de broder des perlesNote de bas de page 7. Les choses peuvent, elles aussi, être d’accord les unes avec les autres. La tournure s’emploie pour parler de leur harmonie. On disait anciennement que des sons pouvaient être d’accord avec des couleurs; Buffet, cité par Littré, écrivait que la forme du corps et le tempérament sont d’accord avec la nature; Stendhal, cité par le Trésor de la langue française, a écrit que le ciel … était d’accord avec les rayons tranquilles d’une belle lune. On dirait peut-être encore que les sentiments ne sont pas toujours d’accord avec la raison, bien que d’accord dans ce sens semble avoir cédé la place au fil du temps à en accord, puisqu’on écrit sans problème aujourd’hui qu’un vin est en accord avec un mets, un style avec un sujet, des actes avec des principes. Bref tout va bien tant que l’accord se fait entre des entités de même nature. C’est une relation symétrique, comme on dirait en mathématique : si je suis d’accord avec vous sur telle chose, vous êtes forcément d’accord avec moi sur la même chose; si le jambon est en accord avec l’ananas, l’ananas n’a pas tellement le choix. On voit ce qui cloche dans être d’accord avec quelque chose : si vous êtes d’accord avec une réforme, cette réforme peut difficilement être d’accord avec vous. Il n’y a plus de symétrie. Être d’accord avec quelque chose est donc un peu un intrus dans la famille. Les locutions comme mettre d’accord ou tomber d’accord obéissent au même principe de symétrie : on tombe d’accord les uns avec les autres, mais non avec quelque chose. Des étudiants qui travaillent en groupe peuvent se mettre d’accord (entre eux ou avec le professeur) sur la longueur du travail, mais ils ne peuvent se mettre d’accord avec la longueur du travail. Soit dit en passant, ces restrictions visent essentiellement les locutions formées autour du noyau d’accord. Avec en accord, les règles sont plus souples. De même, on dit bien qu’une personne donne son accord à une décision, à un principe. Le Trésor signale de façon très générale que l’accord peut désigner une union « entre l’homme et les choses », bien que les exemples ne concernent pas d’accord, et que les autres grands dictionnaires ignorent cette relation. Chez nous, le tour est si bien ancré dans l’usage que de très bonnes sources langagières l’emploient comme si de rien n’était, sans se rendre compte apparemment que ce faisant elles s’écartent de la norme. La chronique La force des mots sur le site de la CSN fait l’observation suivante sur la façon correcte d’employer le verbe s’objecter : Lorsqu’on n’est pas d’accord avec une décision, qu’on y fait obstacle, on s’oppose à cette décision ou on la conteste. Le verbe objecter ne s’emploie pas à la forme pronominaleNote de bas de page 8. De même, Lionel Meney, attentif aux moindres caractéristiques de l’usage québécois, signale dans son Dictionnaire québécois français la tournure : On avait dénombré quatre conseillers en accord avec cette proposition, et propose comme équivalent en français standard : d’accord avec cette proposition (noter que son dictionnaire n’est pas normatif et ne condamne pas ces écarts). Or, bien sûr, d’accord avec cette proposition n’appartient pas au français standard, du moins si l’on se fie aux grands dictionnaires. On notera par ailleurs que Marie-Éva de Villers évite soigneusement la tournure à l’entrée d’accord de son Multidictionnaire. Peu d’ouvrages abordent la question de front. Le seul à mentionner le tour sans réserve est le Dictionnaire d’orthographe (1987) de Dournon, qui écrit à l’entrée accord : On est d’accord surqqch (ou en ou avec), mais sans donner d’exemple. Remarque étonnante compte tenu du silence des grands dictionnaires. Dans Le bon usage (1993), André Goosse fait observer qu’il faut dire être d’accord sur quelque chose, mais que dans l’usage sur est en concurrence avec d’autres prépositions : de, vieilli, comme dans l’exemple de Chateaubriand : vous êtes d’accord de tout ce qui se passe; en, comme dans tout le monde en est accord ou on en demeure d’accord; pour et avec. Mais Goosse mentionne avec seulement pour noter que son emploi est d’une « correction douteuse ». Cette condamnation n’est pas nouvelle dans Le bon usage, mais il est intéressant de noter qu’il y a trente ans, à l’époque de la 10e édition, Grevisse lui-même donnait d’abord comme normatif le tour être d’accord de, puis constatait que l’usage employait surtout à ce moment-là être d’accord sur. Il y a donc eu évolution de l’usage. Peut-être certains penseront que Goosse a trop de scrupules et que nous sommes rendus à l’étape d’avec. Peut-être aussi les réserves de Goosse s’expliquent par le fait qu’il ne trouve pas encore la tournure sous la plume d’écrivains. De fait, être d’accord avec quelque chose se rencontre dans la presse européenne depuis un bon bout de temps. Ces exemples du Monde datent d’une quinzaine d’années :Nous ne pouvons pas être d’accord avec cette analyseNote de bas de page 9.Tout le monde n’est sans doute pas d’accord avec ce qu’il dit, mais tout le monde écoute et regarde « Ollie » contre le Congrès des États-UnisNote de bas de page 10. Mais en Europe le tour apparaît souvent dans le contexte de la langue parlée :M. Delevoye a tenté de revenir à la charge : « Je suis d’accord avec l’objectif politique du non-cumul des mandatsNote de bas de page 11… » « Je suis d’accord avec cette initiative, c’est positif. […] c’est une étape en avant », a déclaré le dissident Vladimiro RocaNote de bas de page 12.Beaucoup de gens me disent qu’ils sont plutôt d’accord avec les positions que je défendsNote de bas de page 13. Le tour n’est donc pas exclusif au français d’ici, mais il semble nettement plus fréquent ici qu’en Europe. À preuve, dans un autre ouvrage qui signale le problème, le Dictionnaire universel francophone de Hachette, consultable en ligne, on peut lire à l’entrée accord : (Québec) Être d’accord avec qqch ou (emploi qui se répand en France) pour qqch : reconnaître qqch comme acceptable, l’approuver. On n’est pas d’accord avec ce projetNote de bas de page 14. Notez bien que c’est l’emploi avec pour qui se répand en France selon ce dictionnaire. Être d’accord avec quelque chose est carrément donné comme un québécisme. Serait-ce donc un anglicisme? Certains dictionnaires anglais gardent pourtant leurs distances eux aussi. Le Gage affirme explicitement : « One agrees to a plan and agrees with a person, but one thing agrees with another ». Mais le Collins Cobuild, moins normatif, consigne le tour de plain-pied avec le tour classique : « If you agree with an action or suggestion, you approve of it ». Correcte ou non, la tournure est répandue en anglais, et c’est bien pourquoi les dictionnaires bilingues doivent proposer quelque chose. Or, dans leur partie anglais-français, le Robert Collins et le Larousse traduisent tous deux to agree with something par être d’accord avec quelque chose. Mais, curieusement, les deux ouvrages proposent ces traductions dans des rubriques censées illustrer les emplois de to agree au sens de « share opinion » ou « hold same opinion ». La situation est flagrante dans le Robert Collins : on traduit d’abord to agree with par être du même avis, puis on donne l’exemple je suis d’accord avec l’idée de ressayer demain. Il s’agit en plus d’un exemple unique : tous les autres dans l’entrée sont tout à fait classiques. Même chose dans le Larousse. De plus, ces équivalences n’apparaissent que dans la partie anglais-français. Autrement dit, les auteurs ont proposé une traduction pour to agree with something, mais dans la partie français-anglais, où il faut traduire le français, ils ont fait comme si la tournure n’existait pas. Il y a du bricolage là-dedans. On notera toutefois que le Harrap’s mentionne la tournure depuis des décennies dans sa partie français-anglais, tandis qu’il l’ignore dans la partie anglais-français. En revanche, elle est totalement absente du Hachette-Oxford. Au total, la tournure a beau être répandue dans l’usage, les dictionnaires ne sont pas généreux : une petite remarque dans le Dournon; une entrée qui ravale le tour au rang de régionalisme dans le Hachette en ligne; quelques idées générales sur l’accord entre l’homme et les choses dans le Trésor; des exemples qui semblent apparaître au hasard dans les bilingues. En somme, pour trouver cette tournure, il faut fouiller dans les recoins, et bien qu’elle figure dans la plupart de ces sources depuis un bon bout de temps, les grands dictionnaires sont jusqu’ici restés de marbre. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne changeront jamais d’avis. À chacun de décider s’il vaut mieux les attendre. Si leur silence vous cause des impatiences, allez consulter l’oracle Google. Son rouleau compresseur va vous aplatir les grands dictionnaires en une fraction de seconde avec des dizaines de milliers d’occurrences de la « faute ». Il est vrai que dès qu’on exclut de la recherche le domaine de tête .ca, il en disparaît aussitôt un bloc de quelques dizaines de milliers. Et parmi celles qui restent, c’est la pagailleNote de bas de page 15.RéférencesNote de bas de page 1 Les Affaires, 15 juin 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 La Presse, 9 juin 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Le Devoir, 8 juin 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Le Monde, 11 mai 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Le Soir,14 juin 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Libération, 4 juillet 1996.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Libération, 14 juin 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Chronique du 12 mars 1999, à www.csn.qc.ca/Mots/ChrnfrNCSNCont.html.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Le Monde, 23 mai 1987.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Le Monde, 11 juillet 1987.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Le Monde, 15 mai 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Le Monde,13 mai 2002. C’est une traduction.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Libération, 26 janvier 1996.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 www.francophonie.hachette-livre.fr. Source signalée dans un échange de courriels entre Lynne Davidson, Yolande Guibord et Frèdelin Leroux (3 avril 2002), qui ne partagent pas nécessairement le point de vue exprimé ici.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Voici à toutes fins utiles les nombreuses traductions que propose pour le verbe to agree le Vade-mecum du traducteur de l’ONU, publié en l’an 2000 : « Aboutir/arriver/parvenir à un accord, conclure/passer un accord; accéder (à une demande), accepter, s’accorder à dire/estimer/juger/penser/reconnaître; admettre, adopter, approuver, s’associer à, concorder, confirmer, consentir, constater, convenir de/que, décider, définir, donner son accord/adhésion/agrément/approbation, s’entendre sur, estimer (aussi/comme), être du même avis, être favorable, être généralement d’avis, être unanimes à, faire sienne (une opinion), juger d’un commun accord, marquer son accord, partager l’opinion de, penser comme, reconnaître (le bien-fondé de), répondre favorablement (à une demande), s’associer aux remarques de, se ranger à l’avis de, souscrire; I fully agree that : Je partage sans réserve le point de vue selon lequel; agree to lend an amount : consentir un prêt; except as the Association shall otherwise agree : à moins que l’Association n’accepte qu’il en soit autrement; to agree on solutions : s’entendre sur les solutions; X agrees with the Board’s observations : X partage l’avis du Comité; except as the parties may otherwise agree : à moins que les parties n’en décident autrement; X says that he agrees with Y : X s’associe aux vues de Y. »Retour à la référence de la note de bas de page 15
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Stupéfait et stupéfié

Un article sur le participe passé stupéfié et l’adjectif stupéfait
Jacques Desrosiers (L’Actualité terminologique, volume 32, numéro 2, 1999, page 7)> « Il n’y a pas de verbe stupéfaire », dit le tout nouveau Dictionnaire des difficultés du français d’aujourd’hui de Larousse, qui met un astérisque pour indiquer que le mot est un barbarisme. Comme il n’existe pas, à plus forte raison ne peut-il avoir de participe passé. Voilà pourquoi on ne saurait dire qu’on est stupéfait par quelque chose, car cela supposerait que quelque chose nous stupéfait, mais il n’existe pas de verbe stupéfaire. On peut cependant être stupéfié par quelque chose, parce qu’il y a en revanche un verbe stupéfier. La confusion vient de ce qu’il existe, à côté du participe passé stupéfié, un adjectif stupéfait, qui lui n’a rien de barbare, et que les deux sont de parfaits synonymes. On peut dire qu’on est stupéfait de quelque chose, car dans cette construction c’est l’adjectif stupéfait qu’on emploie. Mais, précise l’ouvrage, « il ne faut pas attribuer à l’un des deux mots la construction de l’autre ». Ceux qui collectionnent les règles se font donc servir une double portion dans cet ouvrage qui succède au fameux ThomasNote de bas de page 1 : non seulement le tour être stupéfait par quelque chose est fautif, mais, la gourmandise aidant, on ne peut pas dire non plus être stupéfié de quelque chose, puisque ce serait « attribuer à l’un des deux mots la construction de l’autre ». Je suppose que pour les puristes deux interdits valent toujours mieux qu’un. On se retrouve devant un tableau à double entrée où seules deux des quatre combinaisons possibles sont permises :termepardestupéfait (adjectif) Xstupéfié (participe passé)X Pour retenir la règle, il faut raisonner comme suit : dans être stupéfié par quelque chose, stupéfié est un verbe employé à la voix passive; c’est un mot d’action. Stupéfait est un adjectif : il exprime simplement un état; on est stupéfait tout court, stupéfait de quelque chose, stupéfait devant quelque chose, etc., mais on ne peut être stupéfait par quelque chose. Les auteurs de l’ouvrage ne sont pas les seuls à exécuter le verbe stupéfaire, qui passe aussi un mauvais quart d’heure sous la plume virulente de Berthier et Colignon dans Le français écorché (1987) : « il est grammaticalement impossible, par conséquent il est interdit, de dire : « cela m’a stupéfait », « son discours nous a stupéfaites », car stupéfait n’est pas le participe passé d’un certain verbe « stupéfaire » qui n’a jamais existé; donc, stupéfait ne saurait entrer dans la conjugaison composée d’un verbe imaginaire ». « Grammaticalement impossible… interdit… n’a jamais existé… verbe imaginaire. » On sent que ça va chauffer si quelqu’un ose employer le mot. D’autres grammairiens aussi nous mettent en garde, bien que de façon plus calme, contre ce verbe. Mais ce qu’a d’unique, et d’étonnant, le Dictionnaire des difficultés de Larousse est que cet ouvrage est le seul à ma connaissance à condamner explicitement la tournure être stupéfié de quelque chose, qu’on retrouve sous les meilleures plumes et depuis belle lurette. Le Trésor de la langue française et le Grand Larousse notamment citent cette phrase du Père Goriot : « Rastignac… descend avec les sept mille francs, ne comprenant encore rien au jeu, mais stupéfié de son bonheur. » Voltaire l’avait employée dans une lettre au siècle précédent : « Je suis encore tout stupéfié de votre intrépidité » (cité par Grevisse dans Le français correct), et Romain Rolland au siècle suivant. Grevisse dans ses Problèmes de langage (1962) et Dupré dans son Encyclopédie du bon français (1972) donnaient tous deux l’exemple j’en suis resté stupéfié, où en équivaut à un complément construit avec de. Dans tous ces exemples, en fait, stupéfié est employé comme adjectif : c’est un simple qualificatif, il désigne un état. Or beaucoup de participes passés en français (enchanté, interloqué, par exemple) sont employés parfois avec une valeur verbale (leur maison était enchantée par sa présence, être interloqué par quelqu’un), parfois avec la valeur d’un adjectif (nous sommes enchantés de votre collaboration, je suis resté interloqué). On ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose dans le cas de stupéfié. Certains écrivains ne se privent même pas, comme le montrent les exemples cités par les dictionnaires, de l’employer de façon absolue, sans préposition (Anne Desbaresdes resta un long moment dans un silence stupéfié, écrit Marguerite Duras). Grevisse notait dans Problèmes de langage : « le participe passé simple stupéfié se prend fort bien comme adjectif, et, dans cet emploi, il est l’équivalent exact de stupéfait ». Si les grammairiens ont des réserves à propos de stupéfié de, elles sont fort discrètes, pour ne pas dire secrètes. En général, ils ratifient les tours stupéfait de et stupéfié par, mais sans condamner explicitement stupéfié de. C’est ce que faisait Thomas lui-même. Là-dessus HanseNote de bas de page 2 se démarque, mais sa recommandation est loin d’être limpide : « Dire : … Il a été stupéfié par cette nouvelle ou stupéfait d’apprendre cela. » Que doit-on lire entre les lignes? Qu’il faut éviter non seulement le tour il a été stupéfait par cette nouvelle, mais aussi le tour il a été stupéfié d’apprendre cela? Mais on ne voit pas ce qui empêcherait d’employer stupéfié comme participe-adjectif. Dupré donnait précisément cet exemple il y a un quart de siècle : « On peut dire : … il a été stupéfié de l’apprendre. » Le seul intrus dans cette affaire, c’est stupéfait par. La faute à éviter consiste à employer stupéfait dans des constructions passives. Le tableau à retenir est plus simple :termepardestupéfait (adjectif) Xstupéfié (participe passé)XXPourquoi le nouvel ouvrage de Larousse annonce-t-il tout d’un coup en 1998 qu’on ne peut plus dire être stupéfié de quelque chose? C’est un mystère.Il y a un autre mystère. Ce verbe imaginaire, inexistant, fantomatique, presque décrit comme hallucinatoire par Berthier et Colignon, est accueilli par le Petit Larousse, le Petit et le Grand Robert, le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse (GDEL), et mentionné dans la nomenclature du Trésor de la langue française. Pour un verbe qui n’existe pas, il a de la présence. Bien sûr, ces dictionnaires limitent son emploi à la 3e personne du singulier de l’indicatif présent et aux temps composés, mais ils ne formulent aucune autre restriction sur son usage. C’est un verbe défectif, soit, c’est-à-dire dont la conjugaison est incomplète, comme bruiner, s’ensuivre ou choir. Mais il y a tout de même une marge entre un verbe défectif et un verbe « imaginaire ». Stupéfaire n’a pas eu une existence très orthodoxe. Au commencement était stupéfier, vers la fin des années quatorze cent. Un siècle et demi plus tard apparaît, par suite d’une confusion, l’adjectif stupéfait. Le Grand Robert le relève dans L’étourdi de Molière. Cent ans après, vers 1776 selon le Robert historique, le mot donne naissance à stupéfaire. Le verbe, tout barbare qu’il est, gagne la faveur de certains écrivains. Le bon usage cite, mais avec dédain, cette phrase de Flaubert : « Cela me stupéfait. » D’autres écrivains feront aussi passer stupéfait de la catégorie des adjectifs à celle des verbes. Mais le verbe se cantonnera à la 3e personne de l’indicatif présent et aux temps composés, c’est-à-dire aux seuls temps et personnes où il apparaît sous la forme stupéfait. Personne ne veut voir ni entendre des tours comme ils me stupéfont, mais tout se passe comme si stupéfait, dans sa forme verbale, était devenu une sorte de barbarisme de bon aloi. C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui dans le GDEL un exemple comme Pierre me stupéfait toujours quand il est au volant et, à un temps composé, la phrase Elle a stupéfait tout le monde en réussissant, dans le Petit Larousse. Deux clans s’opposent : les grammairiens qui n’aiment pas stupéfaire face aux dictionnaires qui le consignent. On comprend la gêne des grammairiens : comment le participe passé d’un verbe a-t-il pu apparaître avant même que le verbe existe? C’est pourquoi même les plus tolérants d’entre eux continuent de considérer ce verbe comme une bizarrerie de la langue littéraire. Et il est bien possible que les dictionnaires ne finiront jamais par avoir raison de leur réticence. Goosse fait remarquer dans le Bon usage que la plupart des verbes défectifs sont « condamnés à disparaître ou du moins à ne subsister que dans des locutions toutes faites ». Il y a sans doute peu de chances que stupéfaire en vienne à prendre la place de stupéfier, qui, lui, se conjugue à tous les temps et à tous les modes aussi aisément que le verbe aimer. Mais on comprendra que des Flaubert par-ci par-là se mêlent de temps en temps.RéférencesNote de bas de page 1 Le Dictionnaire des difficultés de la langue française d’Adolphe V. Thomas, publié chez Larousse.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Hanse, Joseph. Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, Louvain-la-Neuve, de Boeck-Duculot, 1994.Retour à la référence de la note de bas de page 2
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Petit cours sur le verbe confirmer

Un article sur l’expression cours sur ou cours de et sur le verbe confirmer si
Jacques Desrosiers (L’Actualité langagière, volume 8, numéro 2, 2011, page 24) Q. Je suis un dévoreur assidu de L’Actualité langagière et j’en profite pour remercier votre équipe qui fait un travail formidable. Mon équipe traduit souvent des documents de formation sur l’utilisation de logiciels. Dans nos textes, nous avons toujours recours à la forme « cours sur  », mais dernièrement un client nous demandait s’il ne fallait pas plutôt opter pour « cours de  ». Dans nos recherches, nous avons trouvé les deux formules (cours de français, cours sur les ressources humaines), mais aucune règle particulière qui nous permettrait de choisir la préposition selon le contexte. Quelle préposition devrait être utilisée? R. Vous n’êtes pas le seul à hésiter. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec écrit dans un document : « Une réforme scolaire majeure est nécessaire et pourrait inclure un cours de citoyennetéNote de bas de page 1 », et dans un autre il parle de la « participation aux activités scolaires et parascolaires et à des cours sur la citoyennetéNote de bas de page 2 ». Dans la plupart des cas, l’usage décide à notre place. Le même ministère explique que l’une des exigences à remplir pour obtenir un brevet d’enseignement est d’« avoir réussi un cours sur le système scolaire du QuébecNote de bas de page 3 ». Qui oserait offrir un cours de système scolaire du Québec? La préposition de n’est pas la bienvenue lorsque le cours porte simplement sur un thème, un sujet, une question. Encore moins si le nom du cours est une description de son contenu. On dit cours de pêche, mais « [elle] donne des cours sur les activités liées à la pêcheNote de bas de page 4 ». Il est normal que, dans le document cité, le ministère québécois parle de « cours sur les grandes religions, les croyances ou les courants de pensée séculière, le rôle de la religion dans la vie des individus et des sociétés, les pratiques sociales et les enjeux sociaux contemporains ». Les appellations où de est impossible se multiplient à l’infini, surtout qu’aujourd’hui il y a des cours et des formations sur à peu près tous les sujets imaginables. Un article du Monde raconte que « Money Kumar, un héros dessiné en forme de lingot d’or, donne des cours sur l’inflationNote de bas de page 5 » : l’inflation est le sujet qui sera traité. Des milliers de sites Web ont beau offrir des cours de bonheur, où j’imagine que la question est examinée sous toutes ses coutures, l’expression est saugrenue. De reprend sa place quand il s’agit de disciplines ou d’activités : cours d’algèbre, cours de danse, cours de ski de fond, cours de cuisine ou de conduite. Dans un cours d’histoire, on parlera peut-être de l’histoire comme telle (de ses méthodes, de ses écoles de pensée), mais seulement d’une façon accessoire : le cours portera sur les événements eux-mêmes. Le Multidictionnaire donne l’exemple cours de chinois des affaires. On hésite au premier abord; mais l’expression est à l’image de cours de français langue seconde. On discutera peut-être du chinois ou du français : l’essentiel sera d’apprendre la langue. Malgré des exceptions, les cours de et les cours sur ne semblent pas avoir la même envergure. Une discipline, par exemple, recouvre généralement un champ d’études immense, et le cours peut s’étendre sur une période de temps beaucoup plus longue qu’une formation portant sur un sujet particulier. Il y a aussi le critère du sens. Le site de l’Université de Montréal explique aux étudiants que « votre intérêt pour des grandes organisations comme l’Organisation des Nations Unies (ONU) devrait vous amener à suivre des cours sur les organisations internationalesNote de bas de page 6 ». Des cours d’organisations internationales dirait autre chose. On ne pourra malheureusement jamais suivre un cours de Platon, mais seulement sur Platon. Pour revenir aux logiciels, voilà une bonne raison d’employer sur. N’est-il pas plus clair de dire cours sur Office Excel de Microsoft que cours de Office Excel de Microsoft, qui flirte avec l’ambiguïté? Sur Internet, on trouve des cours de PowerPoint, mais bien moins souvent que des cours sur PowerPoint. De plus, les produits ressemblent davantage à des sujets ou à des thèmes qu’à des disciplines. En employant votre formule, je dirais pour les disciplines « cours de  », et pour les logiciels « cours sur  », quitte à rencontrer à l’occasion des cas où on pourrait avoir le choix.Confirmer si Q. Est-ce que l’expression « confirmer si » est attestée? Elle ne figure pas dans les dictionnaires, mais elle semble très répandue si je me fie aux occurrences dans Internet. Je ne trouve aucune mise en garde à son égard (Clefs du français pratique, Chroniques de langue sur le site du Bureau de la traduction, Multi, etc.). Pouvez-vous éclairer ma lanterne SVP? Merci de votre aide. R. J’avais relevé l’expression il y a quelques années dans un article repris du Quotidien du Saguenay–Lac-Saint-Jean : Les autorités de Port Saguenay n’ont pas confirmé si un navire de la garde côtière canadienne était en direction du terminalNote de bas de page 7… Je l’avais à nouveau rencontrée peu après dans une dépêche de l’AFP : Google a … refusé de confirmer si ce procédé sera mis en application d’ici à la fin de l’annéeNote de bas de page 8. Le tour est inconnu des dictionnaires, comme vous l’avez constaté. Je remarque que les verbes qui introduisent des interrogations indirectes avec si – comme demander si, examiner si ou vérifier si – impliquent l’ignorance du locuteur et sous-tendent une question. La plupart de ces verbes s’emploient d’ailleurs couramment avec d’autres termes interrogatifs : demander depuis quand…, examiner pourquoi…, vérifier combien… Il serait certainement étrange de demander à quelqu’un, par exemple, de confirmer combien il y aura d’invités. Si on n’en a aucune idée, de quoi cherche-t-on une confirmation au juste? Il y a là un illogisme. Mais avec si, le tour est difficilement condamnable. Confirmer – si je me fie à la définition du Trésor de la langue française – consiste à rendre plus certaine une chose considérée jusque-là comme probable ou simplement possible, à établir avec plus de certitude la réalité d’un fait, d’une nouvelle, d’une rumeur, etc. Il n’y a donc rien d’étrange à demander à une personne ou à une autorité de nous dire ou de nous confirmer si la chose que l’on croit savoir, mais sans en être parfaitement sûr, est bel et bien vraie. On se sert de si pour introduire une interrogation lorsqu’on ne sait pas si la proposition qui suit est vraie ou fausse (demander si); dans ce cas, que est impossible. Tandis qu’un verbe qui suppose que la proposition qui suit est considérée, à tort ou à raison, comme vraie exige que (affirmer que). Plusieurs verbes s’emploient avec l’un ou l’autre selon la nuance de sens. Vérifier si lorsqu’on examine quelque chose parce qu’on est dans l’ignorance, vérifier que lorsqu’on s’est assuré par un contrôle que quelque chose a été fait. On veut savoir si les candidats sont bons ou mauvais, ou on sait que les candidats sont bons. On voit que les interrogatives indirectes avec si ne se construisent pas seulement avec des verbes purement interrogatifs. Savoir, qui n’a pas un sens interrogatif, accepte la construction avec si. C’est le cas aussi de constater ou d’expliquer par exemple, comme le montrent ces citations du Trésor :Il s’agit (…) de créer (…) un double paradigme (…) pour constater si la substitution réciproque de deux signifiants entraîne ipso facto la substitution réciproque de deux signifiés.(Roland Barthes, sous homologie)… tu m’as pas encore expliqué si tu étais un hormosessuel ou pas…(Raymond Queneau, sous dégoiser) Ce que tous ces verbes ont en commun, qu’ils soient interrogatifs ou non, est d’exprimer qu’il y a quelque chose que la personne qui parle ignore ou qu’elle aimerait savoir. C’était nettement le cas dans nos deux exemples du début. Le locuteur qui cherche la confirmation d’un fait est dans cet état d’ignorance, et c’est pourquoi la construction confirmer si est tout à fait légitime.RéférencesNote de bas de page 1 Centre national multisport - Montréal, Rapport Forum Équipe Québec 2006.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Gouvernement du Québec - La veille ministérielle - Les écoles communautaires : un aperçu.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Gouvernement du Québec - Les différentes voies d’accès menant à la profession enseignante.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Le Monde, 23 juillet 2010.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 6 avril 2010.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Université de Montréal - faire votre choix de cours en sciences politique [ce lien ne fonctionne plus].Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 14 septembre 2007.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 La Presse, 12 novembre 2007.Retour à la référence de la note de bas de page 8
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Pièges à éviter à la radio… et à la télé

Un article sur diverses fautes faites par des animateurs à la télévision et à la radio
Louise Carrier (L’Actualité langagière, volume 8, numéro 3, 2011, page 30) La langue française est remplie de petits pièges, auxquels peuvent se laisser prendre les artisans de la radio et de la télévision les plus chevronnés. Voici, à leur usage, un aide-mémoire sans prétention qui, je l’espère, s’avérera utile.accise La première moitié de ce mot se prononce ax, comme dans accident. Ne pas prononcer « assise ».astronaute Les lettres au se prononcent ô. Ne pas prononcer « astronote ».au-dessus La partie de cette locution qui suit le trait d’union se prononce de su ou d’su. Ne pas prononcer « au-dèssus ».bannir Quand il s’agit de choses, le verbe bannir veut dire supprimer ou exclure. Ne pas confondre avec interdire. C’est probablement sous l’influence du verbe anglais to ban (= interdire) que l’on emploie parfois bannir à tort. Au lieu de dire « Il faudrait bannir la vente de véhicules polluants », il serait plus juste de dire « Il faudrait interdire la vente de véhicules polluants ».cargo Un cargo est un navire conçu pour le transport des marchandises. Les marchandises elles-mêmes ne sont pas « du cargo », mais un chargement, une charge, une cargaison ou du fret.commémorer Le verbe commémorer veut dire rappeler, à l’aide d’une cérémonie, le souvenir d’une personne ou d’un événement. On peut commémorer la publication d’un ouvrage important. On ne peut pas « commémorer un anniversaire »; on marque, on fête ou on célèbre un anniversaire.compenser On peut compenser une chose, non une personne. Par exemple, on peut compenser un inconvénient par un avantage ou compenser un préjudice subi. En revanche, on ne peut pas « compenser une personne pour » ses pertes; on dédommage ou on indemnise une personne de ses pertes.considérer Quand on emploie considérer avec un adjectif, dans le sens de juger ou estimer, il se construit avec comme. On dira « Le professeur de Marie la considère comme très douée » (et non « la considère très douée »).débuter Le verbe débuter est intransitif, c’est-à-dire qu’on ne peut pas « débuter quelque chose ». C’est la chose elle-même qui débute. On peut commencer une phrase, entamer une discussion ou entreprendre un projet, mais on ne peut pas « débuter une phrase, une discussion ni un projet ».délai Un délai est le temps accordé ou requis pour réaliser une action. On dira « Votre commande sera livrée dans un délai de deux jours ». Ne pas confondre avec un retard, qui est le fait d’arriver ou d’agir plus tard ou plus lentement que prévu. Au lieu de dire « Le mauvais temps cause de nombreux délais à l’aéroport », il faut dire « Le mauvais temps cause de nombreux retards à l’aéroport ».disposer Disposer d’une chose veut dire avoir cette chose à sa disposition, en avoir l’usage. Ne pas confondre avec jeter, éliminer, se débarrasser de ou se défaire de (quelque chose). On dira « La municipalité a retenu les services de la société XYZ pour éliminer (et non "pour disposer de") ses ordures ».etc. Il n’y a pas de son k dans cette abréviation ni dans la forme longue et cetera. Ne pas prononcer « ekcétéra ».éventuellement Cet adverbe indique une possibilité, non une certitude. Prenons l’exemple d’un stage suivi par un groupe d’étudiants, stage qui pourrait mener à un emploi. On peut alors dire « Ce stage permettra éventuellement d’accéder à un emploi ». Ne pas employer éventuellement quand on veut dire plus tard, par la suite, ultérieurement ou finalement. Si on prédit que la pluie qui tombe se changera en neige, on peut dire « La pluie se changera plus tard (ou par la suite, ultérieurement ou finalement) en neige », et non « La pluie se changera éventuellement en neige ».faire en sorte que Cette locution est synonyme de veiller à ce que et dénote une intention. Par conséquent, le sujet de cette locution ne peut pas être une chose. Au lieu de dire « Les taux d’intérêt élevés ont fait en sorte que le projet a échoué », il serait plus juste de dire « Les taux d’intérêt élevés ont fait que le projet a échoué », ou encore « Les taux d’intérêt élevés ont eu pour conséquence (ou pour effet, pour résultat) que le projet a échoué ».joindre On peut joindre une personne, c’est-à-dire entrer en communication avec elle. On peut également joindre des choses ou joindre une chose à une autre, c’est-à-dire les mettre ensemble. Par contre, on ne peut pas « joindre une équipe ». On se joint à une équipe ou à un parti ou on en devient membre; on ne joint pas un parti, on y adhère.mettre à jour La locution mettre à jour signifie actualiser en tenant compte des données les plus récentes. On peut mettre à jour la page de liens d’un site Web. Ne pas confondre avec mettre au jour, qui désigne le fait d’exposer quelque chose au grand jour (au sens propre ou au sens figuré). On dira « Les archéologues ont mis au jour des fortifications datant du Moyen Âge », ou « Les médias ont mis au jour un scandale où sont impliqués plusieurs membres du gouvernement ».oxygène Les trois premières lettres de ce mot se prononcent comme les trois premières lettres des mots oxyde et oxyder. Ne pas prononcer ce mot « ogzygène ».planifier On peut planifier quelque chose, par exemple une journée, un événement ou un projet. On ne peut pas « planifier de faire » quelque chose; on projette de faire ou on a l’intention de faire quelque chose.prendre place La locution prendre place désigne une action, à savoir le fait de se placer, de s’installer à un endroit donné. Cette locution ne peut pas désigner le simple fait d’être à un endroit. On dira donc « Cinq personnes se trouvaient dans la voiture au moment de l’accident », et non « Cinq personnes prenaient place dans la voiture au moment de l’accident ».questionner Questionner veut dire interroger une personne, lui poser des questions. On ne peut pas « questionner un choix » ni « une décision ». On peut mettre en question, contester ou critiquer un choix ou une décision. De même, on ne saurait dire d’une décision ou d’un choix qu’il est questionnable. Un choix ou une décision dont le bien-fondé nous apparaît douteux sont contestables, critiquables ou discutables.s’assurer Le verbe assurer employé à la forme pronominale demande l’indicatif et non le subjonctif. Au lieu de dire « Assurez-vous que l’imprimante soit connectée à l’ordinateur », il faut dire « Assurez-vous que l’imprimante est connectée à l’ordinateur ».sauver On sauve une personne ou une chose qui est en danger. On ne peut pas « sauver du temps » ni « de l’argent ». On peut gagner du temps et on peut économiser ou épargner de l’argent.Sources consultées Bertrand, Guy. Le français au micro. Bureau de la traduction. Clefs du français pratique. Forest, Constance, et Denise Boudreau. Dictionnaire des anglicismes Le Colpron, 4e éd., Beauchemin, 1999. Guilloton, Noëlle, et Hélène Cajolet-Laganière. Le français au bureau, 6e éd., Les Publications du Québec, 2005. Le nouveau petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Dictionnaires Le Robert-SEJER, 2007. Le Robert & Collins, 9e éd., Dictionnaires Le Robert-SEJER; HarperCollins Publishers, 2010. Office québécois de la langue française. Banque de dépannage linguistique. Villers, Marie-Éva de. Multidictionnaire de la langue française, 5e éd., Éditions Québec Amérique, 2009.
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Plus de ou plus que

Un article sur les prépositions de et que après plus
(L’Actualité terminologique, volume 4, numéro 1, 1971, page 3) Certes, on dira sans hésiter il y en a plus qu’il n’en faut et on ne se trompera pas. Certains, par contre, s’interrogeront un bref instant avant de dire ils sont plus de mille; pourtant, ils ont raison d’employer « de » devant mille. D’autres, plus emphatiques, affirmeront ils sont plus que dix à le demander. Ces derniers aussi ont raison d’employer « que ». On a donc le choix? Oui, on a le choix, mais il faut l’exercer à bon escient. S’il s’agit simplement d’exprimer une quantité indéfinie et supérieure à un chiffre (ou mot numéral : douzaine, etc.) qui sert de référence, de comparaison, c’est la préposition « de » qui s’emploie. Telle est la règle générale. Pour bien faire valoir que la quantité indéfinie dépasse ou ne dépasse pas à coup sûr un chiffre particulier (dont il est ou a été question ou qu’on pourrait imaginer), on emploie que. Ce cep portait plus de vingt grappes, c’est-à-dire plus QUE vingt grappes (Littré, s.v. de, 24°). Le que est emphatique : plus de cinq, MAIS jamais plus que dix!
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

Lutte à vs lutte contre

Un article sur les expressions lutte à et lutte contre
Fanny Vittecoq (L’Actualité terminologique, volume 35, numéro 1, 2002, page 22) Un combat se prépare. L’arbitre, au milieu du ring, apaise la foule excitée d’un coup de sifflet strident ramenant les esprits égarés à l’ordre. Il dicte à haute voix la définition de lutte, l’hymne ralliant nos deux adversaires : « action organisée en vue de venir à bout de certains fléaux par l’emploi de méthodes appropriées »Note de bas de page 1. Il s’éclipse pour céder la place à nos deux invités de choix. À l’extrémité gauche du ring, le lutteur de grande renommée au Canada – véritable armoire à glace –, sautille nerveusement sur place. Des fans canadiens en délire l’acclament chaleureusement : « Lutte à ! Lutte à ! Lutte à ! », tandis que les Européens le boudent. À droite, l’imposant, le poids lourd, le sumo des sumos, le gros Lutte contre offre aux spectateurs son air bourru mais confiant. Que la bataille commence! Lutte à cogne le premier. Il ricoche comme une balle de ping-pong sur son adversaire inébranlable puis sur la rampe avant de s’effondrer à plat ventre sur sa case départ. Il baigne dans une sueur chaude. On le conspue. La presse canadienne, consternée par ce revers, accourt lui prêter main-forte pour dissiper les appréhensions en citant quelques-uns de ses nombreux exemples dignes de foi :Les députés devront attendre que le premier ministre revienne de Chine – pays fortement porté depuis quelque temps sur la lutte à la corruption – pour savoir à quoi s’en tenirNote de bas de page 2.Avant d’aller crier sur les toits que la lutte au dopage est inefficace, commençons par la faire comme il fautNote de bas de page 3.Il y a un an jeudi, six balles de calibre .22 changeaient la vie de Michel Auger et le cours de la lutte au crime organisé au CanadaNote de bas de page 4.L’aide internationale et la lutte au terrorisme seront au cœur du G20Note de bas de page 5.La lutte à la pauvreté, un nouveau défi beauceron?Note de bas de page 6 Profitant d’une brève accalmie de la foule, des représentants de sites Internet canadiens de bon aloi plaident aussi en faveur de Lutte à, lequel, font-ils valoir, s’avère omniprésent dans l’usage canadien :lutte aux bactéries, aux criminels cybernétiques, aux incendies, aux OGM, aux inégalités de santé, aux incendies, aux émissions de gaz à effet de serre, aux pucerons, aux maladies du cœur chez les femmes, aux préjugés, aux bandes de motards, aux maladies infectieuses, au déficit zéro, etc. Usage dont Lionel Meney fait état dans son Dictionnaire québécois français et qui abonde dans la fonction publique :Bureau de lutte au tabagismeNote de bas de page 7Bureau de lutte aux produits de la criminalitéNote de bas de page 8Bureau de lutte au crime organiséNote de bas de page 9Lutte aux bactéries : le Canada innoveNote de bas de page 10 Des milliers de paires d’yeux se tournent subitement vers la droite, attendant la riposte de l’autre camp. Et voilà que se ruent de ce côté de fervents admirateurs de Lutte contre : médias européens très prisés, grands noms du milieu tels que les vénérables frères Petit et Grand Robert, des ressortissants de la presse canadienne… Les exemples fusent :Les syndicats doivent s’engager plus résolument dans la lutte contre la pauvretéNote de bas de page 11.Les dollars ont pourtant coulé comme une source intarissable dans la lutte contre la drogue menée par l’Amérique à partir des années 20Note de bas de page 12.La France prendra toute sa part dans la lutte contre le terrorismeNote de bas de page 13.Lorsque le gouvernement enregistre un succès, par exemple dans la lutte contre le chômage […]Note de bas de page 14.Lutte contre l’alcoolisme, la tuberculose, un fléauNote de bas de page 15. Non loin de là, un statisticien d’Internet, Google, donne raison aux partisans de droite en exposant des chiffres écrasants : lutte contre, avec 373 000 résultats, bat à plates coutures son rival lutte à qui n’obtient que 21 060 résultats (lutte à : 11 500; lutte au : 7 440 et lutte aux : 2 120). Ne faisant pas le poids, Lutte à lâche la rampe. Certes, l’usage canadien lui accorde une grande place, mais aucun ouvrage ne l’atteste. Peut-être un jour assisterons-nous à un autre duel dont nos émules sortiront tous deux vainqueurs… D’ici là, l’arbitre déclare Lutte à K.-O. et proclame le verdict final :Lutte se construit avec contre.La forme lutte à n’est pas attestée.En prime : un petit mot sur lutte à finir Le MultiNote de bas de page 16 et le ColpronNote de bas de page 17 nous mettent en garde contre cette expression figée, qui constitue un calque de fight to the finish à remplacer par lutte sans merci, acharnée, implacable, sans pitié. L’expression s’emploie toutefois dans le sens large de « lutte à laquelle il faut mettre un terme » :La lutte pour qu’Ottawa soit une ville officiellement bilingue, les méandres de l’affaire Montfort, les démarches d’Opération Constitution nous démontrent jusqu’à quel point il reste encore du chemin à parcourir, des luttes à finir, des énergies à canaliserNote de bas de page 18.RéférencesNote de bas de page 1 Trésor de la langue française, 1971.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Le Devoir.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Presse Canadienne.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 Le Soleil.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 Site Internet de Santé Canada. www.hc-sc.gc.ca/hppb/tabac/dhm/tabac/tabinfo.htm.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Site Internet du ministère de la Justice. www.justice.gouv.qc.ca/francais/minister.htm.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Site Internet d’Agriculture et agroalimentaire Canada. www.agr.ca/cb/news/2001/n10110bf.html.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 Le Devoir.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Ibid.Retour à la référence de la note de bas de page 12Note de bas de page 13 Agence France-Presse.Retour à la référence de la note de bas de page 13Note de bas de page 14 Le Nouvel Observateur.Retour à la référence de la note de bas de page 14Note de bas de page 15 Le Grand Robert, 1997.Retour à la référence de la note de bas de page 15Note de bas de page 16 Multidictionnaire de la langue française, 1997.Retour à la référence de la note de bas de page 16Note de bas de page 17 Le Colpron : Le dictionnaire des anglicismes, 1998.Retour à la référence de la note de bas de page 17Note de bas de page 18 Le Droit.Retour à la référence de la note de bas de page 18
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Maison à vendre, oui mais par qui?

Un article sur la question de savoir si un infinitif actif peut être suivi d’un complément d’agent introduit par par
Jacques Desrosiers (L’Actualité langagière, volume 9, numéro 4, 2013, page 6) Maison à vendre par le propriétaire. Formulaire à remplir par l’employé. Chaque fois qu’il a été question de ces expressions, j’ai toujours eu le réflexe de les condamner sur-le-champ. Pour des raisons qui m’ont toujours paru évidentes : comment un infinitif actif pourrait-il être suivi d’un complément d’agent (autrement dit, de son sujet), comme s’il s’agissait d’un passif? Mais le doute m’a taraudé, et j’ai fini par me demander où était le problème. Non pas que ces expressions cacheraient un infinitif passif déguisé en actif. Tout au long du 20e siècle, de grands linguistes ont pris soin l’un après l’autre de pourfendre cette théorie. À commencer par le célèbre Ferdinand Brunot qui, dans La pensée et la langue, écrivait, il y a une centaine d’années :On explique la plupart du temps ces expressions [maison à vendre, de la toile à laver] en les considérant comme passives : agréable à porter équivaudrait à : agréable à être porté. C’est là une fausse analyse. Sauf par imitation du latin, on n’a jamais écrit ni parlé de la sorteNote de bas de page 1.Il ajoute, quelques paragraphes plus loin, que ce passif est un tour « que jamais depuis un siècle bouche française n’a proféré ». Rappelant qu’en vieux français le rôle du passif est très souvent tenu par l’actif, il recule jusqu’à Marguerite de Navarre : Me voyant digne d’estimer. Les Le Bidois reprendront le flambeau quelques décennies plus tard :Quoi qu’en disent la plupart des grammairiens, il nous est impossible de voir dans ces tours un passif. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun Français d’expliquer, par exemple, « pénible à tenir » par « pénible à être tenu ». Ces tours sont si bien sentis comme étant de forme et de valeur active que là où la construction passive semble s’imposer pour quelque raison, la phrase devient artificielleNote de bas de page 2.Brunot énumérait des constructions semblables où le passif est impossible (triste à mourir), d’autres encore où l’infinitif actif joue le rôle habituellement tenu par le passif (j’ai entendu parler d’elle, j’ai vu démolir la maison). De même, dans les anciennes éditions du Bon usage, comme celle de 1975 (§ 751), Maurice Grevisse, rejetant la « valeur prétendue passive » de ces infinitifs, donnait deux séries d’exemples à l’appui : d’une part, les tours du type prêt à porter, maison à vendre; de l’autre les constructions telles que la maison que j’ai vu bâtir, ils n’ont pas laissé envahir le territoire. Tous ces infinitifs ont un sujet vague, une sorte de « on ». Encore aujourd’hui les grammairiens – André GoosseNote de bas de page 3 notamment – posent l’existence d’un sujet implicite. Mais alors, demandait Brunot, quand on veut préciser l’auteur de l’action, que fait-on? Eh bien, on ajoute un complément d’agent : J’ai vu démolir la maison par des ouvriers de votre chantier. Aucun passif nulle part. Puisque la question est de savoir si un infinitif actif peut être suivi d’un complément d’agent introduit par par, la réponse semble bien être que oui. Or, si l’indication d’agent est possible après démolir la maison, je me demande en vertu de quel principe elle serait interdite après maison à vendre ou formulaire à remplir. Je signale en passant que, pour Maurice Grevisse lui-même, le passif n’était pas impossible dans ce genre de tournure. Fidèle à sa méthode, il l’avait relevé chez des écrivains : par exemple, cinquante tonnes d’ivoire prêt à être emballé (Romain Gary). Il était plus tolérant que Brunot et les Le Bidois, mais c’est un fait que le tour est plus rare. Le Guide fédéral de jurilinguistique législative française rappelle que ces passifs (prix à être fixés) sont souvent des calques de l’anglaisNote de bas de page 4. Malheureusement seuls deux ouvrages, à ma connaissance, traitent de la tournure qui nous préoccupe. Dans la Syntaxe du français contemporain : l’infinitif, Karl Sandfeld écrit :Comme une maison à vendre peut se traduire par « une maison qui doit être vendue » – sans que cela veuille dire que l’infinitif soit passif – il arrive que l’infinitif soit suivi d’une indication d’agentNote de bas de page 5.Et Sandfeld de citer l’essai Les chercheurs d’or, de Pierre Hamp, publié en 1920 aux Éditions de la Nouvelle Revue Française :Il y a à Vienne beaucoup de vieux meubles à vendre par les grandes familles appauvriesNote de bas de page 6.David Gaatone en cite plusieurs exemples dans Le passif en françaisNote de bas de page 7, dont pièces à fournir par l’intéressé et les règles à observer par qui écrit en français, celui-ci tiré du Bulletin de la Société de Linguistique de Paris (1988). Ces tournures, observe-t-il, « présentent un lien quelconque avec le passif, sans être cependant de véritables passifs ». André Goosse dit semblablement que, dans tous ces emplois, « le verbe, primitivement transitif, a été senti comme passif par les usagersNote de bas de page 8 ». On trouve aussi la construction dans une citation du Trésor de la langue française :Les règlements de sécurité [d’un navire] indiquent le nombre, le type, la puissance des pompes dont il doit être muni, ainsi que les conditions à remplir par le tuyautage.(sous « tuyautage »)Dans l’usage, il y a abondance. Des exemples qui n’ont rien de vilain apparaissent dans toutes sortes de sources francophones :Une opération plus ciblée se déroulera le 12 juin à Paris […] sur 150 appartements à vendre par Bouygues Immobilier.Le Figaro, 6 juin 2008On attend de ces rapports qu’ils cernent les mesures à prendre par le gouvernement.Sénat français, séance du 7 novembre 2006Licenciement : les précautions à prendre par l’employeurlentreprise.lexpress.fr, 6 octobre 2009Les États membres du Fonds monétaire international, qui recherchent un successeur à Dominique Strauss-Kahn, doivent d’abord s’accorder sur […] les critères à remplir par les candidats.Le Monde, 20 mai 2011Effets à emporter par la future mamanSite d’un centre hospitalier de WallonieNote de bas de page 9Il a demandé des explications à son secrétaire général – le même qui passait pour l’homme à abattre par le régime.Le Soft international (publication congolaise), 17 juillet 2012Note de bas de page 10Dans des catalogues commerciaux en France, on rencontre souvent le tour à monter par le client :La société DoorHan produit des portes à monter par le clientNote de bas de page 11.Chez nous aussi, la construction est fréquente. Voici la même expression, à quinze années de distance, d’abord dans le Rapport du vérificateur général du Canada de 1997 :C’est donc un défi à relever et une occasion à saisir par le gouvernement.puis sur canoe.ca :La famille Chiochiu voit là une belle occasion à saisir par le gouvernement pour agir.2 avril 2012Sans doute que certains tours plus populaires que d’autres se figent, parce que l’usage fait un tri. Des deux côtés de l’Atlantique, par exemple, on rencontre beaucoup de demande, fiche, questionnaire, etc., à remplir par x. Ainsi dans le Journal des débats de l’Assemblée nationale du Québec :… le ministre des Finances […] a fait en sorte qu’il y ait 1 400 000 formulaires de moins à remplir par un entrepreneur au Québec.25 mai 1995Quand l’infinitif est complément d’adjectif, les exemples pullulent. Même principe : infinitif actif, agent explicite :Un langage facile à comprendre par tous les utilisateursSite d’AppleNote de bas de page 12[un vêtement] facile à porter, par tout le mondeLe Figaro Madame, 27 avril 2007La responsabilité de ce drame était très lourde à porter par ce jeune praticien.Le Monde, 2 avril 2010Je ne dis pas qu’il faut aller ajouter un agent (sans mauvais jeu de mots) sur les pancartes de maisons à vendre. Quand tout est clair, autant s’en tenir au strict nécessaire et laisser la syntaxe se reposer un peu. Mais si on veut préciser, il semble bien qu’on soit en droit de le faire.Notes et référencesNote de bas de page 1 Masson, 1922, p. 367.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 G. Le Bidois et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, t. 2, 2e éd., Picard, 1967, § 1825.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 Le bon usage, 15e éd., De Boeck-Duculot, 2011, § 914, a, N.B. (et § 915, N.B. 3 pour l’infinitif complément d’adjectif).Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 « à être + participe passé », http://www.justice.gc.ca/fra/min-dept/pub/juril/no89.html.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 Librairie Droz, 1978, p. 273.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 L’ouvrage entier est sur Google Livres, la citation, p 101. http://books.google.ca/books/about/Les_chercheurs_d_or.html?id=hfRipTodi....Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 De Boeck & Larcier, 1998, p. 10 et 39.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Communication personnelle, 20-9-2012.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 « Effets à emporter par la future maman », http://www.chwapi.be/le-chwapi/effets-%C3%A0-emporter-par-la-future-maman.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 « Tshisekedi lave blanc et traîne son vertueux secrétaire général Shabani devant la justice », http://www.lesoftonline.net/articles/tshisekedi-lave-blanc-et-tra%C3%AEn....Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 « Avantages », http://www.doorhan.fr/product_line/systmes-de-portes/avantages/. Ce type d’exemple, répandu dans le commerce, m’a été suggéré par @Voluuu sur Twitter.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 « Tout le monde peut gérer un serveur », http://www.apple.com/ca/fr/osx/server/servers-made-easy/.Retour à la référence de la note de bas de page 12
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Les caprices de l’usage : le cas de prévu

Un article sur la proposition à utiliser avec le participe passé prévu, pour ou en
Jacques Desrosiers (L’Actualité langagière, volume 7, numéro 2, 2010, page 22) Q. Est-ce qu’il faut écrire qu’une réunion est prévue en janvier ou prévue pour janvier? Est-ce qu’on dit prévue à 15 h ou pour 15 h? R. Petites prépositions, gros embêtements. C’est sur elles que butent le plus souvent les traducteurs débutants. Ils payent pour un service, participent dans des activités, agissent en concert avec quelqu’un. Prévoir est déjà un verbe « à problème ». Il a été question dans un article précédent de son emploi avec l’infinitif : on prévoit restructurer les opérations ou on prévoit de restructurer les opérations? L’usage canadien omet souvent la préposition devant l’infinitif (pas toujours); l’usage européen préfère le substantif à l’infinitif (on prévoit une restructuration des opérations). À voir le Guide anglais-français de la traduction de René Meertens, dans son « édition 2009Note de bas de page 1 », on penserait à première vue qu’il prend soin d’éviter un calque lorsqu’il propose de traduire :the elections scheduled for March were cancelled parles élections prévues en mars ont été annulées Ce n’est pourtant pas la construction classique. Dans un texte soigné de la collection « Génies et Réalités », d’il y a plusieurs décennies, l’académicien Marcel Brion écrivait :Il [Wagner] avait prévu pour 1868 l’achèvement du RingNote de bas de page 2. Un ouvrage normatif comme le Hanse propose de dire : La réunion est prévue pour la semaine prochaine, ce qui donne à entendre que les autres constructions possibles ne seraient peut-être pas admissibles. Des exemples semblables fourmillent dans les dictionnaires, comme le Trésor de la langue française (TLF) : Ce courrier, prévu pour deux heures, serait décommandé (Saint-Exupéry). Ensemble des prières et des lectures prévues pour un moment déterminé. L’élection d’une Assemblée était prévue pour le mois d’octobre (De Gaulle). Prévu pour l’an 2000 [au Japon] : chaque foyer, chaque local industriel sera relié à un réseau national de communications. Même chose dans les bilingues, quand ils traduisent scheduled for : élections prévues pour le 5 janvier dans le Robert & Collins; prévu pour 15 heures, réunion prévue pour demain dans le Harrap’s Shorter. Il n’y a rien là d’étonnant, puisque l’indication du moment où quelque chose doit se faire est selon le Grand Larousse encyclopédique (2007) l’un des principaux sens de pour, indépendamment de prévu : travail à finir pour mardi. On dit couramment : C’est pour quand? – C’est pour demain. Il va sans dire que nos médias connaissent le tour :Le parti au pouvoir n’abuserait pas à nouveau des moyens dont dispose l’État pour influer sur le résultat des élections parlementaires prévues pour mars ou avril prochain.Le Devoir, 8 février 2010 Mais voilà, avec les noms de mois, l’autre tournure, celle proposée par Meertens, est aujourd’hui bien plus fréquente :L’ébauche du programme d’éthique et de culture religieuse, dont l’entrée en vigueur est prévue en septembre 2008 dans l’ensemble du réseau scolaire québécois, n’est toujours pas disponible.Le Devoir, 3 novembre 2006Il prépare actuellement la mise en scène du premier spectacle de magie du Cirque du Soleil, prévu en juin 2008 à Las Vegas.Radio-Canada(consulté le 15 janvier 2010) En Europe, on constate la même cohabitation des deux tournures rivales devant le nom des mois et là aussi la fréquence plus élevée de la construction avec en. Deux cas d’emploi opposés, dans le Figaro :L’iPad fonctionne avec le système d’exploitation iPhone OS 3.2. Sa sortie, en version WiFi, est prévue pour avril.27 janvier 2010Enfin, point d’orgue de cette Année astronomique, le lancement prévu en avril, par la fusée Ariane, de deux satellites scientifiques.16 janvier 2009 Le premier exemple, tout récent, montre que en a beau prédominer, l’usage n’est pas pour autant en train de larguer la tournure classique; les exemples sont d’ailleurs encore trop nombreux. Est-ce une faute de renoncer à pour? Il est facile de comprendre que en vienne naturellement sous la plume : c’est la préposition dont les noms de mois se font le plus souvent accompagner : Je pars en vacances en juillet et non pour juillet. Une tournure comme prévu en mars semble le résultat d’un conflit entre les deux prépositions, où le pour de prévu a dû céder la place à la préposition que l’on voit toujours avec les noms de mois. Mais un problème guette quiconque décide de faire fi de pour : l’ambigüité, l’obligation ennuyeuse faite au lecteur de s’arrêter et de relire. Car prévu employé sans pour peut servir à indiquer non pas le moment où quelque chose aura lieu, mais le moment où l’action de prévoir a lieu. Il est vrai qu’on prend rarement la peine d’indiquer qu’à tel moment on a prévu quelque chose pour une date ultérieure. Cela arrive quand même :Les économistes du Mouvement Desjardins revoient à la hausse leurs prévisions. Ils estiment que le recul du PIB pour l’ensemble de l’année 2009 s’établira à 1,7 %, comparativement à une baisse de 1,8 % qui avait été prévue en septembre.La Presse, 26 octobre 2009 (dépêche de la Presse Canadienne) Bien sûr ici prévoir n’a pas le même sens : il s’agit de prédire, et non d’organiser. Mais dans le même journal, on peut aussi lire :Une proposition sera ensuite acheminée aux créanciers et la clôture est prévue en septembre, après l’obtention des approbations nécessaires.8 juillet 2008 La plupart du temps le contexte est clair, mais la confusion est toujours possible. Dans l’état actuel des choses, ceux qui ne veulent courir aucun risque n’ont qu’à suivre la bonne vieille « règle ». L’usage est toutefois assez souple pour accepter les deux constructions.Les heures et les dates Voilà pour les noms de mois. Que ce soit en ou pour, au moins on conserve une préposition. Il en va de même avec les heures. Les Européens écriront volontiers : Une rencontre est prévue à 10 h. C’est une tendance normale, puisqu’on dit : Je pars à 10 heures. Pour est accommodant : après s’être fait déloger par en, il cède encore la place. Mais il faut rester prudent. L’usage canadien, lui, n’a pas de préférence marquée :Le lancement de la Semaine de la citoyenneté est prévu à 13 h.Cégep de la Gaspésie et des ÎlesLe départ d’Hélène est prévu pour midi.Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue française Avec les dates, il arrive assez souvent que les prépositions disparaissent complètement, mais l’usage n’est pas fixé. Pour n’est plus senti comme indispensable par certains dans une tournure comme prévu le 17 avril. Le Hachette-Oxford, dans sa partie français-anglais, laisse ouverte la possibilité de l’omettre :la réunion prévue (pour) le 17 avril : the meeting planned for 17 April Le TLF cite cette phrase de l’historien français Georges Lefebvre :Une « fête de la Liberté » était prévue le 20 brumaire (10 novembre) : afin de célébrer la victoire de la philosophie sur le fanatisme, la Commune s’empare de Notre-Dame… On se doute que la fête aura lieu le 20 brumaire. On s’arrête quand même un moment… ce qu’on ne ferait pas avec pour. Mais la tournure a la bénédiction du dictionnaire.Le nom des jours Pas de préposition le plus souvent dans l’usage européen avec le nom des jours :Une réunion de médiation est prévue jeudi après plus d’une semaine de conflit.Le Monde, 17 février 2010 On dit : Je pars mercredi, alors on est naturellement porté à dire que la réunion est prévue mercredi. Terrain glissant. Par-dessus le marché pour n’alourdirait guère l’expression, et l’usage canadien le conserve d’ailleurs souvent. Peut-être est-il préférable d’avoir en général une préposition. Un prévu mercredi dans une longue phrase peut avoir l’air rachitique, comme on le voit en enlevant pour dans la phrase suivante :… une sorte de « catalogue d’action » esquissé par la Commission européenne avant une réunion de coordination entre experts nationaux prévue pour vendredi.Le Monde, 8 janvier 2009 Mais cela ne semble pas gêner les Européens qui persistent donc le plus souvent à l’omettre. Difficile de trouver une meilleure illustration du caractère capricieux de l’usage. Alors qu’avec le nom des jours les Européens font sauter pour, avec des mots comme aujourd’hui ou demain ils préfèrent le garder : prévu pour aujourd’hui, prévu pour demain. Tandis que chez nous là aussi l’usage hésite. Sur la page d’accueil du Parlement du Canada :Sénat. Aucune réunion prévue aujourd’hui. Chambre des communes. Aucune réunion prévue aujourd’hui. Comités mixtes. Aucune réunion prévue aujourd’hui.www.parl.gc.ca/Default.aspx?Language=f (consulté le 19 février 2010) Dans un journal acadien :La cause lancée par la Société médicale du Nouveau-Brunswick contre le gouvernement provincial était prévue pour aujourd’hui, à Saint-Jean.L’Étoile de Autres expressions Il y a des contextes où, de toute évidence, pour étoffe avantageusement la phrase :Au point que les différents géniteurs n’ont toujours pas signé d’accord, ce qui pourrait retarder le lancement, initialement prévu pour le mois prochain.L’Humanité, 19 octobre 2006 La procrastination aidant, beaucoup de choses sont toujours prévues pour la fin de l’année, aussi cette construction est-elle bien ancrée dans l’usage. Pas moyen d’ailleurs d’enlever la préposition. Pour semble encore solidement arrimé à prévu dans des tournures comme prévu pour la semaine prochaine : l’usage canadien est indécis, mais en Europe pour l’emporte. L’expression a pourtant une certaine lourdeur : trois mots qui expriment le futur (prévu, pour, prochaine)! Dans d’autres cas, au contraire, il est obligatoire de faire sauter pour. Tel événement est prévu autour du 23 août, et non pour autour du 23 août. Autour est plus important que pour à cause du sens, comme en dans en mars à cause de son emploi usuel. Faut-il conclure à l’anarchie? Non. C’est que finalement le critère stylistique prévaut sur les règles de la syntaxe. La langue n’est pas un ensemble de théorèmes. On peut bien faire de la présence de pour une règle inviolable dans tous les cas. Mais en refusant de voir un tournant très net dans l’usage, on risque de se fossiliser prématurément. Il est plus raisonnable d’admettre qu’en l’absence parfaite d’ambigüité, on devrait pouvoir user de souplesse. L’anglais écrit est plus rigide là-dessus : il fait toujours suivre scheduled ou planned de for. Mais ce n’est pas pour éviter un anglicisme que Meertens a relégué aux oubliettes la construction classique : il a seulement indiqué, à tort ou à raison, le tour devenu le plus courant dans l’usage. Il n’y a pas grand intérêt à s’acharner contre des tournures qui ne s’écartent que légèrement de la norme, sans faire grand tort à la langue – sauf quand elles calquent l’anglais, parce qu’elles peuvent alors avoir un terrible effet d’entraînement.RéférencesNote de bas de page 1 Chiron éditeur, 2008.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 « Héros de son propre drame », Wagner, Hachette, 1962, p. 26.Retour à la référence de la note de bas de page 2
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Enfin, ils en sont arrivés à une entente

Un article sur l’utilisation de la préposition en devant arriver à
Jacques Desrosiers (L’Actualité terminologique, volume 36, numéro 1, 2003, page 11) Ceux qui, par devoir ou pour le plaisir, suivent l’interminable conflit du bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis, doivent se demander parfois si Ottawa et Washington en arriveront un jour à une entente. En mars 2002, une dépêche de Reuters annonçait que Chrétien et Bush étaient « confiants d’arriver à un accord ». Pas de en. Mais dans le corps de l’article le traducteur faisait dire au président américain que « nos équipes de négociateurs travaillent jour et nuit afin d’en arriver à un accord » et à Jean Chrétien qu’il espérait « que nous pourrons en arriver à un accord de principe ». On aurait dit que le en laissait entrevoir quelque chose de laborieux qui n’apparaissait pas dans le titre de la dépêche. Pour voir si l’on sent ou non cette distinction, il suffit d’imaginer (c’est un exercice de souplesse) que le fédéral et les provinces s’entendent sur un dossier quelconque après quelques heures de discussion. Dirait-on qu’ils en sont arrivés à une entente après quelques heures de discussion seulement? Le en semble de trop. Il donne l’impression que quelques heures est long dans ce contexte, qu’en temps normal les deux ordres de gouvernement s’entendent beaucoup plus vite. Comparez : l’été dernier, le FigaroNote de bas de page 1 écrivait qu’après trois heures de discussion, Israéliens et Palestiniens sont arrivés à un accord. Ça peut être aussi une question de tact. On sait que les journalistes français mettent des gants blancs lorsqu’ils interviewent leur président. Le Monde diplomatique, 19 février 1998, donne le compte rendu suivant :Q – Monsieur le Président Chirac, êtes-vous arrivé à un accord avec le président Clinton sur le Kosovo, et sur les sanctions contre l’Irak?À François Mitterrand, en 1990 :Q – M. le Président, est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi cette nuit, à la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies aucun accord n’a pu être trouvé, est-ce que vous pensez que […] demain on arrivera à un accord?Dans la même veine diplomatique, un communiqué du ministère français des Affaires étrangères : La France […] souhaite que les négociations en cours entre le gouvernement irakien et les dirigeants kurdes permettent d’arriver rapidement à un accord solide et durableNote de bas de page 2. En fait, la tournure est courante dans la presse française. J’ai cité le Figaro plus haut. Voici deux autres exemples. Le journaliste Ignacio Ramonet, encore dans le Monde diplomatique, mai 1999 : Serbes et Kosovars étaient d’ailleurs arrivés à un accord sur ces deux objectifs principaux. Le journal Le Monde : Les négociateurs de l’ONU et ceux de l’Irak sont arrivés à une entente quasi totale sur tous les aspects techniques et financiers de l’accord Note de bas de page 3. À vrai dire, on voit rarement en. Or, surprise, lorsqu’on se tourne du côté des journaux canadiens, on constate que en est très fréquent. Quelques exemples : Les Affaires : Le Canada et le Mexique en sont arrivés à un accord tacite : faire en sorte que notre voisin américain ne profite pas de la conjonctureNote de bas de page 4.La Presse : … les principales fédérations étudiantes du Québec et le ministre de l’Éducation en sont arrivés à un accord sur la façon dont Québec utiliserait les économies générées dans son régime d’aide financièreNote de bas de page 5.Le Soleil : Les représentants du Syndicat des travailleurs du papier de Clermont (CSN) et ceux de Donohue en sont arrivés à un accord de principe sur un nouveau contrat de travail Note de bas de page 6. L’autre tour n’est pas absent chez nous : le journaliste Louis-Bernard Robitaille (correspondant à Paris!) écrit dans La Presse du 11 mars 1989 que les représentants de 26 pays participant à la conférence de La Haye sur l’environnement sont arrivés à un accord hier après-midi; dans Le Soleil : La STCUQ et le syndicat des employés de garage sont arrivés à une entente, hier, sur le nombre d’employés qui continueront à travaillerNote de bas de page 7. Mais il est beaucoup moins fréquent. Une consultation rapide dans Google tend à confirmer le clivage. Si l’on demande par exemple « en arriver à une entente » et « en arriver à un accord » dans le domaine .ca (qui bien sûr est loin de couvrir tous les sites canadiens, mais les recherches sur Google valent ce qu’elles valent), on obtient environ 2 000 résultats. Enlevez en, et vous obtenez évidemment les mêmes citations, plus un millier d’autres : le tour avec en serait donc deux fois plus fréquent que le tour sans en. Inversement, dans le domaine .fr, on obtient quelque 700 résultats avec « arriver à un accord » et « arriver à une entente », mais seulement six – je dis bien six – avec « en arriver à un accord » et « en arriver à une entente ». La différence est frappante. Soit dit en passant, en France on arrive beaucoup plus souvent à des accords qu’à des ententes, bien que le journal Le Monde emploie parfois entente comme le montre l’exemple ci-dessus (j’en ai cinq ou six autres), tandis qu’ici deux fois sur trois on arrive à des ententes. Lorsqu’on fait le même genre de recherche électronique avec d’autres termes qu’entente et accord, les résultats sont variables. Par exemple, des deux côtés de l’Atlantique, on préfère de loin « arriver à ce résultat » à « en arriver à ce résultat ». Si au Canada on dit indifféremment « arriver à la conclusion » ou « en arriver à la conclusion », en France trois fois sur quatre on dira « arriver à la conclusion ». Mais je n’ai trouvé aucun cas où le clivage était aussi prononcé que pour le tour (en) arriver à une entente. Faut-il en conclure qu’en arriver à une entente est une faute? Pas du tout. L’expression comme telle ne peut rien avoir à se reprocher, puisque de toute façon le tour en arriver à figure dans plusieurs dictionnaires. Or presque tous, bien que la plupart de leurs exemples soient construits avec l’infinitif, font ressortir la nuance particulière qu’apporte en. Le Grand Robert observe que « comme dans en venir à, en arriver à insiste sur l’antécédent d’où l’on part ». Pour le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse (GDEL), en arriver à veut dire aboutir souvent malgré soi à telle ou telle action. Il y a toujours cette idée de finir par, se résoudre à, et il est remarquable que les exemples ont très souvent quelque chose de négatif : J’en arrive à croire que je vous gêne (Dictionnaire de l’Académie). Il en arrive à regretter le temps de ces premières confidences dont le souvenir le torture cependant (Proust dans le Trésor). J’en arrive à me demander s’il a vraiment du cœur (Grand Robert). Comment a-t-il pu en arriver à un tel crime? (GDEL). Qu’on pense au tour classique en arriver là. On a la même connotation péjorative qu’avec en venir à, comme dans Il en était venu à quémander des invitationsNote de bas de page 8. L’exaspération est souvent palpable quand on emploie en arriver à avec certains termes. On dirait plus naturellement : Comment ont-ils pu en arriver à une telle situation? que : Comment ont-ils pu arriver à une telle situation? Elle est très forte dans cette plainte à la une d’un journal de Saint-Hyacinthe : Six ans de négociations avant d’en arriver à des résultats Note de bas de page 9. On sent parfois le même genre d’impatience quand le tour est employé avec entente, comme dans ce communiqué de l’Université Laval : Cependant, il reste encore du chemin à faire pour en arriver à une entente (avec le syndicat)Note de bas de page 10. Au Canada même, il semble que, dès que le contexte requiert un certain tact ou a quelque chose d’officiel, en est souvent absent, comme dans ce communiqué d’Agriculture et Agroalimentaire Canada : S’il s’agit de terres louées, les propriétaires doivent arriver à une entente équitable avec leurs locatairesNote de bas de page 11, ou dans ce texte du gouvernement du Manitoba sur l’art de la négociation : Les parties ne sont pas pénalisées si elles ne sont pas prêtes à participer à la médiation ou si elles ont essayé cette dernière sans arriver à une ententeNote de bas de page 12. Dans une telle phrase en arriver présumerait de la longueur de négociations qui n’ont pas eu lieu; alors on se passe de en. En 1998, Affaires indiennes et du Nord Canada expliquait par voie de communiqué que le fédéral et la Colombie-Britannique étaient « en mesure d’arriver à une entente qui soit juste » avec la bande indienne de Sechelt. Là il aurait presque paru déplacé de souligner avec en que la route serait longue. Le Barreau du Québec annonce sur son site une publication intitulée : La médiation familiale : pour arriver à une entente. Les avocats ont intérêt à promettre que tout se réglera vite. Peut-on employer un tour comme en arriver à une entente même s’il n’y a rien de « négatif », au sens large, dans le contexte? Arriver à une entente est bien sûr une chose positive, le couronnement d’efforts. Mais il y a eu aussi compromis et longueur de temps, de sorte que le rôle de en est peut-être de souligner que le chemin a été long avant d’en arriver là où on est finalement arrivé, de même qu’employer en arriver à une conclusion serait une manière de souligner que notre conclusion a été précédée par le parcours d’un raisonnement. Mais si ce n’est pas important de souligner cet aspect, pourquoi ne pas se contenter de sont arrivés à une entente? Certains voudront toujours insister sur le chemin parcouru avant d’arriver à l’entente, mais en se généralisant le tour peut devenir un simple tic de langage. D’autres y recourront à l’occasion, ce qui ramènerait la question à une affaire de préférence stylistique. Quoi qu’il en soit, il semble que la nuance intéresse davantage les rédacteurs et traducteurs canadiens. À mon avis, il ne fait pas de doute que l’emploi de en peut être très efficace. Ceux qui la sentent, la nuance, feront leur choix selon le contexte.RéférencesNote de bas de page 1 Le Figaro, 19 août 2002.Retour à la référence de la note de bas de page 1Note de bas de page 2 Juin 1991, sur le site du Monde diplomatique.Retour à la référence de la note de bas de page 2Note de bas de page 3 20 mai 1996.Retour à la référence de la note de bas de page 3Note de bas de page 4 4 février 1995.Retour à la référence de la note de bas de page 4Note de bas de page 5 10 décembre 1999.Retour à la référence de la note de bas de page 5Note de bas de page 6 31 mars 1995.Retour à la référence de la note de bas de page 6Note de bas de page 7 28 octobre 2000.Retour à la référence de la note de bas de page 7Note de bas de page 8 Exemple de Girodet dans Pièges et difficultés de la langue française.Retour à la référence de la note de bas de page 8Note de bas de page 9 10 janvier 2001, sur le site du Courrier de Saint-Hyacinthe.Retour à la référence de la note de bas de page 9Note de bas de page 10 Daté du 25 octobre 2001, sur le site de l’université.Retour à la référence de la note de bas de page 10Note de bas de page 11 11 septembre 1995, sur le site du ministère.Retour à la référence de la note de bas de page 11Note de bas de page 12 Document de la Commission des droits de la personne du Manitoba, sur le site du gouvernement provincial.Retour à la référence de la note de bas de page 12
Source: Chroniques de langue (language professionals’ insights on French language issues)

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