Traduire le monde : Que faire avec les noms d’organismes étrangers?

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André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 37, numéro 1, 2004, page 23)

Faut-il dire la Food and Drug Administration ou bien l’Administration des aliments et produits pharmaceutiques? Question épineuse s’il en est. Si les noms de ministères étrangers et des principales institutions politiques sont systématiquement traduits, il n’en est pas de même pour les noms des organismes. Certains d’entre eux, surtout ceux des pays anglophones, sont mieux connus sous leur nom original, et toute traduction ne ferait que semer la confusion. Par ailleurs, les noms d’organismes internes de pays non anglophones devraient être traduits. Comment s’y retrouver? Voici la méthode que je vous propose, afin d’y voir clair.

  1. Organismes internes

    Dans le cas d’un pays non anglophone, le nom de l’organisme est déjà en anglais dans votre texte : c’est donc dire qu’il a été traduit une première fois. Rien ne justifie que l’appellation anglaise soit reportée dans le texte français. Exemple : la National Academy of Science in Ukraine. Ce n’est évidemment pas le nom officiel de l’organisme. Pour éviter la dénomination ukrainienne, incompréhensible pour les lecteurs, le rédacteur anglophone a traduit. Pourquoi pas nous? Donc : Académie nationale des sciences de l’Ukraine.

    En théorie, il faudrait faire de même avec les organismes internes des pays anglophones. Mais attention! Si l’organisation en question jouit d’une vaste renommée sous son nom original, une traduction en français risque de mêler les cartes. Pensons notamment aux organismes américains, comme le FBI. Que diriez-vous du Bureau fédéral des enquêtes? En fait, la plupart des organismes américains gardent leur nom original.

    La traduction des organismes anglophones présente un autre danger : les faux sens. Le sens exact des appellations parfois tortueuses qui figurent dans nos textes peut rendre leur traduction périlleuse. Pensons à l’Office of Interstate and Border Planning de la Federal Highway Administration de nos voisins du Sud. Ou encore au Department for International Development de Grande-Bretagne. S’agit-il d’un ministère, d’un organisme ministériel ou d’un simple département?

    Donc : si l’organisme n’est pas très connu, on peut traduire; dans le cas contraire, s’abstenir. Si le sens de l’appellation n’est pas clair, sauter un tour.

  2. Organismes à vocation internationale

    Dans le cas des organismes des pays non anglophones, il faudrait traduire, d’autant plus que le nom original n’est pas anglais, mais néerlandais, suédois, etc. Exemple : Swedish International Development Agency (SIDA) devient l’Agence suédoise de développement international (SIDA).

    Par ailleurs, certains organismes à vocation internationale sont mieux connus sous leur sigle. Ce dernier peut être une abréviation anglaise, comme la SIDA, ou encore un sigle de la langue d’origine. Exemple : NOVIB, qui signifie Nederlandse Organisatie voor Internationale Bijstand, plus commodément appelée Organisation néerlandaise d’aide internationale.

    Pour les pays anglophones, le nom original anglais de l’organisme sera le plus souvent utilisé, en français comme dans toutes les langues. Mais rien n’interdit d’en faire la traduction, ne serait-ce qu’une seule fois au début du texte, pour que le lecteur francophone en comprenne le sens. Toutefois, le traducteur pourrait se heurter aux mêmes écueils de compréhension que pour les autres appellations anglaises. Encore une fois : dans le doute, s’abstenir.

    Donc : je propose que le plus souvent on laisse l’appellation en anglais ou qu’on en fasse au besoin une traduction en début de texte pour revenir à l’appellation originale par la suite.

    2.1 Le cas des lignes aériennes

    Les sociétés commerciales, bien qu’elles ne soient pas des organismes gouvernementaux à proprement parler, constituent un cas particulier où la prédominance de l’anglais est évidente. Pensons aux Korean Airlines, Austrian Airlines, Japan Airlinesetc. Rarement verra-t-on dans un texte les Lignes aériennes japonaises. Il est probable que celles-ci possèdent un nom spécifique en langue nipponne, mais l’appellation anglaise est utilisée partout à l’extérieur du pays du Soleil levant.

    Notons en passant que certaines lignes aériennes ont adopté un nom en langue nationale, dont la qualité essentielle est la simplicité : Lufthansa, Aeroflot, Iberia, Aer Lingus. Il est évidemment impensable de le traduire. Enfin, certaines compagnies aériennes emploient un sigle qui peut provenir de la langue nationale (KLM) ou encore de l’anglais (SAS).

  3. Mais avant de traduire…

    Pourquoi réinventer la roue? D’autres ont peut-être déjà parcouru le chemin rocailleux sur lequel vous vous engagez… Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil sur la Grande Toile? Un petit saut sur le site Web de l’organisation peut vous réserver des surprises : certains organismes ont déjà traduit leur page en français et vous offrent sur un plateau d’argent leur titre traduit dans la langue de Molière… Une aubaine.

    Si ce n’est pas le cas, vous pouvez soumettre votre traduction à un moteur de recherche afin de vérifier si elle existe déjà. Si les résultats sont mitigés ou nuls, essayez une variante. Bien sûr, Internet est un outil linguistique douteux, mais là comme toujours, vérifiez l’identité des sources. Si des publications de bonne renommée proposent une traduction sensée, et que celle-ci semble courante, vous pourriez sûrement la glisser dans votre texte.

    Dans tous les cas où vous traduisez une appellation anglaise, il conviendrait d’en indiquer le nom original entre parenthèses, si vous décidez de vous en tenir au français par la suite.

Comme on le voit, tout est question de jugement. Le langagier avisé cherchera l’équilibre : éviter à la fois la facilité du tout-en-anglais et les périls des traductions trop audacieuses.

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