Traduire le monde : Les noms américains : traduire ou pas?

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André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 33, numéro 4, 2001, page 29)

« La White House accueille un nouveau locataire, George W. Bush, qui a remporté le scrutin à l’Electoral College. Détail cocasse, le résultat du vote des electors a été proclamé au US Senate par le Vice-President Al Gore. »

Quiconque lirait pareil article dans son journal monterait aux barricades. Et pour cause. Le français a beau ne pas être langue officielle aux États-Unis, il n’en demeure pas moins que les éléments les plus importants du système politique américain sont traduits en français. C’est d’ailleurs le cas pour d’autres grands pays : qui parle du Kanzler allemand, du Presidente del Consiglio italien?

Le corpus français pour les réalités américaines est considérable, que ce soit pour l’exécutif (Maison-Blanche, président, département, secrétaire d’Étatetc.); le législatif (Congrès, Chambre des représentants, Sénat, Capitoleetc.); le judiciaire (Cour suprême, juge en chef, juge associéetc.). Pourtant, cette nomenclature prometteuse s’épuise vite. Le langagier qui voudra partir vers l’ouest ne trouvera pas nécessairement l’El Dorado.

Première catégorie : tu traduiras sans danger

Tout d’abord, l’Attorney General, qui est en fait le secrétaire à la Justice. Dans la même veine, le Surgeon General, c’est-à-dire le secrétaire à la Santé. Parmi les traductions courantes, on note aussi : le Conseil national de sécurité, le Bureau du représentant américain au Commerce, l’Agence américaine pour le développement international.

Deuxième catégorie : tu traduiras avec circonspection

Certaines notions se rendent mal en français, et les traductions proposées sont souvent boiteuses. Comment ne pas penser à l’impeachment, qui vient d’ailleurs du français empêchement? Certes on a vu procédure de destitution, ce qui est partiellement exact, car, de fait, l’impeachment, c’est toute la procédure de mise en accusation et de jugement du président. À cause de son caractère particulier, impeachment fait l’objet d’une entrée dans les dictionnaires français.

Troisième catégorie : tu ne traduiras pas

Les noms à ne pas traduire sont de loin les plus nombreux. Il s’agit des noms d’organismes américains comme le Federal Housing Finance Board, le Comptroller of the Currency, la NASA, la CIA et le FBI. On pourrait bien sûr parler de l’agence spatiale américaine, de l’agence centrale de renseignement ou du Bureau fédéral des enquêtes. Mais qui comprendrait? Ces organismes sont d’ailleurs bien connus sous leur sigle, alors pourquoi se compliquer la vie?

En outre, la traduction à tout prix peut précipiter le langagier vers le krach terminologique. Voulant bien faire, il parle de la Loi sur la salubrité de l’air, mieux connue sous son titre anglais de Clean Air Act. En fin de compte, le texte y perd en clarté. Est-ce là le résultat recherché?

Une conclusion s’impose : beaucoup de noms d’organismes américains gagnent à ne pas être traduits, et ce pour deux raisons. Soit parce qu’ils sont connus sous leur appellation anglaise, soit parce que la traduction générerait plus de confusion qu’autre chose. Après tout, qui songerait à glisser dans un texte la Société générale des automobiles pour GM? Le texte risquerait d’être rappelé à l’usine…

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